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JEAN LE SCHOLASTIQUE. — JEAN PHILOPON


œuvre des conciles et des grands docteurs, et les lois sur les matières ecclésiastiques, émanées des empereurs chrétiens. Ces matériaux, on sentit de bonne heure le besoin de les réunir, de les abréger, et de les coordonner en un ensemble méthodique. Dès le règne de Justinien, probablement en 535, un auteur inconnu avait distribué tous les canons en 60 titres par ordre de matière, avec un appendice comprenant les 21 constitutions impériales relatives aux choses ecclésias tiques d’après le Codex repetitee prælectionis, lib. I, tit. i-xiv. C’est ce travail que Jean d’Antioche entreprit de perfectionner, d’abord en y introduisant les canons de saint Basile, non compris dans la collection des C0 titres, puis en groupant les canons en un ordre meilleur, enfin en réduisant les titres à 50. Son œuvre porte le titre suivant : Collcclio canonum ccclesiaslicorum in L titulos divisa. Elle a été publiée pour la première lois par G. Vœll et II. Justel dans leur Bibliotheca juris canonici velcris, Paris, 1661, t. ii, p. 499-660. Tous les manuscrits qui nous l’ont conservée donnent à l’auteur les titres de scholastique et de prêtre d’Antioche ; le recueil a donc dû être composé vers 550 à Antioche, avant le départ de Jean pour la capitale en qualité d’apocrisiaire du patriarche Domnos, et après son ordination sacerdotale postérieure à 548.

A ce premier recueil strictement canonique. Jean ajouta plus tard un supplément emprunté, tantôt littéralement, tantôt en abrégé, aux novelles 6, 5, 84, 46, 120, 56, 57, 3, 32, 131, 67, 123, 83, et divisé en 87 chapitrés sous le titre : Ex edilis post codicem sacris novellis constitutionibus Justiniani diva memori ; i diverses constitutiones, etc. Les mots de divæ mémorial indiquent clairement qu’il s’agit d’un travail postérieur à la mort de Justinien survenue le 14 novembre 565. Jean était donc déjà patriarche, quand il le compilait, et ce seul détail montre qu’il s’agit d’un supplément, et non d’une partie intégrante de la Collectio canonum. On désigne communément ce second recueil sous le nom de Collectio LXXXVI1 capitulorum. Il a été publié pour la première fois par G. E. Heimbach, Anecdota, Leipzig, 1840, t. n. p.’Jn’J234, et réédité par Pitra, Juris ecclesiastici Grsecorum hisloria et monumenta, Home, 1868, t. ii, p. 385-105. La plupart des mss. contiennent, en l’attribuant encore a.Iran le Scholastique, patriarche de Constantihople, un recueil intitulé : Alia capila ecclesiastica ejusdem novellte constitutionis. On le trouve dans Vœll et Justel, <>p. cil., p. 660-672, et en abrégé dans Pitra, op. cit., ]>. 406-107. Comme ces chapitres, au nombre de 22, se retrouvent tous sous la même forme dans la collection des 87 chapitres, on a supposé que c’est une première ébauche de cette dernière collection. ("est du moins l’avis de Pitra ; mais Zacharie de I.ingenthal estime avec plus de raison que ces 22 chapitres faisaient partie d’un Noniocanon de 50 titres, différent de la collection de Jean d’Antioche.

Voir sur les travaux canoniques de notre auteur. Fr. Bie ncr. De collectionibus canonum Ecelestae greecw, Berlin, 1827, p. 12-14 ; Zacharie < ! < Llngenthal, Historiée juris greeco-romani delineatio, Heidelberg, 1839, p. 32-33 ; Die griechischen Nomocanones, dans les Mémoires de V Académie impériale des sciences de St-Pétersbourg, 1877, i. xxiii, n. 7, p. l-."> : Pitra, op. cit., p. 368-374. (.liez ce dernier, ta collection des 50 titres n’est pus publiée Intégralement,

niais seulement en partie, p. 375-385’i.. Petit.

78. JEAN LE TEUTON IQUE. Voir Jean

ni N M’I.KS.

79. JEAN MAUROPUS. Voir Mai hoius.

80. JEAN PHILOPON, savant, grammairien,

philosophe et théologien du vi° siècle. I. Nie. 11. Œuvres, m. Enseignement théologique.

I. Vie.

Nous ne savons à peu près rien de la vie de Jean Philopon. Nicéphore Calliste, H. E., t. XVIII, c. xlvii P. G., t. cxi. vii, col. 424, nous assure qu’il était d’origine alexandrine, et l’on peut le croire sur ce point, mais il se trompe certainement en en faisant, après Photius d’ailleurs, Cod. 240, P. G., t. ciii, col. 1208-1213, le contemporain de Sergius de Conslantinople (610-639). En réalité, Jean a vécu un siècle plus tôt, comme on peut s’en assurer par diverses allusions très précises contenues dans ses ouvrages, Au quatrième livre de ses commentaires sur la physique d’Aristote, lorsqu’il commence à parler du temps. [ e commentateur écrit : « Nous soumîmes maintenant en l’année 233 de l’ère de Dioclétien. i Cette date correspond à l’année 517 de notre ère. # Le nombre 233 oXy’est celui que fournissent les meilleurs manuscrits. Quelques-uns portent le chiffre 333, ta--. qu’avaient reproduit les anciennes éditions. Dans son traité sur l’éternité du monde contre Proclus, Philopon écrit : « De nos jours, en l’année 245 de Dioclétien, les sept astres errants se sont trouvés réunis dans la constellation du Taureau. » L’ouvrage a donc été composé peu après l’année 549. Le traité sur la création du monde est dédié à Sergius, patriarche d’Antioche, qui présida aux destinées de cette Église de 546 à 549 : c’est donc durant cet intervalle de temps que fut coin, l’exégèse de Jean. Il faut par suite renoncer aux anciennes Légendes qui font de Jean un contemporain de la prise d’Alexandrie par les Arabes (, 611). qui racontent ses vains efforts pour la conservation de la célèbre bibliothèque, ou même qui prétendent connaître sa conversion à l’islamisme. Cf. Fabrlcius-Harles, Bibliolheca tjrwca, t. x, p. 639 sq.

Les dates principales de la vie de Philopon peuvent être à peu près établies de la manière suivante. En 517 se place, comme on l’a dit. le commentaire sur la physique. En 529, le De seternitaie mundi, qui est peut-être son plus ancien ouvrage personnel. Vers la même époque, on doit mettre la controverse avec Sévère d’Antioche, (Suidas, sub verbo’Iwâvv^ç) et le traité di’Universali et particulari adressé à Sergius, qui n’était encore que prêtre à ce moment. Sergius fut ordonné patriarche d’Antioche en 646 ; c’est peut-être à sa requête que Jean écrivit son principal ouvrage théologique le AioaTYjTT) : ainsi que les deux apologies rédigées pour défendre ce livre.

On ne sait pas au juste à quel moment précis Philopon s’avoua manifestement trithéiste, mais ce fut sûrement avant le milieu du vr siècle, car Mar Abas, primas Orienlis, qui mourut en 552 était converti à cette doctrine. Assémani. Bibliolheca orienlalis, t. ii, p. 411. Sans doute son enseignement fut-il la raison pour laquelle Justinien le somma de venir àConstantinople. Jean s’excusa, par lettre, de ne pouvoir faire ce voyage. Assémani. //>/<L. t. m. p. 252 ; A. Mai, Spicilegium Romanum, t. ni. p. 739.

Nous ne saxons plus rien de précis sur Philopon jusqu’en 568 ; à celle date. Jean île Constantinople ayant

l loncé un discours sur la sainte Trinité. Philopon

lui répondit par un pipXiSipiov que connaissait Photius. Jean Philopon devait être alors très âgé. Au dire de Nicéphore. II. L’.. xviu. 48, il fui contemporain de Georges de l’isidic. dont les travaux parurent sous le règne d’Héraclius (610-640) : on peut conclure de cette donnée, si elle est exacte, que Jean mourut aux environs île 580.

La réputation de Jean est due surtout à son amour pour le i ravail, par où il mérita son surnom de 91X6770voç. Aucune des sciences humaines ne semble lui avoir été étrangère ; et il tient une place importante dans mouvement philosophique et scientifique de son temps. Disciple d’Ammonius Ois d’Hermias, qui enseignait à la fin du v siècle, il apprit auprès de lui à connaître la