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ISIDORE DE SIY ELLE (SA [NT

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élu par tous les grands de la nation et par les évêqueS, can. 75. Ainsi s’affirmait, en Espagne, l’action politique du clergé et l’union étroite de l’Église et de l’État.

d) Relativement à l’instruction et à r éducation du clergé. — Isidore, qui avait tant profité de son séjour dans les écoles monastiques et qui comprenait l’importance capitale de l’instruction et de l’éducation pour le cierge, avait fondé à Seville un collège pour les jeunes clercs s us la direction d’un supérieur qui fût à la fois un magisrer doctrinet et un testis vitse. C’est la que fut élevé saint lldefonse. Il eut soin en outre de faire décréter qu’un établissement semblable serait institué dans chaque diocèse, can. 2-1. Voir les canons du IV » concile de Tolède, dans Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1909, t. iii, p. 267-276.

Sa mort.

Isidore ne devait survivre que trois

ans au IVe concile de Tolède. Déjà vieux et « sentant approcher sa fin, raconte son disciple, P. L., t. lxxxi, col. 30-32, il redoubla ses aumônes avec une telle profusion que, pendant les six derniers mois de sa vie, on voyait venir chez lui de tous côtés une foule de pauvres depuis le matin jusqu’au soir. Quelques jours avant sa mort il pria deux évêques, Jean et Éparchius, de le venir voir. Il se rendit avec eux à l’église, suivi d’une grande partie de son clergé et du peuple. Quant il fut au milieu du chœur, l’un des évêques mit sur lui un cilice, l’autre de la cendre. Alors, levant les mains vers le ciel, il pria et demanda à haute voix pardon de ses péchés. Ensuite il reçut de la main de ces évêques le corps et le sang du Christ, se recommanda aux prières des assistants, remit les obligations à ses débiteurs et fit distribuer aux pauvres tout ce qui lui restait d’argent. De retour à son logis, il mourut en paix le 4 avril 636. Cf. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclés., t. xi, p. 711 : Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1900, p. 310.

Sa célébrité.

1. L’opinion des contemporains. —

Très renommé pendant sa vie, Isidore est resté l’une des gloires de l’Espagne. Déjà son ami, Braalio, évêque de Saragosse, prit soin d’insérer son nom dans le De viris illustribus d’Isidore lui-même et d’y dresser la liste de ses principaux ouvrages. Il y vante son éloquence, sa science, sa charité ; il le considère comme le plus grand érudit de son époque, comme le restaurateur des études, comme l’homme providentiellement suscite par Dieu poursauver les documents des anciens, relever l’Espagne et l’empêcher de tomber dans la rusticité. Prœnolatio librorum divi lsidori, P. L., t. lxxxi, col. 15-17.

2. Su vaste érudition.

Cet éloge enthousiaste était mérité en grande partie ; car, sans être un homme de génie. Isidore fut un grand érudit. Il connaissait une grai.de partie des œuvres de l’antiquité sacrée et profane, et il y puisa à pleines mains, transcrivant tex-tu sllement, au fur et a mesure de ses multiples lectures, tout ce qui lui paraissait digne d’être retenu, et amassant ainsi pour ses futurs travaux des extraits précieux ; qu’il n’avait plus qu’à mettre en ordre. 11 fut surtout un compilateur, comme le montre L’étendue encyclopédique de ses citai ions.

mt ainsi recueilli tout ce qui touche à l’exég se, à la théologie, a la morale, a la liturgie, a l’histoire, a la grammaire, aux sciences cosmologiques, astronomiques et physiques, Isidore se contenta, quand il eut à traiter un sujet, d’utiliser la collection de ses notes, exprimant ainsi, comme un écho fidèle, moins sa propre pensée que celle de ses devanciers. Et telle fut constamment sa méthode ainsi qu’il a eu soin a plusieurs reprises d’en prévenir loyalement ses lecteurs, P. L., t. i.x.xxii, col.’.', : lxxxiii, col. 207, 7 : J7, 964 ; si bien qu’il aurait pu écrire en tête de chacun de ses nombreux ouvrages ce qu’il a mis dans la préface de ses Quattiones in

Velus Testamentum : Leclor non noslra leget sed veterum releget P. /…t. i.xxxiii, col. 209.

3. Son fifre de docteur de l’Église.

Traduisant la pensée des contemporains, le VIIIe concile de Tolède, en 653, parle d’Isidore en ces termes : Doclor egregius, Ecclesiæ catholicie noi’issimun decus, præcedentibm « taie postremus, doctrina et comparationc non inflmus et, quod majus est, in sicculorum fine doctissimus. Mansi, Concil., t. x, col. 1215. C’est ce même titre de docteur que lui donne encore le concile de Tolède de 688. Aussi l’Église de Séville n’hésita pas à insérer dans l’office de son saint évêque l’antienne O doclor optime, et daiu la messe l’évangile propre à la fête des docteurs : Yosestis sal lerrse : office et messe qui reçurent, pour l’Espagne et les pays soumis au roi catholique, l’approbation de Grégoire XIII (1572-1585). Finalement ce titre fut reconnu pour toute l’Église, le 25 avril 1722, par Innocent XIII, Cf. Benoît XIV, De bealij. sanct., t. IV, part. II, c. xi, n. 15. Comme ses deux frères, Léandre et Fulgence, et comme sa sœur Florentine, Isidore a été inscrit au catalogue des saints ; sa fête est fixée au 4 avril. Acta sanctorum, aprilis 1. 1, p. 325-361.

II. Œuvres.- — Durant son long épiscopat, Isidore composa un grand nombre d’ouvrages, dont quelques-uns ne sont point parvenus jusqu’à nous. Braulio, en effet, après en avoir signalé 17, ajoute ces mots : sunt et alia multa opuscula. Prænolatio, P. L., t. lxxxi, col. 17. Ceux qui restent sont caractéristiques quant au genre et à la méthode du saint. Ils roulent sur les matières les plus variées ; car ainsi que l’a observé Arevalo, Isidoriana, part. I, c. i, n. 3, P. L., t. lxxxi, col. 11, il n’est pas de sujet qu’Isidore n’ait abordé : nil inlentalum reliquit. Laissant de côté tout ce qui a trait au droit canon et à la liturgie, et qui trouvera sa place dans les dictionnaires consacrés à ces deux sciences, nous nous bornerons à parcourir succinctement ses œuvres, non dans leur suite chronologique, car il n’y en a guère que quatre ou cinq que l’on puisse dater approximativement, mais dans l’ordre des matières adopté par Arevalo, le dernier et le meilleur éditeur des ouvrages de saint Isidore.

1° Elymologiæ — C’est le plus long et le principal ouvrage du saint. Isidore y travailla longtemps sans pouvoir l’achever comme il l’aurait voulu. Mais sollicité plusieurs années de suite par Braulio pour qu’il le lui envoyât complet et en ordre, il finit par céder, vers 630. Il l’expédia à son ami avec une dédicace, mais tel qu’il était encore, incmenda ! um, en lui laissant le soin de l’amender lui-même. Son titre général est celui d’Etijrnologiæ, sous lequel Isidore le désigne plusieurs fois ; mais comme il est qualifié dans la préface d’opus de origine quarumdam rerum, Margarin de la Ligne et du Breul lui ont donne aussi le titre d’Origines. Sa division actuelle en vingt livres est-elle due à Isidore ou à Braulio.’C’est ce qu’on ne saurait dire, car les niai inscrits varient et pour le nombre et pour l’ordre de ces livres.

En voici le résumé : le I er livre traite de la grammaire ; le IIe, de la rhétorique et de la dialectique ; ces deux livres sont plus développés dans les Difjerentiæ, mais dans le même esprit, selon le même plan et la même méthode ; le IIIe, de l’arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l’astronomie ; le IVe, de la médecine ; le Y", des lois et des temps : celui-ci est un résume « lu Chronicun, ou abrégé de l’histoire universelle, en six époques, depuis les origines du monde jusqu’à l’an 627 après Jésus-Christ ; le VIe, des livres et des offices de l’Église : il J est question du cycle pascal et il est plus développé dans le De officiis ; le VIIe, de Dieu, di anges i i de, différentes classes de fidèles : c’est un abréj

théologie ; le VIIIe, île l’Église et, |, s série. le IX

langues, des peuples, (tes royaumes, des ar population civile, des degrés de parenté ; le X, de : mots :

c’est un index alphabétique des plus curieux ; le X I’, de