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    1. JÉSUS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE##


JÉSUS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE. SACERDOCE Dl CHRIST 1338

Christ n’est éminent au-dessus de tous les autres sacerdoces, il n’est éternel que précisément parce que son fondement dernier est la divine dignité de Jésus-Christ : la nature humaine n’est que le principe prochain d’action, par lequel s’exerce ce sacerdoce. Cf. Pesch, De Yerbo inearnato n. 534, et, en ce qui concerne les autorités patristiques sur ce point de vue théologique, l’etau. De inearnatione, 1. XII. c. u. n. "> et c. xi.

Les théologiens se demandent comment.lesus a pu être prêtre comme homme, alors que c’est comme homme aussi qu’il a été victime. Cf. S. Thomas, III’q. xxii. a. 2. ad l « m ». Ils répondent unanimement qu’il n’y a nulle impossibilité à ce que le Christ soit à la fois prêtre et victime. Il ne s’est pas immolé, sans doute, mais il a accepté et reçu la mort volontairement et a offert cette mort en sacrifice à Dieu pour nos péchés, les Juifs n’étant pour lui que les instruments choisis par Dieu pour la réalisation de ses desseins. La chose n’est possible qu’au Christ, qui, à cause de sa puissance sur lui-même a pu, non seulement accepter la mort, comme les martyrs le font, mais encore l’offrir à Dieu.Cajétan, Jenlacula, m ; Suarez, Disp. XLVI, sect. i, n. 3. On ne saurait donc admettre, pour résoudre la difficulté, que le Christ a été prêtre selon la divinité et victime selon son humanité, comme l’ont soutenu certains hérétiques des temps anciens et modernes. Suarez, id., sect. ii, n. 1, sq. Cf. Hugon, op. cit., p. 163.

2° Consécration substantielle de l’humanité en Jésus.

— Sur la doctrine révélée du sacerdoce de Jésus-Christ selon l’ordre de Melchisédeeh, voir col. 1238 sq., les théologiens font le rapprochement entre le sacerdoce de Jésus et les autres sacerdoces : le sacerdoce primitif de la loi de la nature, conféré aux chefs de famille ; le sacerdoce aaronique de la loi mosaïque, et enfin le sacerdoce chrétien de la loi nouvelle, sacerdoce inst itué par Jésus-Chiist lui-même. Et ils n’ont aucune peine à démontrer que par i apport à ce triple sacerdoce, celui de Jésus occupe une place suréminente. Le sacerdoce de la loi de nature et celui de la loi mosaïque n’étaient que des figures et la préparation du sacerdoce du Christ. Le sacerdoce de la loi nouvelle dérive de celui du Christ dont il est une participation. Voir Ordre (Sacrement de i). En sorte que le sacerdoce des prêtres de la nouvelle Loi est en réalité un sacerdoce-vicaire de celui du Christ et, à cause même de cela, il est conféré par un rite extérieur sacramentel, qui imprime dans l’âme une qualité réelle, mais accidentelle : le caractère sacerdotal. Voir Carai TÈre sacramentel, t. ri, col. 1698. Sur tous ces points, cf. Suarez, disp. XLVI, sect. m.

En conséquence tous les théologiens, dans leurs commentaires. In IV Sent.. 1. IV. dist. IV, et InSum. iheol. S. Thomse, III. q. i.xmi. a. 5, enseignent, après le docteur angélique « que le sacerdoce du Christ ne pose pas en son humanité une qualité réelle, c’est-à-dire le caractère, mais simplement la dignité et le pouvoir qui convient au Christ-prêtre en raisoir de l’union hypostatique elle-même. Par cette union, err effet, l’humanité ou plutôt cet homme qu’est le Christ, d’une façon très élevée et très parfaite, est pour ainsi dire désigné et séparé des autres hommes, et reçoit le pouvoir d’intercéder pour eux. d’ollrir pour eux un digne sacrifice, île les sanctifier. Cette dignité et ce pouvoir supposent en celui qui les possède et la dignité de chef des hommes, et le pouvoir de mériter et de satisfaire pleinement pour les autres hommes, et la puissance productrice de la grâce, et enfin, requiert de la part « le Dieu, une disposition spéciale en vertu de laquelle le Christ est constitué médiateur entre Dieu et les hommes >. Suarez, (oc. cit., n. 3. Sur la dignité de chef des hommes et le rôle de médiateur,

vr.ir plus 1cm. Sur le imnl ; ’du ( hrist par rapport « 

nous et la satisfaction qu’il a offerte pour nous, voir Hi.in MiTinN. Le Christ est donc substantiellement

piètre, comme il est substantiellement 1’i oirrt » et le » sairrt > de Dieu, err vertu de l’union hypostatique. Cf. Doin Columba Marmion, Le Christ dans ses mystères, Maredsous, 1922, p. 88-92 ; Hugon, op. cit., p. 172 175.

>° L’éternité du sacerdoce du Christ. — l. L’éternité

dont il s’agit n’est pas L’éternité sans commencement ni fin. C’est l’éternité improprement dite, qui corrrpoi le un commencement, mais suppose une durée sans lin : le sacerdoce drr Christ résultant de l’union hypostatique possède exactement la même durée que l’union elle-même. Voir Éternité, l. v, col. 921. Hypostatique (Union), t. vii, col. 536-539. Nous avons déjà tait remarquer cependant, voir col 1253, que les Pères justifient parfois l’éternité du sacerdoce du Christ par la divinité éternelle qui est en Jésus-Chiist. Mais cette interprétation du texte : lu es sacerdos in setemum, l’s. cix. 1, appliqué au Christ par l’auteur de l’épître aux Hébreux, Heb., v, 4-6, est accommodât ice. Le véritable sens est que dès le premier instant de l’incarnation, le Christ, en vertu même de l’union hypostatique, a été appelé et consacré par Dieu prêtre pour l’éternité, c’est-à-dire, pour une durée sans fin Cf. Thomassin, De inearnatione, t. X, c. vrir, rx.

2. Le sacerdoce du Christ peut être encore dit éternel, err ce sens que les effets de ce sacerdoce se manifesteront dans l’éternité, c’est-à-dire dans cette durée sans fin qui suivra la consommation des siècles. Le Christ « par son immolation, est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel. » Heb., v, 9. Mais la /onction principale du sacerdoce du Christ, à savoir l’offrande du sacrifice, ne saurait se perpétuer dans l’éternité ; le Christ l’a exercée pour lui-même une seule fois, sur la croix ; et son sacrifice a pleinement suffi à ceux qui doivent être sanctifiés, Heb., x, 14 ; il l’exerce toutefois, aujourd’hui encore, et l’exercera jusqu’à la fin du monde, par l’insti muent de ses ministres, darrs le sacrifice de l’eucharistie, lequel renouvelle et continue le sacrifice de la croix. Celte fonction sacerdotale du Christ remonté au ciel rre s’exerce pas seulement par l’intermédiaire de ses_^ ministres sur terre et par L’offrande du sacrifiede la messe : le sacerdoce éternel du Christ contient « les profondeurs sublimes que saint Jean nous laisse entrevoir en nous décrivant i l’agneau qui se tient au milieu du trône, comme immolé », dans le ciel. Apoc, v, (i. Il y a donc, pour ainsi dire, une continuation du sacrifice drr Calvaire. Comment comprendre ce sacrifice continué de Jésus glorifié à la droite de son Père ?

a) Éliminons tout d’abord l’explication erronée des sociniens. D’après eux, le Christ n’aurait offert son sacrifice qu’au ciel, après l’Ascension : admis en la présence de soir l’ère, il lui aurait, alors seulement, offert sa mort. Cette offrande, faite au ciel, serait Le vrai sacrifice ; la mort subie en croix n’aurait été qu’une condition préalablement requise : sicut non prias sacerdotium vere adeptus est quarn cum post mortem in cozlum, ut pro nobis coramDeo appareret, (nlroductus est ; sic non prias perfecle se Deo obiulit, quam cum se illi in m In prtBsentewit. Relativa enim suni sacerdos </ "M" tio. I toque ubi verus sacerdos nondum est, nec vera obla im esse potest. Socin, De Jesu Christo Servalore, pari.II, c. xv. Sur les relations de cel te docl i ine avec la néga tiorr socinienne de la satisfaction, voir.1. Rivière, L Dogme de In Rédemption, étude historique, Paris, 19 (5, ]i 16 17 ; Le dogme di ta Rédemption, étude théolog

Paris. 191 I. p. 410 sq. La fausseté de cette thèse est

démontrée par la réalité même du sacrifice offert sur la croix par Jésus. Voir Rédemption. Socin prétend appuyer son opinion sur L’autorité de l’épître aux