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JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE. LA CONSCIENCE MESSIANIQUE

en Jésus aurait été la conviction profonde de son union intime avec Dieu : cette pensée étail en Jésus si profonde et si intime qu’elle tenait aux racines mêmes de son être. C’est de cette conscience filiale i,

qu’est sortie la conscience messianique -.Convaincu qu’il était le lils de Dieu. Jésus voulut faire participer tous les hommes à sa filiation divine ; s’élevant hardiment au-dessus des préjugés de sa nation, il établira l’universelle paternité de Dieu… Il fonde la consolation suprême, le recours au Père que chacun a dans le ciel, le vrai royaume de Dieu que chacun porte en son cœur. Le nom de « royaume de Dieu » ou de « royaume du ciel » fut le terme favori de Jésus pour exprimer la révolution qu’il inaugurerait dans le monde. » Vie de Jésus, 13e édit.. 1867, p. 81. C’est parce qu’il est « obsédé i de cette - idée impérieuse » que Jésus j marchera désormais avec une sorte d’impassibilité fatale dans la voie que lui avaient tracée son étonnant génie et les circonstances extraordinaires où il vivait, i Id., p. 134. Il annonçait le royaume de Dieu, et c’était lui, Jésus, ce « Fils de l’homme » que Daniel en sa vision avait aperçu comme l’appariteur divin de la dernière et suprême révélation. « En s’appliquant à lui-même ce terme de c Fils de l’homme v, Jésus proclamait sa messianité et l’affirmation de la prochaine catastrophe où il devait figurer en juge, revêtu des pleins pouvoirs que lui aurait conféré l’Ancien des jours. » Id., p. 130. On voit par là, le sens de la thèse de Renan et la psychologie qu’il attribue au Christ. Un processus analogue se retrouve chez O. Schmiedel, Die Hauplprobleme der Leben-Jesu-Forschung, Tubingue, 2e édit., 1906, d’après lequel Jésus aurait commencé par se croire le prophète du royaume, puis aurait été amené à se croire le Messie.

L’ne telle illusion en Jésus est inconcevable : elle en fait une sorte d’halluciné et de dément partiel. Car enfin les affirmations de Jésus sont nettes il proteste, devant le grand prêtre, qu’il est le Messie, Fils de Dieu, qui reviendra à la fin des temps sur les nuées du ciel, escorté des saints anges, présider les assises solennelles du genre humain et prononcer sur les bons comme sur les méchants la sentence du jugement final. Ou bien il est vraiment le Messie, ou bien c’est un fou. Les procédés par lesquels Renan tente d’esquiver les assertions des textes sacrés n’infirment en rien cette conclusion qu’il ne peut éviter. D’ailleurs rien ne sert de faire de Jésus, au lieu d’un fou, un simple halluciné, un auto-suggestionné : folie ou simple exaltation d’halluciné, sont également en contradiction avec la physionomie morale que nous tracent de Jésus les évangiles, physionomie faite de sincérité, de loyauté, d’humilité, avec sa physionomie intellectuelle, où resplendit une profondeur et une lucidité de l’intelligence, une droiture de sens et une élévation d’esprit incomparables, avec les habitudes de sagesse, de pondération, de mesure qui apparaissent dans toutes les démarches et dans toute la conduite du Sauveur. Comment accorder 1’ « hallucination de Jésus avec l’influence qu’il a exercée sur la première génération chrétienne et qu’il exerce encore, en général, sur l’Église et l’avenir du inonde ? Renan lui-même est obligé de faire des aveux significatifs touchant l’influence du Chris ! sur le genre humain. Il faut donc conclure que l’hypol hèse émise par Renan est radicalement inconciliable avec les caractères les plus certains de la personne de Jésus et les plus incontestables réalités di toire. Noir, pour plus de développement, M. Lepin, Jésus, Messie et Fils ilr Dieu, >. 15 i

3. La messianité, /ondée en réalité, mais progressivement consciente. — Rationalistes et libéraux reo naissent assez volontiers le tempérament équilibré, t perspicace, la vertu in ble de

Jésus pour proclamer inadmissible la thèse de la

si. mite illusoire, Jésus était vrairænl un bomme < ordinaire, ei s ( s qualités mêmes lui conféraient pour ainsi dire une véritable mission parmi les ttommes.

C’est pourquoi il pouvait s’appeler en toute vérlt Messie, le Fils de Dieu, tout en gardant une profonde humilité devant Dieu. Cf. Uarnæk. Dos Wesen Christentums, p 82 ; Dos Christentum mut die (îeschichic. .")- édit., Tubingue, 1904, p. 10 ; Wernle, Die Anfânge unserer Religion, p, 25 ; Bruce, art. Jésus dans [’Encyclopédie, biblica île Cheyne, ? 33, col. 2151 ; ( i I toltzmann, Dos Le6en Jesu.p. 106, etc. — M.Stapfer pose nettement le problème au point de vue rationaliste ; Jésus s’est dit le Messie. Cela est prouvé, cela est certain. Comment en est-il arrivé la 7 Y a-t-il eu folie, oui ou non ? Telle est. semble-t-il, la seule alternative qui se pose désormais entre les croyants et les non croyants. » Jésus-Christ avant son ministère, > édit., 1896, p. xi. Ft M. Stapfer ne peut admettre la thèse de l’illusion, si contraire à la possession pleine que Jésus a de lui-même et à sa clairvoyance. Id., p. 207.

Mais si la messianité de Jésus doit être fondée en réalité, que sera cette réalité ? Pour qui nie la divinité du Sauveur, révoque en doute son rôle surnaturel parmi les hommes, que sera donc le Messie ? Comment justifiera-t-on la conscience que Jésus a de sa messianité ? Quel sera le point de départ, dans la vie de Jésus, de cette conscience messianique’.' A-t-elle. eu sa préparation dans la conscience filiale ? Faut-il la faire remonter à l’origine même de la vie de Jésus ? Autant de questions auxquelles se heurte l’hypothèse d’une conscience messianique purement humaine, telle que la conçoivent les rationalistes et dont les solutions, apportées en dehors des lumières de la foi, ne peuvent être qu’hésitantes, contradictoires et fausses. Nous allons donner un bref aperçu des réponses proposées :

a) Strauss, comme Renan, fait dériver la conscience messianique de Jésus de sa conscience filiale : « Le sentiment intime qu’il a Dieu pour père et qu’il est avec lui dans une communication intérieure d’esprit et de cœur est le germe le plus naturel d’où, plus tard et avec plus de développement devait sortir en Jésus la conscience de sa position messianique. » Vie de Jésus, h -. Littré, p. 403. L’origine de cette conscience ne peut être déterminée avec précision : déjà dans son développement « le récit de la première visite de Jésus au temple s’encadre merveilleusement ». Le baptême de Jean n’a été que l’onction que Jésus, en sa qualité de Messie, devait recevoir pour être introduit de cette façon au milieu de son peuple. Nouvelle vie de Jésus, tr. NelTIzer et Dollfus, t. i. p. 261. - M. Stapfer admet, lui aussi, que c’est le développement intime de sa conscience morale qui a amené Jésus à se déclarer le sauveur du monde ». Le passage de la conscience filiale à la conscience messianique dut se faire par mie évolution lente et progressive. Jusqu’au baptême de Jean, il n’y a encore qu’un pressentiment de plus en plus précis : n au baptême que la

(lise se dénoue et que, dans m -lire,

Jésus entend la voix de Dieu qui lui dit clairement : Tu es mon l-’iK bien-ahné partir de ce moment

onviction est inébranlable. Mais une deuxième question se pose < Jésus : quelle œuvre va i il accomplir ? I a tentation au d

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