Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée
265
266
LEON 1er. SAINT LEON ET L’ORIENT


saires de ce privilège diront un jour et disent encore, mais c’est par une anticipation illégitime. Cf. B. Leib, Rome, Kiev et Byzance à la fin du XIe siècle, 1924, p. 3839. Ilsfont valoir sans doute que les légats, au concile de Chalcédoine, ont repoussé le 28e canon en disant : « Le Siège apostolique ne doit pas être humilié, nous présents : donc on doit rejeter tout ce qui a été fait hier au préjudice des canons et des règles, nous absents. » Ils ont menacé d’en appeler au Siège apostolique, pour que le seigneur apostolique juge, ipse de suse sedis injuria aut de canonum eversione. Les légats pensaient donc à une injure faite au Siège apostolique, mais on peut croire que cette injure consistait à violer les canons que le Siège apostolique revendiquait la mission de défendre. Le 28e canon, en effet, ne conteste pas à l’évêque de Rome le premier rang, et il accorde à l’évêque de Constantinople seulement le second rang après lui. Sans doute, il ne fait pas état du principatus que confère à l’évêque de Rome le privilège d’être le successeur de l’apôtre Pierre, mais il ne le nie pas, alors même qu’il attribue à la nouvelle Rome la même dignité qu’à la vieille Rome. Cette négation serait très grave, et c’est une raison de plus de s’étonner que saint Léon de l’ait pas relevée.

Car il ne la relève pas, parmi les griefs qu’il articule contre le 28e canon. Et voici qui est un argument plus péremptoire encore. Julien, évêque de Kos, qui est attaché aux légats pendant le concile et qui reste à Constantinople après le concile pour suivre les événements et éclairer le pape, a écrit à ce dernier pour lui suggérer d’accepter le 28e canon. Qui croira que Julien ait accepté la négation du privilège apostolique de Rome ? Saint Léon lui répond le 22 mai 452. Jafîé, n. 484. Tu sais, dit-il, avec quelle ferme et constante résolution « je garde les statuts des saints canons de Nicée, convaincu que toutes les règles ecclésiastiques sont compromises, si quelque point est violé de cette sacro-sainte constitution des Pères. » Voilà tout le programme du pape. Je m’étonne donc, poursuit saint Léon, que tu aies pu m’écrire pour intercéder en faveur d’une nouvelle transgression, et que tu aies pensé bien faire en m’engageant à condescendre à des convoitises illicites. Quelque affection que j’aie pour toi, tu ne pourras obtenir de moi que je consente à la ruine de l’ordre ecclésiastique, soit que tu me persuades, soit que tu me supplies. En réponse à tes lettres, avec l’affection que j’ai pour toi, je t’engage à considérer seulement l’ordre de l’Église universelle, lequel a été établi par une très salutaire institution, et à cesser de me demander en faveur de qui que ce soit des dérogations qui ne pourraient être consenties sans faute soit pour moi qui les accorderais, soit pour toi qui les obtiendrais. Il ressort de ce texte que Julien de Kos a insisté auprès de saint Léon pour la reconnaissance du 28e canon : saint Léon entend décourager de telles instances, en lui représentant que le status établi par le concile de Nicée ne peut être violé. Or le concile de Nicée n’a pas statué sur le privilège apostolique de l’Eglise de Rome.

Par ses lettres du 22 mai 452 à la cour et à l’évêque de Constantinople, saint Léon a pris position à l’égard du concile de Chalcédoine. cl. comme s’il attendait que l’épiscopat oriental vint à résipiscence sur le 28e canon, le pape va différer de répondre à la lettre synodale qu’il a reçue du concile. Le 15 février 453 il n’a pas encore répondu. A cette date, en effet, l’empereur Marcien lui en marque son extrême étonnement. Le

pape aurait dil écrire une let tre qui aurait été lue dans

lises (d’Orient i ei qui aurait montré a toutes les Eglises et a leurs fidèles que l’oeuvre doctrinale du concile et ail approuvée par sa béatitude. L’abstention

du pape est exploitée contre le concile par les eutv chiens. Quanl au 28* i anon, « outre lequel le pape s’est

élevé si fortement, l’empereur paraît en faire bon marché, car il loue le pape de ne rien laisser innover en ces matières, ainsi qu’il convient à un évêque du Siège apostolique. Inter S. Léon. Episl., ex.

Saint Léon répondit à l’empereur le 10 mars 453. Jafîé, n. 487. L’univers reconnaît le zèle que Marcien a mis au service de la foi chrétienne : la divine Providence lui a confié la garde de la vérité catholique. Mais aussitôt le pape dit au prince l’amertume que lui cause la conduite d’Anatolios. Certes Anatolios était bien gravement suspect, du fait qu’il était la créature d’évêques compromis (dans l’eutychianisme) : quand il avait sollicité la communion du Siège apostolique, le pape s’était longtemps abstenu de lui envoyer les pacis epistolæ, et il ne s’y était résolu que sur les instances de l’empereur Marcien I II attendait d’Anatolios qu’il romprait avec les persécuteurs de Flavien et traiterait comme des ennemis du Christ les partisans d’Eutychès. Or voici qu’Anatolios vient de disgracier son archidiacre Aétios dont saint Léon relève très haut le mérite, et vient de donner sa place d’archidiacre à André que saint Léon déclare être un eutychien. Voir plus de détails dans Tillemont, Mémoires, t. xv, p. 757-7C0. Saint Léon prend une mesure énergique, qui est, pour mieux s’assurer d’Anatolios, d’accréditer Julien de Kos à Constantinople comme son représentant permanent : Vicem ipsimeam contra lemporis noslri hæreticos delegavi, atque, propter Ecclesiarum pacisque custodiam, ut a comilatu vestro non abesset exegi, cujus suggestiones pro concordia catholicæ unitatis tamquam meas audire dignemini. Voir du même 10 mars 453 et dans le même sens la lettre de saint Léon à Pulchérie, et du lendemain Il mars la lettre à Julien de Kos. Jafîé, n. 488 et 489..

La lettre susdite à Pulchérie nous apprend qu’Aétios s’était plaint de sa disgrâce à saint Léon par une lettre, que le pape qualifie de lacrimabilis querela. Ce qui nous déconcerte, c’est que cet Aétios, qui tient une grande place dans les débats du concile de Chalcédoine à titre d’archidiacre de Constantinople, paraît avoir été l’auteur du 28° canon, qu’il défendit au concile contre les légats. On a l’impression que saint Léon, très animé contre Anatolios, saisit l’occasion de la disgrâce d’Aétios, pour remontrer à la cour qu’Anatolios trahit la bonne cause et pour installer à Constantinople Julien de Kos dans sa mission d’observateur et d’agent du Siège apostolique, (on dira plus tard d’apocrisiaire), et ce serait une façon d’organiser les relations ordinaires du Siège apostolique et de l’Orient, avec l’empereur pour auxiliaire. Dans la lettre que nous venons de mentionner à Julien de Kos, on voit bien le dessein du pape : Julien sera au service de la sollicitude du Siège apostolique, pour autant que cette sollicitude doit veiller sur la pureté de la foi : il aura à suggérer à la piété des princes les mesures opportunes et utiles à l’Église universelle : s’il a quelque hésitation, il référera à Rome et non décrit relationibus luis mttt îesponsionis instructio. L’essentiel de sa mission est d’interdire toute reprise de l’hérésie nestorienne ou cutychienne, sans empiéter cependant sur la compétence des évêques, sequestrata earum aettone causarum quæ quibusqiic Ecclrsiis pncsuliim siiorum drbent cognitionc firmari. Réserve que l’historien doit noter au passage, comme le scrupule très Juridique qu’a saint Léon d’humilier les évêques. On retrouve ce scrupule dans la lettre du 21 mars 453 à Julien de Kos..lafîé. n. 493. où le pape revient sur l’affaire d tétlOB, qu’il qualifie d’injustice faite au catholiques : Sri ! patienter intérim Ma Metanda sunt. ne mrnsuram modrratinni* tolttm vidramur rrrederc.

Le 21 mars (53, enfin, Jaffé, n 190, le pape te décide

à répondre à la let Ire synodale du concile de Chah e

doine. Saint Léon compte sur l’empereur Marcien