Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/635

Cette page n’a pas encore été corrigée
1251
1252
JÉS1 St. I ] H [ST. LE DOGME AI II [ « SIÈCLE


inaugure le mot d’incarnation, oapxoxiiç, voir t. vii, col. 1448, 2466, et, sans en avoir le mot, la doctrine définitive de l’union hypostatique, Ibid.. col. 451-452 ; 2466-2468. Relevons simplement Ici, comme pour saint Justin, la formule de foi que renferme le Contra Htcrcscs, t. I, c. X, n. 1, et qui traduit la croyance « le l’Église « en un seul Dieu, le Père toutpuissant, qui a fait le ciel, la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment, et en un seul Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui s’est fait chair pour notre salut ; et au Saint-Esprit qui a prédit par les prophètes l’économie (incarnation ) du bien-aimé Jésus-Christ Xolre-Seigneur et son double avènement, à savoir sa naissance de la Vierge, sa passion, sa résurrection d’entre les morts, son enlèvement corporel dans les deux et aussi son retour glorieux quand il redescendra du ciel dans la gloire de son pire pour remettre toutes choses en l’état et ressusciter le genre humain tout entier… Alors il rendra sur tous un juste jugement. » P. G., t. vii, col. 549.

.’5° Saint Méliton de Santés mérite une mention spéciale à cause de sa profession de foi sur les deux natures en Jésus-Christ : 0eôç yàp cov ôuoS te xal avdpcOTCOç zéXzi’jç ô aùxoç (Xpia-rôç) ràç S’jo ocjto’j oûoiaç êniaT<ï>aaTo iuXv. Fragm. vii, P. G., t. v, col. 1221.

Conclusion.

Ces formules qui sont si près du

symbole romain et qui cependant, selon toute vraisemblance, n’en dépendent pas, mais relèvent uniquement des écrits du Nouveau Testament, démontrent péremptoirement la continuité de la foi en Jésus-Christ, Dieu et homme. Nous avons trouvé cette foi dans les synoptiques ; elle est apparue dans les discours des Actes des apôtres et dans les épilres canoniques. Les perfectionnements qu’y ont apporté saint Paul et saint Jean n’en modifient pas la substance, et toute l’Église du ii 1’siècle ne fait que reprendre la foi des apôtres : il n’y a pas de solution de continuité. Il en sera de même au siècle suivant, dans la lutte contre les deux erreurs qui, opposées l’une à l’autre, nient ou la divinité du Sauveur ou la réalité de son huma ni té. Nous indiquerons surtout le progrès des formules et des symboles de foi.


II. Le dogme de Jésus-Christ au IIIe siècle. —

I. LES DOCTEVRS ET CES THÉOLOGIENS. 1° l’n

Orient. t. Clément a" Alexandrie. Voir t. iii, col. 161. Sur l’accusation de docétisme portée par Photius, voiT t. iv, col. 1498-1499. - 2. Origène. Sur le résumé de sa christologie, voir l. vii, col. 153 154. Sur l’accusation de docétisme, voir t. iv, col. 14991500. I.a doctrine d’Origène sur la préexistence de l’âme et du corps de Jésus-Christ avant l’incarnation est répréhensibie. L’âme du Christ, dit il. fut créée avec tous les esprits dès le principe et resta seule parfaitement fidèle a 1 Heu : elle s’unit moralement au Verbe par celle longue fidélité. De principiis, t. II, c. vi, n. r>, 6 ; P.’L, t. xi, col. 213. I.e corps du Christ, conformément à la théorie générale d’Origène, fut formé postérieurement a l’âme, beau et parfait, (’.outra Celsum I. I. n. 32, 33, P. G., t. xi, col. 720-725. Avant l’incarnation, le Verbe uni â l’âme se manifeste aux esprits de tous les ordres célestes, se faisant successivement semblable à eux. in Gen., homil., viii, 8, l’. G., t. xii, col. 208 ; In Matth., tpm. xv, n. 7. P. G ;, t. xiii, col. 1272 ; In Joannem, tom. i. c 34, P. G., t. i. cal..si ; In Rom., L I. i, P. G., t. xiv, col. 848 ; Contra Celsum, l. Y il l, n. 59 P. G., t. xi. col. 1605. Cf. Iluci. Origenia na. t. ii, c. n. q. iii, n. 2 ! ’.. Pour nous sauver, nous hommes, le Logos s’unit enfin par l’intermédiaire de

cette âiuc, au corps beau et parfait que l’aine, par sa lé, avait mérité. De principiis, 1, II. c. VI, . n. 3, P. <-, ’., t. xi. col. 211 : Contra Celsum. I. VI, |>. 75-77 ; cf. I. I, n. 32 33, P. <L, I xi, col. 1409 sq., 720 sq. Ainsi, nécessairement logique avec lui-même, Origène

n’est ni docète, ni apollinariste. Voir la condamnât ion de ces doctrines par le synode de Constantinople de 543, dans I-’r. Diekamp, Die origenistischen Slreitigkeiten, Munster, 1899 ; Denzinger-Bannwart. n. 204206. Cf. IV Aies, Origénisme, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. iii, col. 1236-1213.

3. Sur le dogme de Jésus-Christ dans l’Église d’Orient après Origène, soit à Alexandrie, soit à Antioche. voir Hypostatique (Union), t. vii, col. 454-455. Voici comment M. Tixeront condense la foi de l’Orient en interrogeant les rares documents qui nous viennent de saint Méthode d’Olympe, de saint Pierre d’Alexandrie, de l’auteur du dialogue De recla in Deum /ïde (Adamantius), de saint Denys d’Alexandrie et de la Didascalie : « Le Verbe s’est fait homme (èvxvOptoTrrjaaç), S. Méthode, Convivium, Orat., I, v ; III, iv :. n. I’. G., t. xviii, col. 15, 68, 193 ; S. Pierre d’Alexandrie, Fragm., P. G., t. xviii, col. 521. II a pris de la vierge.Marie une chair terrestre, la chair d’Adam, une chair semblable à la notre, puisqu’il devait sauver la nôtre et parce qu’il convenait que le démon fût vaincu par le même homme qu’il avait séduit. S. Méthode. Convivium, III. c. vi, P. G., t. xviii, col. 69 ; /)e resurreelione II, viii, 7, édition Bonwetsch, du Corpus de Bci lin.]). 3 I 1 ; Adamantins, t. IV, c. xv ; V, iii, : x, édition V. II..van de Sande Bakhuyzen, du même Corpus, p. 172, 178, 190. Par cette incarnation, le Verbe ne s’est pas transformé en la chair, il ne s’est pas dépouillé de sa divinité. S. Pierre, Fragm., P. G., t. xviii, col. 509 ; Adamantius, t. IV, c. xvi, édit. cit., p. 174. Il s’est seulement uni intimement à une humanité, ouvevwoaç xal aijyLspàaac ;, Convivium, Orat-. III, c. v, P. G., t. xviii, col. 68, d’une union qui laisse subsister les deux natures. 0eoç Tjv çûgsi xal vévovev àvGpw^oç çôrrei.. S. Pierre, P. G., t. xviii, col. 512, 521 ; ôvtcûç Œôv xerrà -v^Oux xal ÔvToiçavOptoTrovxxTà aâpxa ôioXoyi]aav-re ; Xpiarôv. Adamantins, t. V, c. xi, édit. cit. p. 194 ; cf. S. Méthode, Convivium, Orat. III, c. iv, P. G., t. xviii. col. 65. Et ces deux natures ont chacune leurs opérations et leurs volontés. Adamantius, , 1. V. c. viii, édit. citée, p. 190.. Mais du reste l’unité et l’identité de personne avant ci après l’incarnation sont nettement affirmées et le concile d’Éphèse a pu Invoquer ici le témoignage de Pierre d’Alexandrie. C’est le Verbe qui est né dans le sein de Marie, ysvo-U. EVOV èv U/yJTpqi et qui s’y est fait chair par la volonté et la puissance de Dieu. S. Pierre, Fragm.. P. G., t. xviii. col. 512. - Celui qui est descendu est vraiment celui qui est remonté », àXr, 0<ôç yàp ô y.xT-xfiàç ocItôç è^T’. xal 6 àvapàç. Adamantins, t. V, c. vii, édit. cité, p. 188. Son corps est demeuré réel après la résurrection aussi bien que dans la transfiguration. Méthode, De resurrectione, [II, vii, 12 ; xii, 3 sq., édit. cit. p. 100, 108. En prenant ainsi notre nature, en devenant Homme-Dieu, le Verbe incarné, remarque Méthodï récapitulait en lui toute l’humanité. Il est le second Adam, en qui cette humanité a été pétrie à nouveau et, par son union avec le Verbe, restaurée déjà et renouvelée. Convivium, Orat., 111, c. iii, iv, v, viii, P. G., t. xviii, col. 64, 65, 68, 73. Tixeront, op. cit., p. 193- loi.

2° En Occident. 1. Tertullien. Sur sa christologie, voir Tertullien, et d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, c iv. Deux aspects particuliers sont â noter ici touchant la physionomie du Christ. I.e Christ, dans Tertullien, apparaît bien comme le Chris ! des Écritures, né de notre race, vrai Fils de Dieu el vrai Fils de l’homme. Il este le consommateur de l’Ancien Testament et l’initiateur du Nouveau. Loin de venir en ce momie comme un étranger, il y vient comme dans son domaine, pour recueillir l’héritage que son l’ère lui destine, pour révéler le mystère du plan divin, pour émanciper le genre humain, esclave du péché, pour ouvrir le trésor des dons de l’Esprit, pour