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valable. Saint Mare a suivi le plan qu’il s’était lii : saint Matthieu et saint Luc ont suivi le leur. La catéchèse apostolique s’atlachant aux faits plus importants et plus caractéristiques, laissait dans l’ombre les événements de l’enfance de Jésus Christ, lesquels n’avaient pas eu un caractère public ; voir col. 1175 sq ; mais l’enseignement complet devait satisfaire, sur ce point, la légitime curiosité îles fidèles. C’est également en ce sens qu’il faut expliquer le silence relatif des autres auteurs du Nouveau Testament : leurs écrits sont des compositions de circonstances, quelles traitent exclusivement de ce qui intéresse la situation actuelle de leurs destinataires. Devons-nous en conclure que ces auteurs ignorent des faits dont ils n’ont pas à parler î D’ailleurs saint Jean et saint Paul dépassent singulièrement saint Matthieu et saint Luc. Le premier, dans son prologue, proclame la précxK tence divine du Verbe qui s’est fait chair et affirme peut-être explicitement la génération miraculeuse de celui « qui est né non du sang ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Joa.. î. 13, suivant une leçon qui n’est pas sans probabilité. Le second, dans ses épîtres, attribue à Jésus la primante sur toutes choses et lui accorde par là une place bien supérieure à celle que lui assignent les synoptiques.
b) On fait valoir ensuite la faible adhérence de ces chapitres au reste de l’évangile, dont ils sont facilement séparables. Contre cette assertion, il suffirait de rappeler que « tous les anciens manuscrits grecs et toutes les versions anciennes contiennent les récits de l’enfance, tels que nous les lisons aujourd’hui. Les Pères et les Docteurs du second et troisième siècles en citent des passages. Le païen Celse montre qu’il les connaît. » Cf. Origène, Contra Celsum, t. I, c. xxviii ; t. II, e. xxxii, P. G., t. xi, col. 713 ; 852. L’absence des récits de l’enfance dans l’évangile de Marcion s’explique par le docétisme de cet hérésiarque ; voir col. 1249. Cf. S. Irénée, Ado. hær., t. I, c. xxvii, n. 2 ; t. III, c. xii. n. 1 : P. C. t. vu. col. 688, 900 ; S. Épiphane, liserés., I. xlii. 11. P. G., t. xii. col. 709 ; Tertullien, Adv. Marcionem, I. 1. n. 1 : IV, n. 2. P. /… t. ii, col. 248 ; 363. On explique, pour des raisons analogues, la suppression faite par Tatien, dans son Diaïesseron, de la généalogie de Jésus et des récits de l’enfance. Mais contre le critère externe de la tradition unanime, les rationalistes apportent des raisons tirées du texte évangélique lui-même et qui, d’après eux, démontrent que les premiers chapitres ne seraient que des pièces rapportées. Lu ce qui concerne saint.Matthieu, on prétend trouvci des différences de style telles que les premiers chapitres seraient vraisemblablement d’une autre main..1. S. Clemens, dans le Dictionarg o Christ und the Gospels de Hastings, t. i. p. 823. Mais ces différences sont plus imaginaires que réelles : la diction, le genre, la méthode, la pensée dominante sont identiques dans lis deux premiers chapitres et dans les chapitres m-xxviii. Les récits de l’enfance préparent la vie publique du Sauveur, en montrant, par une sorte d’apologétique, la réalisation des prophéties messianiques ; cf. î, 22 : ii, 5-6, 15, 17, 18. Des auteurs non catholiques le reconnaissent expressément et affirment qu’on ne pourrait sans inconvénient détacher ces récits de leur place actuelle pour en faire un petit livre à part, complet par lui-même. Cf. A. Resch, K indheilsevangelium nach Lucas und Matthâus… qu’tlenkritisch untersucht, flans Texte urul Untersuchungen, 1897. t. x, fase. : ’, , p. 461, et, pour la question littéraire interne, Burkitt, Evangelien da Mepharcshe, Edimbourg, 1900, t. ii, p. 259 et Hawkins, Iloræ si/noplicæ, Contributions to the Sludy o the synoplic’m, ( oxford. 1899, p. 1-7. En ce qui concerne saint Luc, les critiques se font plus iolentes encore. On
reproche tout d’abord aux premiers chapitred’avoir un coloris trop juif pour le pa en converti qu’était Luc ; cf. i, 6, 8-22 ; ii, 22 38 ; 1 1 -"<>. etc. Mais ne pourrait-on pas cependant répondre que saint Luc, selon son habitude d’ailleurs, se montre ici historien consciencieux et fidèle, racontant, sans v rien modifier. ce que ses sources lui ont appris ? fuis, avant d’adop ter la foi chrétienne, ne s’était il pas fait affilier au judaïsme, comme prosélyte’.' CI. S. Jérôme. Qusest. in Genesim, c. i.vi. P. /… t. xxiii. col. 1002. En Ions cas les pensées dominantes (de Lue., i, u) ne diffèrent pas de celles du troisième évangile envisagé dans sa totalité i. P. Wernle, Quellen des Lebens Jesu, Halle, 1904, p. 76. Le second reproche porte sur le style, rempli d’aramaïsmes, à la différence des autres écrits de saint Luc. Voir surtout, pour la construction de la phrase î, 12-17 ; 21-23 ; 30-33 ; pour l’emploi du mot t-évz-o, « il arriva t>, i. ô, 23, 41 ; ii, 1, 6, 15, 16 ; pour celui du mot pîju.a, parole (heb. dâbar), i, 37. 65 ; ir, 15, 19, 51, etc. Toutefois on reconnaît à maints endroits la diction de Luc. Cf. Harnack, Lukas der Arzl, Leipzig, 1906, p. 69 sq., 150-152. Ne faudrait-il pas conclure, non pas à la faible adhérence des récits de l’enfance au corps de l’évangile, mais à l’insertion par saint Luc, dans son texte, de documents araméens qu’il eut sous les yeux, et dont la traduction grecque fut faite avec le souci assez naturel d’en faiie ressortir les particularités ?
c) La multiplicité des laits merveilleux et miraculeux
fait songer, ajoute-t-on, aux légendes qui
entourent l’origine des hommes illustres. Strauss,
Vie de Jésus, trad. Littré, 1. 1, p. 264, déclare que « le
surnaturel y est poussé jusqu’à l’extravagance et
l’invraisemblance jusqu’à l’impossible ». Cf. p. 239.
On trouve les même réflexions chez Keim, J. Weiss,
Bousset, Loisy. A propos de Jean-Bapliste, M. Martin
Dibelius s’efforce, avec plus d’acharnement peut-être
encore, à éliminer de l’histoire les traits merveilleux
des quatre chapitres en question, traits qui ne sont
pour lui que des légendes. Die urchristliche Ucbcrlirferung
von Johannes dern Taujer, Gœttingue, 1911.
Les récits de saint Luc, postérieurs a ceux de saint
Matthieu accusent, ainsi qu’il arrive dans les légendes,
un développement graduel de l’élément miraculeux
et de la « christologie ». J. H. Holtzmann, Lehrbuch
der neuleslamentlichen Théologie, 2e édit., Fribourgen-B.
, 1897, 1. 1, p. 447 ; R. Otto, Dus Leben und Wirken
Jesu nach historisch-kritischen Auffassung, Gœttingue,
I 1’édit., 1905, p. 22-23 ; Neumann, Jcsus wer
er geschichtlich war, Fribourg-en-B., 1904, p. 61-62.
D’ailleurs, l’origine des » grands rois et des grands
généraux, des grands sages et des fondateurs de religions » a été constamment entourée d’une couronne
exubérante de légendes ; la vérité sublime du christianisme
n’a pas échappé longtemps à ces appendices ». Keim, Geschichte Jesu. I. î, p. 336-337 ; Neumann,
op. cit., p. 61 -(12 : Pfleiderer, Dots Urchristentum,
Berlin, 1902, t. î. p. 555. C’est la chrétienté primitive
qui a idéalisé rétrospectivement la figure de Jésus des
son berceau, sous l’impression très vive qu’elle a eue
de lui, de son vivant même et plus encore après sa
mort. Les « pieuses légendes de l’enfance du Sauveur
sont donc des « produits de la dévotion de l’ancienne
Église », c’est une * idéalisation sentimentale »
Comme il fallait faire de Jésus le Sauveur promis, on
organisa les événements de son enfance de façon a justifier l’accomplissement des prophéties ; on le divini a ; on lui accorda une naissance virginale, et on se plut a entourer son entrée dans le monde de toute sorte de prodiges, c’est la crédulité depremiers chrétiens qui a créé peu à peu toute cet hflcl ion. dont il ne
reste presque I ien lorsqu’on la lail pa ser par le creuset
de fi critique. H. L Holtzmann, Die Synoptiker,