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proptttjationcm per unirersum orbem, dédisse, meriloque in suis piis instituas confooendam esse : molli proprio et ex certa Nosiïa scientia, sociis prtedictis, ut livras canon icas, singuli et privatim, juxta usum romanæ

Ecclesia’. non autan communiter scu in choro. rceitarc ieneantur.. aucioritate apostolica de nova concedimus.

Mais si saint [gnace, ne crut pas devoir adopter pour son ordre les exercices liturgiques solennels, il tint à inspirer et à entretenir, autant qu’il dépendait de lui, l’estime et le respect de la liturgie. Quand il traça dans les Exercices îles règles pour sauvegarder et développer l’esprit catholique, il eut soin d’en consacrer une. la troisième, à la liturgie, recommandant de » louer l’assistance fréquente à la messe, ainsi que les chant s. les psaumes, les longues prières dans l’église et ailleurs ; île même encore la détermination de certains temps pour les offices divins, les prières et les heures canoniales, t C’est de cet esprit que se sont inspirés les disciples de saint Ignace. Pour mettre la méditation en relation avec la liturgie, le principal confident du saint, le P. Nadal, compose un recueil de sujets d’oraison, disposés d’après le cycle de l’année ecclésiastique, qu’il intitule : Annotaliones et medilaliones in Eoangelia. Dans les notes spirituelles laissées par le même P. Nadal. on lit : < Il faut s’associer aux dévotions de l’Église dans ses offices. Car l’Esprit se fait sentir davantage quand toute l’Église s’abandonne à cet Esprit. » Monum. hist. S. J., Epislol. P. Nadal, t. iv, p. 691. A la même époque, saint François de liorgia composait également un recueil de méditations, en tête duquel il écrivait : « Les sujets d’oraison ne sont pas laissés au choix de chacun. Le plus sûr est de prendre les sujets que l’Église romaine, épouse de Jésus-Christ, a choisis elle-même, en nous proposant des évangiles les dimanches et les jours de fêtes… Aussi ne trouvera-t-on pas ici d’autres méditations que celles-là. « Après le P. Nadal et S. François de Borgia, on ne compte plus les recueils de méditations composés par les jésuites. A très peu d’exceptions près, tous ont proposé comme sujets d’oraison, les mystères de la vie et de la passion de Notre-Seigneur. Plusieurs ont suivi l’ordre chronologique, mais un grand nombre ont tenu à suivre l’ordre liturgique. Parmi ceux qui ont été le plus souvent utilisés, je cite seulement Busée (1567-1611), dont l’Enchiridion, traduit par M. Portail, sur l’ordre de saint Vincent de Paul, devint et reste encore le manuel ordinaire des Prêtres de la Mission, Havneuve (1588-1663), Avancin (1612-1686), Médaille (1638-1709) et plus près de nous Chaignon (1791-1883). Plus encore que ces recueils de de méditations, il faut rappeler l’Année chrétienne du P. Croiset, publiée pour la première fois en neuf volumes (1712-1720), sous ce titre : < Exercices de piété pour tous les jours de l’année, contenant l’explication du Mystère, ou la Vie du saint de chaque jour, avec des réflexions sur l’cpître et une méditation sur l’Évangile de la messe, et quelques pratiques de piété propres à toutes sortes de personnes. » L’ouvrage fut immédiatement traduit dans les principales langues de l’Europe, et, après un siècle et demi quand il céda la place à l’Année lilurrjique de D. Guérangcr, il avait atteint plus de soixante éditions. C’était une assez belle contribution à la cause de la liturgie.

3° De tous les reproches adressés à la spiritualité de saint Ignace, le plus invraisemblable est bien celui d’être individualiste. N’a-t-on pas écrit, que le futur fondateur de la Compagnie de Jésus, profondément individualiste quand il arrive à Manrèse, l’y devient davantage encore : … qu’il s’efforcera avant tout de donner aux âmes qu’il emploie une formation éneTgiquement Individualiste. »

uniil s’agit du fondateur d’ordre qui a organisé la vie religieuse de la façon la plus sociale, le reproche ne peut viser que les formes de la prière.

Mais alors on ne voit pas comment saint Ignace profondément Individualiste quand llarriveà Manrèse, l’y devient davantage encore, car, pendant son séjour a Manrèse. d assiste régulièrement aux offices qui se célèbrent, et jusqu’à la fin de sa vieilgarde le goût des cérémonies liturgiques. Quand aux prières qui se font dans la Compagnie, on pourrait d’abord faire observer que tous les jours les prêtres célèbrent la sainte messe et récitent l’office divin, qui sont bien des prières publiques, laites au nom de l’Église universelle ; pour d’autres prières, pour l’oraison mentale notamment, que chaque jésuite fait, à une heure réglementaire, en son particulier, cet usage n’est que la mise en pratique du conseil de Notre-Seigneur : Cum oraveris, intra in cubiculum tuurn. et, elauso ostio, ora Patrem tuum in absconditn. Matth., vi, 6. S’il faut voir là de l’individualisme, c’est de l’individualisme évangélique.

4° Enfin on a fait un grief à la spiritualité de saint Ignace d’être novatrice, de sortir des voies de la tradition, et d’introduire dans le courant de la piété. chrétienne des exercices que les générations précédentes n’avaient pas connus.

Nous avons montré qu’en effet cette spiritualité avait exercé une réelle influence tant sur les pratiques de la piété chrétienne que sur les formes de la vie religieuse. Mais, il faut distinguer entre innovations téméraires et subversives et innovations salutaires et bienfaisantes. Quand des transformations répondent à à une aspiration générale ou à un besoin universel. quand surtout elles ont l’approbation formelle de l’Église qui les appuie de son autorité ou les favorise de ses encouragements, il est difficile de ne pas les attribuer à quelque inspiration de l’Esprit Saint. Car c’est lui qui anime et dirige constamment l’Église, c’est à lui qu’elle doit ce sens merveilleux de l’opportunité dont elle fait preuve chaque jour dans le gouvernement des âmes. Et alors c’est mal raisonner que de dédaigner des pratiques ainsi introduites dans les usages du peuple chrétien ou dans les habitudes de la vie religieuse, sous prétexte qu’elles ont été plus ou moins inconnues et inusitées pendant des siècles. La plupart de nos dévotions les plus légitimes et aujourd’hui les plus chères aux âmes chrétiennes, dans le cloître et dans le monde, ne tiendraient pas devant ce raisonnement, s’il était tant soit peu fondé. Ainsi d’ailleurs l’a-t-on généralement compris, et l’Église n’avait pas encore imposé à tous les religieux, comme elle vient de le faire dans son Codex, l’oraison mentale quotidienne et la retraite annuelle, que déjà le P. Denifle O. P. pouvait écrire, en parlant spécialement de la retraite : « C’est ainsi que les anciens jésuites ont été formés, et c’est ainsi que le sont les jésuites modernes. Tous les autres ordres leur ont pris cette méthode, sans pour cela changer un iota à leurs anciens statuts. » Luther et le luthéranisme, trad. franc., t. i, p. 308.

VII. La mystique dans la spiritualité ignatif. nne. — Pour saint Ignace, comme pour tous les maîtres de la vie spirituelle, la contemplation mystique occupe le premier rang entre les grâces d’oraison. Il en avait lui-même suffisamment l’expérience, et il avait eu l’occasion de l’admirer assez souvent dans plusieurs de ceux qui l’entouraient, pour l’apprécier à sa haute valeur et pour la souhaiter à ses disciples. Mais, au lieu de proposer cri le contemplation, comme un but a poursuivre, il n’y lait que de rares allusions. On pourrait presque dire qu’il y pense toujours mais qu’il n’en parle jamais. En réalité, il prépare constamment les âmes, plus ou moins à leur insu, a recevoir les visites de Dieu, si elles en sont favorisées. Sage réserve qui prévient bien d s illusions.

Dans son célèbre commentaire des Exercices, parlant

îles formes supérieures de la prière, le P. Gagliardi

07) écrivait : <nr celui qui s’adonne à l’oraison