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LEON 1er. SAINT LEON ET L’ORIENT


Rome ne peut venir en Orient, qu’il le fasse savoir à Marcien qui convoquera par ses sacrée litteræ, là où il croira bon, les évêques d’Orient, de Thrace, d’Illyricum. Une lettre de Pulchérie, du même temps, confirme au pape les desseins de l’empereur. Inier S. Léon, lipist., lxxvii. Elle lui apprend de plus qu’Anatolios a satisfait à tout ce que le pape réclamait de lui, que, sur l’ordre de Marcien, le corps de Flavien de sainte mémoire a été ramené à Constantinople, et que les évêques exilés avec Flavien ont été rappelés d’exil, en attendant que le concile prochain leur rende leurs sièges et leurs Églises.

Anatolios s’est rallié à saint Léon, et saint Léon lui fait un accueil cordial : lettre du 13 avril 451 de Léon à Anatolios. Jaffé, n. 460. Par cette même lettre, le pape approuve ce que, à Constantinople, en présence de ses légats et avec eux, on a décidé, à savoir que les évêques qui ont trempé dans le brigandage d’Éphèse se contenteront provisiorement de la communion de leurs Églises : ils rentreront dans « l’unité de notre communion », quand ils auront désavoué leur brigandage. Quant aux auteurs responsables du scandale d’Ephèse, Dioscore d’Alexandrie, Juvénal de Jérusalem, Eustathe de Béryte, leurs noms ne doivent pas prendre place dans les diptyques, conformément à ce qu’ont réclamé les légats, un point sur lequel Anatolios hésitait. En terminant, saint Léon recommande à Anatolios Julien, évêque de Kos, et les clercs qui ont été fidèles à Flavien. Il lui parle d’Eusèbe-de Dorylée qui est à Rome, qui est reçu à la communion de Rome : saint Léon demande à Anatolios de veiller sur l’Église de Dorylée, jusqu’au retour d’Eusèbe.

Ce même 13 avril, Léon écrit à l’empereur Marcien. Jaffé, n. 458. Il a confiance que la religion des empereurs et leur concorde rassurent le monde inquiet, parce que le progrès de leur foi rend leurs armes invincibles, utrorumque armorum potentiam insuperabilem facit, et qu’ensemble seront détruites l’hérésie et la barbarie simul et hæretica falsitas et barbara (destruetur) hostililas. Eutychès n’a plus à être jugé, ni Dioscore. Il n’y a plus qu’à réconcilier ceux qu’ils avaient entraînés dans l’erreur, et qui viennent à résipiscence. Le pape va envoyer des légats à Constantinople qui en traiteront sur place plenius atque opportunius.

Le 9 juin 451, saint Léon, Jaffé, n. 463, annonce à l’empereur Marcien qu’il lui adresse de nouveaux légats, l’évêque Lucentius et le prêtre Basile. Ils décideront de la rentrée individuelle des évêques qui ont trempé dans le brigandage d’Éphèse, et ils en délibéreront avec l’évêque de Constantinople, Anatolios. Il compte que le prince prêtera son concours à ces dispositions, et qu’elles suffiront à liquider la situation. Un concile général n’est donc plus vraiment nécessaire. Ce même 9 juin, saint Léon écrit à Pulchérie, Jaffé, n. 464, dans le même sens. Il demande qu’Eutychès soit éloigné de Constantinople ! Du même jour, JafTé, n. 465, lettre de Léon à Anatolios, confirmant les directives données à Lucentius et à Basile et énoncées dans la lettre à Marcien.

Le pape se fait sans doute quelque illusion sur la situation en Orient. Sans doute, il a obtenu le ralliement de l’évêque de Constantinople, Anatolios, à l’orthodoxie, et il peut s’appuyer sur lui pour le ralliement de bien des évêques eu Orient. Anatolios ne l’informe-t-il pas que, l’évêque d’Antloche B f ; iit pri s crire par tous les évêques de son obédience la lettre de Léon à Flaviefl et la condamnation de Ncstorius et d’Eutychès ? Nous le savons par la lettre de Léon a Paschaslnus, 24 juin 451. Jaffé, n. 468. Cette action concertée du pape et de l’évêque de Constantinople est du plus haut intérêt, car elle montre que l’évêque de Constantinople peut être pour le pape un utile second. Mali Rome, Constantinople, voire Antloche,

DICT. DU TIIIOI < M bol.

unies, auront-elles raison d’Alexandrie, de Dioscore et de sa clientèle eutychienne ? On ne voit pas le pape se poser cette question. La cour de Constantinople veut un concile ; elle en sent le besoin, elle n’entre pas dans les vues du pape qui estime un concile maintenant inutile. Le 17 mai, l’empereur" lance la lettre d’indiction du concile général, qui s’ouvrira à Nicée le l or septembre, et auquel il se promet d’assister en personne. Mansi, Concil., t. vi, p. 551.

Le 24 juin 451, saint Léon, Jaffé, n. 469, accepte le concile. Nous avions pensé, écrit-il à Marcien, que votre clémence pourrait accorder à notre désir, en considération de la nécessité présente (allusion aux menaces d’invasion), de différer à un temps plus opportun la convocation d’un concile, qui aurait pu être un universelle concilium où seraient venus les évêques de toutes les provinces. Puisque, par amour de la foi catholique, vous avez voulu convoquer le concile présentement, je ne veux pas paraître y faire obstacle. Et donc je vous envoie l’évêque Paschasinus, il me représentera. Le prêtre Boniface se joindra à lui, que nous vous avons envoyé déjà, et avec lui l’évêque Julien de Kos. Paschasinus, dit le pape, devra présider le concile à ma place, vice mea synodo convenit prsesidere. Dans sa lettre du même jour, à Paschasinus, Jaffé, n. 468, le pape précise ses instructions doctrinales. La lettre à Flavien est acceptée de toute l’Église. Il faut rejeter l’impiété d’Eutychès et de ceux qui ont osé dire qu’il n’y a pas deux natures dans le Christ, et putant quod possint nostram dilicentiam fallere cum aiunt se unam Verbi naturam credere incarncilam.

Le 26 juin, nouvelle lettre dans le même sens à Marcien. Jaffé, n. 470. Aux dispositions prises par l’empereur, le pape ne fera pas difficulté. Il se félicite que le prétendu concile d’Ephèse ait été cassé en fait par le prince. Il ne veut pas que les questions de foi soient portées à l’ordre du jour du concile qui va se réunir : In præsenti synodo fidem quam bcati patres nostri ab apostolis sibi traditam prsedicarunt, nonpatiemini quasi dubiam rctraclari. On devra s’en tenir aux constilula du concile de Nicée. — Le même jour, lettre du pape à l’évêque de Constantinople, Anatolios. Jaffé, n. 471. Le pape a été surpris par la décision de l’empereur de convoquer le concile, parce que, quand nulla nécessitas hostililatis existerel, le délai est bien court pour réunir les évêques et avoir un concile vraiment universel : il entrera cependant dans les vues du prince, il enverra des légats qui nostra vice utantur in fuluro concilio. Il ne doute pas de l’unanimité des évêques sur la foi, Anatolios l’ayant déjà assuré que tous les orientaux ont souscrit la condamnation de Nestorius et d’Eutychès.

Le même jour, lettre du pape à Julien de Kos. Jaffé, n. 472. Le pape prie Julien de s’adjoindre aux légats, parce qu’il sait que Julien est plus qu’eux au courant des affaires de là-bas. Les conseils de Julien empêcheront qu’ils ne soient trompes. Rappelons que Julien, italien de naissance, a été élevé ; i Rome, et fait plus tard évêque de l’île de Kos, une des Cyclades. Il a été présent au concile de Flavien, en 448, qui a condamné Eutychès. En 449, commence entre lui et le pape une correspondance dont nous avons une importante série de lettres du pape. Julien va être à Constantinople, où il résidera jusqu’en lr >7, un agent précieux et sur pour saint Léon. Voir I Gore, art. JulianUS, 27, du Dictionary o Christian biof/raphy, t. iii, p. 473. Sur la dissertation « le Wille, Btschof Jtlltan von Kios, 1910, voir Bardciilicrvcr. (irsrhichlc, t. iv. p, 619.

Du même jour enfin, 26 juin 451, lettre du pape au

concile. Jaffé, u. 473. i J’aurai ! souhaité que tout les évêques persistassent dans l’unité de la rai catholique et qu’aucun ne fût entraîne pai la laveur ou la crainte

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