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JEREMIE, CHRONOLOGIE


l’on fait commencer non plus à l’automne, mais à l’équinoxe du printemps selon li manière babylonienne, l’autre du calcul de la durée d’un règne, dont le nombre des aimées pourra varier selon que l’on compte OU non comme aimées complètes telle de l’avènement et celle de la mort du roi. Cf. Slcuernagel, Einleitung, p. 539 ; Condamin, op. cit., p. xviii-xxii.

Tour dater les prophéties de Jérémie, il y a d’abord les indications chronologiques fournies par le livre lui-même. Qu’elles émanent du prophète OU de son disciple Baruch, ces datations sont à retenir sauf au cas où elles seraient formellement contredites par le texte de l’oracle. Il y a ensuite les allusions historiques fournies par l’oracle lui-même ; assez souvent elles permettront, au moins d’une manière générale, la détermination des circonstances où celui-ci a été prononcé. En pareil ! i matière toutefois, il importe de ne pas oublier, surtout pour les discours du temps de Josias, que leur rédaction, la quatrième année seulement de Joakim, a pu atténuer quelques-uns des traits qui auraient permis de les dater avec le plus de certitude ; ayant, par suite du changement de circonstances, perdu de leur intérêt, ces traits, ou bien auront été laissés de côté, ou bien auront été fortement atténués. Là où manquent à la fois les données chronologiques et les allusions historiques suffisamment précises, les attributions à telle ou telle époque varieront avec les critiques ; c’est le cas ordinaire pour les plus anciennes prophéties de Jérémie. Dans certains cas enfin, il faudra savoir renoncer à toute fixation, même approximative. Il n’en reste pas moins que, pour reconstituer les différentes phases de l’œuvre du prophète et en saisir le développement, la détermination aussi exacte et complète que possible de la date des différentes parties du livre s’impose.

Au règnede Josias(638-608) appartient tout d’abord le récit de la vocation de Jérémie, daté de la treizième année du règne de ce roi. Jer., 1, 2. Au début du ministère du prophète également et sous ce même roi se placent les c. ii-iv, -1, non pas seulement à cause de la formule un peu vague de iii, G : i Iahvé me dit aux jours de roi Josias », mais encore parce que les reproches et les exhortations contenus dans ce passage sont tout à lait de circonstance dans la première partie du règne de Josias, alors que les funestes conséquences des réactions impics d’Amon et de Manassé n’ont pas ( ncore été enrayées par la réforme entreprise à la suite de la découverte du livre de la Loi (C21). On a déjà dit qu’à cette réforme aucune allusion n’est faite, non plus qu’au déclin de la puissance assyrienne. Cf. Jer., ii, 18. C’est à l’époque de cette même, réforme qu’il faut placer le passage xi, 1-8 qui soulève la question si discutée des rapports de Jérémie avec le Deutéronome ; l’authenticité et l’historicité de cette péricope sont à maintenir, ce que font d’ailleurs la plupart des critiques. -- - viii, ’.1-17, qui signale les abus à faire dispai ait re. ; XII, 18-23, qui rappelle l’altitude hostile des compatriotes du prophète, sans doute à cause de son /de pour la réforme et xii, 1-0 qui semble la plainte provoquée par ces événements douloureux (cf. surtout xii, G) sont du même temps ainsi que probablement

MU. 1-14.

On peut même attribuer au règne de Josias ou a celui de Joakim, sans plus de précision, le poème sur l’invasion des ennemis venus du nord, plus probablement des Chaldéens, .1er., iv, 5-vr 30 ; la situation supposée est la même a peu près qu’au-, chapitres soi v mis qui sont du temps de Joakim.

AUX premières années de ce roi appartiennent vu-IX, 21 et XXVI. Ces deux passages se réfèrent d’abord aux mêmes événements : dans l’un et dans l’autre

Jérémie reçoil l’ordre de se placer à l’entrée du temple

pour annoncer aux » ^ens de.luda i que le refus d’obéir

a la loi attirera sur le i cm pic le sort que Iahvé réserva

à sa demeure de Silo, vii, 12-14 ; xxvi, 4-6 ; le zèle de Iahvé à envoyer ses serviteurs les prophètes qui n’ont pas été écoutés y est rappelé dans les mêmes termes. vu, 25 ; wvi. 5. La condamnation des crimes de toutes sortes dont.luda s’est rendu coupable, surtout I idolâtrie et les sacrifices humains offerts dans la vallée de Ben-IIinnom, nous reporte à une époque d’impiété, telle qu’on ne saurait la concevoir au temps qui suivit la réforme de Josias, mais qui au contraire caractérise bien les débuts du règne de Joakim, reprenant les traditions de Manassé. « C’est une page d’histoire religieuse des plus intéressantes sur la lutte héroïque soutenue par les prophètes, et spécialement par Jérémie, contre l’aberration des Israélites portés avec passion à imiter les cultes de Baal et de Moloch. i Condamin, op. cil., p. (.12.

, , 17-2-1 (. 25, regardé par la plupart et avec raison comme une insertion tardive) se rapproche aisément de de vii-ix, 21. Il n’en va pas de même pour ix, 23-25, dont on ne saurait préciser l’époque, bien moins encore pour x, 1-16 dont l’authenticité demeure douteuse.

Les chapitres xviii à xx, réunis sans doute par l’analogie des symboles employés : vase d’argile façonné par le potier et vase d’argile brisé par Jérémie, par l’analogieaussi des plaintes amères exhalées par le prophète, le sont encore par l’époque de leur composition : premières années de Joakim. En elîet, Passhur, prêtre et inspecteur dans le temple, objet des menaces de xx. 1-G, a déjà un deuxième successeur dès les premières aimées de Sédécias, et ainsi a dû très vraisemblablement être le contemporain des débuts du règne de Joakim. Si, de plus, le conflit survenu entre ce personnage et le prophète a été cause que ce dernier n’a pu se rendre au temple pour donner lui-même lecture de ses oracles, Jer., xxxvi 5 (Steuernagel), la date du passage serait à fixer à la quatrième année de Joakim.

De cette même année, cpii est aussi celle de la bataille de Carcamis, Jer., xlvi, 2, et la première de Nabuchodonosor, date le jugement contre Juda et les nations, livrés aux Chaldéens, Jer., xxv. Le péché d’idolâtrie dans lequel s’obstine. Juda malgré les avertissements répétés depuis vingt-trois ans, la menace de l’invasion des tribus du Nord sous la conduite de Nabuchodonosor, roi de Babylone (du moins d’après l’hébreu, Jér., xxx’, 9), confirment la donnée chronologique de xxv, 1. Situations religieuse et politique sont bien celles des premières années de Joakim, surtout de l’année qui vit le triomphe de la puissance chaldéenne sur les Égyptiens à Carcamis. Dans le texte grec, après le ꝟ. 13, viennent les oracles contre les nations. Élani d’abord, puis l’Egypte et Babylone. Que quelques-uns de ces oracles soient de la quatrième année de Joakim, c’est vraisemblable surtout pour celui qui vise les Égyptiens, xxvi (grec) = xlvi, 2-12 (hébreu). Ce court poème est intitulé : " Sur l’Egypte Sur l’armée du Pharaon Nechao, roi d’Egypte, qui se trouvait sur l’Euphrate, à Carcamis, et qui fut battue par Nabuchodonosor, roi de Babylone, la quatrième année de Joakim, fils de Josias, roi de Juda ; » prédiction ou description après l’événement de la débâcle de l’année du Pharaon (les interprétations varient) ? peu importe ; l’enthousiasme débordant, la mise en scène dramatique, l’ironie cinglante qui caractérisent tout le passage ne permettent pas d’éloigner de beaucoup la composition du poème de l’événement qui en fait le sujet. A cet te même année de la victoire de Nabuchodonosor pensent cire assignés, non sans vraisemblance, les oracles contre Moab, Ammon, Édom, Damas. <. et i lasor, xi m xi. ix, 33, car tous se rapportent également a l i période de la domination chaldéenne,

Le récit des circonstances qui accompagnent la première et la deuxième rédaction du livre de Jéré-