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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA THEOLOGIE PAULINIENNE

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Il Pet., m. 15. Mais précisément parce qu’il est parfait, il nous faut pratiquer toutes les vertus pour entrer dans la connaissance du Christ. Il Pet., i. 8. lui réalité, connaître le Christ, c’est vivre « le la vie de la grâce, Il Pot., iii, 18, c’est posséder le remède contre les souillures du monde, n. 20.

On le voit, la prédication de l’Église naissante touchant l’humanité du Sauveur, sanctifiée par le contact de la divinité, montre tout le profit que nous-mêmes, suivant les exemples de Jésus, pouvons en retirer. Mais il y a plus, notre sainteté dépend de la sainteté de Jésus, parce que Jésus, pierre angulaire du nouvel ordre de choses, Act., iv, 11. est le médiateur et le sauveur universel, iv, 12 :, 43 (S. Pierre), mu. 39 (S. Paul), l’auteur de la vie. iii, 1 j ; ci. Joa., i. I. Par ses apparitions, Jésus montre qu’il gouverne vraiment les hommes : apparitions a Ananie, Act. ix, 10 sq., à Pierre, x. 9 ; xi, 5 ; à Paul, xxii, 6-18 ; et les fidèles se tournent vers lui instinctivement comme vers leur maître et Seigneur. Cl. vii, 55. 58, 59. Nous louchons de bien près a la théologie paiilinienne.

Voir Fils de Dieu, col. 2399.

Vil. LA THEOLOGIE l’A UUNIESSE DE JÉSUS-CBRIST SOTRE-SEIGNEUR. t° Le cadre de la théologie

paulinienne. — Elle se concentre sur le Christ ; tous les problèmes religieux sont étudiés en fonction de Jésus-Christ. Le Christ est le principe, le milieu et le terme de tout. Le nom de Christ (Xpurrôç avec ou sans l’article) paraît seul 203 fois dans les épîtres, l’épttre aux Hébreux mise à part : le Christ Jésus. 92 lois ; Jésus-Christ, Si lois : le Seigneur (Kupioç avec ou sans l’article) paraît seul 157 lois ; le Seigneur Jésus, 24 fois ; le Seigneur Jésus-Christ, (il fois ; Jésus seul, 10 fois. Cf. Prat, La théologie de suint Paul, t. ii, p. 40. « La doctrine de Paul n’est pas anthropocentrique et n’est point un simple corollaire de sa conception de l’homme ; elle n’est pas davantage théocentrique en ce sens que sa christologie et sa solériologie dériveraient de sa théodicée : elle a pour foyer de convergence le médiateur unique entre Dieu et les hommes, elle esi christocentrique. /<L, p. 18. La thèse de la justification est inspirée chez Paul par la controverse des judaïsants ; mais elle n’est qu’accès soire dans la doctrine de l’apôtre. Ce n’est pas encore comprendre toute la profondeur de cette doctrine que de s’arrêter à la personne de Jésus-Christ au moment de sa mort sur la croix, comme l’ont fait Sabatier. L’Apôtre l’uni. Paris, 1881, p. 233 ; Beyschlag, Neutestamenttiche Théologie, Halle, 1890, 1.11, p. 13-1 ; l’indlay, dans Dictionarg of the Bible, d Ha tings, Cm, p. 723. Sans doute, saint Paul a mis en relief le mystère de la croix. Gal., iii, 1 : I Cor., xv. 3 ; ii, 2 ; mais la mort du Christ en croix n’a de valeur que par la rédemption, laquelle suppose que Jésus a offert son sacrifice pour nous, son Père l’acceptant et nous en bénéli clant. La théologie de Paul, c ! est donc en réalité le Christ, mais le Christ souffrant, mourant, ressuscitant, vivant dans le ciel pour nous qu’il appelle par notre union a ses souffrances et à sa mort, au partage de sa résurrection et de sa vie glorieuse. En étudiant le Christ chez saint Paul, on ne peut donc, en réalité, le séparer de ceux qu’il esi venu rache r et faire ses cohéritiers. Cf. Prat. "P. ut., p. 50-56. Dieu nous a élus et prédestinés dans le Christ ; dans le Christ, il s’est réconcilié le monde, dans le Christ, nous naissons à la grflee ; dans le Christ aussi, nous serons vivifiés, ressuscites et glorifiés. Ce cadre très

spécial dans lequel évolue loule la théologie paulinienne n’apportera en réalité aucun élément étranger i la loi au Chrisi. telle que la professait la primitive Église nous l’avons brièvement constaté tout a l’heure à propos de la prière de saint Etienne ; mais

il servira puissamment à mettre en relief les fonctions, médiatrices et souveraines à la fois, qu’exerce le Christ glorifié par rapport aux membres de son corps mystique. C’est de la doctrine de la mort et de la résurrection en Jésus par le baptême. Col., ii, 12 ; m, I : Il Cor., v, 11-17 : Eph., i. 5-8, doctrine dont l’expression la plus complète est la doctrine du coprs de l’Église, dont les fidèles sont les membres et Jésus le chef. Eph., iv, 4, 11-16 : I Cor., vi. 15 ; xii. 27 ; Col., i, 18 : iii, 15, que l’on part très légitimement, en étudiant la théologie de saint Paul, pour aboutir à la filiation divine de Jésus, principe et modèle de noire filiation adoptive. Cal., iv, 4. Tout l’ordre surnaturel, dont le Chrisi est le centre, se résume pour Paul en quelques mots : « Tout est à vous, vous au Christ. le Christ à Dieu. » I Cor., iii, 222-23. Sur ce développement, voir I. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, p. 352 sq.

lui demeurant dans ce cadre et en suivant la pensée de l’apôtre, nous voyons tout d’abord que Dieu a prédestiné et élu ceux à qui il lait miséricorde, de toute éternité et dans le Christ. Eph., i, 3-14. Si le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, en raison de la désobéissance du premier Adam, la réparation ne pourra venir que du nouvel Adam Jésus-Christ, Rom., v, 12-21 ; I Tim., ii, 5, etc., par qui nous vient toute justice. C’est ce nouvel Adam, Jésus-Christ, chef de l’humanité régénérée, en qui et par qui les pécheurs retrouvent la justice, que nous devons étudier à la suite de Paul, non seulement dans sa personne et sa double nature divine et humaine, mais encore dans ses fonctions de « médiateur ». 1 Tim.. ii, 5, et de i chef ». Eph., i, 22.

2° L’/ personne de Jésus-Christ. — 1. Bien que le regard de saint Paul s’attache surtout au Christ glorifié, la préexistence éternelle du Fils est soulignée à plus d’un endroit : I Tim., I, 15 ; iii, 10 ; II Cor., vin. 9 ; Rom., vin. 3 ; Gal., iv, 4 ; Col., i, 12, le premierné de loule créature signifiant « né avant toute créai me, toutes choses ayant élé créées par lui et pour lui », . 10-17. Elle est explicitement enseignée dans Phil., ii, 0. Cette préexistence du Christ n’est pas la préexistence d’un homme, comme le vomirait

I loltLmann, Xeuteslarnenlliche Théologie, t. ii, p. S2, cf. I.agrange, Revue biblique, 1897, p. 168-474, nonobstant I Cor., xv, 47, ce dernier texte (homo… cœlestis) marquant l’origine céleste et éternelle du Christ, Homme-Dieu, en raison de sa nature divine, de sa personnalité et du droit qu’elle lui donne de posséder la plénitud de l’Esprit Saint pour lui et pour ceux qui lui sont unis. F. Prat, op. cit., t. ii, p. 251. Ce n’est pas non plus la préexistence idéale dans l’intelligence de Dieu, avant la créai ion du monde, comme l’insinuaient les rabbins ; cf. Weber, Judische Théologie, Leipzig, 1897, p. 198, 348, 354, cl supra, col. 1127. C’est la préexistence éternelle du Fils de Dieu. Voir ce mot, col. 2400-2402.

2. Saint Paul n’ignore pas non plus le Christ terrestre.

II nous faut ici insister davantage, car. venu après les autres apodes à la foi au Christ, il n’a vu celui-ci que dans une révélation particulière sur le chemin de Damas. Il n’a pas connu sa figure historique. Les rationalistes n’ont pas manqué de faire ressortir celle Infériorité de Paul. Renan, Saint Paul, Paris, 1869, p. 503. La thèse de Renan n’est d’ailleurs plus admise aujourd’hui : beaucoup de critiques, avec A. Sabatier, L’apôtre Paul, Paris, 1890, p. 01-02, admettent que la « révélation intérieure, In éclairant l’âme de Paul, illumina en même temps la vie historique du crucifié ».

on démontre d’ailleurs facilement quc le texte de

Il Cor., v, 10, derrière lequel se retranchent les derniers partisans de la thèse de Renan, ne prouve rien Contre la connaissance de la figure historique du