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IÉSUS-CHRIST CONTINUÉ PAR L’ÉGLISE

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Sacré-Cœur, par laquelle nous rendons au Christ un culte d’amour et de pénitence, est l’aspect moderne du culte qui a toujours été rendu à la royauté spirituelle de Jésus-Christ. Elle est donc dans un rapport très étroit avec le fond même du christianisme en tant que le christianisme est la religion de Jésus et la religion de l’amour. Pour le développement de cette pensée fondamentale, voir Cœur sacré de jésus (Dévotion au), t. iii, col. 301-303.

IV. Conclusion^ : l’Église, continuation visible di Verbe incarné. — Arrivés au terme de notre étude théologique sur Jésus-Christ, il convient de jeter un regard en arrière et de marquer en quelques mots l’unité profonde qui règne entre tous les points de la doctrine du Verbe incarné. Cette unité, le symbole l’exprime clairement, en nous donnant le sens exact des miséricordieuses voies de la Providence : Credo… in unum Dominum Jesum Christum, Filium Dei…. qui propler nos homines et salulem nostrum descendit de cœlis, et incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria Virgine et humanalus est. Denzinger-Bannwart, n. « stj. En Jésus, nous reconnaissons le Fils de Dieu, Vei be selon sa divinité, égal au Père et au Saint-Esprit mais qui, pour nous et pour notre salut, est descendu des cieux et s’est fait homme par l’opération du Saint-Esprit dans le sein de la vierge Marie. L’étude du Verbe incarné n’est exacte, n’est complète que si elle est orientée vers l’œuvre pour laquelle précisément le Verbe s’est incarné : œuvre de rédemption et de salut du genre humain. Et c’est bien sous cet aspect que, la révélation nous a montré le Christ, prévu et annoncé par les prophètes, manifesté clairement par les écrivains du Nouveau Testament. C’est notre Christ, iXtilre-Seiyneur, qui nous est apparu sur terre, dans sa bonté et son humanité. L’humanité et les faiblesses qui lui sont inhérentes prises par le Verbe dans l’unité de sa personne divine, ne sont que le moyen nécessaire au Fils de Dieu pour parvenir efficacement jusqu’à nous, pour ofïrir au Père un sacrifice parfait de réconciliation pour nos âmes. Mais ce n’est pas encore suffisant : nous ayant rachetés, Jésus nous communique individuellement les fruits du salut. Lumière, il devient notre lumière ; Vie, il devient, notre vie ; Vérité, il devient notre vérité. Il est, par droit de naissance, l’héritier de Dieu ; il nous fera, par droit d’adoption, ses cohéritiers. Et de même qu’il est un avec son Père, il <>udra que nous ne fassions qu’un avec lui. Il faut donc que son esprit devienne notre esprit, et que nous grandissions tous les jours dans le Christ-Jésus. Nous ne le pourrons qu’à la condition de participer à la même vie divine que lui-même : aussi l’unité entre lui et nous ne se réalisera que dans un même corps mystique dont il est la tête et dont nous sommes les membres.

Il faut donc que Jésus-Christ, après son sacrilice el sa résurrection glorieuse, qui en est comme les contre partie nécessaire, remonte au ciel, préfigurant par là notre future résurrection et notre future gloire. Son corps naturel ne pourra plus demeurer parmi nous : et c’est nous qui devrons, en réalité, prendre sa place. Nous serons son corps mystique, et si Jésus nous laisse encore d’une façon miraculeuse, dans l’eucharistie, son coi ps naturel, ce ne sera que pour perpétuer son sacriflee jusqu’à la fin du monde et faire circuler dans les membres de son corps mystique la vie de la grâce dont Il acrificeesl la source Inépuisable.

loin donner à ce corps mystique sa consistance, lui assurer nue vie qu’aucun obstacle ne parvi < i drail a tarir, Jésus l’a doté d’un organisme extérieui qu’il soutient et vivifie d’une manière invisible ei qu’il dirige visiblement par les pasteurs établis à sa place. Ce corps mystique, <>n les hommes rachetés ne loiii qu’un avec lui dans la même vérité, dans in même

lumière, dans la même vie, c’est l’Église qui continue, non seulement l’œuvre de l’Incarnation, mais l’Incarnation elle-même.

1° L’Église continue l’incarnation dans sa constitution même. — Elle a été faite à l’image et à la ressemblance de Jésus. Il y a, dans le Verbe incarné, du visible et de l’invisible, la chair vivante qui se manifeste à nos sens et nous révèle, par ses actes, le principe qui l’anime. Ainsi dans l’Église : l’invisible, c’est son âme. l’esprit qui l’anime, l’esprit de Jésus ; le visible, c’est son corps, dont les membres sont les membres de Jésus. Il y a, dans le Verbe incarné, une magnifique ordonnance de tous les éléments qu’il renferme, une parfaite subordination du visible à l’invisible, du corps à l’âme, de l’âme à la divinité. Ainsi dans l’Église : société hiérarchique, « tout s’y tient dans une complète dépendance du Christ invisible, et cette dépendance se manifeste par l’harmonieux mouvement d’aller et de retour qui, du sommet de la hiérarchie, fait descendre le commandement jusqu’au dernier des fidèles et, du dernier des fidèles, fait monter l’obéissance jusqu’au sommet de la hiérarchie. » Monsabré, Exposition du dogme calliolique, 51e conférence. Il y a, dans le Verbe incarné, une pénétration constante de l’humain par le divin : son âme est inondée des splendeurs de la divinité, dont la plénitude habite en Jésus corporellement ; sa chair est l’instrument des opérations de la toute-puissance divine ; ses œuvres sont d’un mérite infini. Ainsi dans l’Église : corps mystique du Christ, humaine en ses éléments, elle est constamment pénétrée de la vertu divine qui l’anime. Le Christ lui reste uni connue la tête l’est au membre. Tête de l’Église, le Christ est le conservateur de son corps : Christus capul Ecclesiæ et ipse saluator corporis ejus. Eph., v, 23.

2° L’Église continue l’incarnation dans sa fécondité.

— Jésus, nouvel Adam, est venu sur terre pour engendrer les hommes à la vie, comme Adam le premier homme les avait entraînés à la mort. L’Église est le corps mystique de Jésus, mais en même temps, elle en est l’épouse féconde. « L’Église, comme corps, est subordonnée à son chef ; l’Église, comme épouse participe à sa majesté, exerce son autorité, honore sa fécondité. Ainsi le titre d’épouse était nécessaire pour faire regarder l’Église comme la compagne fidèle de Jésus-Christ, la dispensatrice de ses grâces, la directrice de sa famille, la mère toujours féconde et la nourrice toujours charitable de tous ses enfants. Mais comment est-elle mère des fidèles, si elle n’est que l’union de tous les fidèles ? Nous l’avons déjà dit : tout se fait par l’Église ; c’est-à-dire tout se fait par l’unité. L’Église, dans son unité, et par son esprit d’unité catholique et universelle, est la mère de tous les particuliers qui composent le corps de l’Église ; elle les engendre à Jésus-Christ, non en la façon des autres mères, en les produisant de ses entrailles, mais en les tirant du dehors pour les recevoir dans ses entrailles, en se les incorporant à elle-même, et en elle au Saint-Esprit qui l’anime et par le Saint-Esprit au Fils qui nous l’a donné par son souille, el par le Fils au Père qui l’a envoyé. Bossuet, Lettres de piété et de direction, lettre i, Œuvres. Besançon, 1886, t. nu. p. 9

, ’i° L’Église continue l’incarnation dans la prédication de la vérité. « Quand le Christ est venu en ce monde, le seul moyen d’aller au Père était de se soumettre tout entier à son Ris Jésus… Dans le début de la vie publique du Sauveur, le Père éternel présentait son Fils aux Juifs, et il leur disait : « Écoutez-le parce qu’il est mon Fils unique ; je vous l’envoie pour vous révéler les secrets de ma vie divine et mes volontés. » Mais depuis son ascension, le Christ a laissé sur la terre son Église, et cette ÉgUse est comme la continuation de

l’Incarnation parmi nous Elle nous parle, ce ! te Église,