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LÉON I er. SAINT LÉON ÉVÊQUE DE ROME


sermon pour la Pentecôte, Scrm., lxxvi, 1, saint Léon fait allusion à l’évangile qui vient d’être lii, à quoi, dit-il, nous devons ajouter cette prédication pour l’instruction des nouveaux fils de l’Église. Ces nouveaux fils de l’Église sont les baptisés de la veille.

A la fin de chacun des trois sermons de la Pentecôte, Léon annonce le jeûne de la semaine qui vient : Quarto et sexta feria jejunemus, sabbato autem apud beatum Petrum apostolum vigilias celebremus. Les trois sermons pour la Pentecôte, Serin., lxxv, lxxvi, lxxvii, sont suivis de quatre sermons De jejunio Penlecostes, qui ont pour tout sujet d’annoncer le jeûne des mercredi, vendredi, samedi de la semaine qui vient. Ne doutez pas, dit saint Léon, que tout ce que l’Église a coutume d’observer lui vienne de la tradition apostolique et de l’enseignement du Saint-Esprit. Serm., lxxix, 1. Au lendemain de la Pentecôte, les apôtres ont dû vouloir inaugurer l’apprentissage des fidèles, par un jeûne : Tirocinium militiæ christianee sanctis inchoavere jejuniis. Serm., lxxviii, 2. Ces trois jours de jeûne ont aussi pour raison d’être de réparer ce que la négligence ou la licence nous aurait fait commettre de fautes pendant le temps pascal. Ibid., 3. Nous avons affaire ici au jeûne des Quatre-Temps. L. Fischer, Die kirchlichen Quatember, 1914, p. 2-7, sur l’origine prétendue apostolique des Quatre-Temps.

Nous les retrouvons avec les neuf sermons De jejunio septimi mensis, c’est-à-dire du mois de septembre, Serm., lxxxvi-xciv. Ces sermons sont des invitations à célébrer le jeûne prescrit. On y retrouve la même formule que nous avons relevée dans les sermons de la Pentecôte : Quarta et sexta feria jejunemus, sabbato vero apud beatum Petrum apostolum pariter vigilemus. Serm., lxxxvi, lxxxviii, lxxxix, xc, xcii, xciv. Les Quatre-Temps de décembre sont représentés par neuf sermons De decimi mensis jejunio. Serm., xiixx. La même formule que plus haut s’y retrouve, invitant à jeûner le mercredi et le vendredi, et à célébrer le samedi la vigile à Saint-Pierre. Serm., xii, xiii, xv, xvi, xvii, xviii, xix. Léon rattache le jeûne du dixième mois à l’ancienne Loi, qui le prescrit en action de grâces à Dieu pour les récoltes de l’année. Serm., xv, 2. Les Quatre-Temps cependant sont fixés pour les chrétiens aux quatre saisons : Jejunium vernum in Quadragesima, œstivum in Pentecoste, autumnale in mense septimo, hiemale autem in hoc qui est decimus celebramus. Serm., xix, 2. Les saisons disent aux chrétiens la volonté de Dieu, comme les affiches publient les ordres du prince. Serm., xviii, 2.

Les six sermons vi-xi sont intitulés De collectis, c’est-à-dire des quêtes. Nous avons affaire ici à un usage propre à Rome et qui a disparu sans laisser de trace dans la liturgie : Léon en est le seul témoin. Il y voit une apostolica institutio, une institution « prudente et utile des Pères », fixée à un temps « le l’année où le peuple païen servait les démons river plus de superstition, » et où il convenait de » célébrer la sainte oblation de nos aumônes en face « les profanes hosties des impies i Ce qui a été fructueux à l’origine de l’Église s’est perpétué : Quod quia tncrementtt Eccleslæ fructuosisstmum fuit, plaçait esse perpetuum. Srrm.. ix,

3. Léon dit encore, en confirmation de l’institution apostolique du dit usage : « Les bienheureux disciples de la vérité mit prescrit, par une doctrine divinement inspirée, que, chaque fois que la cécité des païens serait plus appliquée a ses superstitions, le peuple de Dieu devait s’appliquer plus instamment, i la prière et aux œuvres de religion. Voilà pourquoi en ce jour « OÙ les impics servaient le diable SOUS h’D.OŒ’le leurs idoles », on a dans la sainte Église et abll cet Ie collectio. Srrm. viii. vrai dire, les saints Pères ont réglé que ffl dloersis temporlbu » quidam rsarnt dirs qui drvnlionrrn pdrlis popult ad cntlutionrm pubtiram provoca DICT, » i rHBOL.’Amer.

I rent. A l’Église, en effet, on recourt quand on est dans le besoin ; il convient donc que se fasse une collectio qui mette entre les mains des prsesidentes de l’Église de quoi secourir les pauvres ; mais il y a ici un jour spécialement fixé. Saint Léon prescrit à ses fidèles d’apporter leurs offrandes ce jour-là ad ecclesias regionum vestrarum, Serm., xi, 2, de se réunir per omnes regionum vestrarum ecclesias cum voluntariis oblationibus elcemosynarum. Serm., viii. Plus précisément, ce jour n’est que le premier de plusieurs jours à la suite, où ces offrandes peuvent être apportées par les fidèles : Die dominica prima estfulura collectio. Serm., x, 4. Rapprocher Serm., vu : Primus collectarum dies. Ce jour tombe à une date fixe : c’est un lundi, Serm., vn, c’est un mardi, Serm., viii, c’est un samedi, Serm., xi, aussi bien qu’un dimanche. Mais quelle était cette date ? Saint Léon ne le dit pas. Les Ballerini, se fondant sur la place occupée par ces sermons De collectis dans plusieurs dés recueils de sermons de saint Léon, c’est à savoir après les sermons pour la fête de saint Pierre, ont proposé le 6 juillet, qui est le jour où commençaient à Rome les ludi apollinares. J. Marquardt, Le culte chez les Romains, édit. fr., t. ii, 1890, p. 270.

On pourra rapprocher le Sermo lxxxiv, qui est un sermon occasionnel prononcé par saint Léon au jouianniversaire du châtiment et de la délivrance de Rome, ob diem castigationis et liberationis nostrse. Les Ballerini ont montré que ces mots désignent le sac de Rome par Genséric, en 455. On est à quelques années déjà de l’événement, car saint Léon parle d’un temps où le peuple des fidèles venait en masse rendre grâces à Dieu de l’avoir épargné, tandis que, cette présente année, l’anniversaire a été négligé presque universellement, comme l’atteste le petit nombre des fidèles qui y sont venus, proxime, les jours passés. Le pape se déclare fort attristé de cette ingratitude. On donne plus aux démons qu’aux apôtres, et les spectacles attirent plus que les sanctuaires. Et cependant qui a sauvé la ville ? qui l’a tirée de la captivité ? qui l’a protégée contre le massacre ? Est-ce le cirque, ou bien les saints ? Revenons au Seigneur et comprenons les miracles qu’il a opérés parmi nous pour notre délivrance. Car nous ne l’avons pas due à l’action des étoiles, comme pensent les impies, mais à Dieu, qui corda furentium barbarorum miligare dignatus est. Nous avons là un indice du crédit de l’astrologie sur l’opinion à Rome ; un indice aussi de l’attrait irrésistible que les jeux du cirque gardent pour les Romains. Les Ballerini calculaient que la libération de Rome était du 29 juin 455, mais ce calcul est contesté : Rome tomba aux mains de Genséric le 2 juin 455, et l’occupation dura quatorze jours, où la ville fut mise à sac. F. Martroye, Genséric, 1907, p. 158-159. C’est donc le 16 juin que tomberait l’anniversaire de la libération de Rome, et quelques jours plus tard que le sermon serait prêche, peut-être un 29 juin.

La survivance des jeux n’est pas pour nous surprendre, et pas davantage l’attrait des Romains pour les spectacles du cirque. Salvien, qui écrit son De gubernatione Del entre 439 et 451, en est un témoin assez notoire (voyez op. cit., vi, 3-17). Plus curieuse est la survivance chez, les chrétiens de gestes païens connue

celui que dénonce l.éon, Srrm.. xxvii, 4. < On viiii chrétiens, venant à la basilique de Saint-Pierre, monter hs degrés qui mènent ad suggestion arese suprrinris, au niveau du seuil, et là se retourner vers le soleil levant et incliner la tête en l’honneur de « l’orbe resplendissant ». Ils le font p ; ir ignorance, dit Léon, et aussi paganitatts splrilu. Saint Léon dénonce ailleurs une opinion, qui n’est Être pas sans lien avec la pratique précédent) Dam un de it i sermons de Not I, il dit que le démon,

i s