Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/493

Cette page n’a pas encore été corrigée
967
968
JÉRÔME (SAINT). L’ORIGINE DE L'ÉPISCOPAT


dotii… Calcium omnes Apostolorum successores sunt… Presbyler et episcopus aliud tetatis, aliud dignitatis est nonien. Unde et ad Tilam, et ad Timotheum de ordinatione episcopi et diaconi dicitur, Tit., i, I Tina., m ;

de presbyteris omnino reticetur, quia in episcopo et presbyler continetur… Et ut sciamus traditiones apos lolicas sumptas de Yeleri Testamento, qaod Aaron et filii ejus atque, lévites in Templo fueruni, hoc sibi episcopi, et presbyleri, et diaconi vindicent in Ecclesia.

Dans une lettre à Océanus (an. 397 ou 398), Epist., lxix, 3, t. xxii. col. 656, la même doctrine est indiquée en peu de mots. Après avoir rappelé les témoignages classiques de I Tim., v, 1, et 'lit., i, 5, Jérôme conclut : // ! ut nique epistola, sive episcopi, sive presbyleri (quamquam apud vetercs iidem episcopi et presbyleri fuerint, quia illud nomen dignitatis, hoc œlalis), jubentur monofiami in clerum eligi. Nous avons encore l’identité du prêtre et de l'évêque affirmée, vers 391 ou 392, In Agg., ii, 11. t. xxv, col. l 106. Il j est dit que saint Paul, écrivant à Timothée, détermine les qualités requises dans un évêque, et celles-ci sont brièvement énumérées. Ensuite le commentateur ajoute : Et ne hoc cas u dixisse videretur, ad Titum quoque super prèsbyteris (quos et episcopos intelligi inilt) onlinandis, eadem cautela seroatur ; puis il cite Tit., I, 5 sq.

Idées de saint Jérôme que supposent ces textes.


De ces extraits, en tenant compte de ce que Jérôme a écril ailleurs, nous pouvons, ce semble, dégager les conclusions qui suivent, comme résumant l’ensemble de ses idées sur la nature et l’origine de l'épiscopal.

1. Situation primitive.

A l’origine, apud velcres, les communautés chrétiennes étaient gouvernées par un collège de prêtres : communi presbylerorum consilio Ecclesiæ gubernabantur. Il n’y avait point de différence entre prêtres et évêques ; dans les textes apostoliques, 7tpea(3ÛTepoi et hnlay.onoi sont termes synonymes et fonctions identiques, avec cette seule nuance, que le premier indique plutôt l'âge, et le second, la charge, le rôle social. Ceci est affirmé de bien des lavons et répété avec une insistance remarquable : Idem est ergo presbyler qui et episcopus ; episcopum et presbyterum unum esse, et aliud trial is, aliud esse nomen officii ; eosdem episcopos illo tempore quos et presbyleros appellabant : indifferenter de episcopis quasi de presbyteris est locutus ; quomodo unius civilalis Ephesi presbyleros vocans, postea eosdem episcopos dixerit ; apud vetereseos dem laisse presbyteros t/uns et episcopos ; eosdem esse presbyleros quos episcopos ; ennuient esse episcopum atque presbylerum ; presbyler et episcopus, aliud œtatis, aliud dignitatis est nomen ; in episcopo et presbyler continetur : quamquam apud veteres iidem episcopi et presbyleri fuerint ; presbyteris, (/nos et episcopos inlclliyi unit Voir les références ci dessus.

Mais l’identité des Ttpc^P’JTepoi et des eni.csx.Qnoi. admise, quelle était, au sens de Jérôme, leur dignité? Avaient-ils tous le caractère episcopal ? étaient-ils, au gouvernement personnel et monarchique près, de vrais évêques ? Quelques théologiens et exégè tes l’ont cru. Cf. Dom Sanders, op. cit., p. 301. Mais une seule chose est claire : c’est que la question n’est posée nulle part, en termes formels ou approximatifs, dans les écrits de Jérôme. Peut-être même ne s’est-elle jamais formulée bien distincte dans son esprit. Si, malgré tout, on veut essayer de pénétrer le fond plus ou moins confus de sa pensée, on devra avouer qu’il reste assez. Incertain el à peu près insaisissable. D’un côté, la façon générale de parler et de raisonner semblerait indiquer une tendance à expliquer la synonymie primitive des deux vocables èîttaxoTtoç et repe -pùrepo ; en ramena ni le premier àla si gui beat ion désormais usuelle du second, et non inversement. Le changement introduit par « la coutume » ou par un i décret » quelconque, l’auteur paratl l’avoir conçu et nous le présenter avant

tout comme une élévation d’un des membres du presbytérium, un accroissement de son pouvoir. Un presbytie aurait été choisi parmi le corps des presbytres, pour i être préposé aux autres », pour être i placé en un rang supérieur », pour être seul désormais à porter le nom d'évêque et à « faire l’ordination : et certes « des évêques tels que ceux ainsi dénommés actuellement, il ne put jamais y en avoir plusieurs dans une même ville : et certe in una ciuitate plures, ut nuncupantur, episcopi esse non poterant. i Mais supposer dans les presbytres des premiers temps le caractère episcopal, qu’ils n’ont plus aujourd’hui, n’est-ce pas se représenter le changement plutôt, comme une diminution de la généralité des nztnfiù-zpoi., qui tous, à l’exception d’un seul, auraient perdu à la fois et leur participation antérieure au gouvernement et la plénitude du pouvoir sacerdotal ? D’autre part cependant la comparaison avec tics diacres qui éliraient parmi eux un archidiacre conduirait aisément à une interprétation opposée de la pensée de Jérôme, puisque l’archidiaconat n’implique aucun changement dans le pouvoir d’ordre. En résumé, il y a là un problème d’exégèse ou de psychologie personnelle qui reste ouvert.

Au surplus, le gouvernement en commua ne nous est pas donné comme le régime de toutes les Églises sans exception. Jérôme admettait, même pour cette époque, l’existence d'Églises épiscopales, c’est-à-dire soumises chacune à un pasteur unique, à un évêque. Tel est le cas notamment pour Alexandrie, pour Jérusalem, pour Rome, pour Smyrne, pour d’autres villes de l’Asie Mineure, ainsi qu’il résulte de textes très explicites : Alexandrise a Marco evangelisla presbyleri semper unum ex se eleelum episcopum nominabant, cf. plus haut, col. 966 ; Jacobus, statim ab Apostolis Hierosolymorum episcopus ordinalus, suscepit Ecclesiam. De viris, n. li, t xiii, 609. Le De viris contient encore des notices sur « Clément, quatrième évêque de Rome, mentionné par l’apôtre Paul dans ces paroles, Philip., iv, 3 : Cum Clémente et ceeleris cooperatoribus meis ; » sur Polycarpc, < disciple de l’apôtre Jean et ordonné par lui évêque de Smyrne ; » sur saint Jean, qui t écrivit son Évangile, rogalus ab Asise episcopis. » Ibid., 15, 17, 19. Toutes ces indications sont continuées par la traduction de la Chronique d’Eusèbe, où nous lisons, à l’année 33, t. xxvii, col. 573, 57 I : lùclesiæ Hierosolymorum primas episcopus, ab Apostolis ordinalus. Jacobus, /rater Dnmini ; à l’année II. col. 577. 578 : Petrus Apostolus, natione Galileeus, christianorum pontifex primas, cum primum Antiochenam ecclesiam fundasset, Itomam proficiscitur, ubi eoangelium prædicans XXV annis cjusdem urbis episcopus persévérai : à l’année 45, col.. r >79, 580 : Primas Antiochiæ episcopus ordinatur Èuodius ; à l’année 64, col. 585, 586 : Post Marcum evangelislam primas Alexandrina ecclesiæ episcopus ordinatur Annianus, qui prsefuit an nis XXII,

2. Situation nouvelle et définitive.

Le régime presbytéral, dans les Églises où il fut d’abord en vigueur, n'était pas fait pour durer. Il se transforma, en effet, prompt ement en celui qui devait se perpétuer en tous lieux et dont Jérôme relève les traits caractéristiques Désonnais il n’y aura plus, il ne pourra plus y avoir qu’un évêque par Église : Certe in una civitate plures, ut nuncupantur, episcopi esse non poterant ; ne quis conlentiose in una Ecclesia plures episcopos fuisse contendat. Tous Us évêques sont les successeurs des Apôtres, ils en tiennent la place et en remplissent la fonction : Omnes Apostolorum successores sunt ; apud nos Apostolorum lOCUm episcopi tenait. Epist., Xl.l, 3, t. xxil, col. 17li. Investi de la plénitude du sacerdoce, l'évêque a seul, comme prérogative essentielle, le pouvoir d’ordonner des prêtres pour le service des diverses communautés : Quid enim jæit, excepta ordinationc, episcopus, quod