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13Il JÉSUS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE. PUISSANCE DU CHIUST 1312

quant à [’objet voulu par Dieu, niais quant au vouloir. Cf. Billot, op. cit., p. 310.

ej Applications. Parce que Jésus-Christ a pris intégralement la nature humaine, nous devons reconnaître en lui à côté de la volonté divine dans le Ycibe la volonté humaine, et l’appétit sensitif ou volonté de sensualité. Nous devons également, dans la volonté humaine, introduire, quant aux aetes, la distinction îles théologiens de la volonté ut naturel et de la volonté ul ratio. Toutefois l’âme de Jésus a reçu de la divinité une puissance absolue sur son corps et sur les moindi es mouvements de ses puissances. Voir plus loin. Aucun mouvement de la volonté ou de l’appétit sensitif ne pouvant, en Jésus, échapper à l’emprise de la raison, il ne convient pas de parler, dans la volonté humaine ou dans la sensibilité du Chiisl de mouvements instinctïfs ou indeliberes. Ces épilhétes mai (nieraient, en effet, que ces mouvements échappaient à la direction qu’aurait pu ou dû leur imposer la raison. Il faut donc parler des mouvements naturels de la volonté ou des sens, mouvements d’attraction ou de répulsion à l’endroit des biens ou des maux considérés en eux-mêmes, mouvements que la volonté, éclairée par la raison, soutenue par la puissance divine, aurait pu soumettre à sa direction, mais qu’elle laissa, pour des motifs de haute sagesse, se produire selon les lois de la psychologie humaine.

Nous n’avons à envisager ici que le problème de la divergence des volontés divine et humaine en Jésus-Christ, divergence attestée dans Matth., xxvi, 39. Sur les sentiments et les passions dans le Sauveur, voir plus loin. Or, la volonté humaine dont il s’agit ici ne saurait être que le mouvement naturel de la volonté, mise en présence d’un mal pour lequel elle éprouve une répulsion naturelle. Transeal a nie calix isle ! I.c calice de la passion est un mal pour lequel, considéré en lui-même, la volonté n’éprouve naturellement que répulsion. Naturellement, dis-je : c’est-à-dire, non par opposition a la grâce, mais en raison de sa tendance innée. Mais d’autre part ce calice, considéré par rapport a la fin de la rédemption des hommes, fin voulue par Dieu le l’ère, était désirable poui la volonté humaine du Christ éclairée par la science bienheureuse et infuse. Et, sous cet aspect, le mal qui tout à l’heure faisait horreur au mouvement naturel de la volonté humaine du Chlist, s’offre a elle comme un véritable bien qu’elle désiie et qu’elle recherche : verumtamen non mea ueluntas, se< ! tua fiât. Entre, la volonté divine et la volonté humaine, ut ratio, aucune divergence n’existe, c’est la conformité absolue quant à l’objet voulu lui-même. Toute la difficulté est donc ramenée a la conformité de la volonté humaine. ut na.lu.ra, à la volonté divine. Il y a divei site d’objet entre la volonté humaine ut natura, « l’une paît - transeal a mr calix isle el. d’autre part, la volonté humaine, ut ratio, et la volonté

divine mm mea VOluntOS, sed tua liât !.Mais celle

i///v ; s/7é n’implique pas la conlrariélé, c’est-à-diitl’oppo sition des volontés. L’opposition n’existe, avons-nous dit, que si la diversité concerne le même objet. Or le même objet peut se présenter sous des aspects très différents qui constituent, dans le même objet, pris matériellement, plusieurs objets formellement différents. I.e juge, qui a condamné un criminel à la peine capitale, veut ce châtiment à cause de l’intérêt général

dont il a la garde ; l’ami du condamné, qui cherche a soustraire son ami a la mort, est pousse par l’affection. I.e souci de l’iuléiel général chez le juge el l’affection chez l’ami ne sont cependant pas en réelle it ion. du moins tant que le sentiment d’affection

n’ira pas jusqu’à vouloir positivement compromettre

l’intérêt public. Dans le Christ, la volonté divine el

la volonté humaine ut rotin voulaient des fermement ission, considérée comme moyen de racheter le

genre humain. Mais la volonté humaine, ut natura, éprouvait un sentiment de répugnance à l’égard de la passion considérée simplement en elle-même, c’est-à-dire comme un mal réel et affligeant pour l’appétit rationnel et sensitif : et c’était là. d’ailleurs, le seul aspect de la passion qui lui fût accessible. Il y a donc eu, à ce moment, diversité, mais non contrariété de volontés.

La psychologie du Christ exige que nous approfondissions encore cette solution. Sans impliquer de véritable opposition, la diversité des volontés pourrait, en effet, entraîner dans l’âme, par la violence même du mouvement naturel et instinctif, un empêchement total ou partiel, un retard du mouvement raisonné. Le phénomène se piodint assez fréquemment pour que les moralistes aient dû en faiie la psychologie et tracer des règles à son endroit. Mais n’oublions pas qu’en Jésus-Christ aucun mouvement naturel n’était purement instinctif et indélibéré. Tous, au contraire, étaient soumis à la volonté libre el à la laison dans un parfait équilibre de la nature humaine pei sonnellement unie au Verbe. Quelle que soit donc la foi ce du mouvement naturel que Jésus a bien voulu laisser se produire soit dans sa volonté soit dans sa sensibilité, il n’en a jamais éprouvé la moindre difficulté pour conformer pleinement sa volonté de raison à la volonté de son l’ère et pour agir en conséquence. Xequc volunlas divina, neque voluntas rationis in Christo impediebatur aut relardabatur per voluntatem naturalem aut per appelitum sensuulitatis S. Thomas. loc. cit., a. C. L’agonie de Jé>us n’implique donc pas une lutte dans la volonté’lu Christ, mais simplement dans la partie inférieure de lui-même. /<L, ibid., ad3um. Voir plus loin. Mais ce n est pas encore tout : il faut encore confesser que la volonté humaine du Christ. ut natura. c’est-à-dire dans ses mouvements naturels de répulsion à l’égard du calice de la passion a été conforme à la volonté divine, non pas certes quart à l’objet voulu, mais quant lui vouloir lui-même, l’aile fait que le Verbe prenait la nature humaine. I l pour des motifs de haute sagesse concernant notre foi en l’incarnation et les exemples de vie surnaturelle que nous devait laisser Jésus, voulait que la volonté créée de Jésus se développât aussi selon les lois naturelles de l’appétit humain, en tout ce qui est bon et honnête : ainsi, bien quc l’objet désiré ou repoussé par la volonté humaine du Christ, considérée ut natura. ne fut pas nécessairement celui que Dieu voulait et avec lui la volonté humaine du Christ, considérée ul ratio ; cependant le vouloir naturel en Jésus était conforme à la divine volonté : beneplacito divins voluntatis permiltebatur carni pâli et operari quæ propria. Cf. S. Thomas, 1IL, q. xiv. a. 1. ad 2°’" ; a. 2 : Suarez.disp. XNNY 1 1 1. sect. m. n. 3 ; Billot, th. xxvin. 5. La puissance de l’dnic du Christ. Dans ce dernier problème relatif aux perfections naturelles et surnaturelles issues de l’union hypostaliquc dans l’être même de Jésus-Christ, il s’agit de la puissance active pour produire des œuvres extérieures potentia activa ad extra. Or, L’âme de Jésus Christ. h ypostaliquement unie au Verbe de Dieu, peut être, au point de vue des œuvres extérieures, considérée sous un double aspect, celui qu’elle revêt comme principe d’opération dans l’ordre nature] el dans l’ordre surnaturel, celui qu’elle re et comme instrument du Yei be. 1)ans le premier cas,

elle est cause principale, dans le second, cause instrumentale proprement dite. Certains effets trouvent dans la cause seconde dont ils procèdent leur principe adéquat et permanent, soit naturellement, en raison de la vertu propre de cette cause, soit surnaturellemenl . en raison de la grâce et des vertus infuses par lesquelles la vertu naturelle se trouve élevée à un

ordre supérieur, On suppose par ailleurs que ces elTels