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pour expliquer l’obéissance méritoire du Christ aux préceptes négatifs d’admettre, de la part du Christ, la liberté do contrariété dans le sons du bien ou du mal, et do la part de Dieu un concours susceptible d’amener

la volonté créée au mal comme au bien. Môme sous la motion efficace, entraînant infailliblement la détermination moralement bonne, la liberté — quel que soit le système qu’on adopte pour l’expliquer — subsiste. Le Christ a été libre, non do mentir, mais en disant la vérité. Los autours qui admettent que lo précepte est inconciliable avec la liberté du Christ n’hésitent pas à affirmer qu’on face dos préceptes naturels, positifs ou négatifs, Jésus n’a pas été libre et n’a pas mérité. En cola, disent-ils, il n’y a aucune imperfection, bien au contraire, par là est démontrée la perfection du Christ. D’autres affirment que leChrist est demeuré libre sur les circonstances des précoptes positifs, et que la spontanéité, la liberté avec lesquelles la volonté du Christ choisissait ces circonstances avait une répercussion réelle sur la substance môme de l’acte. Voir sur ces différents points Franzelin, op. cit., p. 452 sq. ; Pesch, op. cit., n. 343 ; Billuart, dissert. XVIII, a. 4, fine ; Suarez, disp. XXXYI1, sect. n et iv : Legrand, dissert. IX, a. 3 ; Stentrup, op. cit., p. 1211. Généralement les auteurs passent sous silence cet aspect du problème de la liberté du Christ : le dogme n’y est pas intéressé spécialement.

4. La perfection morale de la volonté humaine dirigée par la volonté divine. — Xous n’avons pas à étudier ici le problème historique et dogmatique du monoihélisme et du dyothélisme. Voir Monothélisme et Constantinople (IIIe concile de), t. iii, col. 1260. Nous supposons comme un principe accepté la définition de saint Martin I er au concile de Rome en 649, can. 16, affirmant en Jésus deux volontés et deux opérations, la divine et l’humaine, mais rejettant toute opposition et tout dissentiment entre l’une et l’autre. Denzinger-Bannwart, n. 269. Ce principe a été renouvelé expressément par le IIIe concile de Constantinople, confessant en Jésus deux vouloirs « non pas, il s’en faut, deux vouloirs naturels opposés l’un à l’autre, mais un vouloir humain subordonné et qui, loin de lui résister et d’entrer en lutte avec lui, se soumet bien plutôt à son divin et tout-puissant vouloir, car il faut que le vouloir de la chair soit mû et qu’il soit soumis au vouloir divin ; car de même que sa chair « st dite la chair du DieuVerbe et l’est, de même le vouloir naturel de sa chair est dit le vouloir propre du Dieu-Verbe et l’est, etc. Denzinger Bannwart, n. 291. Cette conformité constante de sa volonté humaine à la volonté divine est attestée par l’Écriture, Joa.. v, 30 ; iv, 31 ; viii, 29 ; Heb., x, 9, et est un dogme de la foi : « la volonté humaine dans lo Christ lut tout à fait ordonnée sous l’influence de la volonté divine, de telle sorte que le Christ n’a rien voulu par su volonté humaine si ce n’est en conformité pleine et entière avec le divin vouloir, selon la parole rapportée par Jean, viii, 29 : Ce qui plaît au Père, je lo fais toujours. » S. Thomas. Contra Génies, t. IV, c. xxxvi.

a) Le problème théologique. — Le problème théologique de la perfection morale de la volonté humaine dirigée en Jésus-Christ par la volonté divine se rapporte

i doux points précis : premièrement, comment concilier

avec la liberté du Christ cette conformité parde la volonté humaine avec la volonté divine ; deuxièmement, comment la concilier avec certaines aflirmations de l’Écriture, où il semble qu’il y ait eu lutte entre les deux volontés. Le premier point est résolu par les considérations proposées à l’occasion de l’impeccabilité du Christ, voir col. 1289 sq. C’est le second point qui nous occupe présentement : la question se pose, au point de vue de l’explication théologique, à cause du texte de Mat th., xxvi. 39 ; cf.

Marc, xiv, 36, Luc, xxii, 42. Au jardin de l’agonie,

.losus demande a son Père, si la chose est possible. d’éloigner de lui lo calice do la passion. Il se reprend aussitôt et ajoute : qu’il soit fait, non selon ma volonté, mais selon la vôtre. Ces textes laissent à coup sûr entrevoir, sinon une opposition, du moins une divei gence dans les volontés du Christ. Comment concilier cette divergence avec l’affirmation de la foi relative a la conformité pleine et entière do la volonté humaine avec la volonté divine on Jésus-Christ.

La théologie, pour résoudre cette difficulté, fait appel à certains principes tirés de la psychologie naturelle et en fait l’application à l’âme du Christ.

b) Les principes de solution. — La diversité des vouloirs ne suffit pas à établir une véritable opposition entre les vouloirs. Il faut que cette diversité soit dans le. même sujet et par rapport au même objet. S. Thomas, III’, q. xviii, a. 6. Or la psychologie humaine nous atteste l’existence, dans l’homme, animal raisonnable, de deux appétits différents, l’un proportionné à la vie animale, l’appétit sonsitif que l’on peut appeler volonté par participation, ou encoie volonté de sensualité, voluntas sensualitalis ; l’autre, en rapport avec l’élément spirituel de l’humanité, l’appétit rationnel, ou la volonté de raison, voluntas rationis. S. Thomas, id., a. 2. L’appétit rationnel, à son tour, peut être considéré ou bien comme puissance — et sous ce rapport, il n’y a qu’une faculté de vouloir dans l’homme — ou bien dans les actes produits par cette puissance. Ces actes sont de deux sortes. Les uns se rapportent à l’objet proposé à la volonté tel qu’il s’offre en lui-même, satisfaisant ou contrariant la tendance naturelle de la volonté. L’objet qui convient à la volonté excite ainsi naturellement le désir ; l’objet qui afflige la volonté provoque naturellement la répulsion. Les actes de cette sorte nous font considérer la volonté dans son développement naturel, voluntas ut natura, disent les scolastiques, GéXr^atç, disait saint Jean Damascène, De fïde orlhodoxa, t. II, o. xxii ; cꝟ. t. III, c. xiv, xyiu, P. G., t. xciv, col. 944, 1036, 1072. Mais d’autres actes de la même faculté se rapportent à l’objet s’offrant à l’appétit rationnel, non plus en lui-même, mais dans l’ordre qui le relie ou non à une fin, dernière ou particulière. Cet ordre est celui que la raison, naturelle ou surnaturelle, impose à la volonté. Ces mouvements sont libres, alors que les autres sont indélibérés ; ils dénotent une volonté éclairée par l’intelligence, voluntas ut ratio, disent les scolastiques, ^oûXeuaiç, disait saint Jean Damascène, loc.cil. S. Thomas, id., a. 3. Pour apporter des exemples concrets de cette double série d’actes volontaires, il suffit de prendre ceux qu’on retrouvera à propos de Jésus Christ. Instinctivement, la volonté humaine éprouve une vive répulsion pour les injures, les souffrances, la mort. Cependant si l’intelligence et la foi luimontrenl ces injures, ces souffran te mort en relation

aire avec un bien supérieur qu’il faut obtenir, la volonté éclairée par la raison n’hésitera plus a les accepter.

Mais ce n’est pas tout. Il existe une double manière de conformer sa propre volonté a la volonté divine. La première conformité existe quant > l’objet voulu, Ce que Dieu veut, je le veux aussi. Dieu exj l’adore ; eu l’adorant, je conforme ma volonté ; i la sienne quant a l’objet même voulu par lui Mai, il y a une autre conformité de la volonté humaine a la

ité divine, celle qui est. IlOtl <|U ; ml ; i l’objet voulu,

mais quant au vouloir lui-même. Un supérieur peut iser a son Inférieur un acte, qui, sans ode péché, cependant pas ce que Dieu eûl voulu. Dieu ne veul pas cet acte ; mais il veul lies certainement que l’inférieur obéisse a son supérieur. L’obéissance de l’inférieur conformera sa volonté i celle de Dieu, non