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    1. IÉSUS-CHRIST##


IÉSUS-CHRIST. SA MANIFESTATION HUMAINE

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I. MASIFSSTATWS DO HAUVXUR JÉSUS DANS l.’llï masitê. i" Naissance ù Bethléem. Michée, v, 2, avait clairement déclaré que le Messie tutur sortirait de Bethléem. Or, Jésus-Christ est né effectivement dans cette bourgade, Matth., i, 6 ; Luc, n. l ; cf. Joa.. vu. 42 ; I Reg., . 6. Los efforts faits par le critique rationaliste pour placer la naissance de Jésus à Nazareth, ou pour révoquer en doute le fait de sa naissance à Bethléem, doivent être considérés comme n’ayant aucune portée. Pour ne citer que quelques exemples. La naissance est placée à Nazareth par Renan, Vie (populaire) de Jésus. Paris, 1871, p. 8-9 : Keim, Geschichte Jésus von Nazara, Zurich. 1867, t. î. p. 325 ; 388-394 ; Pfleiderer, Die Entstehung des Christentums, Munich. 1905, p.l97 ; H.J. IIoltznniiin.Dje Synoptiker, 3° édi t..Leipzig. 1893. p. -1$1-$21 : Guignebert, Manuel d’histoire ancienne du christianisme, p. 161. D’autres sont plus modestes et se contentent de révoquer en doute le fait de la naissance à Bethléem : Heitmûller, Die Religion in Geschichte und Gegenwart, Tubiague, 1912, t. iii, p. 365 : tNon liquett, dit Harnack, Neue Untersuchungen zur Apostelgeschichle, Leipzig, 1911, p. 105-106. Ces critiques allèguent les nombreux passages des évangiles où Notre-Seigneur est formellement appelé « Jésus de Nazareth », Matth.. xxi, 11 ; Marc., i, 24 ; x, 37 ; xiv. 67 ; xvi. 6 ; Luc, iv. 34 ; xviii. 37 : xxix, 19 ; Joa., i. 46-17 ; xviii. 5, 7 : xrx, 19 ; Act.. ii, 22 ; iii, 6 ; iv, 10 ; vi, 14 ; x, 38 ; xxii, 16 ; xxvi.9 ; « Jésus le Galilcen », Matth.. xxvi, 69, 71 ; où l’on affirme que Nazareth était sa « patrie », Matth.. xiii. 54 ; vi, 1 ; où ses disciples sont appelés « Galiléens », Marc, xiv, 70 ; Joa., vu. 52 ; cf. Act., xxiv, 5 ; et même plusieurs textes du Talmud, Jésus « de Nazareth », ha-Notseri, Sanhedr., 43 a ; 107 b ; Sota, 47 a. Mais ces expressions sont amplement justifiées par tous les liens qui attachent Jésus à la ville où se sont écoulées les années de sa vie cachée, où il < a été élevé », Luc, iv, 16 ; elles ne signifient nullement qu’il y est né. Si Jésus a désigné lui-même Nazareth comme sa « patrie », Marc, vi. 4, il n’a jamais dit qu’elle fut son lieu d’origine. La croyance populaire, faisant venir Jésus de Galilée, et tout spécialement de Nazareth, cf. Joa., vn, 40-42 ; i, 46, était fausse, tout comme celle qui faisait de Joseph, le père de Jésus, et nous n’avons pas à en tenir compte. A l’erreur prétendue de Matthieu et de Luc, on ajoute gratuitement une contradiction ; d’après le troisième évangile, « c’est Nazareth en Galilée qui est indiquée comme la résidence habituelle de Joseph et de Marie ; ce qui ne concorde pas avec la donnée du premier évangile, qui ne fait arriver Joseph et Marie a Nazareth que plusieurs années après la naissance de Jésus ». A. Réville, Jésus de Nazareth, Paris, 1897, t. i, p. 370. Cf. Scholten, Dos paulinische Evangelium, Elberfeld, 1881, p. 294-295 :.1. Weiss, Die Schriften des Xeuen Testaments, Gœttinguc, 1905, 1. 1, p. 46 ; etc. Mais saint Matthieu n’a jamais dit qu’avant Noël, la demeure habituelle de Joseph et de Marie fut Bethléem. Luc ne fait que compléter les données incomplètes de Matthieu. Donc, la naissance de Jésus à Bethléem n’est pas « un produit de la réflexion dogmatique », comme l’écrit Th. Keim, op. cit., p. 392 ; une « invention de la dogmatique messianique », comme le dit Heitmûller, .Irsus. 191 3 ; et comme le pensent de nombreux rationalistes. Volkmar, Jésus Nuzarenus, Zurich, 1882, p. 4 1 - 12 ; I L J.l loi tzmann, Die Synoptiker, p.52 ; K.Clemen, Dergeschichlliche Jésus, Giessen, 1911, p. 59-60. C’est par crainte du surnaturel que de telles affirmations sont avancées : on veut ne pas voir dans la naissance a Bethléem une réalisation de la prophétie de Michée et l’on veut du coup ruiner la véracité des chapitres évangéliques relatifs a l’enfance de Jésus-Christ. Cf. O. i loltzmaim, Leben Jesu, Tubingue, 1901, p. 68, Mais rien ne saurait prévaloir contre l’affir mation dos deux consciencieux historiens de.lésus, affirmai ion corroborée par le fait que l’empereur Adrien profana, eu 132, à Jérusalem, les s, tes traditionnels du crucifiement et de la passion, à Bethléem. l’emplacement de la naissance du Sauveur. Cf. Franz Delitzsch, M essianische Weissagungen, 2e édit., 1889, p. 129. Sur l’année exacte et le jour de la naissance du Christ, problème purement historique, qui n’intéresse la théologie ni directement, ni indirectement, on consultera E, Mangenot, art. Chronologie biblique, ix. dans le Dictionnaire de la Bible de M. VigOUTOUX, t. ii, col. 731-736. Sur le recensement de Quirinlus, qui esl l’occasion de tant de discussions, on se reportera à Lagrange, Où en est lu question du recensement de Quirinius, dans la Renie biblique. 1911, p. 60-34 et a L.-Cl.l’illion, Vie de N.-S. Jésus-Chris !, t. i, appendice xv.

2° L’origine dauidique du Sauveur est une question que le théologien ne peut négliger, car elle touche à la réalisation des prophéties messianiques les plus anciennes ; cf. Gen., xii, 3 ; xxii, IX ; xxvi, 1 ; xxviii, 11 : xi.ix, cS-12 ; I Par., xvii, 11-13 ; xxii, 10 ; xxviii, 6 ; Ps., lxxxviii. 21, 27, etc. « Il est impossible, écrit Renan, … de rechercher quel sang coulait dans les veines de Jésus. » Vie (populaire) de Jésus, p. 10. Quelques auteurs ont affirmé que le Sauveur appartenait non à la race juive, comme l’accepte encore A. Réville, Jésus de Nazareth, t. i, p. 417, mais soit à la race aryenne ou indo-germanique, S. Chamberlain, Grundlagen des neunzehnten Iahrhunderts, t. i, p. 210220 ; et Eric Haupt. dans Open Court, avril 1909 ; soit à la grande famille babylonienne, Fried. Delitzsch, Babel und Bibel. Leipzig, 1905, p. 11. Sans aller aussi loin, la plupart des rationalistes contemporains affirment que certainement Jésus n’est pas de race davidique ; la croyance de l’Église sur ce point remonte sans doute à la plus haute antiquité, puisqu’elle est constatée par saint Marc et par saint Paul ; et cependant cette croyance est erronée, Jésus ayant témoigné lui-même qu’ « il ne se considérait pas comme de la race de David », Matth., xxii, 41-45 ; cf. Marc, xii, 35-37 ; Luc, xx, 41-44. Ainsi parlent en substance Loisy, Les Évangiles synoptiques, Cefïonds, 1907, 1. 1, p. 329-330 ; A. Réville, Jésus de Nazareth, p. 381-382 ; J. Weiss, Die Schriften des N. T., loc. cit., O. Holtzmann, Leben Jesu, p. 164 ; V.Bousset, Jésus, Tubingue, 1904, p. 88 ; H. J. Holtzmann, Die Synoptiker, p. 3840 ; etc. Mais la croyance des contemporains de Jésus n’étaitpas erronée et Jésus ne l’a point déclarée fausse dans l’épisode qu’on cite avec tant de complaisance. Toutd’abord la croyance primitive de l’Eglise, Matth., i, l ; i, 6-16 ; Luc, i, 32 ; iii, 31 : Joa, vu. 12 ; Rom..i, 3 : II Tim., ii, 8, est corroborée par ce fait que les Juifs, contemporains de Jésus, ne l’auraient très certainement pas appelé « Fils de David », Matth.. i, 20 ; ix, 27 ; xv, 22 ; xx, 30, 31 ; xxi, 9, 15 ; Marc, , 17, 48 ; Luc, xviii, 38, 39, s’ils n’avaient pas été convaincus de cette filiation. Cette persuasion dont la trace se retrouve à mainte page de l’Évangile, Matth., xii, 23 ; xxii, 12 : Marc, xii, 35 ; Luc, i, 69, etc., était telle que le peuple n’aurait jamais consenti a regarder comme Messie un prétendant, quel que lût d’ailleurs son mérite, qui n’aurait pas rempli celle condition, indispensable et facile à vérifier. De plus, Jésus n’a jamais nié son origine davidique : une telle négation eût été

incompréhensible de la pari de celui qui se présentait au peuple juif en qualité de Messie. L’épisode qu’on signale n’a pas du tout la signilu ation qu’on fin prête, veut simplement affirmer que la filial ion davidique n’explique pas les relations qu’il possède avec Bien dans la partie transcendante de sa personnalité. c’est-à-dire dans la filiation divine. Ainsi l’entendent, non seulement tous les catholiques, mais bon nombre