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JÉSl [TES. LES RÉCENTES DIRECTIVES

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comme bienfait spécial, fut maintenue ; mais le pourquoi et le comment furent laissés à la libre discussion.

Quelques-uns avaient repris, dans la VIIe Congrégation générale, un projet déjà émis dans l’enquête de 1613 : « confier à des théologiens et à des philosophes de la Compagnie le soin de rédiger, pour leurs sciences respectives, des Sommes qui contiendraient sous une forme succincte et solide les opinions les plus reçues dans l’ordre, en se servant des écrits de saint Thomas et des Pères. » Les membres de la Congrégation ne jugèrent pas opportun de favoriser ce projet, décret 83 ; ils préférèrent s’en tenir, pour renseignement théologique et philosophique, aux principes posés dans le Ratio studiorum, augmenté du décret d’Aquaviva. tel qu’il avait été expliqué par le P. Mutius Vitelleschi. La VIIe Congrégation générale renforça même, ou plutôt’confirma ce décret, en déclarant, que les ordonnances des Pères généraux n’étaient pas périmées à leur mort, mais subsistaient tant qu’elles n’auraient pas été révoquées par leurs successeurs, décret 72. Par le fait même, la doctrine de la grâce soutenue au nom de l’ordre dans la controverse De auxiliis, doctrine rappelée dans le décret d’Aquaviva. restait doctrine officielle.

V. Les ordonnances de 1651 et de 1832. — 1° L’ordonnance du P. François Piccolomini, 1651. — La Compagnie de Jésus avait atteint, sous le généralat du P. Mutins Vitelleschi, son premier siècle d’existence. Les témoignages de félicitations et de louanges ne manquèrent pas à cette occasion : en revanche, des attaques multiples se produisirent contre l’Ordre, cont re son Institut, contre son enseignement et tout le reste ; attaques rappelées et discutées en détail dans les Vindiciæ Soçietatis Jesu, traité apologétique composé à Rome en 1669, sur la demande du P. général. François Piccolomini, par le P. Sforza Pallavicini, le célèbre auteur de [’Histoire du concile de Trente, alors professeur de théologie au Collège romain et, plus tard, promu au cardinalat par Alexandre VII. On voit, par les chapitres xxiv à xxviii, que les attaques continuaient contre l’enseignement théologique et philosophique, tel qu’il se donnait dans la Compagnie de Jésus.

Ces attaques ne laissaient pas les membres de l’Ordre indifférents. Plusieurs fois on parla, dans les Congre gâtions générales, de remèdes à prendre ou de moyens plus efficaces à déterminer. Toujours la réponse fut qu’on avait dans le Ratio studorium tout ce qu’il fallait ; les supérieurs n’avaient qu’à presser l’exécution. Ainsi, en ici."), dans la VIIIe Congrégation, avant de procéder à l’élection du P. Vincent Caraffa comme général, les Pères turent invités par le pape Innocent X a examiner s’il n’aurait pas lieu de renforcer les prescriptions relatives à l’obligation de suivre la doctrine de saint Thomas, comme on le voit dans une pièce intitulée : Relatio extensa quarundam actionum. Discussion faite, ils conclurent négative ment ; l’essentiel était de veiller à ce que les nôtres suivissent cette doctrine dans la mesure fixée par les Constitutions, les décrets des Congrégations précédentes et les règles des divers professeurs. Des ré ponses semblables furent données par d’autres Congrégations générales, par exemple, la IV. en 1649, décret S.’, : la Mb. en 1682, décret 28 ; la XVIIe, en 1751, décret 13. La suite de cette étude montrera quelle fut l’attitude de plusieurs autres, en particulier

la XI 1 en 1661, el la XII’. a l’occasion des accusations de témérité et (le laxisme portées contre les moralisles de la Compagnie de Jésus.

In aile plus important et plus précis doit être

Je. Dans la [Xe Congrégation, 13 décembre 1649’J’i février 1650, on s’occupa Je plaintes provenant

de plusieurs provinces contre des professeurs ; ils étaient accusés de perdre le temps dans des inutilités, de ne pas suivre dans leurs cours l’ordre indiqué par le Ratio studiorum, d’avancer des opinions nouvelles ou d’en ressusciter d’anciennes justement abandonnées, lue commission de théologiens fut chargée d’examiner l’affaire ; elle suggéra un certain nombre de mesures pratiques, dont la rédaction et la publication furent confiées au nouveau général, le P. François Piccolomini. De là vint l’ordonnance qui porte son nom : Ordinatio pro studiis superioribus, publiée en 1651. Institutum Soc. Jesu, Florence, 1892, t. iii, p. 235 ; Pachtler, Ratio studiorum, t. m. p. 77.

Ce qui attire d’abord l’attention dans ce document, c’est un long catalogue d’opinions prohibées : en tout, 96, dont 65 en philosophie, 25 en théologie, et 6 autres appartenant, sous des rapports différents, à l’une et l’autre science. D’où venaient toutes ces propositions et combien de professeurs les avaient enseignées, c’est un point qu’il serait aussi difficile qu’inutile de préciser ; ce n’était pas l’enseignement commun, tant s’en faut, et très heureusement, car on y trouve des affirmations dont on se demande comment elles ont pu venir à l’esprit de maîtres graves et sensés : par exemple, la troisième : Non répugnai potentia materialis adeo perfecta ut clevala possil videre Dcum ; la septième : Absolute loquendo, poluil Christus peccando perdere unionem hypostaticam ; et la huitième : Yerbum uniri potest diabolo. D’autres propositions témoignent de l’influence que le ; idées scientifiques du jour commençaient à exercer sur des professeurs de philosophie : par exemple, rejet implicite des changements substantiels, dans la proposition 37e : Elementa non transmutantur invicem sed unius particules in alio delilescunl incorruptse, quarum ingressus rarefactionis el condenstdionis es ! ratio ; de même abandon de l’ancienne doctrine de la connaissance sensible, dans la proposition 47e, Nulla datur in sensibus e.vternis species intentionalis, sed eius loco, ex. gr.. datur in oculo extramissio radiorum risualium.

En prohibant ces propositions, le P. Piccolomini ne prétendait pas les noter de censures proprement dites ni même porter sur elles un jugement spéculatif, chose qui dépassait, disait-il, ses attributions, id enim allioris subscllii est ; agissant comme général de la Compagnie de Jésus, il se contentait d’écarter de ses chaires un enseignement qui ne cadrait pas avec les principes fixés, ad majorent unilormitaten doctrïnse inter nos et copiosiorcm fruetum in auditoribus faciendum. Comme jadis Aquaviva. il n’admettait pas que, pour justifier leur conduite, les auteurs de ces propositions pussent alléguer qu’on les rencontrait dans des livres imprimés par des nôtres, « car beaucoup de réviseurs auraient dû se montrer plus diligents et plus sévères. »

La distinction faite par le P. Piccolomini entre une mesure d’ordre disciplinaire et un jugement d’ordre Spéculatif S’appliquait aussi, et même d’une façon particulière, a celle injonction contenue dans la proposition 25e, parmi les théologiques : In ma/cria de auxiliis servetur decrelum I’. Claudii condilum u dec. 1613, l.e successeur d’Aquaviva ne se proposait en aniline façon de mettre la doctrine de la Compagnie sur la grâce dans une autre condition que celle où le. pape Paul Y l’avait laissée ; il exigeait seulement qu’on respectât pratiquement le décret (le son prédécesseur. Ce lui dans le même sens et dans le même esprit qu’un autre général, le P. Vincent Caraffa écrivit, le 12 janvier 1664, une lettre très mile et très énergique aux provinciaux d’Espa pour blâmer la conduite de quelques professeurs qui s’étaient écartes (le 1.1 doctrine commune sur la

nature de la grâce efficace et sur la science moyenne, en