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JÉSUS-CHRIST I.T l fHKOLOGIE. IMPECCABILITÉ 1 > l CHRIST


De incanuitione, disp. XXXVII, sect. ii, n 5 et sect. m. n. 23. « Comme Jésus était Dieu, écrit à ce propos saint Thomas, son âme et son corps furent en quelque sorte les organes de la divinité, en tant que la divinité régissait l’âme et l’Ame, le corps : d’où il suit que le péché ne pouvait pas plus atteindre son âme qu’il n’est possible à Dieu de pécher. » In IV Sent., t. III, ilist. XII, q. ii. a. 1. En tout cas, les théologiens précités acceptent unanimement que les allirmations des Pères ne peuvent s’expliquer que dans L’hypothèse où l’union hypostatique est conçue comme expliquant l’impeccabilité du Christ. Salmanticenses, loc. cit., § 2. n. 1°) sq. Comme raison théologique, De Lugo recourt à la sainteté substantielle du Christ qui ne peut se concilier avec la moindre tache en Jésus-Christ, disp. XXVI, sect. i, n. 19 ; cf. Vasquez. loc. cit., Hurtado fait appel au concours divin, disp. I.IX, sect. v, § 72. Cf. Pesch, op. cit., n. 311.

P) Controverses scolastiques. — De leur opinion, les scotistes et les nominalistes déduisent, avec assez peu de logique d’ailleurs, que, de puissance absolue île Dieu, le Christ aurait pu, dans sa nature humaine, posséder la puissance de pécher. Xous ne nous attarderons pas à résumer ici les arguments de la controverse. On les trouvera, tout au long exposés, soit dans Suarez, disp. XXXIII. sect. ii, soit dans Gonet, disp. XX, a. 1. 5 1-8, soit dans les Salmanticenses, disp. XXV. dub. ii. Les mêmes controverses se renouvellent au sujet du péché habituel ; Suarez, disp. XXXIV, sect. n ; Jean de S. Thomas, disp. XVI, a. 1. ; Goret, disp. XX,

1., § 9 ; Salmanticenses, disp. XXV, dub. m. Ces

discussions purement scolastiques ne présentent d’ailleurs aucun intérêt et il suffit de les signaler ici.

On cons altéra, sur l’impeccabilité du Christ, outre les auteurs déjà cités au cours de l’article, Petau, De incarnatione t. XI, c. x ; Franzelin. De Verbo incarnate, th. xlui ; Stentrup, De Verbo Incarnato, t. ii, th. i.xxrv ; Janssens, De Deo-Homine, t. I, p. 666, sq.

e) Conséquence de l’impeccabilité : l’absence de tout foyer de la concupiscence. — Le foyer de la concupiscence, fomes concupiscenliæ, fomes peccati, n’est pas autre chose que l’appétit sensible désordonné. Il est en nous, le résultat du déséquilibre introduit par le péché d’Adam dans la nature humaine. Les mouvements désordonnés de l’appétit sensible constituent ce que les théologiens scolastiques appellent le foyer de la concupiscence in aclu secundo ; la puissance à de tels actes introduite dans l’appétit sensible constitue le foyer de la concupiscence in aclu primo. A aucun titre, l’appétit sensible ne constitue, pris en lui-même, ce foyer qui implique, outre l’appétit, le désordre introduit dans l’appétit par le péché d’Adam. Au sujet du foyer de la concupiscence en Jésus-Christ, la théologie catholique procède par un certain nombre d’affirmations de plus en plus précises, comportant par voie de réciprocité, des certitudes décroissantes. — a. Contre Vhérésie de Théodose de Mopsueste, la foi catholique affirme que la sainteté de Jésus-Christ exige en son humanité l’absence /le tout mouvement désordonné de concupiscence, c’est-à-dire l’absence du foyer « le la concupiscence in aclu secundo. Lois de l’affaire ls Trois Chapitres, le IIe concile de Constantinople a signalé et condamne une proposition de l’évêque de meste suivant laquelle le Christ, distinct d’ailleurs du Dieu-Verbe, aurait été molesté par les passions de lame et les concupiscences de la chair. Can. 12, Denzinger-Bannwarl. n. 221. La même condamnation fut renouvelée au III’concile de Constantinople, danla lettre de saint Sophronius, insérée à la session xi’. Cf. Mansi, Concil.. I. sa, col. 196. La doctrine des l est absolument ferme sur ce point et ne laisse prise a aucune équivoque. Voir les textes dans les Salmanti censes, disp. XXV, dub. iv, n. 51 et surtout dans l’et au. De incarnatione, l. V, c. xii ; t. XI, c x. La raison théo logique vient également affirmer ce qu’enseigne la foi : « e’est cpie. en effet, le foyer maudit est la suite du péché originel et qu’il devient en nous la source de ces lamentables désordres qui aboutissent ou inclinent au péché actuel : dès lors, être exempt du péché originel et du péché actuel, c’est être à l’abri de la concupis cence. Et puis, la grâce est si abondante dans le San veui qu’elle rend impossible toute rébellion des facultés inférieures. A plus forte raison, la vision béat i fi que, possession de l’Infini, est-elle l’exclusion absolue et pour toujours de la concupiscence et de ses suites honteuses. Enfin l’union hypostatique, s’oppose à ce que le foyer atteigne l’humanité du Sauveur, parce que, nous venons de le montrer, voir col. 1290, il serait imputable à la personne même du Verbe, à laquelle il faut rapporter œuvres, puissances et propriétés. » Hugon, op. cit. p. 294. Cf. Gonet disp. XX, a. 2, n. 09-70 ; Salmanticences, disp. XXV, dub. iv, n. 51. — b. Il est théologiquement certain que le Christ, n’ayant éprouvé en fait aucun mouvement de la concupiscence, ne pouvait pas marne les éprouver, n’ayant pas le foyer in actu primo. Durand de Saint-Pourçain semble avoir soutenu l’opinion contraire, In IV Sent., t. III, dist. III, q. ni ; niais il faut se souvenir que cet auteur entend par foyer de la concupiscence l’appétit sensible lui-même. Or, il est constant que Jésus-Christ a possédé une humanité parfaite, douée de sensibilité ; mais les puissances et les mouvements de cette sensibilité fuient toujours selon l’ordre de la droite raison. Sa faim, sa soif, son besoin de sommeil, n’impliquent donc pas de concupiscence en son appétit sensible. Cf. Si/m. Iheol., III’, q. xv, a. 2. ad 2 e. L’angélique docteur, dans le corps de cet article, fait valoir deux raisons en faveur de l’absence de tout foyer de concupiscence en Jésus-Christ. Possédant les vertus morales au suprême degré, le Christ ne pouvait avoir de concupiscence ; car cette concupiscence eût ramené à un degré inférieur la vertu du Chi ist. Déplus, Jésus-Christ n’a pris que les défauts de la nature humaine utilisables pour la fin de l’incarnation, le rachat de l’humanité. Or la concupiscence aurait plutôt un effet contraire. Suarez, disp. XXXIV, sect. ii, n. 1-7 ; Salmanticenses, loc. cit., n. 52. Cf. Gonet, loc. cit.. n 71-72. Ce dernier auteur apporte un troisième argument, n. 73 : le foyer de la concupiscence n’a existé ni en Adam dans l’état d’innocence, ni dans la bienheureuse Vierge, ni dans les bienheureux après la résurrection. Donc, a fortiori, le Christ a dû en être exempt, puisque la concupiscence ne pouvait lui servir pour la rédemption des hommes. Ajoutons enfin un argument proprement théologique, tiré du concile de Trente. Ce concile déclare, sess. v, can. 5, Denzinger-Bannwart, n. 792, que la concupiscence ou le « foyer > demeurent chez les baptisés et sont appelés par l’apôtre « péché », nonpas qu’elle soit dans les baptises un véritable péché mais parce qu’elle vient du péché et conduit au péché. Donc le foyer de la concupiscence vient du péché. Jésus n’ayant jamais contracté la souillure originelle ne peut avoir contracté le foyer de la concupiscence. Hugon, /V V<rbo incarnato, q. ix. a. 1. n. 8. lue conclus ! , y i >’impose immédiatement, relative aux tentations de Jésus dans le désert. Ces tentai ions furent purement externes, et n’éveillèrent en Jésus aucune concupiscence. Le démon n’hésita pas a tenter Jésus. afin d’éprouver s’il était vraiment Fils de Dieu. Jésus repoussa la tentation, non en lai. an ! appel a sa puissance, mais en rappelant simplement au démon les lois de la justice. Il permit, ces tentations pour notre instruction, afin que nous ne nous croyions jamais à l’abri d’une telle épreuve, pour notre édification,

non laissant mi exemple admirable de victoire ; enfin