Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/706

Cette page n’a pas encore été corrigée
1393
1394
JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE. LA CONSCIENCE MESSIANIQUE


gieuses, 1903, p. 301j M. Lois) estime que c’est à ce moment-là seulement que le Sauveur arriva à la plénitude de cette conscience : la circonstance du baptême i peut avoir eu une influence décisive Mille développement de sa conscience messianique ». Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1904, p. 91, Il rejette d’ailleurs la réalité objective de la vision céleste i qui a été conçue d’abord comme le sacre du Messie. et dont le récit est déjà une interprétation théologique et apologétique du fait qui a pu se passer. /<L, ibid.

Eu troisième lieu, M. Loisy laisse entendre que. si le Sauveur a eu pleinement conscience de sa qualité de.Messie, dès le début de sa vie publique, cependant la forme spéciale de son rôle messianique ne s’est précisée dans sa pensée qu’au cours de son ministère : - I.a lecture îles synoptiques laisse entrevoir que Jésus ne s’est pas d’abord présenté ouvertement comme le Messie et qu’il ne s’est même pas déclaré tel à ses disciples : il a laissé leur foi se former lentement. On dirait même que la conscience qu’il a de sa mission s’est développée en lui et que sa conduite à l’égard de la foule et de son entourage a été en rapport avec le progrès intérieur de sa pensée et de ses desseins. » Le quatrième évangile, p, 252.

Avant la confession de Pierre. Jésus a eu. certes, conscience de sa vocation messianique : mais la forme spéciale de son rôle s’est précisée en ce temps-là. » /(L, p. G ; >. Enfin M. Loisy semble admettre que le Sauveur a pris, au cours de son ministère, et sous l’influence des événements, conscience de sa destinée souffrante : i il obéit |alors] à la loi de sa destinée ». Autour d’un petit livre. Aussi le critique doit-il éliminer les textes qui accusent de bonne heure, eu Jésus, la prescience de sa mort. Cf. Lepin, op. cit., p. 152-189.

c) Un aspect très particulier de la conscience messianique du Christ a été relevé par certains théologiens et critiques libéraux : c’est l’aspect eschatologique ». Jésus, conscient de sa messianilé, aurait partagé l’illusion de ses contemporains touchant les catastrophes pi oebaines, prélude du second avènement messianique. De là les « prophéties » de Jésus touchant la consommation des choses. Matth.. x, 21-24 ; xvi. 26-28, cf. Marc, viii, 38-42, Luc, i, 26-28 ; Matth., xxvi, 63-65, cf. Marc, xiv, 61-63 et Luc, xxii.66-71 ; et surtout Matth., xxiv, 1-43, cf. Marc, xiii et Luc, xxi, 5-7. En donnant à cette annonce d’un retour qu’on pourrait croire piochain une place < ; a elle n’a certainement, ni dans les récits de l’évangile, ni dans la pensée de Notre-Seigneur, certains critiques sont parvenus a élaborer une interprétation toute nouvelle des origines chrétiennes. L’Église n’aurait dû son existence, qu’à l’attente frustrée des premiers chrétiens : faute du retour du Messie, on aurait dû fonder le groupement religieux. Esquissée il y a plus d’un demisiècle par T. Colani, Jésus-Christ et les croyances messianiques de son temps. Strasbourg. 1864 ; ’.. Volkmar, Jésus Naztwenus und die erste christliche Zeil…, Zurich, 1884 : W. Wciffenbach, Die Wiederkunflsgedanke Jesu, Leipzig, 187.’î. cette thèse a été- mise en relief W. Baldensperger, lias Selbslbewusstsein Jesu im Lichte der messianischen Ilofjnungen seiner Zeil, Strasbourg, 1888, et surtout.1. Weiss. Die Predigi Jesu vom Reiche Gottes, Gœttingue, 1892. Cf. V Schwe) tzer. Eine Ski ::/ des Lebens Jesu, Tubingue, 1901 et surtout Von Reimarus zu Wrede, Tubingue, 1906, c. xv. xvi, xix. fin France, les ouvrages de M. Loisy grandement contribué a répandre cette doctrine ; les commentaires sur les synoptiques, publiés par cet auteur, sont un écho fidèle et amplifié de l’on de.]. Weiss. L’élément eschatologique obtient une part prépondérante dans la conscience et i nient du Christ, el l’Évangile n’est plus qu’on

enseignement essentiellement eschatologique, enthousiaste et mystique, i Jésus et la tradition évangélique, Paris, 1910, p, 144 ; 190.

3° Critique de ces hypothèses. Nous laisserons de

côté l’aspect eschatologique (comme nous l’avons fait déjà au cours de l’exposé théologique, la matière devant être traitée ailleurs, voir Scu nce di Christ),

et nous nous attacherons simplement a marquer les points par ou pèchent toutes les hypothèses rationalistes louchant la t conscience messianique du Christ ». Nous ne ferons, dans ce bref exposé, que résumer l’excellente mise au point de M. Lepin, Jésus, Messie et Fils de Dieu. p. 190-217.

1. i Tout d’abord, les déclarations de Jésus, telles qu’elles sirencontrent dans les Évangiles, ne paraissent présenter aucune trace d’une évolution qui se serait produite dans les idées du Sauveur, soil touchant sa qualité de Messie, soit concernant la destinée qui l’attendait comme Messie ►.

Dans la dernière année du ministère île Jésus, on ne constate aucune évolution dans sa pensée ; ses déclarations sont parfaitement uniformes. Dans les deux années antérieures, il est vrai, Jésus observe une discrétion, étonnante au premier abord ; discrétion qui impressionne certains critiques, au point qu’ils y découvrent un véritable « secret messianique ». Cf. Wrede. Das Messiusgclieimniss in den Lvangelien. Mais à sa réserve toute « économique » nous avons trouvé des motifs tout autres qu’une ignorance dans son esprit ou une incertitude dans ses pensées. Voir col. 1172 sq. Dès le début de son ministère, Jésus avait donc, une pleine conscience de sa dignité et de son rôle messianiques. Mais quelle idée se faisait-il de ce rôle ? Sa o conscience » a-t-clle été modifiée sous la pression des circonstances ? I.a < tentation » est-elle le symbole de cette lutte intérieure que M. Stapfer pense découvrir dans l’âme de Jésus contre les préjugés de son éducation touchant la royauté temporelle du Messie’? Mais tout d’abord, l’hypothèse d’une lutte intérieure dans l’âme de Jésus est une pure fantaisie. La tentation est décrite comme purement extérieure au Christ et son âme n’en est nullement troublée. Voir col. 1116. Wendt et H. Weiss le reconnaissent explicitement. Aucune ambition humaine ne tortura le cœur de Jésus. Cf. W. Sanday, art. Jésus-Christ, dans le Diclionary oj the Bible, de Hastings, p. 612. D’ailleurs l’hypothèse de Stapfer est en contradiction avec tout ce qui nous est rapporté de la prédication et du ministère de Jean-Baptiste, antérieurement à la tentation et au baptême. Le Messie annoncé n’est nullement un roi temporel : c’est avant tout le Messie, juge du monde i, O. IloltLmann, I.eben Jesu, p. 94. C’est aussi tout à fait gratuitement qu’on i apporte a l’hosi Hit é des pharisiens pour Jésus le sentiment que le Sauveur aurait eu de sa passion et de sa mort. Si Jésus ne parle de son supplice futur et des circonstances qui l’entoureront, qu’à partir de, la confession de saint Pierre, c’est que les apôtres n’étaient pas encore suffisamment préparés a cette perspective ; il fallait que leur loi fût affermie, il y a

d’ailleurs, même dans cette dernière période de la vie de Jésus, une gradation croissante dans la révélation de la passion lutine. Au début du ministère, Maie, u 2H. el pai ail., simple annonce de la dispai il ion ioli-nle ;

.née de Philippe ci en Galilée, annonce plus détaillée de la réprobation par les autorités religieuses,

de la illise a moi I et de la n’-Mii i cet ion au troisième

jour : an Ici me du suprcin prédiction 1res cir . de la i |USque dans se détails.

loui voulu par. lé-sus et proportionné à la

fol de apôl r< : toul c-ia Indiquerait plutôt en la conscience du sauveur une pleine connaissance de l’avenir, avec la volonté arrêtée de î t paraître