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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TITRE DE « FILS DE L’IIOMMI

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Matth., ix. 6 ; Luc, v, 24, et à propos du sabbat.

Marc. il. 28 ; cf. Matth.. xii. S ; Luc, vi. 5. puis, plus tard, dans une conversation avec un scribe, Matth. vin. 20 ; Luc, ix, 58, et encore, disputant avec les pharisiens à propos du péché contre le Saint-Esprit et du péché contre le Fils de l’homme. Matth., xii, 32 ; Luc. xii, 10 ; cf. Marc. m. 28-29, et encore, instruisant ses disciples. Matth., xiii. 37. -11 : Luc. vi. 22 ; cf. Matth.. v. Il (moi, au lieu de : Fils de l’homme). Tous ces interlocuteurs étaient capables d’entendre le sens de l’expression : Fils de l’homme, bien que ce sens ne soit pas encore aussi plein et aussi ferme qu’il le sera plus tard. Uhe fois seulement, dans les textes qui appartiennent sûrement à la première période de la I rédication de Jésus, le Sauveur parle à la foule du Fils de [’homme, Matth., xi. 18-19 ; Luc, vii, 33-34, mais c’est à la foule déjà instruite par Jean, dont le nom sur les lèvres de Jésus, appelle nécessairement le nom du Messie D’autres textes. Matth., xii. 40. (f. Luc, xi, 30 ; Luc, xii, 8 et Matth., x, 32, n’appartiennent pas certainement à cette époque. C’est a Césarée de Philippe que le Fils de l’homme commence à paraître en pleine clarté : i Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme’, demande Jésus à ses disciples. Depuis longtemps, Jésus est avec eux ; il a multiplié devant eux ses enseignements et ses miracles ; ils ont été témoins des enthousiasmes et des hésitations de la foule, non moins que de l’opposition acharnée des pharisiens. Les disciples ont assez de lumière pour prendre parti ; ils doivent le faire. Aussi, après avoir rappelé les différentes opinions du peuple touchant la personnalité de Jésus, Simon Pierre, répondant au nom des apôtres, confesse que Jésus < est le Christ », Marc, viii, 29 ; t le Christ de Dieu ►, Luc. ix. 20 ; < le Christ, le Fïls du Dieu vivant. » Matth., xvi, 16. Quelle que soit la portée exacte de la confession de Pierre, cf. plus loin, col. 1200. un sens général se dégage manifestement : Pierre reconnaît, au nom des apôtres, le caractère de Messie en Jésus. (Test l’affirmation qu’ont retenue Marc et Luc, et que Jésus, dans Matthieu, souligne en recommandant i aux disciples de ne djre à personne qu’il est le Christ. » Or, le Christ ici, c’est le Fils de l’homme, expressément désigné par Jésus dans la question posée, Matthieu, xvi, 13, ou dans les prédictions qui suivent, Marc. vin. 31 : Luc. ix, 22, et c’est par conséquent Jésus, qui, devant les Juifs, s’était approprié la désignation : Fils del’hoinme. sans en préciser encore le sens. Le sens messianique de cette appellation une lois précisée devant les apôtres, Jésus s’empresse d’ajouter à cette première détermination les prédictions de ce que le i Fils de l’homme > devra souffrir : Il commença en même temps à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrit beaucoup ; qu’il fût rejeté par les anciens, les princes des prêtres et les scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’après trois jours il ressuscitât. l’A il en parlait ouvertement. Marc, viii. 31-32. 1 tes lors, Jésus, en parlant du Fils de l’homme attache a cette appellation la signification de Messie souillant, mis à mort et ressuscitant, ou encore la signification de Messie céleste, revenant juger les hommes au Jour de sa parousie. Première signification : Matth., xvii, 12 et Luc, ix. 12 ; Matth., xvii, 21-22. Marc. ix. 3 Ici LUC, ix. Il : Matth.. xx. 18-19, Marc.. 33 et I.uc. wni, 31 ; Matth., xx, 28, Marc.. 15 et I.uc. xxii, 27 ; Matth., XXVI, 2, Marc, xi. 1 et I.uc. xii. 22 : Matth., xwi, 45 et Marc. i. Il : LUC, xxii. 18 ; Luc, xxiv, 7. Deuxième signification, Matth.. wi. 27-28 et Marc, viii, 38 ; Matth.. xvii, 9 et Marc.ix. X ; Matth.. xix, 28 et I.uc. xx in. 29 ; Matth.. xxiv. 27 et Luc, xvii. 21 : Matth.. xi. 30, Marc xiii. 26 et Luc, XXI, 27 et 30 ; Matth.. XXTV, 37-39 et I.uc, XVH, 26 30 J I.uc. n ni. 8 ; Matth.. xxi. 1 I et I.uc. xii. 10 J Matth.,

xxv, 31 ; Matth., xxvi, 63-64, Marc, xiv, 02 et Luc. xxii, 09. Il n’existe qu’un ou deux textes ne rappelant pas les souvenirs de souffrance ou de gloire du « Fils de l’homme : I.uc. xvii, 22 : xix. lu. En réalité les deux aspects des destinées du Fïls de l’homme se complétaient, non seulement parce que ces destinées appartenaient a la même personnalité, celle de Jésuv mais encore parce qu’ « il fallait que le Christ souffrit et entrât ainsi dans sa gloire. » Le Messie céleste, juge de l’univers, est préparé par le Messie souffrant. Luc. xxiv, 26, 16.

Ce développement progressif de la révélation du Fils de l’homme nous permet de mieux comprendre pourquoi Jésus a choisi cette expression pour se désigner lui-même. « Employée une fois ou deux pour représenter le Messie, cette formule pouvait évoquer dans l’esprit des Juifs le souvenir des anciennes prophéties. Ces réminiscences d’ailleurs étaient très faibles et sans doute à demi effacées pur l’usage populaire, qui tendait à faire de l’expression i le Fil l’homme » un simple équivalent de « l’homme » ; elle se prêtait donc à la révélation si discrète, si lentement progressive, que Jésus voulait faire de sa nature et de son rôle. Remarquons enfin qu’elle n’éveillait pas, comme le titre de i Fils de David. les aspirations nationales à l’indépendance et à la domination politique : elle détachait le messianisme du cadre étroit du judaïsme et lui assurait une portée largement, universellement humaine, telle qu’il l’avait chez Daniel. Elle pouvait aussi éveiller dans l’esprit le souvenir d’autres textes bibliques qui, sans avoir un rapport direct au Messie, décrivaient l’humilité et la grandeur de l’homme, du lils de l’homme, par exemple ce Psaume vu que Jésus lui-même aime à citer : « Seigneur, qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? et le fils de l’homme, pour que tu le visites’» On peut donc conclure avec Sanday, dans le Diclionary <>f llw Bible de Hastings, t. u. p. 623 : « Ce titre, d’une signification étendue et profonde, éveillait d’un côté l’attente messianique et eschatologique à cause de l’emploi qui en avait été fait dans certains milieux juifs (le Livre d’Hcnoch). A l’autre extrémité. il s’appuyait largement sur un sens infini de fraternité avec l’humanité travaillante et souffrante, et nul ne pouvait mieux revendiquer ce sentiment que celui qui avait si pleinement accepté ces conditions de vie. Comme Fils de Dieu, Jésus regardait en haut, vers son Père : comme Fils de l’homme, il regardait autour de lui. vers ses frères, les brebis qui n’avaient pas de pasteur. » J. Lebreton, op. cit., p. 284-285.

La signification de i Fils de l’homme » ne rejoint-elle pas par quelque CÔté celle dee Fils de Dieu » ? Appliquées au même sujet, Jésus, elles peuvent ih. revêtues des mêmes attributs. Ft. de fait, parfois, ï côté des perspectives de la passion et de la parou sic. l’expression < Fils de l’homme » laisse entrevoir OU révèle expressément la préexistence du Fils de l’homme au ciel. Saint Jean marque nettement cette préexistence qui se confond avec la préexistence éternelle du Verbe. Joa., m. 13 ; VI, ."’2. Plus obscurément elle se t rouve affirmée chez les synopt iques en quelques

textes discrètement révélateurs c’esl lorsqu’ils

affirment que le Fils de l’homme « est venu » servir, donner sa vie, chercher et sauver, appeler les pé (heurs, etc. Matth., xx, 28 (9jX9e) ; I.uc. xix. 10 id. M ; nc, n. 17 J)X80v ; cf. Matth.. ix. 13 îjXOov et Luc, . 32 zt.i) : My. De même, dans I.uc.iv. 13, Jésus dit qu’il ta été envoyé », à7reo"ràXT)v (comparer le passage parallèle dans Marc. ï, 38, ou Jésus dit seulement : i.le suis sorti », âÇsX^XuOa) expression qui nous fait songer a celles employées par saint Jean, XVI, 27. 28. La « mission dont parle Jésus, ne peut se rapporter qu’à sa mission divine : il est plus probable que Jésus