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LEON 1er. SAINT LEON ET L’ORIENT

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est une institution propre à l’Illyricum, institution récente et dont l’avenir est très court : il disparaîtra en 484 à partir du schisme d’Acace. La distribution des évêques en provinces, avec un métropolitain à la tête de chaque province, pour être plus ancienne et autrement durable, est une création purement ecclésiastique et contingente. Il reste l’épiscopat, et l’unité nécessaire de cet épiscopat procurée par le lien qui rattache l’Église universelle à sa tête, capul, qu’est le siège de Pierre.

IV. Saint Léon et l’Orient. — 1° Jusqu’à l’affaire d’Eutychès. — Saint Cyrille, évêque d’Alexandrie, meurt en 444, 27 juin. Il a connu et apprécié saint Léon quand celui-ci n’était encore que diacre de l’Église romaine, nous l’avons noté. Léon estimait sa doctrine hautement, Jafïé, n. 451 et 452, abstraction faite sans doute de ses anathématismes. Les quatre ans que vécut Cyrille après l’avènement de Léon, leur entente ne put manquer d’être étroite. De ce que dut être leur correspondance, on a un fragment de Cyrille en réponse à une consultation que lui a adressée le pape sur la date de Pâques de 444, donc en 443. P. L., t. liv, col. 601606. Mais l’authenticité de ce fragment est contestée. Bonwetsch, art. Léo I de la Realencyklopâdie de Hauck, p. 368. On sait que Rome s’en rapportait à Alexandrie pour le comput de la date de Pâques. Voyez la lettre de saint Léon à l’empereur Marcien, 15 juin 453, Jaffé, n. 497, rappelant que les saints Pères ont confié à l’évêque d’Alexandrie le soin de publier pour chaque année l’échéance de Pâques, quoniam apud /Egyptios hujus suppulationis antiquitus tradila esse videbatur peritia, et que l’évêque d’Alexandrie chaque année la notifiait au Siège apostolique, eu jus script is ad longinquiores Ecclesias indicium générale percurreret. Quand saint Cyrille fut mort, le siège d’Alexandrie échut à son archidiacre Dioscore, qui adressa à Rome, pour y porter la nouvelle de son élévation, le prêtre alexandrin Posidonios, qui paraît avoir été entre 440 et 444 et même dès 430, maintes fois délégué d’Alexandrie à Rome, loties ad nos missus, dira Léon dans sa réponse à Dioscore.

Nous avons cette réponse, en effet, 21 juillet 444. Jaffé, n. 406. Le pape exprime à Dioscore l’estime qu’il fait de ses mérites et l’affection qu’il a pour lui. Le pape sent aussi bien le prix de l’entente de Rome et d’Alexandrie. Nous devons, écrit-il, n’avoir qu’une pensée, qu’une action. Le pape cependant tient à marquer que pareille entente n’implique pas l’égalité « les deux sièges. Si Alexandrie est le siège de saint Marc, Rome est le siège de saint Pierre, el l’apôtre Pierre a reçu du Seigneur le prinripalus apostolicus. L’Église romaine a gardé les institutions que lui a données Pierre. Marc étanl disciple de Pierre, comment les institutions d’Alexandrie pourraient-elles être en contradiction avec celles de Rome ? Rome, les ordinations des évêques, des prêtres, « les diacres, se célèbrent le dimanche, jamais en semaine. Cet usage, que nous tenons des apôtres, nous voulons que vous le gardiez. Autre prescription : chaque fois que se célèbre une tolemnlor futivttas à laquelle le peuple assiste en foule, s’il vient plus de fidèles que n’en peut coule nir la basilique, on réitérera la messe et autant de fois que la basilique se remplira à nouveau. Ainsi fait-on à Rome, ainsi doit -on faire a Alexandrie, ut per omniu el fuir rt adibut COngrUamtlS. On ne voit pas que cette lettre du pape I.éon réponde à une consultation que

lui aurait demandée Dioscore, Cette monition donc

adressée a l’évêque d’Alexandrie n’esl pas sans nouveauté, el rien ne dit que I lioseore v ait déféré,

tatiOChe, en lll, DomnOl a SUCCédé < son oncle

l’évêque Jean, dont on se rappelle les démêlés avec

saint (.vrille au concile d’Éphèse et ensuite On ne e aucune trace de relations entre Domnos et le

pape Léon, bien qu’il n’y ait pas de doute qu’Antioche fût en communion avec Rome.

A Constantinople, Proclus meurt en juillet 446. Il devait être en bons termes avec le pape Léon, qui fait l’éloge de son zèle, industria, dans la lettre du 29 mai 454 à Anatolios. Jaffé, n. 509. Proclus eut pour successeur Flavien, dont le pape loue la foi, fides, dans le même document. Les relations, soit de Proclus, soit de Flavien qusqu’en 449) avec saint Léon, ne sont pas documentées.

L’Empire d’Orient est aux mains de Théodose II, depuis 408. Devenu empereur à l’âge de huit ans, Théodose II est un prince religieux, cultivé, hésitant, trop porté à croire que les affaires religieuses sont de sa compétence, et toujours en tutelle, heureux quand cette tutelle est celle de sa sœur l’impératrice Pulchérie !


2° L’affaire d’Eutychès. — A Constantinople, une grosse influence appartient depuis une génération aux monastères. On les a vus à l’œuvre contre Nestorius au temps du concile d’Éphèse. Du 1 er juin 448, on a une lettre de saint Léon « à Eutychès abbé à Constantinople », Jaffé, n. 418, en réponse à une lettre adressée par celui-ci à Rome pour informer le Siège apostolique que « l’hérésie nestorienne est en passe de refleurir grâce aux menées de quelques-uns. » Eutychès est à la tête d’un monastère de quelque trois cents religieux. Il a été lié avec saint Cyrille dès le début de la campagne qui aboutit au concile d’Éphèse et à la déposition de Nestorius : il entend ne rien sacrifier des anathématismes sur lesquels Cyrille a transigé, en 433.

Or Eutychès est très écouté du grand chambellan Chrysaphios, tout puissant sur Théodose II, depuis 441. Eutychès se donne le rôle d’accusateur des évêques ariens. Nestorius dit de lui : « Celui qui accusait tous les évêques prenait de l’audace, celui qui restait seul de tous les autres qui étaient morts, je veux dire Eutychès. Comme il n’était pas évêque, il se donnait un autre rôle, grâce au pouvoir impérial, celui d’évêque des évêques. C’est lui qui dirigeait les affaires de l’Église, et il se servait de Flavien comme d’un serviteur pour tous les ordres qui étaient donnés à Constantinople, et celui-ci à cause de sa grande humilité ne savait pas ce qui se préparait… » V. Nau, Le livre d’Héraclide de Damas, 1910, p. 294.

La lettre du pape à Eutychès présuppose que, a la date du 1° juin 448, on n’a pas connaissance à Rome du trouble qui existait en Orient depuis quelque temps. Saint Léon ne sail rien encore que par Kutyehès : il ne doute pas de l’aide que lui donnera le Seigneur o auteur de la foi Catholique ». Quant au reste, le Siège apostolique avisera, quand il sera mieux informé. On peut inférer de là que, ni d’Alexandrie, ni d’An tioche. ni de Constantinople. il n’est arrivé de plainte à Rome : l’intrigue est L’œuvre d’Eutychès, qui essaie de mettre Rome dans son jeu. Rome se réserve, prudemment, mais Rome est décidée à intervenir :.Vos autem, cum plrnius quorum hoc improbitate fiai potuerimus (K/nosccrc, necesse est auxilianie Domino providere. Souligner nos ncccssc est pmridcrc.

Les événements se précipitèrent à Constantinople.

Le 8 oovembre 148, Eutychès, qui se croyait si siir iii sa domination, rut dénoncé par Eusèbe de Dorylée

an concile (aûvoSoç èvo’rjp.oOoa’» ré-uni autour dr Flavien et composé d’évoques fidèles au formulaire d’union de 433 : le 22 novembre. l’la icn et sou concile

excommuniaient Eutychès, qui incontinent Interji

lait appel aux conciles de Rome. d’Alexandrie et de Jérusalem. Saint Léon reçut ainsi une leltre d’I ul cliès. protestant de la pureté de sa fol, M plaignant d’avoir été condamné sans aoir été entendu, rt

attendant la justice des évêques auxquels il recourt