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JÉSUS-CHRIST. LA RÉSURRECTION


il en avait été de la Bile de Jalre, <lu fils de la veuv< (h Naïm, de Lazare et peut-être des morts t]ui sorti di’s tombeaux an moment où Jésus rendit l’âme sur la croix. Matth., xxvii, ô’2. 53. Cf. J, Knabenbauer,

Ttentarius in Evangelium secundum Mattheeum, Paris, 1893, t. ii, p. 537-539. Tons ces ressuscites n’étaient rendus à la vie mortelle que pour un temps et devaient subir de nouveau la loi commune de la Jésus, vainqueur de la mort, ne devait plus mourir. Rom., vi. 9. Sa résurrection est parfaite et définitive. Cf. S. Thomas, Sum. theol.. Ml, q. un, a. 3,

nique pour l’humanité du Sauveur le commencement de la vie immortelle. La résurrection de Jésus esi. par identité, son entrée dans la vie glorieuse. Et saint Paul souligne cette vérité, en marquant que la

rrection de Jésus est le premier exemple, l’archétype. 1< s pi ém ces de notre ré urrection. Soulignant l’identité persistante du glorifié, il écrit : i II faut que celle chose corruptible revête l’incorruptible ; cette chose mortelle, l’immortalité. » 1 Cor., xv. 53. D’ailleurs saint Paul applique expressément a la résurrection l’oracle du l’s. n. 7 : i Nous vous annonçons

la promesse qui a été l’aile à nos pères, Dieu l’a tenue a nous leurs fils, ressuscitant Jésus, comme il est écrit dans le psaume deuxième : Tu es mon fils, je ta ! engendré aujourd’hui. » Ad., xiii, 32-33. C’est comme une nouvelle naissance à la vie éternelle, accordée à Jésus. Voir un magnifique développement de cette pensée par Bossuet, dans son Panégyrique de l’apôtre saint.Iran. Œuvres oratoires de Bossuet, Paris, 1914,

t. I !. p.."il.").

1. Doctrine des évangiles.

Des récits évahgéliques,

où la vérité de la résurrection se révèle dans des apparitions intermittentes, on est en droit de déduire avec saint Thomas, Sum. theol.. IIP, q. i.v, a. 1- : i, que le Christ ressuscité n’appartient plus normalement à l’ordre de l’expérience terrestre. Son corps, quoique réel, ne tombe plus s (, us [es sens et n’est plus dans I phénoménal comme avant sa mort : il n’est plus régulièrement objet de perception sensible. Pour qu’il soil perçu par les sens, il faut qu’il apparaisse, se lasse voir et entendre, se rendre visible et palpable. L’étal glorieux est donc manifesté par l’intermittence même des apparitions. Il se manifeste également par les présences subites de Jésus au milieu de ses apôtres, la pénétration de Jésus dans un lieu dont les portes sont closes. Joa., xx, lit. Toutefois ce corps glorieux. spiritualisé, n’est ni un esprit, rtveûu.a, connue le croyaient les apôtres épouvantés, Luc. xxiv. 37. ni un fantôme, çdcVTW p.a, connue ils l’avaient cru un jour OÙ, pendant sa vie mortelle. Jésus marchait sur les eaux du lac de Tibériadc. Matth., xiv, 26. Jésus, en effet, donne (les preuves de la réalité de son corps : il mange, Luc, xxiv, 36 13 ; il offre ses plaies au toucher. Joa.. xx, 24-25, 2(i-27. (.elle démonstration « le

la réalité d’un corps glorieux par un acte relevant de la vie terrestre et physiologique, le manger, ou par le toucher, des plaies de la passion, ne laisse pas toutefois

d’offrir quelques difficultés.

En ce qui concerne la première démonstration paile lait de manger, formulée par l.uc, rien ne sert d’objectei que cet auteur semble matérialiser une donnée

traditionnelle, selon laquelle Jésus aurait distribué, servi et mange lui-même, du pain et du poisson à ses disciples. Joa.. xxi, 5. 13. Nous n’avons aucune raison de révoquer en doute la véracité de Luc., xxiv. 36-43. Toute la question est de savoir si nu corps glorifié,

<’est à-dire n’étant plus a l’état naturel et physiologique, peut en ore recevoir et s’assimiler des aliments,

haut il concéder que Jésus : i pu Simplement paraître manger et boire pour affirmer a Ions les yeux l’objcc tivité de son corps ressuscité ? Cf. Dubois, Revue du

< lergé français, 1905, t. xxiv, p. 629-630. La tradition

catholique admet que Jésus ressuscité a réellement

mange et par là. sans créer aucune illusion aux assistants, leur a donné une preuve de la réalité de son corps, i Néanmoins, ce fait ne prouve rien conln l’état glorieux du corps du Sauveur, s’il a mangi Jésus ressuscité ne l’a pas lait par besoin d’alimentation, car la nécessité de se soutenir par la nourriture prouverait qu’il n’est pas glorifié. Il a mangé réellement, parce qu’il en était capable. Ressuscité a l’état glorieux, il axait cependant un corps réel, un corps humain, un corps en chair et en os. possédant pai conséquent les organes de l’alimentation et de la digestion, et ces opérations physiologiques pouvaient se produire en lui naturellement. Il a donc mange, paue qu il en avait la capaciU et et l’a 1 lit, non pu nécessité, pour se sustenter, mais pour donner à ses apôtres une preuve de la réalité de sou corps ressuscité, cette réalité était conciliable avec son étal glorieux. » ! ’.. Mangenot, op. eit., p. 309-310. Il n’y a pas contradiction entre la notion du corps spiritualisé et glorifie et l’acte passager d’alimentation, produit rarement pour affermir la foi des apôtres en la résurrection corporelle de leur Maître. Saint Lierre affirme, lui aussi, que les apôtres ont mangé et bu avec Jésus ressuscil Acl., x. 11. et. si cette phrase du discours de Pierre est. par impossible, du rédacteur des actes, elle témoigne du moins de la croyance primitive. Sur la solution de celle difficulté, voir S. Thomas, Sum. theol., III », q. i.iv. a. 3, ad 3 Bm, qui se réfère lui-même à saint Augustin, De eivitate Dei. 1. XIII. c. xxii, P. L. t. xi.i. col. 395, et à Lîède le Vénérable, In Lucas vvni, gelium expositio, t. VI, c. xxiv. P. L.. t. xcii, col. 031. Cf. S. Jérôme. Liber contra Joannem Ilierosolymîtanum, n. 17, P. /… t. xxut. col. : ilt ; n. 37. col. 587 : Epist., cviii, ad Euslochium, n.’l’A. PL., t. xxii, col. 901. Parmi les protestants, M. Godet accepte l’explication de la tradition catholique : « On s’est heurté à ce fait que le Seigneur a mangé. On aurait raison, s il avai : mange par faim, mais cet acte n’était pas le résultad’un besoin, il voulait montrer qu’il pouvait manger, c’est-à-dire que son corps était réel, qu’il n’était pas un pur esprit ou un fantôme ». Commentaire sur V Évangile de saint Jean, Neuchâtel. p. 513. M. Dubois reconnaît que notre expérience n’embrasse pas toutes les virtualités de la matière et par là, sans s’y rallier laisse encore la porte ouverte à l’explication traditionnelle. Hernie du Clergé Français, 1905. t. xi.iv. p. 631.

L’autre preuve de la réalité du corps de Jésus, la présentation des marques de la crucifixion n’est pas non plus incompatible avec l’état du corps glorifié. La transformation subie par le corps de Jésus au sortir du tombeau exigeait-elle la disparition des cicatrices de la passion ? En devenant immortel le corps glorifié ne pouvail-il pas porter encore des traces visibles de sa mort alité ? Les considérations a priori sont ici hors de mise : les récits nous disenl ce qui a existé en fait, ce que les premiers chrétiens oui cru réel et véritable. Or. les rédacteurs des livres inspires n’ont pas n d’incompatibilité à la permanence des cicatrices de la passion dans le corps glorifié de Jésus, et Us théologiens en ont donné des raisons de convenances forl admissibles : la confirmation de la réalité de la résurrection, la puissance des supplications de Jésus par la voix de ses plaies ont paru a saint Thomas d’Aquin suffire a l’explication

de cette permanence. Cf. Sum. theol., III, q. i.iv, a. I.

Si Jésus refuse, a peine ressuscité, de se laisser toucher par Marie-Madeleine, Joa.. XX, 17. ce n’est ni parce que le corps ressuscité n’est pas sensible, ni parce qu’il n’est pas encore glorifié. Jésus n’étant pas remonté vers son l’ère ; Jean établit lui-même une équivalence entre la résurrection, ii, 22 et la glori-