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LÉON IV — LÉON VII


observé la règle suivant laquelle il faut en toute promptitude faire connaître à Rome les questions litigieuses qui sont soulevées dans l’Église d’Orient. Vos autem prædictorum virorum sine conscientia noslra congregatis episcopis depositionem pcrpetrastis quod absentibus nostris legatis vel litteris nullo debuistis explere modo. Jafîé, n. 2629, n. 2654. Ignace écrit alors pour demander que Rome confirme le jugement porté. Léon répond en évoquant les deux parties à son tribunal. Jafîé n. 2661. Durant ces tractations, Ignace, sans doute pour faire montre de sa déférence, envoie à Rome un pallium surhuméral. Le pape le remercie de ses bonnes intentions, mais ne peut s’empêcher de lui faire remarquer la bévue commise. Il ne peut accepter ce pallium : Non est mos istius Ecclesise, cum magistra et caput omnium videatur ecclesiarum existere, aliunde pallium erogatum accipere sed per totam Europam ad quod delegaium est tradere. Jafîé, n. 2647.

Léon IV s’efforça de restaurer la discipline ecclésiastique, soit par des décrétales adressées à diverses Églises, soit par des mesures prises en synode. Le plus important de ces actes est celui qu’il envoie aux évêques de Grande-Bretagne en réponse à diverses questions. Parmi les solutions qu’il donne on remarquera celles qui ont trait aux empêchements de mariage et spécialement à l’empêchement de rapt, à l’aliénation des biens ecclésiastiques, à la loi de l’abstinence. Cette pièce se termine par l’énumération des canons conciliaires et des décrétales (régulée decretalium) qui peuvent faire foi. Jafîé, n. 2599. Une consultation juridique qu’il donne à Galérius, évêque de Tripoli, relativement à la pratique de la discipline pénitentielle ne manque pas d’intérêt. Les ressortissants de cet évêque se soustrayaient volontiers à la pénitence publique, sous prétexte que l’état de pénitent impliquait renonciation aux droits conjugaux (ce qui est, en effet, l’ancienne discipline). Léon répond en déclarant que la pénitence est absolument nécessaire à tout chrétien pour tout acte illicite mais que, par contre : conjugium legitimum nulli orthodoxorum pœnitentiam sustinenti solvere licet. Jafîé, n. 2640. Léon, d’ailleurs, était parfaitement d’avis que les règlements disciplinaires n’avaient rien d’immuable. Cf. Jafîé, n. 2650. On notera également son désir de voir s’imposer partout le chant grégorien. Jafîé, n. 2651. Les collections conciliaires ont conservé le procèsverbal sommaire d’un grand synode tenu à Saint-Pierre en décembre 853 où furent renouvelés les décrets relatifs à la discipline ecclésiastique pris par Eugène II en 826 ; quatre autres canons y furent ajoutés.

En somme, le pontificat de Léon IV peut compter parmi les plus honorables et prépare dignement celui de Nicolas I er (858-867). Sans entrer en conflit avec le pouvoir impérial, le pape sut garder assez d’indépendance pour étendre à toute la chrétienté sa sollicitude. Léon IV mourut le 19 juillet 855, très peu de temps après la visite inopinée qu’avait faite à Rome l’empereur Louis IL C’est la date à laquelle son nom figure au Martyrologe romain.

Sources. — Le Liber Ponlificalis, édit. Duchesne, t. ii, p. 106-134, donne une notice contemporaine très détaillée sur certains points. — Des fragments du registre de Léon IV ont été conservés dans la Collection Britannique de canons, du British Muséum, Addit., 8873, ils ont été publiés par Ewald dans le Neues Archio, t. v, p. 375 sq., en voir le dépouillement dans Jalïé, Regesta, t. i, p. 329339, qui permettra de retrouver les textes fort dispersés dans Mansi et Migne. Ce dernier a rassemblé dans P. L., t. cxv, col. 655-674, d’après Mansi, un certain nombre d’Epistolæ et décréta. — Textes conciliaires dans Mansi, Concil., t. xiv. — Voir aussi, Acta Sanclorum, juillet, . iv, p. 302-326.

Travaux. — Les mêmes que pour Léon III : Gregorovius, t. iii, p. 89-111 ; Langen, t. ii, p. 828-844 ; Duchesne, p. 109-116.

E. Amann.

5. LÉON V, pape en 903. — Desservant d’une église située au lieu appelé Priapi, aux environs d’Ardée, Léon bien qu’il ne fût pas cardinal, fut appelé à la fin de juillet 903 à remplacer le pape Benoît IV. Auxilius le représente comme un homme de Dieu, laudabilis vitæ et sanctitatis. Ces qualités ne le défendirent pas contre une révolution de palais : au bout d’un mois, un prêtre romain, nommé Christophe, le renversa, le jeta en prison et prit sa place. Voir Christophe, t. ii, col. 2418. L’usurpateur ne tarda pas d’ailleurs à rejoindre en prison sa victime. Sergius, qui avait été évincé en 898, lors de sa compétition avec Jean IX, se débarrassa de Christophe, par le même moyen expéditif ; d’après Auxilius il laissa macérer quelque temps les deux victimes en prison, puis mit fin à leurs tourments par la mort, duro domans ergastulo vitam eorum cruda maceratione decoxit ac tandem miseratus diro martyrio finiri compulit. — Une légende bretonne a pris prétexte de ce que Léon V est appelé forensis (c’est-à-dire n’appartenant pas au clergé romain) pour prétendre que ce pape n’est autre que saint Tugdual, patron de Tréguier, qui, venu à Rome en pèlerinage, y fut élevé, sous le nom de Léo Britigena au souverain pontificat.

Liber Pontificalis, t. ii, p. 234 ; Jaffé, Regesta, 1. 1, p. 444 ; Watterich, Pontificum romanorum vitæ, t. i, p. 660, n. 1 ; Diimmler, Auxilius und Vulgarius, Leipzig, 1866, p. 60 et 135 ; L. Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, p. 160 sq.

E. Amann.

6. LÉON VI, pape de juin 928 à février 929. — Marozie, la fille de Théophylacte et de la première Théodora, s’était débarrassée par la force de Jean X, jugé trop indépendant. Voir ci-dessus, t. viii, col. 617. A la place de ce pontife, qui ne tarda pas à mourir dans sa prison, elle fit consacrer un certain Léon, fils du primicier Christophe. Il reste de ce pape, entièrement à la dévotion de Marozie, une lettre adressée aux évêques de Dalmatie pour les contraindre à respecter les droits de l’archevêque de Spalato.

Liber Pontificalis, t. ii, p. 242 ; Jaffé, Regesta, 1. 1, p. 453 ; Watterich, Pontificum romanorum vitee, 1. 1, p. 33.

E. Amann.

7. LÉON VII, pape de janvier 936 à juillet 939.

— A la mort de Jean XI, Albéric, qui, depuis 932, régnait à Rome en maître absolu, fit consacrer un romain, nommé Léon. Flodoard, dans ses Annales, ad an. 936, le désigne sous le nom de servus Dei. Comme d’ailleurs dans un privilège accordé à Odon de Cluny, Jafîé, n. 3606, Léon parle de saint Benoît comme de « notre excellent père », « notre bienheureux père », Mabillon en a conclu avec quelque vraisemblance que ce pape avait appartenu à la famille bénédictine. Flodoard, dans ses vers sur les papes, fait un grand éloge de la piété et de la libéralité de celui-ci, qui fait contraste avec les vices de plusieurs de ses prédécesseurs. Il est certain, d’autre part, que ce pape favorisa, pour autant qu’il était en lui, les premières tentatives de réforme monastique, dont Odon de Cluny avait pris l’initiative, en quoi, d’ailleurs, il ne faisait que seconder les vues d’Albéric. Mandé à Rome par Albéric, ou venu de son propre chef, Odon, en 936, fut chargé de la haute direction des monastères de Rome et des environs. Presque tous les actes de ce pontificat qui nous sont conservés se rapportent à des privilèges de divers ordres accordés à des monastères. Par là, Léon VII a préparé la réforme de l’Église qui commencera un siècle plus