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JÉSUS-CHRIST SA ROYAUTÉ SPIRITUELLE

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quez, disp. XI. IX, c. n ; Molina, In lump. Sum. S. Thomas, q. i.xiii. a. 3, memb. v, 7° concl. ; Lessius, De prsedestinatione, sect. i, n. 4 ; Bec-anus, /> incarnations,

C. xiv, q. ix : Do Lugo, De mysterio incarnalionis, disp. XXVII, sect. iii, n. 25, sq., etc., enseignent, conforménieiil à leur opinion du motif de l’incarnation, que l’influence vitale du Christ sur les anges ne concerne que leur grâce et leur gloire accidentelles. Saint Thomas nie expressément que le Christ ait eu, à l’égard de la grâce substantielle des anges, une influence quelconque, 7/i I Y sent., t. III, dist. XIII. q. ii, a. 2, qu. 1 ; qu’il ait pu mériter pour eux la récompense essentielle, De veritate, q. x.xix, a. 7, ad 5um. Son mérite à l’égard des anges, ne dépasse pas la récompense accidentelle irf., ibid., et son pouvoir judiciaire n’atteindra les anges que relativement aux récompenses et aux punitions accidentelles. Sum. theol., III’, q. i.xi. a. 6. Cf. Salmanticenses, disp. XXVIII, dub. x, § 1 ; Gonet, dis], , xiv, a. 4, n. 73. A quoi donc se réduirait l’influence vitale surnaturelle du Christ sur les anges ? Saint Thomas nous le dit. In IY Sent., loc. cit., < le Christ, en tant qu’homme est le chef des anges, mais non d’une manière aussi stricte et de la même façon qu’il est le chef des hommes ; et cela, pour deux raisons. Tout d’abord, il manque au Christ, che des anges, la communauté de nature ; il est de la même espèce que les hommes ; mais avec les anges il n’a de commun que le genre par l’intelligence. En second lieu l’influence n’est pas la même ; le Christ n’agit pas sur les anges en éloignant l’obstacle du péché, ou en leur méritant la grâce, ou en priant pour eux. Ne sontils pus. m effet, déjà bienheureux ? son influence se réduit à tout ce qui touche les « actes hiérarchiques », par lesquels range supérieur éclaire l’inférieur, le corrige, lui donne plus de perfection. Cette influence, le Christ la possède d’une façon suréminente ». Le Christ, en effet, commande aux anges et les charge d’un véritable ministère de salut près de nous. Il doit donc les éclairer, les diriger ; il est donc cause, tout au moins morale, de cette illumination et de cette direction, de l’œuvre de coopération au salut des hommes qui en résulte, et de la récompense attachée a cette coopération. Il peut également satisfaire leurs désirs touchant la connaissance des mystères divins et concourir ainsi a un accroissement de grâce et de gloire accidentelles en ces esprits bienheureux. A tous ces titres, il est le chef des anges.

IV. la ROI m il m : JÉSV8-CSRTST. — Le pouvoir royal ajoute, en Jésus-Christ, quelque chose au pouvoir de chef qu’il suppose et qu’il inclut. Mais tandis que l’influence exercée par le chef est limitée à ses membres, le pouvoir exercé par le roi ne connaît pas les mêmes limites. Ce pouvoir, en effet, s’étend jusqu’aux sujets rebelles qui sont cependant soumis aux jugements prononcés et aux châtiments infligés par leur roi. De plus, l’influence du chef s’exerce sur les membres qui partagent avec lui la même nature, tout au moins générique, le pouvoir de roi s’étend sur tous le - rires qui lui sont soumis.

Que la royauté soit l’apanage de J< : sus-( ; iirisl, non seulement comme Dieu, mais encore comme homme, on n’en peut douter, car cette vérité est expressément affirmée dans les prophéties de l’Ancien Testament, relatives au règne et au roi messianique. Voir col. Il 13 sq. L’ange de l’incarnation l’affirme d’ailleurs : era grand et sei a appelé le Fils du Très-Haut, et hSeigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. o Luc, i, 32-33. Lt Jésus lui même s’affirme roi, tout en expliquant la nature spirituelle de sa royauté. Joa., xviii, 36-37, Les théologiens, sur ces affirmations de l’Écriture, élaborent une doctrine de la royauté de Jésus-Christ, en

envisageant cette royauté au point de vue temporel, et au point de vue spirituel.

La royauté temporelle de Jésus-Christ.

1. Sur

lu nation juive. Jésus, bien que Fils de David et de race royale, n’a ieçu aucun droit héréditaire, ni aucun titre spécial ù régner sur le peuple juif. Sur ce point, on consultera Suarez. disp. XLY11I, sect. i et les Salmanticenses, disp. XXX II, dub. i. L’expression « roi des Juifs », que Jésus, répondant à Pilate, semble accepter pour lui ; cf. Matth., xxvii, 11 ; Marc, xv, 2 : Luc, xxiii, 3, ne prouve rien. Car Jésus explique suffisamment le caractère spirituel de son royaume, cf. Joa., xvii, 34-37, auxquels sont conviés, d’abord les Juifs, ensuite tous les hommes.

2. Sur l’univers entier, Jésus-Christ, homme, a reçu un véritable pouvoir royal, bien qu’il ne l’ait jamais exercé. Pour soutenir cette thèse, les thomistes s’appuient sur la Sum. theol.. III. q. iix. a. 3, ad a. I, ad loin, et surtout sur le De regimine principum. I. IILc.xm-xv.Ce pouvoir est donc resté d’ordre général et transcendant ; il ne pouvait en rien contrecarrer le pouvoir royal effectif, exercé par les monarques et les princes ; mais il explique bien certaines expressions scripturaires qui attribuent au Christ le pouvoir royal temporel, la suprématie universelle sur les rois, et le déclarent regem regum et dominum dominantium. L’opinion négative a eu ses défenseurs, François Vitoria, Médina. Bellarmin, Sylvius, Becanus, Tanner, et quelques autres, qui n’attribuent au Christ qu’une royauté purement spirituelle. CI. Gonet, disp. XXII, a. 4 ; Salmanticenses, disp. XXXII. du b. n : Suarez, disp. XLVIII, sect. ii, concl. 2 ; De Lugo, disp. XXX, sect. i, n. 4 ; Vasquez, disp. LXXXVII, c. ii, etc. cette royauté d’ordre temporel se rattache le domaine absolu et direct que possédait Jésus par rapport aux choses d’ici-bas, sans cependant en user toujours. Cette thèse théologique est défendue non seulement pour corroborer certaines assertions générales de l’Écriture, par exemple, lleb.. n. 8, ou encore le Data est mihi omnis potestas in cœlo et in terra, Matth., xxviii, 18 ; mais encore pour justifier certains actes de Jésus : cf. Matth.. mi, 1 ; xxi, 2-3, 19 et surtout viii, 31-32. Voir ci-dessus, col. 1196. Elle est contredite par tous ceux qui refusent au Christ une royauté temporelle sur l’univers entier, et par quelques autres, notamment Vasquez, dis]). t. XXXVI, v. vi. Pour la discussion. voir les Salmanticenses, loc. cil., dub. m.

2° l.a royauté spirituelle de Jésus-Christ. - La théologie de la royauté spirituelle du Christ a été mise en pleine lumière par Léon XI II, dans son encyclique Annurn sacrum, du 25 mai 1899. Mais on en trouve déjà de précieux éléments dans Bossuet, Premier et Deuxième sermon pour la circoncision, édit. Lebarcq, t. i, i). 250, t. ii, ]). 100. L’existence de cette royauté spirituelle est affirmée par l’Fcriture, attestant la royauté du Christ, voir col. 1122 ; carie royaume du Sauveur est avant tout spirituel. Voir col. 1199. Avec ces données de la révélation, la théologie étudiera la nal ure. l’origine, l’universalité, l’exercice de cette royauté, et les devoirs qu’elle nous impose,

1. Nature de la royauté spirituelle de Jésus.

C’est, dans son entretien avec Pilate, tel que le rapporte saint Jean, que Jésus nous dévoile le vraie, nature de sa royauté spirituelle : n Mon royaume n’est pas de ce inonde… ». Il ne nie point qu’il soit roi ; mais il ne veut pas régner ici-bas à la façon des monarques terrestres ; il ne veut ici-bas que régner sur les esprits et sur les cœurs, afin de les sanctifier et de les conduire au ciel, où sa royauté se manifestera éternellement. « Oui. je suis roi », ajoute Jésus et, caractérisant sa royauté il continue : > Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ». — La diffusion de la vérité sous sa forme la plus relevée, la plus par-