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ITALIE. LE NONKXPED1T


tcoiaires ; i 600 000 pour asiles Infantiles ; 177 052 lires

pour les instituts de sourds-muets ; 102 557 pour les instituts d’aveugles, etc.

Si l’on remarque, en outre, que, pour la période quinquennale de 1881 à 1885, la somme globale des donations et legs, pour les œuvres pies, monta à 71 250 894 lins, on verra que la moyenne de chaque année dépasse 14 250 000 francs.

3° Mainmise du gouvernement sur les institutions charitables. — 1 La substitution de l’Étal à l’Église dans l’administration du patrimoine des œuvres pies, a produit en Italie les mêmes effets que dans les autres pays. Le gaspillage a trop souvent remplace la gérance économique d’autrefois ; les frais d’administration ont absorbé une part de plus en plus considérable des revenus ; et il s’est trouvé parfois qules fins charitables que s’étaient proposes les donateurs ont ete méconnue ;.

2. Lu 1886, les statistiques assignaient aux œuvres pies, légalement reconnues en Italie, un patrimoine composé de biens meubles et immeubles, de la valeur de 1 626 002 962 lires, produisant un revenu brut de

59."vil lires. Sur ce revenu, le gouvernement, commence par prélever à titre d’impôts, la somme de 1 1 184 322 lires, l’administration laïque en prend pour elle 15 062 453 lires, pour frais de gestion de ce patrimoine. Ajoutez à cela 14 202 510 lires pour le payement des intérêts des dettes contractées, on ne sait trop pourquoi ni comment, par cette laïcité administrative, et on verra qu’il ne reste, pour l’exercice de la charité, que 47 fin 22 ! lires. Ainsi, presque la moitié des revenus s’est évanouie en fumée, et Dieu veuille que l’autre moitié ait réellement été employée aux œuvres de bienfaisance.

3. Nous citerons, ici, un cas très suggestif. Avant 1870, l’hôpital du Saint-Esprit avait comme revenu la belle somme de 1 030 709 francs. Après quinze années d’administration laïque, le revenu était descendu seulement à 04 018 francs et un capital de douze millions avait été englouti ou dévoré ; soit près de un million par an’.

4. A Milan, même phénomène. Les institutions charitables de cette ville avaient un revenu de 1 400 000 francs ; mais plus d’un million disparaissait, chaque année, pour impôt et frais d’administration ; car le gouvernement avait imposé à ces œuvres de bienfaisance plus de cent employés, ses créatures, qui vivaient grassement aux dépens de la charité. Et les exemples de ce genre ne sont pas une exception. On pourrait les multiplier a l’infini. Le n’est donc pas sans raison que, le 8 mars 1881, en plein Parlement, le député Sanguinetti appelait un vol organisé cette philanthropie laïque, qui. de toutes paris déjà, étreilz 1 1 ii i t la catholique Italie, et lui suçait le sang de ses veines. Alli del Parlamenlo, 1881, p. HOU ; Bollettino délie opère piee dei comuni, in-8°, Home, 1802 sq.

IX. ACTION POLITIQUE DES CATHOLIQUES ITA-LIENS. 1 Le Son expedil. — 1. Depuis l’invasion des États de l’Église par le gouvernement piémontais, jusqu’en ces dernières années, l’action politique des catholiques italiens fut réglée par le non expedil. Les prescriptions pontificales leur faisaient un devoir tenir loin des luttes politiques et des urnes électorales, pour ne coopérer en rien à l’action du gouvernement usurpateur. Plusieurs fois, le Comité général permanent de l’oeuvre, des Congres et itrs Comités catholiques, en Italie, rappela ce mot d’ordre traditionnel aux ((imités diocésains, aux comités paroissiaux et a leurs nombreux adhérents : ne eletli ne ellettori, ni élus, ni électeurs. Notre conduite, disait une circulaire de ce genre, le 28 avril 1880, a la veille de la périi/de électorale, ne s’inspire d’aucune Idée préconçue, ni de considérations particulières, elle est

purement et simplement {’obéissance au pape. Que telle soit encore la volonté du saint-père, l’encyclique Immorlale Dei, du 1 a novembre dérider, nous l’enseigne clairement ; et contre ceux qui essayaient de torturer les termes de. ce document, pour en tirer un sens opposé, les journaux autorisés, VOsscrvatore romano et le Moniteur de Home, se sont hâtés de continuer, de la façon la plus explicite, la juste interprétation que nous en donnons… »

Ce n’est pas que le souverain pontife eût commandé aux catholiques italiens de n’agir, en aucune manière. Au contraire, plusieurs fois, il les avait conviés à une action multiple et féconde, dont il avait tracé le programme et indiqué la voie ; il n’avait fait qu’une exception : celle d’apporter une collaboration quelconque aux hommes du gouvernement.

A la même date, une excellente feuille de Gènes, Y Eco d’ilalia, disait dans son numéro 111 : « Quel est le devoir des catholiques italiens durant la lutte électorale ? L’abstention. Oui, puisque le non expedil demeure dans toute sa signification et sa force ; puisque subsistent les raisons d’ordre supérieur, pour lesquelles n’est permise aux catholiques italiens que l’action sur le terrain administratif, notre devoir formel est de nous abstenir, et nous nous abstiendrons. C’est le moyen pour nous, de profiter de chaque convocation des électeurs, pour faire un plébiscite national de dévouement au pape. »

Il en avait été ainsi aux élections précédentes. Dans une commune de la province de Bergame, personne, absolument personne n’avait voté. Tous les électeurs, au contraire, s’étaient réunis chez le curé, avaient déposé leurs bulletins de vote dans ses mains, avec une offrande pour le Denier de Saint-Pierre, et l’avaient prié de faire parvenir le tout au Vatican, avec une belle lettre de filiale vénération pour le saint-père.

En rappelant cet exemple, l’JBco d’ilalia, ajoutait : " Pour que ce plébiscite réussit, nous devrions : 1° nous faire tous inscrire sur les listes électorales politiques, ce qui, d’ailleurs, nous a été plusieurs fois recommandé par les autorités compétentes ; 2° nous réunir par collèges électoraux, et faire ce qu’ont fait nos amis de Bergame ; 3° envoyer à un comité provincial (en France on dirait départemental) nos bulletins, nos offrandes et nos adresses, avec mandat de réunir les bulletins et les adresses en un beau volume, portant le titre de la province (du département) ; enfin, envoyer le volume et les offrandes au souverain pontife, ou par la poste, ou ce qui serait mieux infiniment, par une délégation spéciale. Ainsi les délégations de nos 09 provinces italiennes formant comme un parlement national, temporaire, mais très significatif, pourraient être reçues ensemble par le pape, et donner une représentation solennelle de ce plébiscite d’hommage au souverain pontife. »

L’idée, lancée par l’-Eco d’ilalia, trouva des sympathies nombreuses ; mais, pour simple et facile que la chose apparût, il fallait du temps pour l’organiser dans toute la péninsule. On était trop près du jour du vote, pour que l’on pût obtenir une unanimité ou une majorité impressionnante. <>n dut. cette fois encore, se contenter de manifestations isolées, dans le genre de celle de la province de Bergame, aux élections précédentes.

2. Si la plupart des catholiques obéissaient au pape, en cela comme en tout le reste, plusieurs et même des prêtres souhaitaient que le n’ai expedil fût abrogé,

cl que les électeurs italiens ei Mime (eux (les

autres nations, pleine liberté d aller aux urnes, même

pour les élections législatives. Au commencement de l’année 1889, circula. Burtoul dans le nord de l’Italie, après aoir paru dans lu Rassegna nationale de Flo-