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JÉRÔME (SAINT). L’INSPIRATION SCR IPTURA I U K


fried et H. Gelzer ont recueilli des extraits en syriaque de la seconde partie de la Chronique d’Eusèbe. et ils les ont publiés, avec une traduction latine, sous le titre de Euæbii canoniim epilomr ex Dionysii Telmaliarensis Chromât pelita, Leipzig, 1884 ; la version hiéronymienne de cette seconde partie est reproduite eu fac-similé, d’après le meilleur manuscrit, par.1. Kn. Fotheringam, dans The Bodleinn Manuscripl <>/ Jérôme’s Version o/ the Chronicle o/ Eusebius, Oxford, 1905. A noter encore : H. Gelzer, Sextus Julius Africanus und iiie bgzanlinische Chronographie, t. ii, part. 1 : Die Cltronika des Eusebios v. Kaisareia, Leipzig, 1885, p. ii : i-iu7 ; A. Schoene, Die WeUchronik des Eusebius in ihrer Bearbeitung dureli Ilieronymus, Berlin, 1900 ; sur la lettre Ln, à Népotien, Fr. Schubert, Bine allchristliche Pastoralinstruktion, dans les Weidenauer Studien, 1908, t. ii, p. 317-350 ; Schubach, Ueber die Hriefc des hl. Hieronymus als Quelle (1er (iesehichle (1er IV, und V Jahrhunderte und als erbauende Lektûre, Coblence, 18.">.">.

III. Doctrines de saint Jérôme.

Une observation

préalable s’impose. Jérôme, esprit avant tout érudit, critique et pratique, s’attachant de préférence à l’examen des textes et obéissant aux nécessités de la polémique, ne nous a laissé sur aucune question une de ces larges études méthodiques et compréhensives, dans lesquelles d’autres Pères, tels saint Augustin et saint Hilaire, se complaisaient et qu’il ont consacrées à la mise en pleine lumière de la vérité religieuse. Même dans le domaine spécial OÙ il a été et où il reste un maître incontesté, celui de la science biblique, il ne nous offre rien de semblable. Lui qui a passé sa vie à étudier les livres inspirés, à en conserver ou rétablir la lettre et le sens authentiques, à les défendre contre leurs détracteurs ou d’inintelligents admirateurs, lui qui, par sa vaste correspondance autant que par ses travaux plus considérables, en a répandu le culte et l’étude, n’a jamais songé à formuler une théorie de l’inspiration. Du moins, s’il l’a fait pour lui-même, il n’a point jugé à propos de nous communiquer sur ce sujet l’ensemble de ses Idées ; il s’est contenté d’énoncer occasionnellement et comme en détail des conclusions et des aperçus auxquels ces idées aboutissaient naturellement. C’est par ces indications occasionnelles, plus ou moins fragmentaires, que nous pouvons et devons connaître ici le fond de sa pensée.

I. L’INSPIRATION DE L’ÉCRITURE. — 1° Fait de l’inspiration. — Saint Jérôme croyait à l’inspiration des Écritures, qu’il trouvait affirmée par saint Paul, II l’im.. u, 16 ; dans tous les livres inspirés il voyait l’œuvre du Saint-Esprit, œuvre unique, parce que tout entière de même provenance. « Le lion de Judas, dit-il, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ, qui rompt les sceaux du livre, non pas, comme plusieurs le pensent, du seul psautier de David, mais de toutes les Écritures, qui, dues à un même Esprit saint, sont en conséquence tenues pour un seul livre. » In Is., t. IX, c. xxix, P. L, t. xxiv, col. 382. Homme de tradition, il admettait assurément l’inspiration au sens de tous les Pères ou écrivains ecclésiastiques qui l’avaient précédé el dont il étudiait sans cesse et connaissait admirablement la doctrine. A la suite de Justin, d’Athénagore, de Théophile d’Antioche, d’Irénée, d’I [ippolyte, il considère les hagiographes comme les instruments du Dieu inspirateur. Tous sont semblables au Psalmiste, qui nous dit de lui-même, par la bouche de son commentateur : Debeo et linguam mecun quasi slilum et calamum prte

parafe, ut per illcun in corde et uuribus autlicnlium scribut Spirilus Sanctus. Meum est quasi orqanum prwbcre linguam, illms quasi per orqanum sonore qu.r sua sunt . Epist., i.xv, P. /… t. xxii. col. <>27. C’est I)ieu qui nous enseigne dans la Bible, et l’autorité de celle ci ne se sépare ni ne se distingue de l’autorité divine. In Jer., I, II, c. ix, 12 sq., P. L., t. xxiv, col. 743. Sous la plume de Jérôme, autant et plus que sous celle de ses devan | ciers, les expressions foisonnent, qui indiquent à la fois le caractère divin des Écritures et leur divine origine, et celui-là fondé sur celle-ci. A chaque page, nous rencontrons, appliquées soit à la Bible en général, soit a tel ou tel livre en particulier, non seulement les dénominations de seriptnra saneta, libri sancti, volumina saneta, seriptnra sacra, hisloria sacra, lilterm sacrw, volumina sacra, mais celles, plus significatives encore, de seriptnra divina, scriptura Dci. seriptnra’. dominicæ, sermo Dei, sermo dioinus, sermo Domini. sermo dominicus, verbum Dei. verba divina. codiecs divini, libri divini, volumina divina, volumina divinarum litterarum, srriptur.T cœlestes, cœlestis scripturarum punis. Ces diverses appellations reviennent si fréquemment que tout renvoi de documentation paraît ici superflu. On trouvera du reste celle-ci, très complète et très détaillée dans L. Schade, Die Inspirationslehre des Iwiligen Hieranumus, Fribourg-en-B., 1910, p. 7, 8. L’autorité hors pair des livres saints est affirmée par là même qu’ils sont dénommés couramment et absolument V Écriture, xôct’lioyrrp. L’emploi de c ? nom n’est point le simple et machinal écho d’un usage établi, car le même nom est expressément posé comme l’équivalent de sermo Dei : Videos plerosque de Scripturis inter se conte ndere et athleticum scamma Dei facere sermonem. In Gal., v, 26, P. L.. t. xxvi, col. 424. Jérôme tient pour superflues toutes les épithètes laudatives ordinaires, à tel point que, quand il traduit Origène, il les supprime dans le texte ou les y introduit arbitrairement.

Une conclusion identique se dégage des éloges de tout genre qui sont décernés au recueil sacré, des exhortations sans cesse renouvelées à le connaître, à le méditer. Il est le pain spirituel de l’Église, qui est descendu du ciel et qu’il n’est point permis de déshonorer par des procédés judaïques d’interprétation. In Gal., v, 9, P. L., t. xxvi. col. 402 : In Os., xiii, 5 sq., P. L., t. xxv, col. 934 Le consulter, l’étudier, c’est faire œuvre divine et qui ne le cède en rien aux plus hautes fondions du sacerdoce. In Gal., v. 26, P. L., t. x.x vi, col. 421. Entre Dieu et l’œuvre qu’il a inspirée la relation est si intime qu’elle nous est présentée comme identification : Maxime cum eadem Scriptura. hoc est idem Deus loquatur, Epist., cxx, ad Hedib., 10, P. L., t. xxii, col. 999. Quand l’apôtre nous parle. Gal., m. 8, de Scriptura providens, ces mots se doivent entendre, non pas au sens matériel du parchemin et de l’encre, mais du Saint-Esprit, qui connaît et prédit l’avenir le plus lointain », In Gal., ni, 8, P. L., t. xxvi, col. 353. C’est ce même esprit qui, dans la Bible, nous révèle tous les mystères, comme il nous y raconte les faits historiques. In Eph., i, 9, 10, P. L., t. xxvi, col. 452, 454. Les prêtres spécialement et les moines sont obligés de chercher dans la parole de Dieu l’aliment quotidien de leur pensée et de leur cœur, ainsi qu’une direction à leur activité. On connaît la consigne donnée à Népotien de ne jamais interrompre, si possible, la lecture du divin recueil ; ainsi pourra-t-il, en puisant là le fond et la forme de sa prédication, se mettre et se montrer au courant des mystères célestes. Epist., i.ii. ad Xepotianum, 7, 8, P. /… t. xxii, col. 533, 534. C’est surtout pour faire valoir la vérité et confondre l’erreur qu’il est indispensable de recourir à cette source inspirée. Celui-là seul, comme un habile changeur, saura faire le départ du vrai et du faux, qui méditera jour et nuit les pages sacrées, In Eph., iv, 31, P. L., t. xxvi, col..">17 ; c’est par elles que Dieu parle tous les jours à ses fidèles el’est là que notre foi doit trouver des armes pour se détendre. Les hérétiques même ne s’y sont pas trompés : ils rendent, à leur manière, hommage a l’Écriture, quand ils prétendent y trouver un appui a leurs doctrines mensongères, qui sans cela