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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LES PHO l’H ÉTIKS MESSIANIQUES

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Israël doit être entièrement transformé. Et, dans cotte transformation, il faut faire la part de Dieu et la part de l’homme. C’était Dieu lui-même cpii, poussé par son amour, Os., m. 8, 9, prenait pitié de son

peuple et, désireux de lui faire miséricorde, Is., xxx, 18, se mettait à sa recherche et allait au-devant de lui. Os., ii. (i ; xiv. 2. Israël, de son côté, renonçait à ses égarements, se tournant vers son Dieu ; il confessait ses erreurs passées et se décidait à mettre pour toujours sa confiance en sou créateur. Os., ii, 7 ; xiv, 3, 4. A ces conditions, Jahvé oubliait les iniquités passées, faisait trêve à sa colère. Us., xiv, 5. Il se mettait en devoir de guérir la maladie de son peuple. I<1. Bien plus, il voulait reprendre par la base l’œuvre de sa reconstitution. Os., ii, 14, 15. Elle comportait tout d’abord un travail de purification. Jahvé faisait l’aspersion d’eaux pures et lavait Israël de ses souillures : il lui donnait un cœur nouveau, entièrement docile à ses exigences. Ez., xi, 19, 20 ; xxxvi, 25, 26 ; cf. Is.. iv, 4. Il lui envoyait son esprit afin que ces merveilleuses transformations fussent accomplies d’une manière plus complète à la fois et plus durable. Is., iv, 4 ; |Ez., xxxvi, 27. Alors Dieu se plaisait à habiter au milieu des siens, à les protéger, Is., iv, 5, 6 ; à les combler de ses faveurs, à les exaucer dans leurs prières, à les consoler dans leurs tristesses, à les préserver pour l’avenir de tout retour en arrière. Is., xxx, 10-20. Dans plus d’un prophète, ces perspectives étaient développées en faveur du peuple considéré comme un tout moral (c’est ce qui arrive, en général, avec les oracles prophétiques du viiie siècle, ceux d’Osée et d’Isaïe par exemple) ; mais les prédictions de Jérémie, xxxi, 29, 30, et d’Ézéchiel, xviii, xxxjh, 1-20 (voir Ézéchiel, t. v, col. 2039-2040), prirent un caractère nettement individualiste : détaché des limites du royaume ancien, le royaume futur apparaissait déjà comme ouvert aux seules âmes sincèrement désireuses de suivre la loi divine. Le terme de tout ce travail, dans lequel se coinpénétraient l’effort de l’homme et l’action de Dieu, était en de sublimes épousailles fondées sur la justice, la grâce, la tendresse et une éternelle félicité. Os., ii, 19-20. C’était une alliance, non plus telle que l’alliance ancienne dans laquelle Dieu traitait d’une façon tout extérieure avec le peuple entier, mais une alliance tout intime de Dieu avec l’âme au dedans de laquelle il écrivait sa loi. » Jer., xxxi, 31-34 ; cf. xxxvii. 26 ; xiv. 25 ; xvi. 60, 02. Touzard, op. cit., p. 53-5."). La prophétie d’une nouvelle alliance se retrouve chez Os., n. 20 ; Zach., ix, 11 ; Malach., iii, 1. Le royaume messianique aura ainsi comme marque la catholicité, il comportera la conversion des nations païennes, Mich., iv, 1 sq.j I labac, ii, 1 1 ; Soph., ii, 11 ; iii, 9 ; Agg., ii, 7 ; Zach., n. 15 ; viii, 22-23 ; xiv, 16. Nous touchons ici de lus

près a la prédication du royaume intérieur et spirituel

telle que.lésus et ses disciples la feront entendre a

l’aube du christianisme.

Mais quel sera le monarque du royaume ? Dans les prophéties messianiques, le plus souvent Dieu est représenté comme a^issaui en souverain. Amos, i. 8-15 ; <)s., u ; xiv : is., ii, 2-1 ; iv. 2 6, eic Mais des oracles i rès caractéristiques font entrevoir, en inDieu et le royaume rutur, l’intermédiaire d’un représentant

dont le rôle sera d’extérioriser Dieu lui-même. Il C’est ici que nous aboutissons, dans le contenu des prophéties messianiques, a la figure bénie de Jésus Christ. De ee souverain futur, les prophètes se plaisent a décrire les origines, les titres, les qualités, les fouillons. C’est lui qui inaugurera l’ordre nouveau cl méritera d’être appelé le père des âges à venir. Is., i. 5. Avec lui commencera le règne de la justice et de la paix, dépeint par [sale en termes magnifiques, xi, 6-9 ; cf. ii, I.

C’est vers ce souverain que convergeront toutes les attentes de l’âge messianique. Rien d’étonnant donc que les prophètes aient entrevu et prédit les détails de cette figure majestueuse et souveraine.

Les détails relatifs à la figure de Jésus-Christ.


S’en tenir au sens général des prophéties messianiques serait demeurer en deçà de la vérité entrevue et prédite par les prophètes. On ne saurait négliger les traits particuliers dont sont émaillées les prophéties et qui, de plus en plus expressifs à mesure qu’on approche du terme de la réalisation des prédictions, marquent plus parfaitement la physionomie du sauveur futur. Conformément au plan qu’on s’est fixé plus haut, on n’a ici ni à faire la démonstration du messianisme des prophéties, ni à faire la critique des textes, mais simplement à relever, en suivant le sens littéral des prophéties, les traits caractéristiques que renferment les prédictions relatives au Messie. Ce relevé est celui que les penseurs chrétiens, Pères. théologiens, apologistes, ont cru pouvoir établir au cours des âges, quoi qu’il en soit de l’exactitude de bon nombre de ses détails. On procédera en suivant, dans ses grandes lignes, l’ordre chronologique, tel qu’il est fourni par la disposition actuelle des livres de l’Ancien Testament.

1. Période patriarcale. - — Le récit de la chute se clôt par la promesse du rédempteur, qui naîtra de la femme. Gen., iii, 15. Ce premier trait se complète par la bénédiction accordée à Sein, tien., ix, 26-27, bénédiction qui implique que le rédempteur naîtra de sa race ; par les promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob, Gen., xii, 2 ; xiir, 6 ; xv, 5 ; xvii, 4-6 ; xxvi, 4 : xxviu. 14 ; enfin, par la bénédiction toute spéciale accordée à Juda par Jacob, au cours de laquelle se trouve intercalée une première précision relative au temps où apparaîtra le Messie : « Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le prince de sa postérité jusqu’à ce que soit venu celui qui doit être envoyé ; et c’est lui qui sera l’attente des nations. » Gen., xlix, 10. On trouvera à Abraham, t. i, col. 106-111, et à Genèse, t. vi. col. 1208-1221, l’exposé critique de ces prophéties. Les oracles de Balaam, Num.. xxii, 2-xxiv, 25. à certaines indications d’ordre général (place de choix faite à Israël, xxiii, 9-10 ; triomphe d’Israël sur les nations qui lui feront la guerre, xxiv, 7-8), joignent une prédiction plus spéciale relative à « l’étoile cpii sortira de Jacob », au « sceptre qui s’élèvera d’Israël », au i dominateur qui sort de Jacob ». Il n’entre pas clans l’objet de cet article de discuter les opinions qui se sont fait jour parmi les exégètes catholiques sur le sens à accorder à la prophétie de Balaam. Le caractère messianique du quatrième oracle de Balaam, Num., xxiv, 15-19, a été admis sans contestation grave par l’exégèse traditionnelle. Le roi, le vainqueur annonce par Balaam, aussi bien pour la tradition juive de basse époque que pour la constante tradition de l’exégèse catholique, c’est le Messie. Sur le sens traditionnel de cet oracle de Balaam voir art. Balaam. dans le Dictionnaire de lu Bible, t. i, col. 1396 ; Reinke, Beilrâge : ur ErklSrung des Allen Testaments, Munster, 1855, t. iv, p. 198 sq. ; Meignan, Prophéties messianiques, 2 édit., Paris. 187.S, p. 458-598 ; F. Iliinpel, Die messianischen Prophetien in Pentateu.cn, dans Theol. Quartalschrift, Tubingue, 1860, p. 668 sq. ; von Hummelauer, Cursus Scripturse sacrée, Numeri, Paris, 1899, p. 301-303. Quelle que soit d’ailleurs la portée accordée à la prédiction messianique, il n’en résultas moins exact d’affirmer que le quatrième oracle de Balaam complète, aux yeux des commentateurs traditionnels, la prédiction de Jacob, Gen., xi.ix, 8-10.

A la période patriarcale, nous pouvons encore rapporter la prédiction faite par Moïse lui-même, législa leur et libérateur d’Israël, annonçant une autre pro-