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LE MASSON — LEMKHHK


silence, car, tant que vécut dom Le Masson aucune autre publication ne fut imprimée de leur part. Mais les jansénistes et aussi quelques thomistes essayèrent de réfuter les écrits du général des chartreux. Dans une plaquette de quelques pages intitulée : Extrait de la table des Éclaircissements sur la vie de jeu Mgr de Genève, à La Correrie, 1700, Dom Le Masson exposait ses sentiments sur la doctrine thomiste de la prédétermination physique. Un théologien de cette école lui répondit par un autre Extrait d’une lettre par un thomiste zélateur de la p. p. au sujet de l’Extrait de la table… d’octobre 1700. Cette réponse resta sans réplique de la part de dom Le Masson. Mais les disciples de Port-Royal ne lui pardonnèrent jamais ce qu’il avait écrit sur les sentiments de Mgr d’Aranthon à l’égard des doctrines janséniennes, et surtout sur le pseudopèlerinage de Nicole au tombeau de saint François de Sales et sur son entretien secret avec Mgr d’Aranthon. L’abbé L.Joseph Carrel, docteur en théologie, auteur d’un ouvrage sur l’usure intitulé : Pratique des billets, etc., publia un Avis à l’auteur de la vie de Jean d’Aranthon… par l’auteur de la Pratique des billets, Bruxelles et Lyon, 1700, dans lequel il essayait de réfuter les assertions et le récit fait dans la Vie du saint évêque. Dom Le Masson se justifia dans les Éclaircissements où il ajoutait que Nicole avait aussi été à la Grande Chartreuse sous un faux nom pour découvrir ses sentiments, sur la doctrine de Jansénius. Cette visite à Annecy eut lieu en 1676, et, le 6 août de la même année, Nicole se trouvait à la Grande Chartreuse où il était arrivé avec le cardinal Le Camus. C’est Mgr d’Aranthon même qui avait raconté à dom Le Masson l’entretien qu’il avait eu avec Nicole, et deux ecclésiastiques estimables lui avaient appris les autres circonstances rapportées dans la Vie. Mais, malgré ces attestations, les jansénistes n’en continuèrent pas moins à dire que le récit du chartreux était une pure calomnie. Cf. Abbé Goujet, Vie de Nicole, c. xiv. Un autre janséniste publia un livre où il niait cette aventure, et, pour accréditer davantage son apologie de Nicole, il le dédia au nouvel évêque de Genève. Aujourd’hui la publication de la Correspondance de Fénelon et de Bossuet, sur le quiétisme, des Mémoires du P. Rapin sur le jansénisme et des monographies documentées sur les personnages qui, au xviie siècle, eurent part à l’une et àl’autre controverse, ont porté la lumière sur le récit concernant Mme Guyon, le P. Lacombe et Nicole fait par dom Le Masson. Des études et des recherches faites, en France, il y a plus de vingt ans par le signataire de cet article permettent d’affirmer avec assurance, qu’il n’y a pas un seul passage de son texte, qui ne puisse être confirmé par d’autres preuves et d’autres témoignages irrécusables. — Un autre ouvrage du général des chartreux se rapporte à la querelle janséniste. Observations sur le système de la grâce universelle de Monsieur Nicole, La Correrie, 1700. Le zèle de dom Le Masson au sujet de cette question importante de la grâce le porta aussi à faire réimprimer l’ouvrage du R. P. Le Porcq, oratorien, intitulé : Les sentiments de saint Augustin sur la grâce opposés à ceux de Jansénius, nouvelle édition revue et augmentée, Lyon, 1700.

En dehors de ces ouvrages polémiques, dom Le Masson avait publié une Theologia moralis practica per tabulas distincta et exposila una cum concilio Tridentino eodem modo digesta, in-fol., Paris, 1662, dont un abrégé fut donné en 1669 sous le titre Theologia in labulis compeniiose descripta. La Theologia moralis a été plusieurs fois rééditée. — Sur les Annales ordinis carlusiensis, voir ici t. ii, col. 2297.

P. de Tracy, Vie de S. Bruno…, avec diverses remarques sur le même ordre, Paris, 1785 ; D. Cyprien-Marie Boutrais, La Grande Chartreuse par un chartreu », Grenoble, 1881 ;

Lefebvre, .S’ai ; i( Bruno et l’ordre des chartreux, 2 in-8°, Paris, 1883 ; documents particuliers.

S. AUTORE.

LE MÈRE Ignace, prêtre de l’Oratoire (16771752). — Il naquit à Marseille en 1677 et fut reçu dans l’ordre de Malle dès l’âge de 9 ans. Il entra à l’Oratoire où il acheva ses études, devint prêtre et enseigna les humanités. On le trouve en 1713 à Rome, où il fut témoin des démarches qui amenèrent la condamnation du livre des Réflexions morales de Quesnel. Le Mère fut toujours un adversaire acharné de la bulle Unigenitus. Le cardinal de La Trémoille lui fit accorder le prieuré de Saint-Matthieu à Morlaix. Il vint à Paris, en 1722 et il fut le conseiller de l’abbesse de Chelles, fille du régent. Durant sa dernière maladie, il refusa obstinément de se soumettre à la bulle et Bouettin, curé de Sainte-Geneviève, lui refusa les sacrements, après cinq sommations juridiques. Le Mère mourut le 28 mars 1752, et, disent les Nouvelles Ecclésiastiques, « la multitude prodigieuse de personnes de tous états qui assistèrent à l’inhumation, était une réclamation édifiante et remarquable contre le schisme. » (7 avril 1753, p. 64.)

On n’a de Le Mère que peu d’ouvrages, tous favorables à la doctrine de Quesnel : Pensées morales et chrétiennes sur le texte de la Genèse, 2 vol. in-12, Rouen, 1733. L’auteur cite un ou plusieurs versets du texte et ajoute ensuite quelques pensées (Journal des Savants de janvier 1734, p. 27-30). — Traité de la Providence de Théodoret, in-12, Paris, 1740. — Les Homélies de saint Jean Chrysostome sur l’Évangile de saint Jean, avec des parallèles de doctrine tirés des anciens Pères, des notes et des éclaircissements, 4 vol. in-8°, Paris, 1741. Cet écrit, comme les Pensées morales, est dédié au duc d’Orléans, père de l’abbesse de Chelles.

— Œuvres de piété de saint Éphrem, 2 vol. in-12, Paris, 1744. — Enfin les Nouvelles Ecclésiastiques disent qu’il laissa en manuscrit un Augustinus græcus, dans lequel par divers extraits des Pères grecs, il montrait la conformité de leur doctrine avec celle de saint Augustin sur la grâce.

Nouvelles ecclésiastiques du 7 avril 1753, p. 61-64 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 140 ; Feller-Perennes, Biographie universelle, t. vii, p. 385.

J. Carreyre.

    1. LEMERRE Pierre##


LEMERRE Pierre, jurisconsulte français (16 111728). — Il naquit à Coutances en 1644, devint avocat au Parlement et avocat du clergé. Il étudia d’abord les Pères de l’Église, puis l’histoire ecclésiastique, et enfin le droit canonique. En 1691, il fut nommé professeur de droit canonique au Collège de France et il se démit de ce titre en faveur de son fils, Pierre Lemerre (1687-1763) ; il avait été chargé des affaires du clergé et son fils lui succéda également dans cette charge deux ans après sa mort, en 1730. D’ailleurs les derniers écrits ont été composés en collaboration par le père et le fils. Pierre Lemerre mourut à Paris le 7 octobre 1728.

La plupart des écrits de Lemerre se rapportent aux affaires du Clergé et du gallicanisme au xviiie siècle. Le premier en date est la Justification des usages de France sur les mariages des enfants de famille, faits sans le consentement de leurs parents, où l’on fait voir que les ordonnances de nos rois ne sont pas contraires aux décrets du saint concile de Trente et qu’elles sont conformes aux lois ecclésiastiques et civiles observées dans l’Église grecque et latine pendant les premiers siècles, in-12, Paris, 1687 ; d’Aguesseau, dans son 30e plaidoyer, a fait l’éloge de ce travail. — Sommaire touchant la juridiction de l’archevêque de Tours contre le Chapitre de Saint-Martin, in-fol., Paris, 1709. — Le clergé de France, en 1700, chargea Lemerre de faire une édition des Mémoires du Clergé ; Lemerre p roposa