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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DU PRÉCI RSEUR

Parallellexte, dans Texte und Untersuchungen, t. x, rase. 2, p. 24 ; J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris. 1919, p. 308-309. Le contexte ensuite :

les récits antérieurs de.Matthieu et de Luc nous ont montré Jésus comme conçu du Saint-Esprit, et saint Mare, dans sa première ligne, résume tout son évangile en ees mots expressifs : « Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu, D’ailleurs la même voix divine se fera entendre, deux l’ois encore : à la transfiguration, Matth., xvii, 5 ; Marc., ix, 6 ; Lue.. i. 35 ; cf. Il Pet., i. 17. et quelques jours avant la passion, Joa., xii, 28-30. A la transfiguration la filiation divine est encore nettement et directement révélée. Et quand, dans saint Jean, malgré son trouble, le Sauveur demande a Dieu : « Mon Père, glorifiez votre nom. une voix divine, sanctionnant implicitement cette appellation de Père », répond : i Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

3 Les témoignages postérieurs un baplêm de Jésus.

— 1. Témoignages en fureur du Messie, rendus à la délégation du sanhédrin (Joa.. i, 19-28). — Saint Jean complète ici visiblement les synoptiques. La renommée de Jean-Baptiste croissant toujours, une députation de prêtres et de lévites lui est envoyée, pour porter un jugement sur l’œuvre, la prédication et le baptême de Jean. Successivement le précurseur affirme qu’il n’est ni le Messie, ni Élie en personne, ni le prophète prédit par Moïse. Sur l’attente d’Élie et du prophète, voir ei-dessus, col. 1126 sq.. Jean est simplement « la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur. » r. 23. Il annonce simplement le Messie transcendant et dans sa personne et dans son baptême.. 26-27. — 2. Le Messie es ! Jésus, Fils de Dieu. Entouré de quelques-uns de ses disciples, Jean vit, le jour suivant, Jésus venant à lui et il rend aussitôt, saisi d’une intense émotion, hommage à sa mission messianique et à sa filiation divine : ci, dit-il, l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde. C’est celui de qui j’ai dit : après moi vient un homme qui a été fait avant moi, parce qu’il était avant moi : et moi je ne le connaissais pas ; mais c’est pour qu’il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptisant dans l’eau… lit moi je ne le connaisas : mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est celui qui baptise dans l’Esprit-Saint. Et j’ai vii, et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu, i Joa., i, 29-31, 33-34. Témoignage précieux entre tous ! Ne nous atteste-t-il pas la mission rédemptrice de Jésus, vainqueur du péché, et symbolisé par l’agneau pascal, qui, jadis, avait sauvé de la mort les premiers-nés des Hébreux ? Ex., xii, 3-18 ; . un, 7 : 1 Cor., v. 7 ; Joa., xix, 31. N’affirme-t-iî pas la préexistence éternelle du Messie, et par conséquent, sa divinité, connue du précurseur par une révélation spéciale ? Aussi, l’expression i Fils de Dieu i appliquée par Jean a Jésus doit elle être entendue dans son sens le plus strict. Ici encore le texte semble l’exiger, non moins que le contexte. Le témoignage de Jean, en effet, nous est conservé par l’auteur du quatrième évangile, qui, dans le prologue, vient précisément d’insister sur la préexistence éternelle et la divinité du Verbe : nul doute que le témoignage de Jean ne soit rapporté pour corroborer les affirmations du prologue. — 3. Dernier témoignage de Jean sur la messianité et la filiation divine de Jésus. — Jésus avait déjà commencé sa vie publique, et ses disciples conféraient déjà un baptême, analogue a celui de Jean, symbole de la conversion nécessaire pour entrer dans le royaume des cieux. Voir Baptême, t. if, col. 169, et Jean-Baptise (Baptême de) ci-dessus, col. 646 sq.’n sa renommée commençait a éclipser celle de Jean. Les disciples de ce dernier l’ayant fait remarquer a leur nier, de 7 moi. r : TiioL

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maître, ce fut, pour le précurseur, l’occasion d’un

nouveau et splendide témoignage rendu au Christ. Ce témoignage se compose de deux parties, la première

attestant la supériorité du Christ, dont Jean n’est que le précurseur, et qui doit croître, alors que le rôle de Jean est de diminuer et de disparaître ; la seconde. s’élevant à des hauteurs incomparables et à laquelle il convient de s’arrêter plus longtemps : « Celui qui vient d’en haut. dit Jean, est au-dessus de tous. Celui qui vient de la terre est de la terre et parle de la terre. Ainsi celui qui vient du eiel est au-dessus de tous.. Et il témoigne de ce qu’il a vu et entendu… Celui qui a reçu son témoignage a attesté que Dieu est véridique car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que ce n’est pas avec mesure que Dieu [lui donne l’Esprit. Le Père aime le Fils et il a tout remis entre ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie étemelle ; celui qui ne croit pas <iu Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » Joa., iii, 3$1-$20. Toute la théologie johannique sur la divinité du Fils de Dieu incarné se retrouve en ce témoignage. Transcendance de l’Homme-Dieu, relation intime de dépendance vis ; ’t-ïs de Dieu et dans la vie divine elle-même ; plénitude de l’inhabitation de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire de la divinité : amour du l’ère pour le Fils, affirmation de la nécessite de la foi en Jésus-Christ pour l’aire son salut : tout, dans les paroles de Jean atteste la divinité du Fils de Dieu qui est Jésus.

Après de tels témoignages en faveur du Messie, Fils de Dieu, comment un doute aurait-il pu subsister dans l’esprit de Jean ? Si donc, plus tard, avant appris dans sa prison les miracles accomplis par Jésus, il envoie deux de ses disciples demander a Jésus s’il est vraiment le Messie, Matth., xi, 2-3 ; cf. Lue., vii, 19. cette question ne marque pas un doute dans l’esprit de Jean et n’infirme en rien la valeur des témoignages par lui déjà rendus touchant la divinité de Jésus, mais, telle est du moins l’exégèse classique, elle est posée dans l’intérêt des disciples, afin de leur fournir une preuve convaincante de la vraie nature de Jésus et d’affermir leur foi, ébranlée sans doute par leurs rapports avec les pharisiens. Sur les diseussions soulevées par le message de Jean, voir D. Buzv, Saint Jean-Baplistc, Paris, 1923, p. 280-306.— Conclusion. — Ainsi donc la révélation de Jésus, Messie et Fils de Dieu, est déjà faite au début du ministère public du Sauveur. Mais ce n’est pas encore une révélation publique : seules, quelques âmes privilégiées eu ont été favorisées. La révélation publique, c’est Jésus qui la fera, durant les trois années de son ministère. Il la fera progressivement, de façon à ne pas compromettre sa mission et à ne pas favoriser les conceptions erronées des Juifs, ses contemporains, touchant le royaume messianique, la personne du Messie et ses attributs.

IV. MANIFESTATION PROGRESSIVE lu : L’UOMilE ntEUDANs les synoptiques. A partirdù baptême, le problème de la messianité et de la filiation divine de Jésus se pose pour les Juifs. Jésus s’appliquera a donner la solution de ce problème selon les lois de l’économie providentielle relative à la révélation du mystère de II lomme-Dieu. Les conditions intellectuelles, sociales et politiques du peuple juif au temps de Notre-Seigneur, exigeaient, avons-nous dit, une révélation progressive de la qualité dMe sic Semblablement, el même sans tenir compte de cette circonstance, la révélation de l’origine divine ne pouvait se produire d’une façon trop directe et, peut-0 i dire, trop brutale. « La raison en est. dit M. I.epin, dans la situation même, extraordinaire, inouïe, qui était cette du Sauveur. Mettons-nous bien, en effet, dans la réalité. Représentons-nous le Verbe, vrai Fils de Dieu

et vrai Dieu, quittant le sein de sou Père céleste, p

se faire homme comme les autres hommes et. au milieu

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