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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA RÉVÉLATION DU FILS DE DILU »

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même un rôle jusque-là réservé (’/ Dieu -. le péché, la pénitence, la charité, le pardon, le jugement, ces relations morales les plus profondes qui puissent exister entre l’homme il Dieu, apparaissent maintenant comme établies entre l’homme et Jésus-Christ. » Histoire du dogme de la Trinité, p. 27 1.

c. Jésus enfin nous dévoile directement le mystère de sa filiation divine et explique ainsi le sens profond et transcendant du titre de o Fils de Dieu » revendiqué par lui au tribunal de Caîphe. — I)éjà dans le célèbre texte relatif au jour du jugement : Nul ne le sait, ni les anges du ciel, ni le Fils, mais le l’ère seul ►, il apparaît que le fils se place bien au-dessus des anges et que, par conséquent, il ne peut être que le Fils naturel et propre du Père, Dieu comme le l’ère. L’ignorance du Christ est ici toute économique et ne comporte aucune infériorité dans le Fils par rapport au Père. Cf. Lagrange, Évangile de S. Mure, p, : î27 et Science » r Christ. Mais cette transcendance infinie et divine du Fils nous est encore enseignée par Jésus, dans certaines comparaisons où apparaît toute l’infinité de sa nature : il y a ici plus que Jouas : … il v a ici plus que Salomon, » Matth., xii. 41. -12 : cf. I.uc.xi. 32, 31 ; « < il y a ici quelqu’un de plus grand que le temple. Matth.. xii. 6. De telles façons de parler sont déjà, surtout pour les Juifs, significatives. Mais Jésus se sert, pour démontrer sa divinité, d’un argument bien plus pressant. Il fait appel au prophète David : ’Les pharisiens étant assembles, Jésus les interrogea, disant : Que vous semble du Christ ? de qui est-il fils ? Ils lui répondirent :

De David. Il leur répliqua : « Comment donc David l’appellc-t-il dans l’Esprit, son Seigneur, disant : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite. » Si donc David l’appelle son « Seigneur », comment est-il son fils ? i a al th.. wii. 11-15 ; cf. Marc, xii. 35-37 ; Luc, xx, 41-44. Jésus n’entend pas ici repousser la libation davidique, mais il veut faire reconnaître en même icmps une filiation plus haute, celle qui convient au » Fils » appelé par David inspiré son <> Seigneur ».

Jésus n’en est pas resté là. dans son enseignement public, touchant la révélation du mystère de l’I loimue-Dieu. Il a fait comprendre clairement que cette filiation, transcendante et distincte de la filiation davidique. n’est pas une simple libation adoptive. si élevée soit-elle en dignité par-dessus les anges et les hommes. Il a prêché maintes fois la paternité de Dieu par rapport aux justes : mais Dieu n’est pas son Père comme il est le père des hommes : Il apprend à ses disciples à dire : < Notre Père t ; mais lui-même ne parle pas ainsi : il dit : « Votre » Père et « Mon i Père. Même lorsqu’il s’adresse à eux, il observe cette distinction :

h vous prépare le royaume, comme mon Père me l’a préparé. » Luc. xxii, 29 Et moi, je vais vous envoyer le don promis de mon l’ère. » xxiv, 49. D’autre part, ne dit-il pas : Votre Père qui est au ciel…. votre Père

céleste. » Matth., vu. il ; m. 32, etc. si précieuse toutefois que soit l’indication contenue en ces formules, elle est encore inférieure à l’enseignement que Jésus formule, quelques jours axant sa mort, dans plusieurs paraboles où sont expliquées les relations du Fils au Père. Il est temps d’ailleurs que Jésus se révèle pleinement. Cf. Cramer, S. Marc, p. 389. La parabole du banquet, Luc, xiv, 16-24, apparaît chez Matthieu XXH, 1-1, avec des traits plus accentués. L’invitation est lancée par un roi à l’occasion des noces de son fils ; le crime des invités paraît plus grand, car non seulement ils se dérobent, mais ils mettent à mort les envoyés du roi. La parabole des vignerons homicides. Marc’., mi. 1’.< : cf. Matth., xxi. 33-41 ; Luc, XX, 9-16, est plus significative encore : c’est le lils bien-aimé.

c’est I’I héritier. c’csl-a-dirc le lils unique, propre, naturel. Saint Marc écrit’: etl vi-j. el/evjîôv àyotrrr.Tov. Jésus est ce lils ; le l’ère est l’homme qui plante la

vigne, le fils sera mis à mort : c’est la passion prédite. (Et ce détail milite en faveur de l’authenticité de La p rabole : cf. F. C. Burkitt, The parable o the wicked

husbandmen, dans Transactions of the third international congress og the history of religions, Oxford, 1908, t. ii, p. 321 sq. ; Van Combrughe, T>c sotcriologiæ christianæ primis foniibus, Louvain, 1905, p. 32-42). Sur la signification de i^-y-r-ôz. cf. col. 1 184, Le mot xXi)pov6(x, o< ;, héritier, n’a pas besoin d’explication : le lils est l’héritier naturel de son père. Jésus est l’héritier naturel du Père : nous sommes, en lui et par lui, des co-héritiers. et à ce titre seulement, des héritiers. Cf. Rom., viii, 17.

Il nous faut, enfui, insister sur un texte commun à Matthieu, xi, 2 ; >-27 et à Luc, x, 21-22 et qui. par les lumières qu’il projette sur les relations intimes du Père et du Fils, est tout à fait digne de la théologie johannique Saint Luc marque expressément que ces paroles de Jésus ont été prononcées sous l’influence de l’Esprit Saint : Jésus dit : Mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, je vous rends gloire de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents et que vous les avez révélées aux petits. Oui. mon Père, parce qu’il vous a plu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et nul ne connaît le l’ère, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. » Sur l’authenticité de ce texte, attaquée’, dans son ensemble, par A. Loisy, dans un détail par Ilarnack. dans l’originalité de s.i forme, par Ed. Norden, on consultera J. Lebreton, Les Origines du dogme de la Trinité. l l édit., note D, ]i. 545-552 ; H. Schumacher, Die Selbsloffenbarung Jesu bei Mat.. XI, -27 (Luc, . 22), Fribourg-en-Brisgau, 1912 et L. Kopler. Die « johanneische » Stelle bei den Synoplikern, série d’articles dans la Theol.-praktische Quarlalschrift de Linz, 1913-1914. Dans ce texte, le Lils, c’est Jésus-Christ ; mais c’est la libation divine qui est mise uniquement en relief. Cette filiation divine est un mystère inconnu des hommes, connu du Père et du Fils seuls et de ceux à qui il plaît au Fils <r révéler. On ne trouve pas dans saint Jean de texte plus profond et plus Significatif. - Quelques paroles du Seigneur, rappelées ci-dessus pouvaient faire pressentir aux Juifs la préexistence du lils de l’homme près de son Père ; d’autres, plus explicites, le taisaient apparaître dans cette gloire céleste, a la fin des temps : ici. dans la simplicité transparente de cette sentence, c’est l’éternité tout entière qui se révèle et le mystère de la vie divine, où le Père et le 1 ils. insondable à toute créature, se pénètrent totalement l’un l’autre. A cette lumière. 1 Évangile tout entier s’éclaire :

d mires fois le Christ sitait présents lui même, i

mois couverts, comme le terme vers lequel tout Israël tendait : « Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vii, » Mal th., xiii, 17 : dans cet te circonstance même, il vient de montrer à ses disciples comment la loi et les prophètes n’étaient que la préparation du ministère de Jean-Baptiste, et Jean lui-même, moindre que le plus petit dans le royaume des deux. Matth., xi. 11-15. On comprend désormais ce qui fail la grandeur incomparable de cet ordre nouveau ; c’est que le mystère de Dieu, jusqu’ici inaccessible, est révélé, et par celui-là qui seul pouvait nous y introduire, par le Fils ; c’est ce que saint Jean redira au début de son évangile : Personne n’a jamais vu Dieu ; le Lils unique, qui est dans le Sein du l’ère. celui-là nous l’a fait connaître. » i, 18. Cette parole suffirait, à elle seule, à déterminer le dogme chrétien, à faire reconnaître dans le Lils de I lieu non point un être intermédiaire, tel que ceux qu’avait conçus l’hilon, mais le Lils égal et coiisubstantiel à son Père. Saint Paul et saint Jean compléteront par d’autres traits cette révélation du Christ ;