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LÉON 1er. SAINT LÉON ÉVÈQUE DE ROME


évêque. Des hommes ont été emmenés en captivité par les Huns, et leurs femmes, désespérant de leur retour, se sont remariées : que doit-on faire quand le premier mari revient ? Comment doit-on traiter les

fidèles, qui, en captivité, ont mangé des viandes immolées aux idoles ? Ceux qui se sont laissé rebaptiser ? Ceux qui ont accepté le baptême des hérétiques ? Nicétas veut avoir sur ces points auctoritatem aposto-UcœSedis. Le pape lui donne la solution de ses doutes. Et il le prie, en terminant, de communiquer sa lettre à ses comprovinciaux pour qu’elle règle leur conduite à tous.

Sur les rapports de Rome et de Ravenne, nous rencontrerons en 458, Jaffé, n. 543, la réponse donnée à des évêques dont Ravenne est la métropole. Cette lettre du pape est adressée, non pas aux évêques qui ont consulté Rome, mais à leur métropolitain l’évêque de Ravenne, Néon, qui devra la faire connaître à ses comprovinciaux.

A en juger sur ces quelques lettres, on voit quelle différence il y a entre le régime des Églises suburbicaires et celui des Églises groupées autour des métropoles de Milan, d’Aquilée, de Ravenne. Le pape a la sollicitude de l’ordre et on s’adresse à lui pour le redressement des torts : sa juridiction se reconnaît à cela. On s’adresse à lui pour fixer la discipline des cas nouveaux : le pape peut parler de ses décrétales. C’est surtout en matière de foi que son autorité s’impose souverainement. Nous en avons confirmation dans la réponse que, en février 449, l’évêque de Ravenne, saint Pierre Chrysologue, adresse à Eutychès, qui a pensé l’intéresser à sa cause. L’évêque invite le moine rebelle à s’en rapporter docilement à ce qu’a écrit « le bienheureux pape de la ville de Rome », parce que n le bienheureux Pierre, qui sur son propre siège vit et préside, assure à ceux qui la cherchent la vérité de la foi ». L’évêque de Ravenne ajoute : » Pour nous, par amour de la paix et de la foi, nous ne pouvons pas connaître des causes de la foi en dehors du consentement de l’évêque de la ville de Rome, exlra consensum romanæ civitatis episcopi causas fidei audire non possumus. » Inter S. Léon. Epist., xxv.

Saint Léon et la cour de Ravenne.

L’empereur

Honorius est mort en 423, sans autre héritier que son neveu Valentinien, fils de sa sœur Galla Placidia (mariée m secondes noces à Constantin) : l’enfant est élevé à Constantinople. L’empereur Théodose II, à Constantinople, s’est trouvé être seul empereur à la mort d’Honorius : on put croire que l’empire allait être réuni entre ses mains. En Occident, le pouvoir fut usurpé incontinent par le primicier des notaires, Jean, qui prit la pourpre à Rome. Théodose II refusa de le reconnaître et se résolut à créer Auguste le jeune Valentinien, qu’il fiança à sa fille I.icinia Eudoxia. bien qu’il ne fut âgé que de Cinq uns ; puis une armée eut mission de conduire alenliriien III en Italie : l’usurpateur assiégé dans Ravenne, fut pris et décapité, et aient inien ni commença de régner sous la tutelle de sa mère Galla Placidia. Duchesne a écrit :

Ce n’est pas une main de femme qu’en un tel moment, il eût fallu au gouvernail. Les hommes qui entouraient la régente, les Félix, les Aèce. les Boniface, passaient leur temps : i intriguer les uns contre les autres. ; i se ronl re -carrer, à s’cntrc-supprimer. Aèce parvint en ; is-, e/ peu de tompS ; i se délmrrnsser de ses rivaux.

Félix ( 130) et Boniface 1 132), el s’imposa tonl à fait à Placldie, Pendant une vingtaine d’années, c’est lui

qui fut le mattre. » Histoire ancienne de V Église, 1010, t. iii, p 581 582.

Nous BVOns vu que, au moment de la mort du pape

Xyste ni (19 août 140), s : imt Léon était en Gaule, ou il avait été envoyé pour raccommoder Aèce et le préfet du prétoire Albinus. M est de tonte vraisem blance qu’il avait reçu cette mission tant du pape Xyste que de l’impératrice Galla Placidia, disons de Valentinien III. La cour de Ravenne devait être affolée : les Vandales s’étaient emparés de.Carthage (19 octobre 439), et, maîtres de l’Afrique romaine, menaçaient maintenant l’Italie. Valentinien 1 1 1 quitta Ravenne pour s’établir à Rome : une loi du 2 mars 440, adressée au peuple romain, nous apprend qu’on travaillait à réparer les murs de Rome et que le préfet de Rome aurait droit de réquisitionner pour ce travail tous les habitants sans exception. Martroye, Genséric, p. 130. La mission de Léon auprès d’Aèce avait sans aucun doute pour but de contribuer au salut de l’Italie. Son élection, dans ces circonstances tragiques, dut être considérée comme une mesure de salut public.

Le danger vandale n’était que trop réel. Genséric cependant se contenta de ravager la Sicile, qu’il occupa de 440 à 442 : on se rappelle la lettre de l’évêque de Lilibée (Marsala) remerciant le pape de ses secours. En 442, un traité intervint entre Genséric et Valentinien III, qui pour écarter les Vandales de l’Italie leur cédait la moitié de l’Afrique romaine.

Valentinien III séjourna à Rome à plusieurs reprises, si nous nous en rapportons aux indications de lieux de signature que donnent soit le Code théodosien, soit les novelles postérieures à la promulgation du Code. Il est à Rome en 426 (3 et 30 janvier), puis en 443, (13 mars et 23 décembre) ; de 445, (18 janvier), à 447 (3 juin) ; en 450 (5 mars), jusqu’en 455. où il meurt.

Les sermons de saint Léon nous ont dit le souci que lui donna la poursuite des manichéens à Rome. Une lettre du pape, Jaffé, n. 405, adressée Ad episcopos per llaliam et qui a trait à la même affaire, porte la date du 30 janvier 444. Saint Léon expose qu’il a obtenu de certains de ces manichéens de Rome qu’ils abjurent publiquement dans l’église et qu’ils signent leur abjuration, après quoi on leur a imposé la pénitence. Quant à ceux qui sont obstinés, ils tombent sous le coup des lois et des constitutions des princes chrétiens : Per publicos judices perpetuo sunt exilio relegati. Indication intéressante : l’enquête a été conduite par l’évêque, les coupables qui n’abjurent pas sont livrés au magistrat. Saint Léon notifie ces choses aux évêques d’Italie, afin qu’ils veillent à ce que les manichéens frappés à Rome n’aillent pas se réfugier dans d’autres Églises et continuer leur propagande. Cette lettre du 30 janvier 344 sera suivie d’une constitution de Valentinien III du 19 juin 445, Inter S. Léon. Epist., viii : constitution datée de Rome et adressée au préfet du prétoire Albinus que nous connaissons.

Valentinien rappelle les sévérités rigoureuses édictées par les empereurs avant lui contre les manichéens, il rappelle surtout les horreurs qui ont été révélées. in judicio bealissimi papa 1 Leonis coram senalu omplissimo, et que l’évêque manichéen a lui-même reconnues. Valentinien ne peut laisser impunis ces crimes, qui sont des outrages à la divinité et vont à la corruption des âmes. On appliquera donc aux manichéens les lois qui frappent les sacrilèges. Suit le détail

des sanctions pénales. le préfet du prétoire est chargé de publier la présente constitution dans toutes les provinces. L’action <ie aient inien 1 1 1 est consécutive à l’action de s : iinl Léon, on ne peut se refuser à croire à une entente concertée I ntte les deux pouvoirs.

Ce concert s’affirmera bien plus nettement encore

avec la constitut ion de Valentinien III du 8 Juillet 146,

que nous étudions plus loin. Tout autant BVCC les

lettres que l eon obtiendra que Valentinien III écrive à Théodose II, en févriei 150, pour réclamer l’annulation du brigandage d’Ephèsi d’août 1 1°

En 452, Attila descend en Italie, franchissant kl

Alpes Juliennes, ravageant la n i nétle et la I Igurie : il