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    1. JÉRÉMIE##


JÉRÉMIE. TE I I

Anime de bous sentiments à l’égard du prophète, le roi Sédédas, faiblesse et inexpérience, n’en lit pas

moins ce qui est mal aux yeux de Iahvé. IV Reg., xxiv. 18-20 ; Il Parai., xxxvi. 11-13 ; aussi la voix de Jérémie va-t-clle désormais se faire encore plus pressante et plus menaçante à mesure que les événements se précipitent vers leur dénouement. Avertissements à tous ceux qui sont demeurés dans le pays après la déportation de 508, menaces aux messagers de la coalition contre Babylone, Jer., xxiv. conseils aux exilés..1er., xxix. témoignent de l’activité du prophète aux premières années du nouveau règne et de son opposition aux partisans de la révolte. Ce sont ces derniers pourtant qui l’emportent, rendant la catastrophe, dès longtemps prévue, inévitable et prochaine. L’ennemi déjà est aux portes de la ville, toute résistance est devenue inutile. Jer., xxi. 1-10 ; le retour à de meilleurs sentiments, imposé par l’imminence du danger et manifesté par le projet de libération des esclaves hébreux, ne dure pas : le danger passé, on s’en Battait du moins, grâce à l’entrée en scène d’une armée égyptienne, les généreux engagements furent vite reniés ; Jérémie fait entendre aux coupables leur condamnation. Jer., xxxiv, 12-22. Aux envoyés du roi, venus pour solliciter son intercession auprès de Iahvé, c’est encore une sentence de condamnation qu’il adresse. A cette heure critique c’était risquer de passer pour un traître. Jer., xxxvii : emprisonné une première fois, mais prêchant quand même la reddition. Jérémie est jeté dans une citerne ; le roi l’en fait tirer et de nouveau l’interroge sur la situation, mais toujours versatile ne sait point se ranger aux avis du prophète. Jer.. xxxviii. L’heure du châtiment avait sonné, la vérité des oracles du voyant d’Anathot h allait éclater terrible dans la prise et la destruction de Jérusalem, dans le massacre ou la déportation de ses habitants. Jer.. xxxix.

Jérémie, laissé libre par le vainqueur, demeura au pays de Juda, avec Godolias, nommé gouverneur par les Chaldéens. La crainte de représailles, à la suite de l’assassinat de ce dernier, poussa les Juifs à chercher un refuge en Egypte ; le prophète, consulté, s’y opposa mais en vain : et lui-même fut entraîné avec Baruch dans l’exode vers les bords du Nil. C’est là qu’il fera encore entendre sa voix pour reprocher à ses compatriotes leurs pratiques idolâtriques. Jer., xi.-xi.iv. Seules quelques traditions nous parlent de sa fin ; selon l’une des plus anciennes, il aurait été lapidé par lesJuifs, qui ne pouvaient supporter ses plaintes et ses menaces.

A première vue le résultat de ce long ministère prophétique, durant les règnes des derniers rois de Juda. peut paraître assez mince ; l’inattention, la révolte, le mépris ou la haine ne furent que trop souvent la réponse des contemporains de Jérémie à ses avertissements, a ses menaces, à ses prières. La postérité a été plus juste à son endroit : 1a tradition juive l’a tenu pour un des plus grands parmi ses prophètes, la réponse des disciples au Sauveur leur demandant ce qu’on pensait de lui, en est une preuve, Matth., xvi, 1-1 ; la tradition chrétienne a vu en lui une figure de Jésus-Christ : la plupart des critiques, qui ont étudié sa personne et son œuvre, ont loué la grandeur de son caractère, reconnu la vérité de ses prédictions et dégagé l’influence profonde et salutaire de son enseignement pour la sauvegarde de la religion de Iahvé dans le naufrage de Ea nation.

II. Le Livi.i. iii Jérémie. — Le livre du prophète Jérémie a pour titre dans l’hébreu : WDT ou OTST, dans

les Septante, z.z).’: -Lz. dans la Vulgate, Jeremias. Dans la collection des écrits prophétiques il vient ordinairement anres baie et avant Lzéchiel, soit dans

I les manuscrits hébreux, soit dans ceux « les Septante ; . les anciennes listes orientales et occidentales lui don ; nent le même rang. Cf. Swete. An introduction to the Old Testament in Greeck, Cambridge, 1904, p. 200211. Cel ordre est ancien, railleur iu livre de l’Ecclésiastique l’observe déjà dans l’éloge qu’il lait des prophètes. Eccli, xi.vm, 25-49. Les talmudistes toutefois lui en ont préféré un autre : Jérémie. Ézéchiel, [sale, plaçant Jérémie aussitôt après les livres des Rois, parce que tous deux se terminent par un récit semblable et parce qu’ils attribuaient la composition de ces derniers au prophète lui-même. Quant à la place respective des prophètes, elle s’explique par le fait que « le livre des Rois se terminant par la dévastation, Jérémie n’étant (puruine, Ezéchiel commençant par la ruine et se fermant par la consolation, il fallait unir la ruine à la ruine, et la consolation à la consolation. » Boba-Bothra, 14a-15b.

La Bible syriaque a une distribution particulière, les livres prophétiques en constituent la troisième partie dans l’ordre suivant : Isaïe, ordinairement les petits prophètes, Jérémie, Ezéchiel et Daniel.

Le concile de Trente dans sa liste des livres canoniques, la Vulgate de saint Jérôme et nos Bibles hébraïques ont reproduit l’ordre le plus ancien et le plus fréquent.

I. texte ET VERSIONS.

Texte hébreu.

« Il y a dans le texte de Jérémie, disait Richard

Simon, plusieurs phrases si coupées qu’on n’en peut trouver le sens qu’en y suppléant beaucoup de mots ou en renversant l’ordre des périodes pour les mettre dans leur état naturel. » Histoire critique du Vieux Testament. I. c. iv. D’autre part, plus qu’aucun autre livre de l’Ancien Testament celui de Jérémie serait surchargé de nombreuses additions, « soit parce que le style un peu diffus du prophète se prêtait facilement aux interpolations, soit plutôt à cause de son objet et des circonstances dans lesquelles il a d’abord été publié et conservé. » Loisy, Histoire critique du texte et des versions de la Bible, dans L’enseignement biblique, 1802, p. 257.

Aussi les critiques, sous prétexte de ramener le texte de Jérémie à sa pureté primitive, lui font subir des mutilations aussi nombreuses qu’injustifiées, réduisant en pièces les poèmes du prophète, pour en attribuer la plus grande part à des auteurs de la décadence ou à des glossateurs inconnus. C’est le cas en particulier de Duhm dans son Commentaire du livre de Jérémie, 1901, dans le Hand-Commentar de Marti. Cf. Albert Condamin, Jérémie et la critique radicale en Allemagne, dans Recherches de Science religieuse, 1916, p. 167-184.

Éditions critiques. Bær et Franz Dclitzsch, Jérémie, Leipzig. 1X90. dans la Bible hébraïque de David Ginsburg. Londres, 1894, p. 822-939. Gomill, Jérémie, Leipzig, 1895 dans The sacred Books of the Old Testament de P. I laupt. Le texte édité par I. W. Rothstein, dans la Biblia hebraica de Kittel, Leipzig, 1906, p. < ;  ::’.) 713. Cf. Bern. de Rossi. Varia lectiones Y. 7. c.rimmensa manuscriplorumeditorum codicum congerie haust ; c… l’arme, 17X(i. I. iii, ]>. 64-125 ; Scholia critica in Y. T. libms sru supplementa ad variantes sacri (exlus lectiones, l’arme. 1798, p. 59-71.

Le plus ancien ms. daté, connu, a été copié en l’an 916 ; conservé à la bibliothèque de Pétrograd, il contient Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et les douze petits prophètes ; il a été édité par Slrack en 1876.

Sur les manuscrits ci éditions Imprimées du texte hébreu (J. Ch. D. Gi isburg, Introduction i « the massoretico-crilical édition of the hebrem Bible, Londres, 1897.

2° Versions. l. Targum. Le livre de Jérémie

I se trouve dans le targum des prophètes de.louai han 1 ben l’zzicl ; le caractire du paraphrase y est plus