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JÉSUS-CHRIST. SA MANIFESTATION IIIMAINK

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maux lui fournil la solution des problèmes les plus graves. Matth., un, 24-30 ; 31-32. Ses paraboles surtout dévoilent à quel degré il était attentif aux détails les plus insignifiants en apparence, de la vie végétale

et animale… [Qui ] ne se rappelle pas avec sympathie le lis des champs et sa splendeur éphémère, le blé qui lève doucement, l’ivraie semée dans le champ par l’homme ennemi, le figuier verdoyant, mais stérile, la vigne qui a besoin d’être émondée pour produire plus de fruits, les oiseaux du ciel qui ne sèment ni ne moissonnent et que Dieu nourrit avec libéralité, les petits du corbeau qui reçoivent providentiellement aussi leur pâture, la poule qui cache ses poussins sous ses ailes, le chant régulier du coq à certaines heures de la nuit, les renards qui ont leur tanière tandis que le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête, la brebis qui suit son pasteur ; et aussi, dans la nature inanimée, le coucher rutilant du soleil, le vent brûlant du sud, le lac et les montagnes, et cent autres traits analogues’? En vérité, nous ne comprendrions pas complètement l’âme, l’intelligence et le caractère personnel de Jésus, si nous ne remarquions pas les impressions que la nature a produites sur lui pendant son adolescence et sa jeunesse. » Fillion, Vie de X.-S. Jésus-Christ, t. i, ]). 365-366.

4. Les faits quotidiens de la vie contribuèrent aussi â l’éducation expérimentale de Jésus. Dans la vie domestique, sociale ou politique, cette influence apparaît manifeste : i En se contentant d’ouvrir les yeux, que n’a-t-il pas appris peu à peu ? Les cérémonies de la cour royale, aussi bien que celles des noces villageoises ; les vêtements précieux qui deviennent promptement la proie des mites ; les règles du raccommodage le plus vulgaire ; l’administration des grandes propriétés ; la lampe sur le chandelier ; le sel qui préserve les aliments de la corruption ; les lois du marché (deux passereaux pour un as : cinq pour deux as) ; les relations des ouvriers et des propriétaires ; les jeux des enfants, tels qu’il les avait sans doute pratiqués lui-même ; les murs des maisons percés par les voleurs ; la nécessité de bâtir sur un terrain solide, les prières interminables des païens, les travaux du berger, du laboureur, du pêcheur… : il a tout observé. il connaît tout, il profite de tout pour en orner et en fortifier son enseignement. C’est donc en pleine exactitude qu’on peut parler de l’éducation de Jésus par les sens et par l’expérience. » Id., ibid., p. 360-307.

">. Il faut également noter l’influence de Marie et de Joseph sur l’enfant confié â leurs soins. L’Évangile nous la signale d’un mot : et erat subdilus Mis. Luc, n. 51. C’est de sa mère que Jésus apprit à balbutier les premières prières, à lire quelques psaumes et le décalogue ; c’esl elle qui raconta à son divin Fils les principaux épisodes de l’histoire des Israélites, lui parlant du l’ère céleste et de son rôle futur de Messie. Et, en agissant ainsi, la Mère du Christ savait qui il était et, chargée du devoir de l’instruire, elle n’oublia jamais de l’adorer. » C. Fouard, La vie de X.-S. Jésus-Christ, Paris, 1904, t. i, p. 107. C’est sous l’influence de ses parents que Jésus-Christ acquit le développement relatif â l’étude du langage courant, l’araméen, et sans doute aussi du langage liturgique, l’hébreu. Il put aussi apprendre le grec, couramment parlé en Galilée, langue dans laquelle deux de ses i frères », Jacques le Mineur et Jude devaient écrire leurs épîtres. vraisemblablement en grec que Jésus s’entretint avec le centurion romain. Matth., viii, 5-13 ; avec les Hellènes i dont parle Jean, xii, 21. avec Pilate et d’autres encore.

C’est encore un progrès dans la science expérimentale qui s’affirme dans l’apprentissage de Jésus comme charpentier. Il est le lils du charpentier, Matth., xiii, 55, ou encore, plus simplement, « le char pentier, i Mare., m. 3. Saint Justin nous le montre fabriquant des charrues et des jougs. Dialog., n. 88, P. G., t. vi, col. 088. Aux yeux îles Juifs contempo-i rains du Sauveur, le travail manuel était d’ailleurs en haute estime, et de nombreux rabbins pratiquaient toutes sorles de métiers. Matth.. îv. 18-29 : xx. 1-11, Luc, xxiu. 33 ; Marc, ii, 21 ; VI, 3 ; ix. 3 ; Joa., XIX, 29 ; xxi, 3-4 ; Ad., xviii, 3, relatent différentes professions ; cf. Schwalm, La vie privée du peuple juif, Paris, 1910, p. 206-221 ; 242-246 ; 303-304, etc. Le Talmud surtout nous tait connaître la vie du peuple juif â ce point de vue, nous rappelant les pressantes exhortations des docteurs de la Loi en laveur du travail manuel. Cf. F. Delitzsch, Handwerkerleben zur Zcit Christi. ein Beitrag zur neutestamentlichen Zeitesgeschichte, Leipzig, 1868 ; L.-Cl. Fillion, Essuis d’exégèse, Paris, 1884, p. 239-200. Rien d’étonnant donc, que Jésus ait travaillé, simple et laborieux artisan, subvenant, par son labeur quotidien, aux besoins de sa mère et aux siens propres, après la mort de saint Joseph.

6. Dans un autre ordre de choses, il ne semble pas qu’à l’exemple îles jeunes Israélites, qui se proposaient d’embrasser la carrière alors si glorieuse de docteur de la Loi, Jésus-Christ, après quelques leçons reçues peut-être dans l’humble école (attenante à lasynagogue de la bourgade), ait suivi pendant plusieurs années les cours des académies rabbiniques de Jérusalemou d’autres villes de Palestine. Saul avait reçu cette éducation, Act., xxii, 3. Mais de Jésus, on savait pertinemment à Jérusalem qu’il n’avait pas fréquenté les écoles supérieures, Joa., vii, 15 ; et à Nazareth, où s’écoula toute la jeunesse du Sauveur, on ne comprenait pas, lorsqu’il sortit de son obscurité, d’où lui venait une sagesse si extraordinaire. Matth., xiii, 54 ; Marc, vi, 2-3. Si Jésus reçoit plus tard les titres de rabbi ou de rubboni, .Matth., xxvi, 25, 49 ; Marc, ix, 4 ; x, 51 ; xi, 21 ; xiv, 45 ; Joa., iii, 2 ; iv, 31 ; ix, 2 ; xi, 8 ; xx. 10. c’est uniquement à cause de sa science étonnante des Écritures et de la Loi. Si Jésus devait à une influence humaine quelque progrès intellectuel de ce chef, ce serait bien plutôt à ses fréquentations assidues aux pieux exercices des synagogues, aux jours de sabbat et de fête, Matth.. iv, 23 ; ix, 35 ; xii.ll ; xiii, 54 ; et à ses lectures de la Bible, le livre éducateur par excellence. Les formules qu’il emploiera pour introduire ses citations : « N’avez-vous pas lu ?… Comment est-il écrit’?… Comment lis-tu ?… » Matth., xii, 3. 5 ; xix, 4 ; xxi, 16, 42 ; xxii, 31 ; Marc, ii, 25 ; xii, lu. 26 ; Luc, vi, 3 ; x, 20, prouvent à elles seules à quel point il connaissait la Bible. Et les emprunts qu’il fera a la Bible montrent retendue, la sûreté, la pénétration dises connaissances.

7. Pourrait-on dire que Jésus ait été redevable d’une partie de son développement moral à la tentation, à l’épreuve ? Il fut tenté, certes — les évangélisles le disent en toutes lettres, Matth., iv #, 1-11 ; Marc, i, 12-13 ; Luc, iv, 1-13, — mais sans péi Heb., iv, 15, car il n’était pas possible que le mal moral effleurât jamais de son souille celui qui est né saint >. Luc, i, 37. Ces tentations du moins et les victoires réitérées dont elles furent l’occasion, on ! contribué pour leur part a faire croître.lesus en sagesse et en grâce. I)es tentai ions, on peut dire déjà ce que l’auteur

de l’épître aux Hébreux affirme <les souffrances par rapport a l’obéissance du Christ. Certes. Jésus pi dail la vertu d’obéissance, aussi parfaite dès le premier instant de sa Vie qu’à l’heure de sa mort ; mais l’exercice de cette vertu s’esl manifesté dans l’expérience concrète des difficultés de l’existence ; cum essei F Mus Dei, didicit, aUs qum passus est, obedientiam, I leb.. v, 8,

4° Insuffisance absolue de ces explications. Et