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JÉRÉMIE. L’AVENIR MESSIANNIQUE

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qui’le changement de couleur de la peau de l’éthiopien | ou des taches du léopard, mit, 23.

Alors c’est le châtiment. Si la menace de l’invasion étrangère avec tout son cortège d’horreurs, iv, et vi, provoque une légère amélioration dans la situation et favorise la réforme de Josias, ce n’est là qu’un arrêt bien passager dans la marche des vengeances divines vers leur réalisation que le prophète entrevoit comme inévitable et très prochaine, vin : u : xiii ; xv ; xvi ; xix passim. Discours et actions symboliques aboutissent à la même conclusion : la ruine totale, la ruine éternelle, xxv, 0. La déportation de 598 en inarque la première étape, mais fait surgir en même temps dans l’âme de ceux qui étaient demeurés fidèles la notion du devoir de l’expiation, source de pardon et germe des restaurations futures. Us comprennent, en effet, que c’est bien sur eux maintenant, i que retombait de tout son poids la faute nationale. Non seulement ils en sentaient l’impardonnable gravité et la responsabilité… ; mais ils avaient conscience qu’à eux incombait le rude devoir de l’expiation. Les souffrances du voyage, la mélancolie et les tristesses du séjour en terre étrangère : autant de manifestations de la justice et de la fureur de lahvé ; autant d’éléments destinés à constituer le fardeau de peine et de misère qui serait la rançon du crime séculaire. Leur devoir était de s’y soumettre sans protestation et de payer la dette des ancêtres ; leur rôle était d’accepter dans la résignation les maux du présent et ceux de l’avenir. » Touzard, loc. cil., p. 481. Kxpiation et en même temps pratique, aussi complète que possible en terre étrangère, des ordonnances divines permettraient d’envisager l’avenir sous de moins sombres couleurs.

La catastrophe pourtant ne faisait que commencer, et le prophète aura fort à faire pour mettre en garde exilés et habitants de Jérusalem contre de vaines espérances, xxvii-xxix. Lui-même n’a-t-il pas laissé prévoir la possibilité du salut, bien avant même les brillantes promesses des c. xxx-xxxiu qui sont contemporaines des premiers temps qui suivirent la ruine de Jérusalem ? Un passage particulièrement significatif a ce sujet est celui où Jérémie entrevoit le rétablissement d’Israël dont celui de Juda est inséparable, m, 19-25.

Mais c’est surtout aux chapitres xxx et xxxi que l’on voit la justice faire place à la miséricorde, les menaces aux promesses, la ruine au salut ; ce ne sera pas toutefois sans la coopération du peuple dont le repentir et les larmes feront encore mieux comprendre et la gravité de la faute et la générosité de l’amour divin, i lahvé veut entendre les gémissements d’Éphraïm repentant ; il veut entendre Éphraïm reconnaître son Dieu, confesser sa honte et sa confusion, le voir plier sous le poids du péché de sa jeunesse. C’est alors seulement… qu’il donnera libre cours aux manifestations de son amour. Car c’est l’amour qui inspire sa conduite et ses desseins de pardon… Un mouvement de conversion et il ne contiendra plus ses sentiments de tendresse. Touzard, L’âme juive…, Reuue biblique 1919, p. 20.

l.i ainsi après avoir scruté jusque dans ses moindres replis la conscience du peuple juif ef en avoir dévoilé toute la perversité, après avoir prédit les maux qui

allaient fondre sur la nation rebelle, après avoir par ses enseignements préparé les âmes, surtout dans la terre d’exil, à l’expiation pour leurs propres fautes cl celles d’autrui, le voyant d’Anathoth perçoit, par

de la lis longues années de l’épreuve, le pardon ; son

regard découvre une ère de miséricorde et de salut

pour Israël, pour Juda et pour toutes les nations.

/II. l’avenir ME881 i Jérémie, en effet,

n’est pas seulement le prophète de la mine de Jéru

salem et de la captivité ; si les anathèmes tiennent la plus grande place dans son livre, les prédictions de bonheur n’en sont pas pour autant absentes et viennent enrichir l’héritage de brillantes promesses, légué par les prophètes des siècles passés.

C’est à la fin de sa carrière, à l’heure où tout semblait perdu pour lui-même et son pays, que Jérémie est favorisé des plus belles visions d’avenir, xxxxxxiii. Ce n’est pas à dire toutefois que quelque lueur d’espérance n’ait illuminé auparavant les plus sombres prévisions, ni, 14-18 ; xxiii, 3 8 ; xxix, 19-14. Dans ces prophéties, ainsi qu’il arrive d’ordinaire, les éléments qui concernent la restauration nationale se fusionnent étroitement avec celles’dont le caractère est nettement messianique ; il est à peu près impossible de les isoler les uns des autres. » Touzard. loc. cil., p. 27.

l u La restauration du peuple de lahvé.- — Naturellement c’est le peuple de Juda et celui des dix tribus qui apparaissent au premier plan des perspectives d’avenir. Prospérité et félicité temporelles deviendront leur partage : les dispersés se rassembleront, m, 18 ; xxiii, 3 ; xxxi, 10 ; xxxii, 37 ; xxxiii, 7 ; ils reviendront, xxxi, 8, 17, dansdes demeures et des villes restaurées, xxx, 18, surtout dans les capitales de Samarie et de Jérusalem, xxxi, 4-5, 38-40. Plus nombreux que jadis, xxx, 19, ils seront dans l’abondance de toutes sortes de biens, xxxi, 12 et jouiront de la paix et de la sécurité, xxx, 10 ; xxxii, 37.

Le point de vue spirituel n’est pas absent de ces réconfortantes perspectives. C’est le repentir qui ouvrira la voie du salut, iii, 21-22 ; c’est la soumission religieuse à lahvé qui en obtiendra le pardon et l’oubli des fautes, xxxi. 34 ; xxxiii, 8 : xxx, 9. Toutefois ce qui doit caractériser l’ère de restauration, c’est la conclusion d’une alliance nouvelle, xxxii, 40, bien différente de l’ancienne, xxxi, 31-32. Et ici, l’horizon s’élargit : cette nouvelle alliance, lahvé sans doute la fera encore avec la maison d’Israël, mais surtout avec les cœurs dociles qui recevront sa loi : « Je mettrai une loi en eux. et dans leur cœur je l’écrirai, et je serai leur Dieu et eux seront mon peuple, xxxi, 33. » Désormais et pour jamais, il sera leur bienfaiteur : « Et je ferai avec eux une alliance éternelle par laquelle je ne cesserai plus de leur faire du bien, xxxii, 10. » Aussi stable que les lois de la nature elle-même cette alliance ne changera plus, xxxi, 35-36 ; tous enfin pourront acquérir de Dieu une connaissance « plus parfaite, plus universelle et plus intime (Crampon) et les grâces du salut seront offertes a tous les hommes dans des conditions Incomparablement supérieures a celles de l’ancienne loi (selon l’interprétation la plus vraisemblable de xxxi, 34. Cf. Condamin, op. cit.. p. 230-231). Tout le passage décrivant les caractéristiques de la nouvelle alliance. d’où est venu le nom même de Nouveau Testament, xouv}] SiaOrjXTr] a été reproduit intégralement par l’auteur « le l’Épître aux Hébreux. Comparer Hebr., iu, 8-12 cl.1er., xx.xi, 31-34.

Que de telles espérances débordent le cadre même de l’avenir de Juda et d’Israël, c’est ce qu’entrevoit lui-même le prophète, quand il annonce qu’en ces jours-là, on n’aura plus souci de l’arche d’alliance, m, 10 et que le temple de Jérusalem pourrait bien disparaître tout comme celui de Silo, vii, il. Ses paroles sur la pérennité du sacerdoce lévitique, xxxiii. IX n’j contredisent point ; entendues, avec tous les commentateurs catholiques, au sens spirituel, elles annoncent le sacerdoce chrétien avec son ministère cl son sacrifice, l niais on peut dire aussi que le prophète (lait éclairé par une lumière divine sur les traits essentiels du saïui messianique, et non point sur les temps, les circonstances, les détails ; pour ceci

il (’tait laisse a ses conjectures probables… Les pro-