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    1. JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE##


JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE. LA RÉSURRECTION

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plus entière discrétion et imposait le silence absolu aux démons expulsés. Cf. Marc, t. 25, 34 ; iii, 12 ; v, 43 : vu. 36 ; viii, 28 ; Mat th., viii. 4 ; rx, 30 ; mi. 15 ; Luc, iv. 35, 41 ; v, 14 ; viii

A vrai dire cet te difficulté est résolue par tout ce que nous avons dit du caractère économique i de la révélation de Notre-Seigneui Jésus-Christ et plusspé cialement de la limitation, que Jésus imposa, volontairement et par mesure île sagesse, à la manifestation de sa puissance. « Admettons dans leur ampleur les faits qu’on nous oppose. Oui. Jésus a refusé constamment d’accomplir un certain genre de miracles ; oui. dans ceux-là même qu’il accomplit, nous devons relever une double restriction ou, si l’on veut, une double limitation. Limitation relative aux conditions du sujet. A Nazareth, il fait peu de miracles, à cause de l’incrédulité de ses compatriotes ; il « ne peut faire que peu de miræles. » Marc, vi, 5, 6 ; Matth., xiii, 58. Mot admirable de l’évangéllste, et qui fait voir jusqu’au fond la valeur, la portée, la qualité spirituelle et religieuse de la puissance thaumaturgique du Maître I Ce n’est pas une force inconsciente, une puissance d’expansion sans frein, sans règle et sans but. Jésus n’impose pas plus la force bienfaisante qui guérit que la lumière qui sauve. — Limitation par rapport à la divulgation des faits merveilleux, qui sont soumis comme le reste et au même litre que l’enseignement et les paraboles à la mai che progressive et volontairement dosée, de la manifestation totale. !.. de Grandmaison, art. cit., n. 317.

5. Il ne reste plus comme dernier îefuge aux critiques rationalistes que d’invoquer la puissance des /crées inconnues de la nature et autres banalités de ce genre, dont nous n’avons pas à nous occuper ici. A moins que, disséquant les textes sacrés, distinguant les différentes couches qu’ils voient s’y superposer, ils n’en arrivent à nous dire péremptoirement quel noyau historique se retiouve au fond de nos lécits évangéliques et quelles additions, insertions, intcipolations ont été faites pour y introduite les éléments étiangers, légendaires et mythiques, embellissements poétiques, par où se serait infiltré le miracle. M. Soltau excelle dans ce genre d’exercice. Et M. Loisy ne veut lui céder en rien. Nous ne les suivrons pas sur ce terrain, nous acceptons les textes que la critique historique nous présente comme solidement attestés, et ainsi armés, nous pouvons, à la suite de Jésus, présenter ses œuvres comme les preuves authentiques de la crédibilité de sa doctrine. Joa., xiv, 12.

I..-C1. Fillion, Les miracles de S. -S. Jésus-Christ, Paris, 1909, 2 vol., on consultera surtout le second volume pour l’étude de chacun des miracles en particulier.étude que nous ne pouvons aborder dans cet article. — L. deGrandmaison, art. Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique de la Foi catholique, t. ii, col. 1446-1471 ; FI. Chable.Die Wunder Jesu, Fribourg-en-Brisgau, 1897 ; I.. Fonk, Die Wunder des Herrn in Lvangelium, Inspruck. t. i, 1903 ; tr. ital., Rome, 1914 ; J. Iiourchany-E. Jacquier, Les miracles évangéliques, dans Conférences apologétiques, Paris, 1911 ; E. tgarto de Ereilla, Los Milagros del f^vangelio, Madrid, 1913. — Les ouvrages les plus utiles, protestants orthodoxes ou anglicans, ont été suffisamment signalés au cours de l’article.


VI. LA RÉSURRECTION" DE Jl.SIS-Cn HIST ET LA CRI-TIQUE. — Nous avons déjà traité, dans la partie dogmatique de cet article, du fait historiquement certain de la résurrection, col. 1214-1224, sans dissimuler les difficultés dont la critique entend tirer parti contre le dogme catholique. La discussion des objections soulevées, l’exposé et la réfutation des systèmes rationalistes devant être abordés à RÉSURRECTION lil’.li Christ, nous nous contenterons ici d’indications extrêmement sommaires.

On a généralement abandonné aujourd’hui les

anciennes hypothèses, mises eu avant par Reimarus el Paulus de l’enlèvement du corps du Christ ou m mort apparente. La critique contemporaine est plus radicale. Partant de ce principe que la résurrection du Christ est l’impossibilité des impossibilités » (Stapfer), elle s’efforce donc essentiellement d’éliminer les textes évangéliques relatifs à la résurrection et do démontrer qu’ils sont uniquement le fruit d’une élaboration lente et progressive accomplie au sein de la seconde ou de la troisième génération. Elle s’ingénie en outre, subsidiaircinent, à ruiner les preuves secondaires de la résurrection, c’est-à-dire la mise au tombeau du corps de Jésus et la découverte du sépulcre vide, expliquant, par la même préoccupation apologétique et dogmatique des générations postérieures au Christ, l’introduction de ces textes dans l’Évangile.

Sur ce dernier point, les hypothèses rationalistes croulent devant les faits rapportés en des récits qui présentent toutes les garanties de vérité historique. Au fond, l’argumentation catholique consiste à rappeler que rien ne nous autorise à révoquer en doute l’historicité du récit évangélique. La mort réelle de Nolrc-Seigneur est attestée par saint Paul autant que par les synoptiques et par saint Jean, et la sépulture honorable du Sauveur ne peut être mise en doute. De plus il est incontestable que la concordance des quatre évangiles, renforcée encore par Act., ii, 24-32 ; xx, 27-30, voir col. 1219 sq., établit victorieusement que le récit du tombeau trouvé vide est historique.

La critique rationaliste révoque en doute l’historicité des récits des apparitions et tente d’éliminer le plus possible ces récits du fond primitif de l’Évangile. Pour justifier son attitude elle invoque l’énumération des apparitions, faite par Paul, 1 Cor., xv, 1-20, qu’elle suppose exhaustive et qui représenterait les premières afiir mations de la conscience chrétienne en quête de preuves de sa foi. Nous avons déjà rappelé que l’énumération de Paul n’a pas ce caractère exclusif qu’on lui prête. On s’appuie également sur l’existence des deux traditions hiérosolymitaine et galiléenne touchant les apparitions, voir col. 1216, pour ruiner l’historicité des récits évangéliques, tout au moins de ceux qui ont trait aux apparitions de Judée. La tradition galiléenne a les préférences des critiques. Elle seule a des chances d’être primitive et de contenir quelques éléments de la catéchèse des apôtres ; Pour comprendre cette préférence, il suffit de se rappeler que, seules, les apparitions du Christ en Galilée, peuvent offrir quelque chance de cadrer avec une élaboration progressive, sous l’empire de la réflexion, de la foi au Christ vivant, chez saint Pierre d’abord, chez ses compagnons ensuite revenus de l’abattement dans lequel les avait plongés la mort de Jésus ; tandis que l’éventualité d’apparitions du Christ à Jérusalem, dès le matin même de Pâques et les jours suivants, est tout à fait ruineuse pour la thèse rationaliste. L’apologiste catholique n’a pas de peine à démontrer que les deux traditions supposées ne s’excluent pas, mais se complètent, qu’on les rencontre juxtaposées dans les évangiles, sauf celui de Luc, qu’elles le sont aussi dans saint Paul, et qu’on n’est donc pas autorisé à révoquer en doute l’historicité des apparitions de Judée en raison de l’existence d’une tradition galiléenne.

La critique rationaliste ne s’en t ici il pas là. Obligée d’admettre un noyau primitif historique des récits d’apparitions — comment expliquer, sans la foi en la résurrection, l’élan religieux qui s’est manifesté au début de l’ère chrétienne ? elletentede leui enlever toute réalité objective poui en fali pies hallu cinations visuelles, avec, peut-être, m bjec tive spirituelle très réelle. Poui étaj a cette solution, qui nie et la résurrection et la réalité matérielle des apparitions, il faut d’abord poser en principe que le