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LÉON 1er. SAINT LÉON ÉVÊQUE DE ROME

cependant refusant de toucher au calice, ita ut ore Christi corpus accipiant, sanguinem autem redemplionis noslræ haurire omnino déclinent. Ibid.

Les juifs sont stigmatisés pour leur perfidie, en tant qu’ils sont responsables de la passion et de la mort du Christ, mais saint Léon veut que l’on imite à leur égard la miséricorde du Christ : Nos quoque cum beato Paulo apostolo nostras jungimus preces, et ut ille populus misericordiam consequatur optamus, ob cujus ojjensionem gratiamreconciliationisaccepimus. Serm., lxx, 2. Allusion à la prière pour les juifs dans la liturgie. Il ne semble pas que les Juifs aient, soit à Rome, soit ailleurs, donné de souci à saint Léon. Voir Serm., lxxix, 2 ; lxxxix, 1 (texte curieux sur les nudipedalia que pratiquent les juifs à l’occasion de certains jeûnes).

Le Liber pontiflcalis a quelques indications sur les fondations ou les donations de saint Léon à Rome. Au lendemain de la clades vandalica de 455, où toutes les églises durent être pillées, il donna à chacun des titres les pièces d’orfèvrerie nécessaires à la liturgie. Duchesne, Lib. pont., t. i, p. 259 et n. 5.

Il aurait refait la basilique de Saint-Pierre : en réalité, on ne trouve trace de l’intervention de saint Léon que dans la mosaïque qui couvrait la façade de la basilique : mais il est possible qu’il ait fait refaire la mosaïque de l’abside. Duchesne, n. G. Il aurait refait pareillement la basilique de Saint-Paul, qui avait été victime de la foudre. La Mosaïque de l’abside, bien que très retouchée, serait un beau monument de la foi christologique de saint Lc’on. On sait grâce à une inscription commémorative que le toit de la basilique s’était effondré et que saint Léon le restaura. Duchesne, n. 7.

Le Liber pontiflcalis attribue à saint Léon l’abside de la basilique du Latran. Il est vrai que l’inscription dédicatoire de la mosaïque de la dite abside fait honneur de la mosaïque à FI. Constantin Félix, qui fut consul en 428, et mourut assassiné en 430. Duchesne, n. 8. Le Liber attribue à saint Léon une basilique élevée en l’honneur du pape Cornélius, juxla ci/nulcrium Calisti via Appia, mentionnée dans deux des itinéraires du vu » siècle, complètement disparue ensuite. Duchesne, n. 9.

Il n’est pas parlé d’écoles chrétiennes à Rome

ins les six premiers siècles.

Le Liber pontiflcalis mentionne que saint Léon établit un monastère auprès de la basilique de Saint-Pierre. Luc glose d’un ms. du Liber dit que ce monastère est celui des Saints-Jean-et-Paul, qui existait au vrn c siècle. Le monastère fondé par saint Léon est le premier que nous voyons établi à Rome par un pape. Le pape Xyste (432-440) en avait sans doute établi un auprès de la catacombe de Saint-Sébastien, mais on était là sur la voie Appienne.loin déjà de l’enceinte d’Aurélien. Le monastère établi au Vatican a une autre importance, en tant qu’il parafl destiné à entretenir l’office divin, en tant aussi qu’il met l « mi à Rome nu service et sous la main de l’évêque. Sur les monastères en quelque sorte spontanés « lu temps de sainte Marcelle, voir S. Jérôme, Epist., cxxvii, x.

L’Eglise de Rome ne pouvait manquer d’avoir des es consacrées au Seigneur, l’épigraphie chrétienne de Rome en signale maintes fois. Le Liber parle, non pins de vierms. mais fie monachæ, et il nous apprend que saint Léon Interdit de leur imposer le voile, velaminis capitis benedictionem, sinon après soixante ans de probation, nlsi probata fuerit m virgtnltate LX annorum Cette sévérité ne répond pas ans canons observés de ce temps en Afrique, en Espagne, en Gaule, et un « ’dit île l’empereur Majorien (457 (61) i quarante ans l’âge requis pour la velatio vtrfinum. Duchesne, ii, 1 : -.. a « loue toute raison « l’élever des doutes ni l’ai ei tion du Liber.

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Mentionnons encore deux informations du Liber pontiflcalis. Saint Léon serait le pape qui aurait introduit inlra aclionem sacrificii les mots sanctum sacrificium et cetera. Les traits d’histoire liturgique sont dans le Liber d’un médiocre aloi. Duchesne, n. 12, ne fait pas de difliculté sur celui-ci, et il suppose que’les qualifications de saint et d’immaculé appliquées au sacrifice de Melchisédech peuvent viser les manichéens qui avaient horreur du vin et n’en usaient pas dans leur propre eucharistie. Cf. S. Augustin, Contra Faust., xvi, 21 et xx, 13. — L’autre information concerne les sepulcra aposlolorum, c’est-à-dire les confessions de Saint-Pierre et de Saint-Paul : Léon institua des custodes, auxquels on donna le nom de cubicularii, et qui étaient tirés des rangs inférieurs du clergé romain. Le terme cubicularii est pris au langage de la cour impériale et rappelle le service de la chambre du prince. Ces chambellans des deux confessions avaient sans doute à en assurer la garde et à veiller sur les trésors qui les remplissaient. L’épigraphie romaine connaît des cubicularii soit de Saint-Paul, soit de Saint-Pierre, au ie siècle. Duchesne, n. 14.

3° L’évêque de Rome et les évêchés suburbicaires.

Par églises suburbicaires on entend les Églises des regiones suburbicariæ, c’est-à-dire des dix provinces ressortissant au vicarius Urbis, par opposition au vicarius Italiæ. Ces dix provinces sont : la Toscane et l’Ombrie, la Campanie, la Lucanie et le Rrutium, l’Apulie et la Calabre, le Samnium, le Picénum suburbicaire, la Valérie, la Sicile, la Sardaigne, la Corse. On sait que les provinces suburbicaires n’ont aucune autonomie ecclésiastique provinciale : elles n’ont ni conciles provinciaux, ni métropolitains ; l’évêque de Rome a pour elles son concile et il leur sert de métropolitain. Chaque Église suburbicaire. le siège vacant, élit son évêque ; l’élection doit être ensuite approuvée à Rome et l’élu ordonné à Rome. Les évêques du ressort métropolitain sont tenus de venir à Rome au moins une fois l’an, pour le natale du pape. Us doivent s’adresser au pape pour éclaircir leurs doutes, pour résoudre leurs conflits. Au pape doivent être dénonces les désordres, et il avise à les corriger : il est avec son concile le juge « les évêques ses sufîragants, il les dépose au besoin : il les tient dans une sujétion affectueuse, respectueuse des canons, mais étroite. Tel est le régime avant saint Léon. Voir mon Siège apostolique. 1924 p. 151-170.

Nous avons noté la présence de nombreux évoques chaque année au natale du pape. D’autre part, le Liber pontiflcalis relate que saint Léon, en vingt et un ans de pontificat, a ordonné epiSCOpos prr diversa loca CLXXXV. Ce chiffre ne doit pas nous étonner, car les provinces suburbicaires comptaient plus « le deux cents évéchés. On a du 10 octobre II.’!. Jaffé, n. 402, une lettre de Léon aux évêques « le Campanie. Picénum et Toscane ; « lie est portée aux dites provinces par trois évêques qui apparemment ont pris l’ait au concile « lu natale du pape et sont « le cet provinces. (Tous les évêques, en effet, ne venaient pas an natale). Léon se plaint « pie l’on ait élevé à l’épiscopat « les hommes « le condition servile, et veut qu’on s’en

abstienne désormais. Il se plaint qu’on ait admis dans le Clergé « les hommes maries a des veuves ou tiommei plusieurs fois mariés : il faut qu’on les écarte, la bonne foi n’excuse pas « lans l’espèce : on doit obscr ver les decretalia <i<nstitut<i du pape Innocent <-i « te tous nos prédécesseurs. Nul ne sera « le notre communion qui n’acceptera pas notre discipline. Souligner l’expression decretalia constitula, et « pie ces décret "ni dites émaner des évêques « le Rome, ci qu’elles

sont Imposées sous peine « le retrait de la Communion Remarquer aussi la rigueur du langage du pape, mais

cette rigueur est de style, aussi bien a Rome qu’a