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M N DE THESSALONIQUE (SAINT)


qui se trouvent parmi les œuvres de saint Jean Chrysostome, P. G., t. ux, col. G75-G81 et que plusieurs manuscrits attribuent à saint.loseph de Thessalonique.

Humilie sur la Dormition de lu suinte Vierge.


De tout ce qui nous reste de Jean de Thessalonlque cette homélie est certainement le morceau le plus intéressant. Elle^cst encore inédite, et se trouve au moins dans une quinzaine de mss. dont les plus anciens remontent au V-r siècle. Dans son Auctarium novum, t. I, ]). 821. en noie. C.omhclis déclare en avoir préparé l’édition, puis avoir renoncé à la publier, à cause des nombreux emprunts faits par l’orateur aux apocryphes : i/uam quidem mihi paraveram ac eram conulus illuslrure ; sed postea risum est mihi potius premere, quant minus cerlanixus veritale, aliorum fuient eleuare. Tischendorf en a donné quelques fragments dans ses Apocalypses apocryphes, Leipzig, 1866. p. xxxviii-XII. M. Bonnet a fourni des renseignements intéressants, mais incomplets et pas toujours exacts, sur le huit mss. de la bibliothèque nationale de Paris qui la renferment : Banerkungen ùber die àltesten Schrillen von der Himmelfahrt Maria-, dans Zeilschrifl fur wissenschaftliche Théologie, 1880, t. xxiii, p. 236-243. Quant à G. Bickell, qui a parlé également de notre homélie dans la Theologische Quarlalschrijl, 1866, p. 469 sq., il n’a connu que les fragments publiés par Tischendorf. Aucun de ces savants n’a examiné de près le morceau et n’en a fait ressortir l’importance. On trouvera les résultats de nos recherches personnelles en tête de l’édition que nous préparons pour la Patrologia orientalis.de Graffin-Nau. Notons ici les points qui intéressent le plus directement la théologie.

Tout d’abord, le prologue nous apprend que Jean fut le premier à ntroduire à Thessalonique, la fête de la Dormition de la sainte Vierge. Jusque-là, les évêques de cette métropole avaient hésité à célébrer cette solennité, à cause des récils apocryphes qui circulaient, i et qui n’étaient pas en harmonie avec le sens catholique. Jean s’est enfin décidé à suivre l’exemple « presque universel, et c’esl pour cela qu’il s’est livré à un travail d’expurgation des apocryphes ; car il est persuadé que ceux-ci ne constituent que des déformations d’un récit primitif authentique, écrit par les apôtres eux-mêmes. Ce point dé départ explique tout le discours. Ce que Jean nous donne, c’est un nouveau récit apocryphe, apparenté principalement à i elui du pseudo-Méliton, et où la pari de son imagination personnelle n’est pas petite. Il sait, au moins, éviter ce que ses modèles renferment de trop choquant,

et s’efforce de sauvegarder les vraisemblances, sans y réussir toujours, car le mcr eilleux y abonde.

Chose curieuse, après avoir lu le morceau, on ne sait pas. au juste, quelle a été la pensée personnelle de l’auteur sur le mystère même de l’Assomption, à-dire sur la résurrection glorieuse de la sainte Vierge. La finale du discours, qui devrait nous l’apprendre varie, en effet, dans presque tous les mss. Tous les Byzantins ont admis que le corps de la Mère de Dieu avail été préservé de la corruption du tombeau, mais tous n’ont pas enseigné qu’il ait été de nouveau réuni à son âme. < ei tains, à la suite de l’apo-Tohannis liber de dormitione Maria, onl cru à un transfert du corps dans le paradis terrestre, où il

sérail serve incorruptible jusqu’à la résurrection

générale. Impossible de dire, d’une manière certaine,

position prise par Jean cidre les deux

ons.

Si, pour ce qui regarde la doctrine proprement dite

de l’Assomption, l’homélie est plutôt décevante, elle

renferme, pai contre, de précieuses données sur

points de théologie.

i.m d’abord, l’orateur se i.ut de la Mère de Dieu

une très haute idée. Dès l’exorde, il la salue comme la maîtresse et la bienfaitrice du monde entier. Il proclame ensuite son absolue impeccabilité, mais surtout il met en relief la maternelle tendresse de son cœur pour les hommes et son rôle de médiatrice universelle. Les apôtres et les fidèles, qui l’entourent à ses derniers moments l’appellent leur mère. Quand ils arrivent à sa maison, les onze la saluent tous par ces mots : i Bienheureuse Marie. Mère de tous ceux qui sont saines, la grâce soit avec nous. Saint Pierre, dans son discours, dit d’elle : < La lumière de sa lampe a rempli toute la terre, et elle ne s’éteindra pas jusqu’à la consommation du siècle, afin que tous ceux qui veulent se sauver reçoivent d’elle courage et confiance, ïva Tcàvret ; ol pouX6u.Evci acoGîjvai Xâpwai Gâpaoç il ocÙt ?, ;. » Ailleurs, elle est déclarée « l’espérance de nous tous, où Y<*Pe ^ rcpoaSoxta Tràvrcov 7]u.tôv. » Le titre de Mère des hommes donné ù Marie est devenu banal pour la piété moderne. Il est plutôt rare dans l’ancienne littérature byzantine. Pour la pieté byzantine, la sainte Vierge est surtout la Maîtresse et l’Impératrice, ?) Aécjnowtx, y) paatXioaa. Un des charmes du discours de Jean de Thessalonique est justement cet accent de piété filiale envers Marie.

La primauté de saint Pierre sur les autres apôtres a été rarement exprimée avec autant de netteté dans un document oriental, qu’elle l’est dans notre homélie. Dans le collège apostolique réuni autour de Marie, Pierre occupe toujours la première place. C’est lui qui parle le premier, lui qui prend toutes les initiatives, lui à qui les autres défèrent les rôles les plus honorifiques. D’un bout à l’autre du discours, règne le sens de la hiérarchie. Quand Marie dit à Jean : « Mon enfant, prends cette palme, tu la porteras devant ma couche funèbre, suivant qu’il m’a été dit, » l’apôtre bien-aimé répond aussitôt : « Je ne puis la prendre en l’absence de mes coapôtres, de peur qu’à leur arrivée, il ne s’élève parmi nous des murmures et des plaintes ; car il y en a un parmi eux qui est plus grand que moi et qui a été établi sur nous, ëoriv yàp u.eiÇwv u.ou èv aù-oîç, y.a-raCTTaâdi ; lç’-fju.àç. » Ce quelqu’un, c’est saint Pierre, comme Jean le déclare plus loin, lorsque le prince des apôtres veut lui faire porter la palme : « Tu es notre père et notre évêque ; c’est toi qui dois marcher en tête en portant la palme et en entonnant la psalmodie. »

Dans le petit discours que l’orateur met sur les lèvres de Marie, au moment où parents et connaissances sont rassemblés autour d’elle, nous lisons que deux anges, l’ange de la justice et l’ange de la malice, viennent vers chaque homme, au moment de la mort. Si le moribond est un juste, l’ange de la justice se réjouit et une multitude d’autres anges se joignent à lui pour transporter l’âme du défunt dans le séjour des justes. Si. au contraite. il s’agit d’un pécheur, c’est l’ange de la malice qui triomphe et qui prend avec lui d’autres dénions pour emporter l’âme criminelle et la torturer, tandis que l’ange de la justice éprouve une vive douleur.

La rétribution immédiate aussitôt après la mort, déjà affirmée dans le passage qu’on vient de lire, est encore plus clairement enseignée dans le discours de saiid Pierre a la foule, la mort est pour tous la tin du mérite et du démérite. Le péelieur. celui qui n’a rien de la justice, ô (irfîiv è’xwv tyç Stxaiooùvrçç, est transporté sans retard dans le lieu du supplice. Celui, au contraire, qui a fait des œuvres de justice, est placé dans le lieu du repos. Aucune allusion directe au purgatoire.

Signalons l’affirmation du péché originel dans le même discours de saint Pierre : Irrité à l’origine par le péché d’Adam, Dieu chassa le premier homme dans ce monde, « où nous habitons nous-mêmes, comme