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LEON 1er. LA DOCTRINE DE SAINT LEON


sion mater Dei ou deipara ou toute autre adéquate au 6sot6xoç des Grecs. Une fois seulement il écrit : (Nestorius) beatam Virginem Mariam non Dai, sed hominis tantummodo credidit genitricem. Epist., clxv, 2.

Un point de doctrine auquel saint Léon revient à plusieurs reprises est que le dessein de Dieu, l’incarnation, le sacrifice rédempteur, sont autant de choses qui ont échappé à la vigilance du diable : Hostem generis humani latebat consilium misericordiæ Dei. Serm., lxix, 4. Rapprocher lx, 3, et lxii, 3. Sur ce point, où saint Léon dépend de saint Augustin, voir Tixeront, Hist. des dogmes, t. iii, p. 359-360.

Avec la christologie et la sotériologie l’importance s’affirme de l’enseignement de saint Léon.

La lettre à Flavien est l’exposé le plus didactique de la doctrine christologique de saint Léon. Mais on retrouve cette doctrine dans ses sermons. L’enfantement miraculeux de la Vierge vere humanam vereque divinam unam edidit proie personam, quia non iia proprietates suas tenuit utraque substantia, ut personarum in eis possit esse discretio, lisons-nous dans un sermon de Noël, Serm., xxiii, 1. Formules qui n’ont pas encore la précision de celles de la lettre à Flavien. Saint Léon pense là à Nestorius et entend que les deux natures soient unies ita ut naturæ alteri altéra misceretur. Ibid. Il revient à cette même vue, Serm., liv, 1 : Suscepit totum hominem Deus, et ita se illi atque illum sibi… consentit, ut utraque alteri natura inesset, et neulra in alteram a sua proprietate transiret. Voir des expressions plus définitives dans Serm., xxi, 2 ; xxv, 3 ; xxvii, 1-2 ; xxviii, 1-6 (et là même, 4-5, intéressante revue des erreurs christologiques antérieures à Nestorius et Eutychès) ; xlvi, 1 ; xlvii, 2 ; lui, 1 ; lxii, 1 ; lxiv, 4 ; lxv, 1 ; lxviii, 1 ; lxix, 3 ; lxxii, 2 ; xci, 2 ; xcvi, 2. Rapprocher Epist., xv, 3 ; xxxi, 2-3 ; xxxv, 1-3 ; lix, 3-5 ; cxxiv, 2-7 ; clxv.

Dans le Sermo xxx, 6, saint Léon explique que le fils est ôjxooôaioç Patri Deus, id est unius substantiæ, idem homo et secundum carnem matri consubstantialis. Il fallait qu’il fût Homme-Dieu, quia non nisi ut roque salvamur. Même thème, Serm., lvi, 1. Voir encore Epist., xxxv, 1 : Redemptionis nostræ sacramenta vacuaniur, si Christus veram veri hominis tolamque naturam suscepisse non creditur. La christologie diphysite est postulée par la sotériologie. Cf. J. Rivière, Le dogme de la Rédemption, 1905, p. 266.

Le Christ est incarné pour éclairer notre ignorance. L’humanité ne pouvait être réparée par la doctrina legalis de Moïse, ni par les exhortations des prophètes : il y fallait la veritas redemptionis et que l’humanité corrompue au commencement renaisse par un nouveau commencement. Il fallait que fût offerte à Dieu une victime de réconciliation qui fût de notre humanité sans participer à notre contamination, et tel fut le dessein de Dieu de détruire le péché du monde dans la naissance et la passion de Jésus-Christ. Serm., xxiii, 3.

La condamnation d’Adam passe en nous avec le péché : notre nature, lethali vulnere tabefacta, ne saurait trouver un remède à sa blessure, quia conditinnem suam suis viribus mutare non posset. Serm., xxiv, 2. Le Christ ne contracte pas le péché, parce que virginale est la conception de Marie. Dieu ayant voulu que humani seminis cessante contagia, novo hnmini et puritos inesset et veritas. une véritable nature humaine, mais pure. Ibid., 3. Saint Léon emploie ailleurs la même image : …terrent seminis contagia. Serm., xxv. 1 : cornait » grnertitinnis abolenda contagia. Serm..

xxvii. 2. Rapprocher Serm., c. 1 : Vittum in posterai

generandi Irgr Irans/usum… Il dit encore : Soins inter ftliox hnminnm dominas Jésus innorens notai est. quia soins sine rarnalis ronriipisrenliir pollutione ronreplns.

Serm.. xxv, 5. La naissance du Cbrist est appelée ortao

nine semine rriminis. Serm.. xxvii. 2. Nous avons

affaire ici à une doctrine que saint Léon doit tenir de saint Augustin, qui explique la transmission du péché originel par la concupiscence inhérente à la génération. Voir art. Augustin, 1. 1, col. 2396.

La rédemption est le fruit du sacrifice : Crux Christi sacramentum veri et prsenuntiati habet altaris, ubi per hostiam salutarem naturse humanæ celebraretur oblatio. Le Christ offre la victime qui sauve en offrant son humanité sur l’autel qui a été prophétisé, la croix. Là, le sang de l’agneau immaculé abolit l’antique prévarication. Serm., lv, 3. Saint Léon revient au même thème dans le Serm., lix, 5 : Cruciflxiis est ut, veterum viclimarum cessante mysterio, nova hostia novo imponeretur altari, et crux Christi non templi esset ara, sed mundi. Rapprocher Serm., v, 3 ; lxiv, 3 ; Epist., cxxiv, 4 ; Cf. Rivière, op. cit., p. 267-268 ; sur la défaite du démon dans la rédemption, ibid., p. 408-412.

La rédemption a profité aux justes qui ont vécu avant la venue de Jésus-Christ. Que l’on ne nous demande donc pas pourquoi la naissance du Sauveur s’est fait attendre tant de siècles et ne s’est produite que in ultima mundi œlale. En fait, sacramentum salutis humanæ nulla unquam antiquitate cessaoit… Gratia enim Dei, qua semper est universitas justificata sanctorum, aucta est Christo nascente, non cœpta, si bien que non minus adepti sint qui illud credidere promissum, quam qui suscepere donatum. Serm., xxiii, 4. Même pensée, Serm., xxx, 7 ; lii, 1 ; lxiii, 2 ; lxvi, 1.

Nous avons vii, dans la lettre à l’évêque d’Aquilée, qui est sa plus ancienne lettre, Epist., i, saint Léon s’élever avec force contre ce qui reste de pélagiens. Il veut que ces clercs hypocrites soient sommés de condamner les auteurs de leur erreur et quidquid in doctrina eorum universalis Ecclesia exhorruit, et qu’ils embrassent omnia décréta synodalia quæ ad excisionem hujus hæresejs aposlolicæ Sedis confirmavit auctoritas. Ces mots pourraient s’appliquer au syllabus des autorités sur la grâce de Dieu émanées des anciens évêques du Siège apostolique, que nous avons vu annexé à la lettre du pape Célestin à Vénérius et à ses collègues gallo-romains, et qui représente bien l’attitude de Rome dans les controverses sur la grâce, depuis le pape Célestin. On suit saint Augustin, mais on insiste sur la liberté humaine ; quant aux problèmes de la prédestination et de la prépotence de la grâce, on se réserve ; on répudie toute indulgence envers Pelage, Célestius et leurs disciples.

Par ailleurs, le moraliste qu’est saint Léon parle le langage de la morale de l’effort et de la liberté, comme si le fidèle n’avait pour sa vertu à compter que sur soi. Votre travail, par lequel vous résistez aux désirs charnels, est agréable au regard de Dieu et précieux. Serm., iv, 4. Pour autant que chacun soit justifié, chacun tant qu’il est dans cette vie, a de quoi pouvoir être meilleur : Qui non proficit déficit, et qui nihil acquirit nonnihil perdit. Ctirrendum ergo nobis est fidei gressibus, misericordiæ operibus, amore justitiœ… Serm., lix, 8. Aucun croyant ne peut s’exempter de la discipline chrétienne. Nous sommes dispensés de l’âpreté de la loi. voluntarisr tamen observantiæ crevil utilitas. Plus de circoncision, plus de sacrifices, plus de sabbat. Mais les préceptes moraux de l’Ancien Testament sushistent : In prmeeptis moralibus nulla prioris testamenti décréta reprobata. sed cvanqelico maqisterio milita sunt ttucta ut per/rrtiora et lucidiorn essrnt dantia salulem quam prnmittentia Snlvatnrem. Serm. î.xiii. 5 Autant. Serm., XOI, 1, Pour remplir les préceptes île Dieu, il faut se défendK par la sanctification « le la continence contre le feu de tOQI les vices : il faut que notre rrdrmptn librrtns. en s’abstenanf des elinses permises, apprenne a s interdire les choses défendue*. Serm.. ixiixi, 1. L’esprit ne doit pas