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ISIDORE DE PÉLUSE (SAINT)


Christ, et il affirme la réalité de la conception du Verbe dans les entrailles d’une Vierge. EpisL, i, 141 ; iv, 17.

Dans sa polémique contre les païens, on peut savoir par ses lettres, malgré la perte des deux ouvrages qu’il composa contre eux, ce qu’il pensait de la mythologie et de la philosophie de ces détracteurs du christianisme. Il n’y a, observait-il, qu’à comparer les saints Livres avec les écrits des païens pour voir aussitôt de quel côté est la religion vraie. Episl., i, 21. Les premiers contiennent des vérités sublimes, qui inspirent le respect ; les autres sont remplis de fables et de folies, dignes de tout mépris. La mythologie renferme tellement d’impiétés et d’obscénités qu’il est impossible de justifier, aux yeux de la saine raison, le culte des dieux. Epist., ii, 92 ; iv, 194. Ce culte porte en lui des marques évidentes de fausseté, au lieu que la religion chrétienne possède les caractères de la vérité. Epist., iv, 27-30. On accuse celle-ci de nouveauté, mais elle n’est nouvelle que parce qu’elle corrige un état déjà ancien, défectueux et mauvais. Epist., ii, 46. Son établissement tient du prodige. Epist., i, 270. Et ses succès sans cesse croissants parmi les gens du peuple, les humbles et les petits, au sein même et au détriment du paganisme, montrent combien l’enseignement apostolique l’emporte en force et en efficacité. Epist., iv, 76. On a tort d’opposer la mère des dieux à Marie, car ce qui la caractérise, c’est le débordement de ses passions, tandis que Marie a conçu et enfanté sans intervention humaine et sans la moindre souillure : oûte a : ropâç yEvofiivrçç, oûte çôopôtç [xsaiTS’jaâor, ;. Epist., i, 54, col. 216.

Isidore ne condamne pas en bloc la philosophie grecque, puisqu’il permet d’en joindre l’étude à la lecture de l’Écriture, Epist., ii, 3, mais il doute qu’on en puisse tirer quelque fruit. Epist., iv, 127. Les sages grecs ne sont pas des zv£u ; j.xtixoî, comme saint Paul, s’élevant par la foi au-dessus de la raison, mais des (Jwxixoî, qui ne s’appuient que sur des raisonnements et des syllogismes. Il n’y a aucun crédit à leur accorder dès qu’ils se heurtent à quelque enseignement de la Bible.. Epist., iii, 37. Et du moment qu’ils repoussent cet enseignement, il faut les réfuter par des arguments tirés de la raison ou par l’opinion d’autres philosophes. Epist., ii, 146. C’est ainsi qu’il en agissait lui-même à plusieurs reprises, notamment au sujet de la résurrection, Epist., ii, 43, opposant Homère à Homère, Epist., ii, 228, Isocrate à Démosthène. Epist., ii, 146.

Il s’en prend surtout à leur doctrine sur le destin et la mortalité de l’âme. Il n’y a pas de destin. Epist., iii, 135. Le fatalisme accuse une fausse notion de la divinité et une négation, rationnellement insoutenable, de la Providence. Epist., iii, 154. C’est la Providence, et nullement l’influence des astres ou la fatalité, qui règle les événements. Epist., ni, 135, 154, 191. Ceux-ci n’arrivent point parce que Dieu les connaît ou les prédit, mais il les connaît et les prédit parce qu’ils doivent arriver. Epist., i, 56. Cf. sur la Providence, Epist., iv, 151 ; v, 66 ; et sur le fatalisme, Epist., iii, 26, 102, 253 ; v, 117.

Au sujet de l’âme humaine, Isidore réfute l’opinion de ceux qui en faisaient une portion de la substance divine, Epist., iv, 124, et celle d’Origène qui soutenait sa préexistence et sa chute avant son introduction dans le corps. Epist., iv, 163. Il affirme son immortalité, Epist., iii, 295 ; iv, 125, 146, et sa liberté. Epist., i, 271, 303. Dieu, dit-il, ne la contraint pas à obéir, il l’y invite seulement par respect pour sa liberté ; et c’est uniquement le bon ou le mauvais usage de cette liberté qui sauve l’homme ou qui le perd. Epist., ii, 129.

Au sujet des si crements, Isidore de Péluse a soutenu leur validité, qu’il déclare indépendante de la valeur morale de celui qu’il les confère. C’est l’enseignement qu’il donnait aux fidèles de Péluse, qui ne voulaient pas

recevoir les sacrements des mains de leur clergé. La vie déréglée des ministres de l’Église, leur écrivait-il, n’empêche en aucune manière l’effet des sacrements dans ceux qui les reçoivent. Epist., ii, 37, 52 ; iii, 34, 394. Un prêtre, même coupable, et en cela digne de châtiment, n’en reste pas moins l’ange du Seigneur, parce qu’il offre le sacrifice divin et travaille au salut des âmes. Epist., i, 349. Du baptême, Isidore signale les effets, Epist., ui, 195 ; v, 197 ; de la pénitence, il dit du prêtre qu’il a le pouvoir de lier et de délier, Epist., iii, 260, et du pécheur pardonné qu’il ne doit pas retomber dans le péché en escomptant une nouvelle erâce de pénitence. Epist., iii, 157. A propos de l’eucharistie, il affirme le dogme de la présence réelle en termes qui ne laissent aucun doute. L’Esprit Saint, dit-il, fait que le pain commun et ordinaire, qui est offert sur la table mystique, devient le propre corps dont le Fils de Dieu s’est revêtu dans son incarnation. Epist., i, 109. Le ministère des prêtres qui consacrent les dons divins sur un linge propre étendu sur l’autel, est le même que celui de Joseph d’Arimathie envers Jésus-Christ. Lorsque nous sanctifions sur ce linge le pain qui est olîert, nous trouvons indubitablement le corps de Jésus-Christ. Epist., i, 123. On donne le nom de communion à la participation des mystères, parce qu’elle nous procure l’union avec Dieu et nous rend participants de son royaume. Episl., i, 128. Comparant le mariage et la virginité, Isidore déclare celle-ci préférable, comme le ciel est préférable à la terre et l’âme au corps. Epist., iv, 192. Cependant le mariage est bon, mais meilleure est la virginité. Epist., ii, 133. Nulle part Idisore ne signale le nombre des sacrements.

On a vu plus haut comment il opposait le christianisme au paganisme. Plusieurs fois il revient sur les preuves de la vérité de la religion chrétienne. Epist., i, 266, 270 ; ii, 4, 251 ; iii, 182, 317, 345 ; iv, 76, 80, 150, et sur la nature de cette religion, hors de laquelle il ne voit pas de salut. Epist, ii, 246 ; iv, 103 ; v, 469, 569. Il voit dans l’Église une assemblée de saints, unis par la vraie foi et par la bonne vie. Epist., ii, 246. Il n’en exclut pourtant pas les pécheurs ou mauvais chrétiens, puisque tous les chrétiens, dit-il, dispersés sur toute la terre, formant le corps de Jésus-Christ. Epist., ii, 103. Il justifie le culte rendu aux reliques des martyrs par les faveurs qu’en retirent ceux qui le pratiquent. Episl., i, 55. C’est un bel acte de piété, observe-t-il, que d’orner la tombe des martyrs, mais mieux vaut encore imiter leurs vertus. Episl., i, 189. Enfin il rend témoignage au dogme de la résurrection des corps. Episl., i, 284 ; ii, 43 ;

| iii, 77 ; iv, 201 ; v, 179.

Sur la morale.

Non moins intéressantes sont les

lettres d’Isidore de Péluse sur la morale, la discipline, la vie chrétienne et les usages de son temps. Dans l’impossibilité de tout citer, nous allons nous restreindre à quelques points principaux relatifs à la vie des prêtres, des moines et des fidèles.

1. Le clergé.

C’est moins des vertus du clergé de son temps que de ses défauts que traite Isidore dans ses lettres. Il sait reconnaître et apprécier les mérites, mais il écrit plus souvent pour reprendre et blâmer que pour louer. Or, l’un des vices qu’il flétrit le plus énergiquement parmi les gens d’Église, c’est la simonie, qui fait de la collation des sacrements un commerce

i illicite et sacrilège de nature à avilir le ministère, à le rendre infructueux et à attirer sur ceux qui s’y livrent les plus grands châtiments de Dieu. Epist., i, 26, 29, 30, 106, 111, 119, 145, 148, 315. C’était notamment le fléau du clergé de J’eluse, si bien que les fidèles se refusai’ni à recevoir les sacrements de ses mains, estimant à tort que ces sacrements étaient sans valeur.

Quelques prêtres, entraînés par L’ambition, recher I chaient l’épiscopat, alléguant le mot de bain’. l J aul :

I zl t’.c hnmtomffi ôpéyeTai, xaXou tpyov èaiôujxeî.