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rÉSUS-CHRIST. LES PROPHÉTIES MESSIANIQ1 I 1120

Quant au trait particulier : « ils m’ont donné du Se] pour nourriture et dans ma soif m’ont abreuvé de vinaigre, » ꝟ. 22, les commentateurs anciens et modernes le tiennent comme représentant très bien le vin mêlé de myrrhe que l’on ofîrit au divin crucifié. Matth.. xxvii, 34 ; Marc, xv, 23. Le fait du vinaigre mélangé d’eau s’est littéralement réalisé au calvaire. Matth., xxvii, 48 ; Marc, xv, 37 :, Ioa., xix, 29.

Mais le Messie, mis à mort par ses ennemis, devra ressusciter. Dieu, en effet, n’abandonnera pas son âme dans le schéol et ne laissera pas son o saint » voir la corruption. IN., xv, 10. Le saint ici, c’est le bien-aimé de Dieu par excellence, hastd, qui ne doit point connaître la corruption du tombeau. Le nom hébreu idhat a souvent le sens de fosse, tombeau ; mais il n’a pas moins fréquemment, et c’est ici le cas. le sens de destruction, de corruption ; cf. Job., ix, 31 ; xvii, M ; xxxiii, 18, 22 ; Ps., îx, 1(5 ; xxix, 10 ; xxxv, 7 ; Lxviii, 10 ; Is., li, 14 ; Ez., xix, 1 ; xxviii, 8, etc. Cf. Lesêtre, op. cit., p. 01 ; Knabenbauer, op. cit., p. 00-07 ; P. Lagrange, Le messianisme dans les psaumes, Revue biblique, 1905, p. 192. On sait le beau commentaire qu’a lait de ce verset saint Pierre dans son discours des Actes, ii, 25-36. Enfin, la dernière partie du Ps. xxi retrace les résultats glorieux de l’humiliation et des souffrances du Messie ; c’est son règne sur l’univers entier, avec une allusion assez claire a un banquet qui procure aux hommes la vie éternelle et dépasse par conséquent les rites juifs. ꝟ. 23-32.

3. Période des prophètes.

L’ordre chronologique dans lequel se sont succédé les prophètes a souvent été discuté et remis en question. Nous n’avons pas ici à entrer dans le détail de ces discussions, ni même à exposer les raisons pour lesquelles nous nous arrêtons à l’ordre suivant : Amos, Osée, Isaïe (ie part.) et Michée, Jérémie, Sophonie, N’ahum, Habacuc, Ézéchiel, Isaïe (n « part.), Aggée, Zacharie, Malachie, Jonas, Joël, Daniel. Ici, ce n’est qu’une question d’ordre et de méthode. Nous n’avons pas, non plus, a reprendre les prophéties relatives au royaume messianique ; on doit s’attacher ici, uniquement, a relever les traits préfigurant le roi messianique, c’est-à-dire Notrc-Seigneur .Jésus-Christ.

n) Amos, prophétisant le règne messianique, ix, 10-15, sous des figures de prospérité temporelle. annonce que cette restauration se fera par le relèvement de la hutte, c’est-à-dire, de la maison de David. tombée dans un état de faiblesse extrême, 7-11 : trait bien imprécis encore sans doute, mais où se trouve marquée la race royale dont descendra le futur roi messianique. Knabenbauer, Prophète minores, Paris, 1886, p..’(32 s([. ; Reinke, Die messianischen Wcissagungen, Giessen, 1861, t. iii, p. 184-208 ; Van Hoorracker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 280 sq.

I>j Osée, en plusieurs endroits de sa prophétie, marque l’avènement futur du roi dauidique : Les enfants de Juda et les enfants d’Israël se réuniront ensemble, et ils se donneront un chef un ique, el ils déborderonl hors du territoire, i n. 2 ; « les enfants d’Israël se convertiront et ils rechercheront Jahvé leur Dieu e1 David leur roi. » iii, 5. Van Hoonacker, op. cit., p. 32 38.

i / Dans Isaïe, non seulement l’espérance messianique est plus nettement affirmée, mais la figure du Messie est déjà caractérisée. Le prophète prédit sa naissance d’une vierge et son nom Emmanuel. .

I l : cf. viii, 8, 10. Voir Emmani Et, t. iv, col. 24302440, <t Isaïe, t. viii, col. 50-02. Cf. Condamin, Le Livre d’Isolé, p. 59-73. Il lui reconnaît la dignité royale

et lui accorde des noms presque divins, ix. 6-7. Voir lsii, col. 02-64. Le Messie futur a sur son épaule la souveraineté royale, cf. xvi, 5 ; xxrv-xxvii, et il est l’admirable conseil, le Dieu (El) héros, père de l’ave nii. prince de la paix. L’éplthète El signifie tout au

moins qu’il sera pénétré d’influences toutes divines. « La réalité, dit le P. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1919, p. 123, devait remplir à la lettre ces promesses magnifiques ; mais les contemporains du prophète n’en saisissaient pas toute la grandeur. On sait la mutilation faite au texte d’Isaïe par les I.XX qui, déconcertés par les expressions d’Isaïe, n’osèrent pas en reproduire la hardiesse, et supprimèrent tous les titres accordés au Messie dans le texte original pour les remplacer par : * l’ange du grand conseil *. xaXeÎTai-ô 8vou, a aû-roù [izyâlrfi Pouàtjç (ÏYYevoç. Voir Condamin, op. cit.. p. 58. Sur la valeur en soi des expressions d’Isaïe, voir l-’n.s de Dur. t. vi, col. 2303-2304. Le roi messianique sera de la race de David, xi, 1 ; on le voit régner avec justice entouré de princes qui gouvernent avec droiture, xxxii. 1 : le but de ses efforts est d’assurer le triomphe île la justice et de la paix, xi, 3-9. Il donnera un nouvel éclat, à jamais durable, au trône de David, ix, 6. Un rapport étroit entre l’Esprit de Dieu et le Messie est explicitement affirmé et fortement accentué chez Isaïe. On lit déjà au chapitre xi, 1, 2 : « Un rameau sortira de la tige de Jessé, un rejeton poussera de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit de Jahvé, Esprit de sagesse et d’intelligence, Lsprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de Jahvé. » On retrouvera les mêmes promesses dans la deuxième partie d’Isaïe, xlii, 1 sq. Voir plus loin. Mais, particularité notable, le Messie ne doit pas recevoir seul ces dons de l’Esprit : l’époque de son avènement est prédite comme une ère d’effusion et de largesses divines : « l’Esprit d’En-haut sera répandu sur Israël, le désert sera changé en verger, et le verger en forêt ; et dans le désert le droit habitera, et la justice dans le verger. » xxxii, 15 ; cf. xliv, 1 sq.

d) Michée, après avoir rappelé le caractère universel du futur royaume messianique, les peuples devant affluer à Jérusalem pour y rendre hommage au vrai Dieu et se faire instruire de sa loi, iv, 1-3 ; cf. Is.. ii, 2-1. désigne expressément le lieu d’origine du futur roi, v, 1 : « Mais loi, Bethléem d’Ephrallia, petit quant à ton rang parmi les dans de Juda, de toi me [proviendra [un prince], qui soit souverain en Israël », et, taisant allusion a son origine davidique, il relève « ses origines de l’âge antique, des jours du lointain passé. » Ces derniers mots marquent-ils une origine divine : < dès les jours de l’éternité » ? Cf. Prov., viii, 22, 23. Voir l’n.s de Dieu, col. 2305. Puis, au verset suivant, 2, le prophète, faisant allusion à Is., vu. 13, parle du temps où celle qui doit enfanter » enfantera : prédiction qui ne peut se rapporter qu’à l’incarnation. Sur ce sens messianique, de la prophétie de Michée, admis même par les Juifs, on consultera Van Hoonacker. <-/). cit., p. 346 ; 388-392 ; La prophétie rclutnr à la naissance d’Emmcuiu-El, dans Revue biblique, 1904, p. 231 sq. ; Lagrange, La Vierge et l’Emmanuel, dans Revue bibliijiir, 1892, p. 481.

e) Jérémie, tout en renouvelant les prédictions générales relatives au royaume messianique, accorde moins d’attention au roi lui-même. Toutefois, ce prophète mentionne expressément que le roi appartient à la race davidique. xxxiii, 15-16 ; cf. xxiii, 5, qu’il pratiquera l’équité et la justice, id. ; qu’il sortira du peuple cl sera très attentif a s’approcher de Jahvé. xxx. 21. Bien plus, à cote de sa royauté éternelle sera institue un nouveau sacerdoce, mais qui ne sera plus choisi d’une manière exclusive dans la tribu de l.évi, cf. Is., lxvi, 21, dont le sacerdoce doit disparaître, iii, 16 ; xxxiii, in. Jérémie persécuté semble être le type du Christ, doux comme un agneau, qu’on conduit à la boucherie, iii, 19. Sur la prophétie que bien des commentateurs ont cru trouver dans Jercm., xxxi, 22, cl. supra, col. <S82.