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LEON 1er. LA DOCTRINE DE SAINT LEON


dignité conçue comme un devoir envers l’Église et comme un service. Chez aucun autre évêque de son temps l’on ne trouve une dignité pareille, et je crois bien qu’elle achève la personnalité de saint Léon. Cette dignité ne se détend jamais : saint Léon n’a rien de la bonhomie de saint Grégoire. Mais sa raison lui dicte les sentiments auxquels sa foi l’invite, la commisération, le pardon, l’humilité. Il ne faut pas que les évêques, qui ont pouvoir sur leurs collègues, comme l’évêque de Thessalonique sur ceux de l’Illyricum, usent avec indiscrétion de leur autorité : Dum dominari magis quam consulere subdilis placet, honor inflal superbiam, et quod provision est ad concordiam tendit ad noxam : quod ut necesse habeamus ita dicere, non de parvo animi dolore procedil. Epist., xiv, 1. Parole d’or, et singulièrement honorable.

La doctrine de saint Léon.

Il ne faut pas deman der

à saint Léon de considérations de philosophie. Il sait par la foi que l’homme a été créé à l’image de Dieu, image qui s’est brouillée en Adam et reformée dans le Christ. Si nous sommes le temple de Dieu, si l’Esprit de Dieu habite en nous, plus est quod fidelis quisque insuo habet animo, quam quod miratur in cœlo. Scrm., xxvii, 6. Cependant le ciel, la terre, la mer, manifestent la bonté et la toute-puissance de leur auteur, et exigent de la créature intelligente une juste action de grâces. Serm., xliv, 1. C’est à peu près toute la théodicée de saint Léon. Quant aux termes de nature, d’essence, de personne, dont il se sert constamment, pour défendre la foi contre Eutychès, il ne s’arrête, ni à les définir, ni à les approfondir.

La démonstration évangélique est à peine plus heureuse avec lui. On relève quelques traits sur les prophéties qui donnent tout leur sens aux faits : Ad fidem deducimur… evangelica historia conftrmati, … accedentibus ad eruditionem nostram propheticis instrumentis, ut nullo modo habeamus ambiguum quod tantis oraculis scimus esse pr.vdictum. Léon cite en exemple la prophétie d’Isaïe : Ecce virgo in utero accipiet. Serm., xxiv, 1. Rapprocher Serm., li, 4 ; liv, 1 ; lxvi, 2 ; lxvti, 1-2 ; lxix, 2 ; lxx, 2. Il aime mieux dire que les faits parlent d’eux-mêmes : Cum indubitabilem obtineat auctoritatem sacra narratio, annitendum nobis est, auxiliante Domino, ut perspicuum habeat intelligentia quod notum fecit historia. Serm., iii, 1. Et dans ces faits, les miracles, comme ceux qui accompagnent la mort du Sauveur, et sa résurrection : Serm., Lin, 2 ; lvii, 4 ; lx, 1 ; lxi, 5 ; lxxi, 3. Le témoignage des apôtres, témoignant de ce qu’ils ont vii, est le fondement de notre certitude historique : In illis et nos erudili sumus, et quod viderunt vidimus, et quod didicerunt didicimus, et quod contrectaverunt palpaoimus. Serm., lxiv, 1. Rapprocher, lxxiii, 1.

Le Sermo lxiii, G, développe cette vue intéressante que le dessein divin pour la réconciliation du monde, non in historia tantum præteritarum actionum novimus, sed eliam in præsentium operum virtute senlimus. Car c’est le Fils de Dieu qui par l’Esprit Saint féconde son Église sans tache, et par l’enfantement du baptême donne le jour à une innombrable multitude de fils de Dieu. C’est lui qui, ne rejetant aucun peuple, assemble de toutes les nations qui sont sous le ciel un troupeau unique de saintes brebis, et qui, chaque jour, accomplit la parole : J’ai d’autres brebis, qui ne sont pas de ce bercail et qu’il faut que j’amène. Autant dire que le sport acle que donne l’Église par la bonne vie de ses fidèles fait comprendre son auteur. Renflons grâces à la miséricorde de Dieu qui innumrris rhnrismalum don /j (ta uninrrsir Errlesiir corpus rrornnt. ut prr mutins iinius hominis radins idem ubiqur sptrndnr apparent, nec pnssit nisi qtnria rssr Christi cnjtislihrt mrritum rhristiani. Ibtd., 7.

I. T.L’lisc : i été Inaugurée, dans le monde pu les

apôtres, qui lui ont donné ses institutions. Serm., lxxxi, 1. Par ailleurs, l’ecclésiologie de saint Léon se ramène à quelques données élémentaires. L’Église est le corps du Christ : Serm., xxv, 5 ; xlvi, 3 ; lxxxii, 7. L’Église est sanctifiée par le Saint-Esprit, Serm., lxxv, 5 ; et hors de l’Église, ni Esprit-Saint, Serm. v lxxvi, 7 et 8, ni sainteté, Ser/n., Lxxix 2 et 4. Il y a entre les membres de l’Église un consortium gratiæ, qui fait qu’ils sont nôtres, tandis que les hommes qui. sont hors de l’Église nous sont des étrangers, alieni, et nous n’avons en commun avec eux que la nature humaine, communio naturse. Serm., lxxxix, 5.

L’unité de l’Église a pour condition l’unité de foi. Quiconque donc s’éloigne » de la prédication des saints Pères », c’est-à-dire des conciles, « et de l’autorité de l’immuable symbole », ou reste attaché à Nestorius et à Eutychès, qui ont été condamnés par l’Église universelle, se retranche lui-même du corps de l’unité chrétienne i.Ipse se a corpore christianse unitatis abscindet. Epist., en, 2. Il appartient à l’autorité de retrancher réellement quelqu’un du corps de l’Église, Eutychès, par exemple, qui a catholicæ soliditatis compage resectus est. Ibid., 3. Dioscore a été condamné avec lui. Ibid. 4.

La fides catholica anathématise les hérétiques Serm., xxiv, 5. Si quelqu’un vous enseigne autre chose que ce que vous avez appris, qu’il soit anathème. Ne préférez pas des fables impies à la très lucide vérité, et quidquid contra regulam catholici et apostolici symboli aut légère, aut audire contigerit, id omnino mortiferum et diabolicum judicate. Ibid., 6. La catholica fides est una, vera, singularis, la foi cui nihil addi nec minuipotest. Epist., cxxiv, 1. De même, clxv, 2. La fides catholica a eu raison des erreurs christologiques anciennes par une intelligence authentique de l’Écriture : Catholica fides, cujus Deus et magister est et auxiliator, . obtrioit (hæreses), exhortante et instruente nos Spiritu sancto per legis testificationem, per vaticinia prophetarum, et per evangelicam tubam apostolicamque doctrinam. Serm., xxx, 3. La fides catholica peut ainsi tirer profit des attaques des hérétiques, cum catholica fides. quæ nulla sui est parle mutabilis, per ipsas adversanlium exercitationes et validior semper efficiatur et clarior, opérante hoc gratia Dei, ut si qui forte ad hsce subtilia inimici jacula declinanda minus erant instructi minusque solliciti, perceptis veritalis armis, fièrent contra impiamendacia fortiores. Epist., en, 1. Rapprocher civ, 1 ; cxx, 1.

L’Écriture sainte est un trésor où saint Léon puise les textes qui reviennent à son enseignement. Ne cherchons pas chez saint Léon autre chose que des testimonia pris à l’Écriture. Ses auditeurs ne doutent pas de l’autorité de l’Écriture : Nec. parum sestimandi sunt profecisse qui de iis qux audierc non dubitant, ut etiamsi nondum liquide aliquot valcant Scriplurarum capere sacramentum, firmissime lamen credant in divinis libris nullum esse mendacium. Serm.. i.xvi, 1. Saint Léon n’est pas un exégète. Il n’en croit pas moins à la « plénitude d’intelligence promise à la foi sincère », il exhorte ses auditeurs, à mériter d’être instruits par le Saint-Esprit. Serm., i.xiv. 1.

Dana la critique qu’il fait du priscillianisme à Turribius d’Astorga, Epist., xv, 15, on remarquera la répudiation que fait saint Léon des apocrupha de lasecte. Ces apocrtjphir scripturte doivent être jetées ni feu, quand même telles on telles se présenteraient avec quelque apparence de piété. Ne pas tolérer les Bibles corrompues par Priscillicn.

I.e symbole liapt ismal est le formulaire élémentaire le plus autorisé de Ifl f"i Catholique. Saint Léon écrit n Pulchérie que le symbole snllit | décapiter toutes les opinions des hérétiques et que si Lut vehes avait voulu

i’j tenir, Il n’aurai ! paa dévié de la fol aicéenne SI qui-