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LEON 1er. SAINT LÉON ET L’ORIENT


autres évoques assemblés avec lui de diverses provinces d’écrire à votre mansuétude. Nous devons défendre la foi que nous, avons reçue de nos aïeux et conserver intacte la dignité du bienheureux apôtre Pierre. L’évêque romain, auquel l’antiquité a conféré le principatus sacerdotii sur tous, doit avoir la faculté d’être juge de la foi et des évêques. » L’empereur demande donc qu’un concile de tous les évêques du monde se réunisse en Italie, pour connaître de la cause à nouveau et prononcer ce que demande la foi, la saine théologie. Pour mieux éclairer Théodose II, Valentinien III lui adresse les gesta où sont exprimés les vœux de tous, c’est-à-dire le procès-verbal de son entrevue avec le pape et son concile à SaintPierre. Inler S. Léon. Epist., lv. Valentinien III est accompagné à Rome par sa mère Galla Placidia, par sa femme Licinia Eudoxia. Saint Léon obtient que les deux impératrices écrivent elles aussi dans le même sens à Théodose II. Ibid., hi et lvh. Il y a encore, ibid., lvtii, une lettre de Galla Placidia à Pulchérie. Toutes ces lettres sont de la fin de février 450. Siège apostolique, p. 521-524.

Le 17 mars, saint Léon écrit à l’impératrice Pulchérie, Jafîé n. 448, qui a répondu à sa lettre du 13 octobre en termes témoignant de sa foi catholique et de son horreur pour l’hérésie. Le pape renouvelle ses instances. Ce même 17 mars, il écrit à Martin, Faustus et autres, prêtres et archimandrites de Constantinople. Jaffé, n. 449. Il espère qu’ils ont pu recevoir sa lettre du 15 octobre précédent qu’il leur adressait, non solum apostolicæ Sedis auctoritate, sed etiam sanctee synodi quee ad nos frequens convenerat unanimitate, où ils auront pu voir quantam curam totius Ecclesise habeamus. Il faut que la funeste hérésie, qui vient d’être si insolente à Éphèse, soit anéantie. Vers le même moment, il écrit au clergé et au peuple de Constantinople, Jafîé, 447, qu’il loue de son attachement à Flavien. Il fera tout pour que le scandale soit corrigé. Si dans des laïques la méconnaissance de la foi est à peine tolérable, combien moins excusable ou pardonnable est-elle dans ceux qui sont au premier rang, surtout quand on les voit prendre la défense d’opinions perverses et leur gagner des partisans par la terreur ou par la faveur. Allusion courageuse à la faction de Chrysaphios. Saint Léon revient sur la doctrine des deux natures qu’il a exposée dans sa lettre à Flavien. Quiconque nie la réalité de la nature humaine dans l’incarnation, contredit l’Évangile et le Symbole, mais il contredit tout autant l’eucharistie.

Théodose II répond en avril 450 à Valentinien III et lui accuse réception de la demande du pape qu’il lui a transmise, petitionem oblatam a Leone reuerendissimo patriarcha Peut-on penser que Théodose II ait trahi la religion paternelle et la tradition de ses ancêtres ? C’est au contraire pour s’y conformer qu’il a réuni un concile à Éphèse, où, avec une entière liberté, les évêques ont déposé des indignes. Rien n’a été fait contre la règle de foi, ni contre la justice. Flavien, coupable d’une nocive nouveauté, en a porté la peine. Lui écarté, la paix s’est trouvée rétablie dans les Églises et la vérité avec elle. Théodose II s’en tiendra donc à ce que le concile a prononcé. Des appels qui ont été interjetés il ne veut rien savoir, et Léon n’est pour lui qu’un patriarche, comme il en connaît d’autres sans doute. Inter S. Léon. Epist., lxii. Cette lettre impériale mentionne une réponse adressée concurremment à saint Léon, latius alque plenius, qui ne s’est pas conservée. (Je ne vois pas comment Tillemont, t. xv, p. 602, peut tirer de ces deux adverbes que Théodose a écrit au pape, « d’une manière qui avait dû le satisfaire sur tout ce qu’il pouvait dire » !) La lettre à Valentinien est accompagnée de deux autres lettres dans le même sens, lxiii, à Galla Placidia, lxiv, à Licinia Eudoxia.

C’est seulement le 16 juillet 450, que saint Léon se décide à répondre à Théodose II. Jafîé, n. 452. Entre temps, il a reçu une lettre de l’évêque ordonné à Constantinople à la place de Flavien, Anatolios, une créature de Dioscore : sitôt ordonné, Anatolios a fait part de son élévation à saint Léon, Inter S. Léon. Epist., mii, affectant de croire qu’il n’y a aucun débat entre l’Orient et Rome. Le pape a différé de lui répondre. Il explique à Théodose II qu’il tarde à entrer en relations « avec celui qui préside maintenant à l’Église de Constantinople », non qu’il lui refuse son amitié, mais parce qu’il attend de lui un gage d’orthodoxie. Que le nouvel évêque lise les documents où s’exprime la foi des saints Pères, la lettre de Cyrille à Nestorius, les actes du concile d’Éphèse (celui de 431) et dans ces actes les extraits des Pères sur l’incarnation. « Qu’il ne dédaigne pas non plus de lire ma lettre (à Flavien) qu’il trouvera conforme en tout à la piété des pères. » Qu’il déclare son assentiment à ces catholicorum sententise, qu’il signe la profession de sa foi en présence de son clergé et de son peuple, et qu’il en fasse part au Siège apostolique, à tous les évêques, à toutes les Églises. Léon annonce à Théodose II qu’il lui envoieles deux évêques Abundius et Astérius, les deux prêtres Basile et Sénator : ils feront connaître à l’empereur quelle est la règle de notre foi. Si l’évêque de Constantinople y souscrit, nous serons tranquillisés, la paix ecclésiastique sera assurée, toute suspicion éteinte. Sinon, que l’empereur accorde le concile général à tenir en Italie. La lettre à l’empereur s’accompagne d’une lettre à Pulchérie, Jafîé, n. 453, conçue dans les mêmes termes, datée du même 16 juillet.

Cette lettre à Théodose II surprend par sa modération. Car enfin le pape ne parle plus de casser le brigandage d’Éphèse ; il ne réclame aucune sanction contre les évêques qui ont prévarjqué à Éphèse, aucune sanction contre leur chef Dioscore ; il accepte Anatolios leur élu, et il ne demande à cet Anatolios qu’une profession de foi orthodoxe. Veut-il sérier les difficultés ? gagner d’abord Anatolios ? compte-t-il sur ses légats, Abundius, Astérius, Basile, Sénator, pour obtenir à Constantinople même davantage ?

Moins de deux semaines plus tard, le 28 juillet 450, Théodose mourut d’un accident de cheval. L’impératrice Pulchérie hérita du pouvoir impérial. C’était la fin de l’imbroglio créé par la faction d’Eutychès. Chrysaphios fut condamné à mort. Puis Pulchérie donna à l’empire un empereur en épousant le sénateur Marcien. qu’elle fit (le 24 août) proclamer par le sénat et par la milice. Le 13 septembre 450, Jafîé, n. 456, écrivant à Martin, l’un des prêtres et archimandrites de Constantinople avec qui il communiquait, saint Léon écrit ces lignes significatives : Si quid aul difficultatum intervenu aut morarum, cum œquanimitate tolerandum est, quoniam ubi veritas est magislra nunquam desunt dioina solatia. Sûr de l’orthodoxie de Pulchérie et de Marcien, le pape peut se flatter que la vérité est maintenant maîtresse. En effet, dès la fin d’août, le nouvel empereur annonce son avènement à saint Léon, et salue en lui la première autorité dans l’épiscopat de la divine foi, langage bien conforme à celui de Valentinien III. Inter S. Léon. Epist., i.xxiii. Avec Pulchérie et Marcien, saint Léon va avoir les deux princes les plus dévots au Siège apostolique que connaîtra l’Empire d’Orient.

Les légats que le pape a envoyés à Constantinople, avec sa lettre du 16 juillet, furent reçus par Marcien, qui répond le 22 novembre au message par eux apporté. Inter S. Léon. Epist.. lxxvi. Déjà dans sa lettre de la fin d’août, il manifestait au pape qu’il désirait avec lui une concile qui restaurât la paix dans l’Église. Dans la lettre du 22 novembre, il invite saint Léon à venir en Orient tenir ce concile. Que si l’évêque de