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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. VOLONTÉ HUMAINE Dl CHRIST

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loin. col. 1297 >q. : on ne pourra pas révoquer en doute le fait tic l’obéissance absolue du Christ, que saint Paul mettra en relie ! dans une saisissante parole de l’épître

aux Philippiens, 11. s : il s’esi fait obéissant jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la croix ; que l’auleui’de l’épître aux Hébreux soulignera par l’attribution faite à Jésus de la prière du psalmiste, Ps.. xxxix. 7-9 : Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni oblation : mais vous m’avez formé un corps ; vous n’avez agréé ni holocauste, ni sacrifices pour le péché. Alors j’ai dit : Me voici : … je viens, ô Dieu, pour accomplir votre volonté. C’est bien d’ailleurs ce que Jésus, insistant sur la distinction de sa volonté humaine d’avec la volonté divine, affirme de lui-même dans le quatrième évangile, vi. 38 : Je suis descendu du ciel, pour faire. non nui volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. La dualité des vouloirs s’affirme en une circonstance significative. C’est à Gethsémani : i Mon Père, s’écrie Jésus, en prévoyant les tourments de la passion, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi : toutefois non ma volonté, mais la vôtre… Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive. que votre volonté se fasse, i Mattb.. xxvi, 39, 12 : cf. Marc. xiv. 30 : Luc. xxii. 12. Ce commencement de lutte entre la volonté divine et la volonté humaine, lutte rapide qui se termine aussitôt par le triomphe du divin vouloir, posera même dans la théologie du Christ le grave problème de la possibilité du dissentiment, dans le vouloir humain, par rapport au divin vouloir, en un sujet où la volonté humaine était parfaitement et en toutes choses d’accord avec la volonté divine. — b) Dans la volonté de Jésus se manifeste une énergie sans pareille : sans doute, il n’apparaît pas dans les textes bibliques que Jésus ait eu à lutter contre les passions mauvaises de l’esprit ou de la chair. mais il a dû, à tout instant, contre les obstacles extérieurs, faire acte de volonté énergique ; contre le démon, aux heures de la tentation dans le désert, Matth., iv, 3-10 ; Luc, iv, 3-12 ; contre Pierre, essayant de le détourner du devoir, Matth., xvi, 20-23 ; contre frères », prétendant lui imposer un plan qui n’était pas celui de Dieu, Joa.. vii, 1, 10 ; contre ses ennemis, ses juges, ses bourreaux. Personne ne peut lui faire apporter la modification la plus légère aux desseins providentiels : i Il faut que je marche. Luc. xui. 33. — c) L’amour humain de Jésus est incomparable, et le mettre en relief dans la physionomie morale du Sauveur, c’est établir en partie sur les fondements évangéliques la dévotion au Cœur de Jésus. L’amour que professa Jésus fut d’abord pour Dieu, pour son Père céleste. C’est ce Dieu très bon qu’il faut aimer « de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit. » Matth., x.xii, 37. Cet amour se manifeste dans le nom de « Père Abba, nom très doux qu’il avait constamment sur les lèvres, au dire des évangélistes et notamment de saint Jean. On devine cet amour dans les descriptions que Jésus donne de Dieu, représenté par lui comme le meilleur et le plus miséricordieux des Pères. Cf. Matth.. v, 1.") : vi, i. 6, 18, 26-33 ; x. 29-32 ; xi. 2.") ; xviii, 10, 14, etc. Et son obéissance parfaite n’est que la manifestation extérieure de cet amour. Cet amour de Dieu se traduit aussi par une union intime de son âme a Dieu : de là ces prières fréquentes et débordantes d’amour, que mentionnent les évangélistes et spécialement saint Luc. ni, 21 : vi. 12 : ix. 18 ; xi. 1 : xxii. 11-46 ; xxiii. 34 ; cf. Marc. i. 3."> : Joa. xi, 11-12 : xvii. 1-26, etc. La confiance absolue du Fils vis à-vis de son Père se manifeste a la résurrection de Lazare, Joa., xi, 11-42 ; dans la prière sacerdotale. Joa.. xvii, 1-20 ; a (ielhsimani. Marc. xiv. 36 ; a l’heure de la mort, Luc. xxiii. 46. Le cri échappé au Christ agonisant : Eli, Eli, lamnvi sabachthani, Matth.. xxvii. Ui. pourrait un

instant nous laisser croire que la confiance filiale s’est obscurcie dans le cœur de Jésus. L’apparent désespoir de Jésuspeut s’expliquer par la substitution qu’il avait faite en expiant sur la croix, de sa personne à la personne du pécheur. Il ressentait alors, par substitution, l’effroyable abandon qui est celui du pécheur en face de Dieu que son péché a offensé : Jésus devenu péché pour nous, fait i malédiction, exécration selon l’expression de saint Paul. Cal.. m. 13, Jésus soutirait de la paît de Dieu je ne sais quoi d’effroyable qu’aucune parole humaine ne peut décrire. La pensée du petit nombre de ceux qui profiteraient de sa passion ajoutait à ce désespoir humain. Cf. C. l’ouard, La vie de X.-S. Jésus-Christ, t. u. Paris. L904, p. 388-389. On pourrait encore plus simplement diie que i Matthieu avait une raison spéciale de reproduire cette parole de Jésus. Ktanl tirée d’un psaume, elle donnait à entendre que la situation cruelle qu’il décrivait était réalisée en Jésus. Dans les deux cas, l’abandon n’est pas le rejet, encore moins la réprobation ; aussi le juste ne laisse-t-il pas d’appeler Lieu, son Dieu, ce qui donne à sa plainte l’accent de la confiance plutôt que celui du reproche. Dieu l’abandonne aux mains de.ses ennemis, par un dessein mystérieux qui aboutissait au triomphe dans le psaume, comme il aboutira dans l’évangile à la résurrection. > Lagrange, Évangile selon S. Matthieu, Paris, 1923, p. 530. La vraie difficulté est ailleurs : comment concilier, en Jésus, cet apparent désespoir avec la béatitude essentielle à sa personne divine et à sa nature humaine béatifiée ? C’est là un problème que pose, sans le résoudre, l’Évangile. — L’amour humain de Jésus fut ensuite pour les hommes : c’est la quX<xv6pcû7ua de notre Sauveur, comme dit saint Paul. Tit., iii, 4. Jésus avait rappelé que le second précepte du Décalogue : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est « semblable au premier ». Matth., xxii, 39 ; Marc, xii, 31. Aussi il en fait son précepte et se propose comme exemple : « Hoc est prseceptum meum ut diligatis invicem, sicut dilexi vos. » Joa., xv, 24. L’incarnation est bien le miracle de l’amour du Fils de Dieu pour nous. « amour… qui dépasse toute science. » Eph., vi, 18-19. Mais c’est la passion qui manifeste surtout l’amour de Jésus pour les hommes : « personne, dit Jésus lui-même, ne peut avoir une plus grande affection que de donner sa vie pour ceux cpi’il aime. » Joa., xv, 13. Et Jésus est le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Joa., x, 11 ; cꝟ. 15, 17, 18 ; Matth., x. 45, etc. Les œuvres de sa vie publique, ses miracles, en particulier, ont été la plupart du temps des actes d’amour du Sauveur envers ses concitoyens. Ses appels sont pleins de tendresse : Venez à moi. vous tous qui êtes las et trop chargés, et je vous donnerai le repos. » Matth., xi, 28. Ses recommandations en faveur de l’amour mutuel sont pressantes : « Aimez-vous les uns les autres ; soyez miséricordieux : aimez vos ennemis ; donnez et prêtez sans en rien espérer ; ne jugez pas ; pardonnez sans cesse, etc. i Cf. Matth.. v. 21-24 ; 3$1-$27 ; xviii. 23-33 ; Marc. xi. 25 ; Luc. vi, .".I. 38 ; x, 2737, etc. Jésus, compatissant pour toutes sortes de souffrances, se laissait arracher a leur vue clés gémissements, des larmes, des sanglots, Marc, vii, .’î I ; Luc. xix. Il : Joa., xi, 39 ; il eu était remué jusqu’aux entrailles. èo-’/, y.y/yLrj()r r Matth.. ix. 36 ; xix. 1 I ; xv, 32 ; xx, 34 ; Marc, i, il ; Luc. vii, 17 : x, 33. Donnant l’exemple a tous. Jésus pardonna généreusement a ses ennemis. Luc, xxiii, 34. Il convient toutefois d’insister sur deux caractères particuliers de son amour pour les hommes : sa miséricorde infinie a l’égard’/es pécheurs ; i’s amitiés sûres et fidèles. (’encontre des prescriptions pharisalques, Jésus n’hésite pas, pour

samer fini aine a fréquenter les pécheurs : on lui reproche même comme un crime cette altitude pleine