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LENFANT — LENGLET-DUFRESNO Y


augmenté de discours sur les catéchismes, sur les formulaires et les confessions de foi. — Histoire du concile de Pise et de ce qui s’est passé de plus mémorable depuis ce concile jusqu’au concile de Constance, enrichie de portraits, 2 vol. in-4°, Amsterdam, 1724. Dans la première partie, Lenfant montre l’établissement du schisme qui donna lieu au concile, les causes qui déterminèrent le concile, rendu nécessaire par l’obstination des deux papes, et enfin il décrit la tenue, les détails et les conclusions du concile de Pise. C’est une histoire de l’Église, depuis la mort de Grégoire XI en 1378 jusqu’au concile en 1414 ; Lenfant s’appuie sur les Vies des papes d’Avignon, de Baluze et l’histoire du grand schisme du P. Maimbourg (Journal des Savants, d’octobre 1724, p. 648-653 et Journal de Trévoux de novembre et décembre 1725, p. 1960-1991, 2230-2279, et janvier 1726, p. 95-118). Dans ce dernier article, le critique déclare que la deuxième partie du travail de Lenfant qui raconte les événements qui se sont passés, de la mort d’Alexandre V (3 mai 1410), jusqu’à la tenue du concile de Constance (1414), est très inférieure à la première ; Lenfant s’y montre très favorable à Jean Hus, contre l’Église catholique. — Sermons sur divers sujets de l’Écriture sainte, in-8°, Amsterdam, 1728. — Histoire de la guerre des Hussites et du concile de Bdle, 2 vol. in-4°, Amsterdam, 1731, traduit en allemand, 4 vol. in-8°, Vienne, 1783-1784. Cet écrit posthume raconte les événements jusqu’à l’année 1454 (Journal des Savants de décembre 1730, p. 747-748 et décembre 1731, p. 697-702). — En 1720, Lenfant fonda un Journal littéraire en Allemagne, sous le titre de Bibliothèque germanique, ou Histoire littéraire de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays du Nord, 50 volumes, in-12, de 1720 à 1741 (Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, t. ii, p. 295-296) ; c’est Lenfant qui composa la Préface de ce journal et il y collabora activement surtout à partir du t. iv. Lenfant publia aussi de nombreux articles dans les journaux littéraires de Hollande et, spécialement, dans la Bibliothèque choisie de Leclcrc (t. xvi, xviii, xxi et xxiii).

Michaud, Biographie universelle, t. xxiv, p. 116-117 ; Hœfer, Xouvelle biographie générale, t. xxx, col. 657-658 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, t. vi, 1° partie, p. 231-232 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 156-157 ; Fellcr-Férennés, Biographie universelle, 1842, t. vii, p. 397 ; Chaudon et Dclandine, Dictionnaire historique, critique ri bibliographique, t. x, p. 44-45 ; Nicéron, Mémoires pour tenir à l’histoire des homma illustres de la République des Lettres, t. ix, p. 213-257 et t. x, p. 282 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xv, p. 60-63 ; Desessarts, Les siècles littéraires ou Nouveau dictionnaire historique, critique et bibliographique de tous les écrivains morts et Vivants jusqu’à In fin du XVIIIe siècle, t. iv, p. 141-112 ; Bibliothèque germanique, t. xvt, p. 115-12 !), donne un Mémoire historique de In nie, de In mort et îles oiiiirnt/es île feu M Lenfant et cite de lui 21 ouvrages ; en tête du t. I de Vllistnire île In guerre’les llussites, ouvrage posthume puhlié en 1731, il y a aussi un éloge de I.enfant ; Ilaag.

/, « France protestante, t. vi, p, 519-552 ; Protestantisch* Bealencgclopàdie, t. iii, p. 366-367 ; Encyi lopédte îles iclenceè religieuses de Lichtemberger, t. mit, p. 130-138 ; Kirchenlerienn, t. vii, col. 1741-1742 ; Les homma illustres </< VOrUanais 2 vol. ln-8°, Orléans, 1863, t. ii, p. 58-60 ; Laden Merlet, Bibliothèque ehartruine antérieure an XI xsiècle, in-8°, Orléans, 18.82, p. 202-285.

, 1. Cariq yhs,

LENGLET-DUFRESNOY (l’abbé Nicolas)

célèbre compilateur français, né a BeaUValS, octobre

1674, morl en janvier- 1755. Il s’adonna d’abord à l’étnde de la théologie, qu’il laissa liientôl de inli pour la diplomatie. I.a politique, l’histoire, la littérature, la géographie, la chimie même, et la pal lion en ees diverses matières de nombreux ouvi se disputèrent les loisirs de sa longue carrière l.n 1705,

il est envoyé par M. de Torcy à l’électeur de Cologne, qui résidait à Lille et dont il devient le secrétaire pour les langues latine et française ; il rend à ce prince le service d’éventer un complot contre sa personne. Lors de la prise de Lille par le prince Eugène, muni d’un sauf-conduit, il passe dans les terres de l’Électeur. En 1718, sous la régence, il rentre à Paris, et, instrument docile aux ordres de Philippe d’Orléans, il l’aide à découvrir les auteurs de la conspiration de Cellamare ; mais les procédés dont il use dans cette besogne policière ne témoignent pas d’une excessive délicatesse. Il pensait échapper à ce qu’il y avait de déshonorant dans sa peu noble mission, en n’acceptant de la remplir que sur la promesse qu’il avait exigéqu’on lui fît, que pas un des coupables dénoncés par lui ne subirait la peine capitale. Un séjour de Lenglet-Dufresnoy en Autriche, où il voit J.-B. Rousseau et le prince Eugène, offusque la cour de France, est cause qu’on l’arrête à son retour en 1723, et qu’on le tient six mois prisonnier dans la citadelle de Strasbourg. Ce ne fut pas le seul emprisonnement qu’il subit. On a prétendu qu’il fut détenu à la Bastille jusqu’à dix fois ; on n’exagérerait pas en portant à cinq les séjours qu’il y fit, de 1718 à 1751, pour intempérance de langage, écrits insolents, satiriques ou même licencieux. Ces fâcheux incidents, en tout cas, ne lui firent pas perdre sa liberté d’allure et de parole, son zèle pour les études et les travaux d’érudition, non plus que sa gaité.

Lenglet-Dufresnoy aurait pu s’élever aux positions les plus brillantes dans la diplomatie ; il y eût été porté par un concours d’heureuses circonstances, par les nombreuses et belles relations qu’il s’était créées, par des services rendus, par la vivacité de son esprit et son vaste savoir. Le prince Eugène, le cardinal Passionei et le secrétaire d’État, ministre de la guerre, M. le Blanc, qui désiraient se l’attacher, lui firent les offres les plus séduisantes : il résista à tout, préférant penser, écrire et vivre à sa guise.

La crainte de l’asservissement lui fit résister de même aux avances d’une sœur qui l’aimait, et qui le pressait de venir demeurer en son hôtel, à Paris, où il eût goûté toutes les jouissances d’une vie opulente. Jaloux de sa liberté, il la gardait non seulement vis-àvis des usages mondains, mais encore dans les choses de la plus élémentaire correction. Car il était négligé jusque dans son extérieur, ordinairement mal vêtu, mais seul assurément à ne pas s’en apercevoir. Malgré tout, il fréquentait plusieurs maisons de la plus haute société, où son esprit caustique, ses bizarreries peut-être, mais surtout son étonnante mémoire le faisaient admettre.

Une vie exempte de toute sujétion, riche de loisirs el toute consacrée à l’étude nous valut près <c quarante ouvrages qui témoignent de vastes connaissances scientifiques et littéraires. Malheureusement, ils accusent peu de goût et de critique. Caustiques et mordants, assaisonnés d’expressions et de plaisanteries rabelaisiennes, ils sont d’une médiocre composition et fourmillent d’erreurs. Lenglet-Dufresnoy affecte dans ses écrits un langage suranné, qui le ferait prendre pour un savant ou un écrivain du vi’siècle plutôt que pour un littérateur du xviiie siècle. « Je veux être franc gaulois dans mon st vie comme dans mes ad ions, répétait il Quant i ses erreurs, parfois grossières, certains critiques y ont vu reflet d’une mauvaise foi Inl éressée plutôt que de l’ignorance. Son Indépendance « l’homme de lettres et sa mordante causticité lui

tonnèrent maintes querelles avec les censeurs de

ses manuscrits. Il ne pouvait souffrir qu’on lui retran chvt une seule phrase ; il rétablissait à l’impression ce

qu’on lui avait supprimé.

Lenglet-Dufresno] eut une fin tragique, à l’Age de