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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LES FRÈRES DU SEIGNEUR

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Cette signification, assez compréhensive pour envelopper les diverses relations de proche parente en ligne collatérale, est justifiée par les emplois que la Dible fait elle-même du terme âh. que les Septante traduisent par à^îXçoç : on le trouve, en effet, désignant non seulement les frères, les demi-frères, Gen., xxxvii, 16, mais encore les neveux, lien.. m. 8 ; xiv. Il ; les cousins germains, 1 Par., xxiii. 21 : les cousins plus éloignés, I evit.. x. i : les parents en général, IV Reg., x. 13, et même île simples congénlres, tien., xix. 6. Renan a certainement exagéré en affirmant quee la signification du mot (SA est identiquement la même que celle du mot i frère ». Vie de Jcsus. 13° édit., p. 25. Cf. Lagrange, op. cit., p. 72-7 1. Bien qu’en grec, le mot àSrÀçoçait un sens plus restreint, et qui se rapproche du sens du mot français frères. cependant, dans le cas présent, parce qu’il n’est qu’une traduction du mot hébreu âh. il en emprunte forcément la signification plus étendue.

b. Bien que le terme àôîLooi. puisse être entendu de simples cousins, il pourrait cependant désigner de véritables frères : accordons aux adversaires qu’il crée une présomption en faveur île cette solution. Toutefois, pour engendrer la certitude ou même une réelle probabilité, il faudrait que cette présomption fût appuyée par des arguments positifs, et confirmée de quelque façon. La confirmation naturelle serait une mention quelconque de la paternité de saint Joseph à l’endroit des < frères du Seigneur i ou tout au moins de l’un d’entre eux. Le nombre des textes. le rappel fait du patriarche en plusieurs de ces passages, mettent les lecteurs en droit d’attendre une indication de ce genre. Or. le silence de l’Écriture est absolu. Les auteurs sacrés évitent également de donner les frères de Jésus, soit comme fils de.Marie, soit comme fils de Joseph. Ce silence ne laisse pas d’être significatif. Mais, contre la présomption créée par les ternies àèso r A, nous avons des arguments positifs.

y.) Ce sont d’abord les indications scripturaires positives sur l’origine de l’un ou l’autre des « frères du Seigneur. Certains exégètes font remarquer qu’il est probable que Jacques 6 nvLzoç est un apôtre. On le déduit avec une très grande vraisemblance soit de Marc. xv. 10 : cf. Lagrange, op. cit., p. 60, 79, 410, soit de (.al., i. 19 ; cf. Cornely, Comment, in episl. ad Corinthios alleram et ad Galalas, Paris, 1892, p. 411113 et plus spécialement Inlroduclio, t. iii, p. 593-601. Voir aussi ci-dessus, col. 274. Or Jacques le mineur est liN d’Alphée : il n’est donc pas né de Joseph. A cette conclusion rigoureuse, on ne peut qu’objecter, avec Théophylacte, la possibilité d’une union léviratique de saint Joseph avec la veuve d’Alphée. Mais cette possibilité elle-même est détruite par divers passages évangéliques. Quoi qu’il en soit, en effet, du caractère ou même de l’existence de la paternité d’Alphée a l’égard de Jacques le mineur, la mère de ce dernier nous est présentée par Matth., xxvii, 56, Marc, xv, 40, ! 7 : xvi, 1 : Luc. xxiv, 10 : elle a nom Marie, comme la mère de Jésus, el le texte sacré lui donne comme fils Jacques et José et Joseph. Si cette femme, mariée ou non d’abord a Alphée (ce dernier à identifier peut être avec Clopas)aété l’épouse de saint Joseph et lui a donné des enfants selon la chair, il faut admettre que le Juste providentiellement choisi comme chef de la sainte famille a gardé simultanément, durant de longues années, deux épouses à son foyer. Le seul moyen d’échapper a cette impasse est de nier l’identité de Jacques le Mineur et de José avec les personnages de même nom mentionnés parmi les frères du Sauveur. Mais cette identité tout la suggère : deux hommes, dans le même ordre et avec la même orthographe, dans Marc les deux fois José, dans Matthieu, les deux fois Joseph I Mal th.. xiii. 55 ; xxvii,

56), ne soni-ils pas les deux premiers nommés îles frères de Jésus’.' Un lecteur de Marc est tout naturellement porté à le croire. S’il n’y avait qu’un nom, ce pourrait être un hasard. Il n’est déjà pas si commun que les deux premiers frères aient les mêmes noms dans deux familles ; quand un auteur qui a nommé Jacques et José désigne une femme comme mère de Jacques et de José, il y a presque certitude que ce sont les mêmes personnes. » Lagrange. op. cit.. p. 76. Sur le développement de cet argument, les objections qu’on y peut faire, el les réponses possibles à ces objections, voir Ami du Clergé, LU 2, p. 293 sq. — Toute cette argumentation repose sur l’identité de Jacques l’apôtre et Jacques, frère du Seigneur. Or. cette identité n’est pas absolument prouvée, car elle cadre assez mal soit avec Joa.. vu. 1."> et Marc, m. 21. où il est dil que les i frères du Seigneur étaient incrédules à sa mission, et avec Act.. i. 1 I. dans lequel les Erères du Seigneur > font un groupe distinct de celui des apôtres. Le texte de l’épîtrc aux Galales. i, 11), peut d’ailleurs s’interpréter dans les deux hypothèses. Cf. A. Durand, Frères du Seigneur, dans le Dictionnaire A pologétique, t. ii, col. 1 17. Il ne s’ensuit pas d’ailleurs que l’hypothèse d’un premier mariage de saint Joseph reste plausible, car cette hypothèse a contre elle d’autres arguments plus positifs et plus directs.

P) Deux évangélistes ont un récit de l’enfance du Sauveur. Qu’on parcoure leur narration d’un regard attentif, en en notant les nuances : une impression très nette s’en dégage : Jésus est le seul objet de la sollicitude paternelle de Joseph comme de la tendresse maternelle de Marie, le seul enfant au foyer de Nazareth. Matth., ii, 11, 13, 14, 30, 21 ; Luc, ii, 16-19, 22, 27, 33, 39, 41, 52. L’épisode de la fuite en Egypte et celui de la recouvrance au temple sont particulièrement significatifs sous ce rapport. Si saint Joseph a eu des enfants d’un premier mariage, leur place est auprès de lui. Leur présence doit laisser quelques traces dans sa vie de famille, surtout vu leur nombre. Si Jésus, à douze ans, l’accompagne au temple, les fils issus de la première union doivent pareillement l’y suivre, d’autant que leur âge plus avancé leur en fait un devoir plus strict. Or, manifestement ni Matthieu ni Luc ne soupçonnent rien de cette première union féconde, de l’époux de Marie, et la teneur même des faits qu’ils racontent semble bien l’exclure. Ceci devient bien plus sensible si l’on rapproche des narrations canoniques les récits apocryphes. Le Protcvangile de Jacques ayant donné des fils à Joseph, les fait naturellement reparaître dans la suite de son histoire par ex. : xvii, 1, 2 ; xviii. 1. Cf. Lagrange, op. cit., p. 75. Pour échapper à la logique de cette argumentation, il faudrait supposer comme le fait d’ailleurs le Protévangile, que les fils du premier mariage de saint Joseph, a l’époque de la naissance de Jésus-Christ, étaient déjà d’un âge suffisamment avancé pour pouvoir se passer de leur père et vivre indépendants. Mais l’histoire ne s’harmonise pas avec cette échappatoire. Les données d’Eusèbe, II. / :., I. [II, c. nmi et c. xi, P. G., t. xx, col. 281-282, 248, fixant la mort de Simeon (le même que Siméon, dont parle Hégésippe, cité par Eusèbe) à l’âge de cent vingt ans. reportent la naissance île ce lils de Joseph, frère du Seigneur a

quelque treize ans avant l’ère chrétienne. Ce qui détruit la supposition de lils déjà adultes au moment

de la naissance du Sau eur.

C) Peste l’unique solution possible : ceux que le titre de frères > el de sœurs du Seigneur pourrait faire croire nés de sain ! Joseph, ne sont eu réalité que des cousins du Sauveur. C’esl la conclusion de tout ce qui précède, Quanl à déterminer le degré de parenté des frères du Seigneur, le problème devient extrê memi’iit compliqué. Plusieurs sentiments se sont fait