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LÉON 1er. la POLITIQUE DE SAINT LÉON


omnium sede formatum (est). Epist. cxx, 1. Dans la pensée de saint Léon, cette primauté n’est pas une pure préséance d’honneur du siège, quam ceteris omnium Dominus statuit præsidere, car si l’univers a suivi la sentence prononcée par le premier siège, c’est qu’il est naturel que le corps suive la tête, ut in hoc quoque capiti membra concordent. Ibid. Saint Léon dit cela à Théodoret. Les évêques, lui dit-il encore, sont nos membres, membra nostra sunt : l’audace inouïe de Dioscore aura été de vouloir frapper la tête, contra suum caput est molitus injuriam. Ibid., 3. La primauté de l’évêque de Rome n’est pas la création des Pères, mais de Dieu lui-même : curam quam universis Ecclesiis principaliter ex divina institutione debemus. Epist., xiv, 1.

Les légats que le pape envoie au concile de Chalcédoine ont dans leurs instructions de faire respecter le volonté de saint Léon, qui exige que Dioscore soit mis en jugement. Ils parlent au nom de celui qu’ils appellent le bienheureux et apostolique évêque de la ville des Romains, qui est caput omnium Ecclesiarum. Siège apostolique, p. 538. L’interprète, qui traduit incontinent en grec les paroles de Paschasinus, nous empêche d’avoir aucune hésitation sur le texte, puisqu’il dit : toù [xaxapîou xoà àjroaToXixoù smax.67tou ttjç’Pw[i.aîcov 7t6>.ea>ç xecpaXîjç Û7râp)(0VT0ç 7taacâv tùv èxxXï)ai.wv. C’est bien Léon qui est la tête de toutes les Églises, et non pas Rome, comme l’insinuent quelques manuscrits qui disent quæ au lieu de qui. Cette déclaration ne soulève aucune réclamation du concile. M. D’Herbigny, Theologica de Ecclesia, t. ii, ’2e édit., 1921, p. 125. Nous retrouvons pareille expression dans le texte de la sententia de saint Léon prononcée au concile par ses légats et portant condamnation d’Eutychès et de Dioscore. Le pape y est qualifié sanctus ac beatissimus papa caput universalis Ecclesiæ Léo… Pétri apostoli præditus dignitate, qui Ecclesiæ fundamentum et petra fidei, cselestis regni janitor nuncupatur. Siège apostolique, p. 542. Le texte est en appendice à la lettre cm de saint Léon aux évêques gallo-romains. Voir la note des Ballerini sur cette lettre. Mais le texte grec des actes du concile de Chalcédoine n’a pas le caput universalis Ecclesiæ et le (Pétri) præditus dignitate. Il n’en est que plus remarquable que le concile, après sa clôture, écrivant à saint Léon le félicite d’avoir été pour tous les évêques qui y prirent part « l’interprète de la voix du bienheureux Pierre », et de les avoir « conduits comme la tête conduit les membres. » Inter S. Léon. Epist., xcviii, 1. Siège apostolique, p. 562. Nous n’attachons pas de valeur au titre d’archevêque cecuménique donné à saint Léon dans des suppliques à lui adressées par des clercs alexandrins, au cours du concile de Chalcédoine. S. Vailhé, Le titre de patriarche œcuménique avant saint Grégoire le Grand, dans Échos d’Orient, 1908, p. 65-69.

L’hommage du concile de Chalcédoine au principalus de suint Léon l’adresse à l’auteur de la lettre à l-’lavien ; il s’adresse à l’évêque de Rome qui a exigé et obtenu la cassation du grand concile que lui-même

i stigmatisé du nom de brigandage d’Éphèse » ;

il s’adresse au pape dont les formules cliristologiques viennent de rallier l’Orient, et à qui l’Orient demande confirmation de ses propres actes, si l’on rapproche de cette démarche du concile les déclarations ou les démarches conformes soit de la cour de Constantinople avec Marcien et Pulchérie. soit de la cour de Ravenne, il faut bien reconnaître que saint Léon a porté a son apogée l’unité de l’ÉgUse universelle et de la papauté qui en est la tête.

Saint LéOIl realise aussi bien le système qui assurera cette unité el Cette primauté. One l’on se rappelle la déclaration de sa lettre à Anastase di Thessa lonique, Epist., xiv, 11, qui décrit l’épiscopat tel que saint Léon le conçoit : les évêques groupés province par province autour d’un métropolitain, puis, de grands sièges groupant autour d’eux plusieurs provinces, grands sièges per quos ad unam Pétri sedem universalis Ecclesiæ cura conjlueret et nihil usquam a suo capite dissideret. Et d’ajouter : Qui ergo scit se quibusdam esse præpositum, non moleste /erat aliquem sibi esse prælatum, sed obedientiam quam exigit etiam ipse dependat, et sicut non vult gravis oneris sarcinam ferre, ita non audeat alii importabile pondus imponere. Si jadis on a pu penser à l’épiscopat comme à un numerus episcoporum, tous égaux, tous autonomes, c’en est fini, et voici le « système papal » construit : saint Léon en donne le plan achevé. Par là s’explique que saint Léon ait opposé une résistance si intransigeante au 28e canon de Chalcédoine, qui, dans sa pensée, menaçait l’équilibre de ce plan. Saint Léon avait tort de retrouver son plan dans les canons de Nicée : c’est plutôt dans les canons du concile de Constantinople de 381 que l’on a le premier essai de groupement d’où sortiront les patriarcats du temps de Justinien. Saint Léon les dessine lui aussi, mais il y réserve la souveraineté centralisante de Rome, et se défend contre l’ingérence impériale. Il suffirait d’un pareil plan pour faire de saint Léon l’organisateur de la papauté historique.

En cela, cependant, Léon est l’écho de papes antérieurs, comme Innocent ou Boniface : il ne crée rien, et l’observation est de Langen lui-même, t. ii, p. 108. « On reconnaît universellement, écrit l’historien vieux-catholique, que l’idée de la papauté a été puissamment réalisée par Léon. Il n’a créé, ni l’idée en soi, ni son fondement scripturaire ; mais au système qui s’en était formé à Rome depuis la fin du ive siècle, il a donné une expression et un jeu, que ne lui avait donnés aucun de ses prédécesseurs. » Le même historien reconnaît que « Léon voulait être considéré comme le chef de toute l’Église, tant d’Orient que d’Occident », de sorte que « toutes les Églises lui fussent assujetties. Il sentait que cette prétention était prise en Orient tout autrement qu’en Occident, où l’autorité de l’évêque romain était depuis longtemps incontestée. » Langen croit surprendre une évolution dans la politique orientale de saint Léon, timide d’abord, plus impérieuse ensuite, à mesure que l’Orient, mis sens dessus dessous par l’eutychianisme. a besoin du secours de Rome. Il croit pareillement que l’épiscopat oriental dans son ensemble était réfractaire à l’hégémonie de Rome, et que, à Chalcédoine, cet épiscopat ne s’inclina que sous la pression de l’empereur Marcien. Toutes ces restrictions de Langen ne font pas que saint Léon n’ait eu gain de cause sur les points qu’il estimait essentiels, sans que, avec le versatile épiscopat d’Orient et avec l’autorité discrétionnaire du basileus, l’avenir de l’unité fût assuré.

Insistons sur quelques points. Entre les évêques, la communion s’établit par la communauté de la foi. Illa est virgo Ecctesia, tponsa untua riri Christi, quæ nullo se patitur rrrorr vitiar’, ut per lotum numdum inui nobis sil iinius caste COtniMUltoni » integritas. in qua eocietatan tuæ dilectionls amplecttmur, écrit saint Léon au nouvel évêque de Constantinople Anatolios, en lui donnant acte de son élévation. BpisL,

i.xxx. l. Rapprocher id., 2 el uoox, 2, saint i ton se réjouit de recevoir les assurances nécessaires sur la foi de Protérios d’Alexandrie ! aura fraterna />n.r non niai tn una fidei confuslone urvatur, Epist.,

c.xxx, 2.

On ne conçoit pas qu’on puisse être dans la communion catholique si l’on n’est pas en communion