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JEAN DE THESSALON KM E (SA INT)


turcs et par des récits hagiographiques. Nous allons passer en revue ce qui nous reste de ses discours, en signalant ce qu’ils renferment d’intéressant pour l’histoire de la théologie.

Humilies éoangéliques.

 Jean avait composé

une série d’homélies sur l’Évangile. A la cinquième session du VII" concile œcuménique, Nicolas, évêque de Cyzique, présenta aux Pères le livre qui les contenait ; et on lut un long passage du discours qui commençait par ces mots : MsxP’- "ôrs 7reipducov xov K’jp’.ov tjixcov xoù Osôv’Ir, ooûv Xp’.aTÔv. ce qui suppose un discours précédent sur la tentation de Jésus-Christ. Hardouin. t. iv, col. 292-296. De même, Vincipit de la seule homélie qui nous soit parvenue en entier, celle qui traite de la concordance des récits évangéliques touchant la résurrection de Notre-Seigneur, indique clairement que l’orateur avait prononcé d’autres discours sur l’Evangile : i Xous vous avons expliqué de notre mieux les faits qui ont précédé la passion du Seigneur. » Cette homélie et le morceau inséré dans les actes du VIIe concile, voilà tout ce qui nous reste du recueil ; ou plutôt, c’est tout ce que nous en connaissons avec certitude ; car il est vraisemblable que des homélies de notre Jean se cachent encore parmi les spuria de saint Jean Chrysostome. Pendant longtemps, c’est-à-dire jusqu’à la publication du Xovum auctarium de Combefis, en 1648, l’homélie sur la concordance des Évangiles était rangée dans cette catégorie. On la trouve, d’ailleurs incomplète, dans l’édition des œuvres de saint Jean Chrysostome par Saville, t. viii, p. 740-747. Celui-ci a donné le texte contenu dans le ms. 114 de la bibliothèque impériale de Vienne, ꝟ. 367-375. Tout le début, c’est-à-dire, un court résumé de la passion du Sauveur, y fait défaut. Montfaucon et après lui, Migne, P. G., t. lix, col. 635-644, ont reproduit cette édition. Combefis, dans le t. i de son Xovum auctarium græco-lalinse Patrum bibliolhecæ, Paris, 1648, p. 791-822, publia le texte complet d’après un bon ms. de la Bibl. nationale de Paris, avec une nouvelle traduction latine et de savantes notes. Chose curieuse, cette édition est restée presque inaperçue. Non seulement Migne l’ignore, mais A. Ehrhard, dans la Geschichte der byzantinischen Litleratur, de Krumbacher, 2° édit., Munich, 1897, p. 192, donne le morceau comme inédit. Les manuels de patrologie se taisent sur Jean de Thessalonique.

Le fragment cité par le VIIe concile œcuménique mérite d’attirer l’attention des historiens du dogme. Jean y légitime contre les païens et les juifs, l’usage de l’Église de représenter par la peinture, et aussi par la sculpture, l’Homme-Dieu, les anges et les saints. Il y a là une première théorie de l’image, qui sera développée et même compliquée à l’apparition de l’iconoclasme. L’image, pour l’évêque de Thessalonique, n’est qu’un intermédiaire qui nous fait penser aux êtres qu’elle représente. Le culte ne tombe pas sur elle mais sur eux, — poaxuvojvrs : où Ta ; slxàva ; àXXà ro, : oVi TÏjç y-aor, ; STjXoujiévouç. Dieu considéré en lui-même ne saurait être représenté, puisqu’il est absolument immatériel, invisible et incirconscrit. Mais il n’en va pas de même du Fils de Dieu incarné, puisqu’il a réellement pris notre nature. Les anges peuvent être peints, non seulement parce qu’ils ont apparu quelquefois sous une forme humaine, mais aussi parce qu’ils ne sont pas absolument incorporels, Dieu seul est absolument incorporel et soustrait aux lois de l’espace. Les créatures que nous appelons incorporelles, comme les anges et les âmes humaines, ne le sont que comparativement aux corps grossiers d’icibas ; en fait, elles sont revêtues d’un corps subtil, léger comme l’air, semblable a la flamme. Aussi sont-elles circonscrites par le lieu, et peuvent-elles être

vues miraculeusement par un œil corporel. Pour appuyer cette doctrine, Jean en appelle à L’autorité de saint Méthode, de saint Athanase, de saint Basile et de leurs disciples. Saint Taraise. au VIIe concile, ne parut pas l’approuver : il ne retint du passage que ce qui Suffisait pour le but qu’on se proposait : « Le Père, dit-il, a démontré qu’il faut peindre les anges, parce qu’ils sont circonscrits, et qu’ils ont apparu à beaucoup sous la forme humaine. > Etre circonscrit n’est pas nécessairement l’équivalent d’être corporel.

On sait qu’après les persécutions iconoclastes, les artistes byzantins s’interdirent les images sculptées. Il n’en était pas ainsi auparavant, et l’iconographie religieuse recourait également à la sculpture et à la peinture. Notre auteur témoigne de cet usage, dans le même passage. Parlant des images du Christ, il dit : ooxouv tt) ^uXîvfl elxôvi î) -ry) YpocqH&î, TCpoax’Jvoùtxev vj créPoti.ev. àXXà tôv tgSv ôXwv SeanOTr^ XpiaTOvrôv ©sôv o’o^oXoYoGp : ev.

L’homélie sur l’accord des Évangélistes touchant la résurrection de Jésus-Christ porte, en plusieurs manuscrits, le titre suivant : Sur les femmes mijrophores ; et qu’il n’existe aucun désaccord ni aucune contradiction entre les évangélisles au sujet de la résurrection de Xotre-Seigneur Jésus-Christ. Certains catalogues de mss. donnent simplement l’indication générale : « De consonantia evangelistarum. » Il ne faudrait point s’y laisser tromper. Jean n’examine que le récit des apparitions qui se produisirent le jour même de Pâques. Il se montre concordiste à outrance, et déploie beaucoup d’ingéniosité à établir sa thèse, qui est celle-ci : « Chaque évangéliste parle d’une arrivée différente des saintes femmes au sépulcre. » Il identifie Marie de Jacques, Maria Jacobi, avec la sainte Vierge, et, par suite, déclare que la Mère de Dieu fut favorisée, avec Marie-Madeleine, de la première apparition de Jésus ressuscité. Il arrive à distinguer jusqu’à cinq Maries, dont il est parlé dans les Évangiles, à savoir : Marie-Madeleine, Marie de Jacques le Majeur, c’est-à-dire la sainte Vierge, — celle-ci n’étant pas appelée Marie de Joseph, parce que Joseph était mort avant que Jésus commençât son ministère public — Marie mère de Jacques de Mineur et de José, signalée par saint Marc. Marie de Cléophas, sœur de là Mère de Dieu ; et enfin Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare.

Il y a intérêt, pour les exégètes, à comparer cette solution avec celle qu’avaient déjà esquissée plusieurs exégètes grecs, notamment Hésychius de Jérusalem.

2° Discours sur saint Démélrius. Ces discours, publiés, avec des lacunes, par le P. Corneille de Bye, Acta sanctorum, loc. cit., et reproduits tels quels, P. G., t. xevi, col. 1203-1324, constituent ce qu’on appelle le livre premier des Actes de saint Démélrius. Ce sont quinze récits de miracles opéns par le saint patron de Thessalonique sous les empereurs Maurice et Phocas. L’élément dogmatique y est peu abondant. L’orateur y parle souvent de la providence, de la miséricorde et de la justice de Dieu.

Discours sur l’Exaltation de la sainte Croix.


Le ms. 380 de la bibliothèque de Patmos, daté de 15 1 1, contient, sous le nom de Jean de Thessalonique. un « discours sur l’Exaltation de la sainte Croix ». Cf. Jean Sakkelion, FLxTU.iaxTJ jîtpvio6r)X7), Athènes, 1890, p. 174. N’ayant pu consulter ce iils. qui est très tardif, il nous est difficile de dire si l’attribution est fondée. Contre l’authenticité du discours on ne saurait faire valoir sou titre. ()n sait, en effet, que la léte de l’Exaltation de la Croix est indépendante des événements qui se produisirent son-, l’empereur Héraclius. Elle existait a Jérusalem, dès le iv siècle, et se ni. brait dans tout l’Orient, le l l septembre, bien avant Héraclius. il est permis de soupçonner que ce discours

sur L’ExaltatiOIl de la sainte (.’dix est l’un des deux