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JEAN DE LA CROIX SAINT) DOCTRINE

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Libreros, 1872 : Barcelone, 1883 ; Madrid, 1906 œuvre des religieuses de l’Asile de la T. S. Trinité, Toutes ces éditions reproduisent celle de Séville 1703. i a dernière édition espagnole est celle duP. Gerardo de San Juan de la Cruz, carme déchaussé de la province carmélitaine de Vieille-Castille († 1922), citée plus liant. Elle contient : 1. 1, Preliminares ; Compendio de la vida de San Juan de la Cruz ; Subida del Monte Carmelo ; Appendice I er, Algunos puntos cuyo lextô es dudoso ; App. 2. Biografias de les Padres Andrés de la Encarnacion y Manuel de Santa Maria ; t. ii, Sache ôscura ; Cantico espirilual de segunda escritura (nis. de Jaën) ; Canticu espirilual de primera escritura (ms. de Sanlùcar de Barrameda) ; Llamu de amor oiva de la segunda escritura, y de la primera escritura : t. iii, tous les autres écrits mentionnés plus haut, en outre : Tratado de la transformacion del aima en Dios, o : la Madré Cecilia et Nacimiento ; Tr<dado de la union del aima con D ios, p or la.Madré Cecilia del Nacimiento ; Apuntamicnlos y advertencias, del Padre Diego de Jésus ; Don que tuvo San Juan de la Cruz para guiar las aimas a Dios, por et Padre José de Jesûs-Maria ; Indice de una obra importante del Padre l’ray Andrés de la Encarnaciôn. - On voit que cette édition est surabondante. Il faut reconnaître ses mérites incontestables et apprécier la somme de travail qu’elle représente. L’éditeur a utilisé une multitude de documents qu’ont laissés le P. Andrés de la Encarnaciôn et le P. Manuel de Santa-Mai’ia, documents qui sont presque tous à la Bibl. nat. de Madrid. Il s’est servi de nombreuses copies anciennes, des écrits du P. José de Jesûs-Maria, et de la Théologie mystique du P. Bieton. Mais il faut tenir compte aussi des critiques qu’on a formulées et qui paraissent fondées. M. J. Baruzi, dans le Bulletin hispanique, t. xxiv, n. 1, janvier-mars 1922, Le problème des citations scripturaires en langue latine dans l’œuvre de saint Jean de la Croix, écrit : « Si elle (l’édition critique) a le mérite de nous apporter une exacte liste des manuscrits autographes, et de retrouver, d’une manière générale, par de la les éditions fautives, le texte des anciennes transcriptions, (elle) ne nous indique pas avec rigueur pourquoi telle leçon est préférable à telle autre ; elle n’est nulle part conçue selon les règles du travail technique. Elle apparaît particulièrement contestable dans les procédés qu’elle adopte en ce qui concerne l’organisation des citations scripturaires. » Il s’en suivrait que « le texte des œuvres de saint Jean de la Croix est encore très mal établi » et que, les mss autographes faisant défaut pour trois des traités authentiques, « en de nombreux cas des leçons sûres ne seri nt pas facilement obtenues. » Dans le même Bulletin hispanique, t. xxiv, n » 4, octobre-décembre 1922, te 1’. Ph. Chevallier, Le cantique spirituel de saitd Jean de la Croix a-t-il été interpolé ? constate que le P. Gerardo ignorait certaines éditions ou ne les a pas consultées ; il lui reproche d’avoir mis en place d’honneur les interpolai ions de la rédaction 15 (ms de Jaën) et relégué à la fin de l’ouvrage et primer cantico cs/niitual (ms de Sanlûcar de Barrameda). Seule la rédaction A (cette dernière) avait droit de paraître en 1912, puis qu’elle est la seule authentique. Ce 1’. Ph. Chevallier appuie sa conclusion sur le fait suivant. Une traduction française du Cantique spirituel, la plus ancienne, laite par René Gaultier, fut pubUée a Paris en 1622. lui 1627 parut, .i Bruxelles, la première édition espagnole du même traité, due aux soins de la vénérable Mrie Anne de Jésus (morte a Bruxelles le I mars 1621) ; le saint avait composé cette œuvre à sa demande, el il est

certain qu’elle emporta d’Espagne en France et en Belgique le précieux ms. Or la traduction de 1622 est la seule qui s’accorde avec les nombreux mss de la rédaction A (Ms. Sanlûcar) et l’édition princeps donnée a Bruxelles en 1027. Par contre les deux éditions

publiées à Rome en 1027, et Madrid en 1030. el la rédaction B (ms. de Jaën) imprimée à Séville en 1703 et universellement répandue depuis, ne donnent qu’un texte interpolé, de plus en plus interpolé. » Chevallier, Inc. cit., p. 340. Le même critique ajoute, p. 342 : c Qu’il nous soil permis d’indiquer, sans le prouver sur l’heure, que la Subida del Monte Carmelo, et la Sache oscura, telles qu’elles nous sont offertes par le P. Gerardo, donnent lieu à des problèmes jusqu’ici insolubles. Quant à la seconde rédaction de la Llama de Amor viva, pour la première fois publiée en 1912. plus d’un passage suspect éveille en l’esprit du lecteur attentif une trop juste méfiance. Les Senlencias espirituales elles-mêmes ne nous satisfont pas : trois parmi elles ont l’astérisque qui ne le méritent pas, et 69 en sent privées qui auraient dû l’avoir. » Nous sommes tenu de citer ici ces opinions, laissant à la critique d’en faire justice dans la suite, s’il y a lieu.

Au présent catalogue, il faut joindre l’édition partielle de Bruxelles 1627 (Cantico espirilual). Les éditions étrangères seront signalées dans la bibliographie. III. Doctrine.

Pour avoir une notion de la pensée j de saint Jean de la Croix, on peut se borner à l’étude I de ses quatre grands traités : la Montée du Carmel, la Nuit obscure, la Vive flamme d’amour, le Cantique spirituel. Nos références se rapportent à l’édition espagnole de Tolède, 1912-1914, dont les divisions sont communes à toutes les éditions.

Montée du Carmel et Nuit obscure.

Ces deux

traités constituent une seule œuvre, et on doit les examiner ensemble. Notre saint a condensé sa doctrine en un poème, qu’il interprète ensuite en l’appliquant d’abord à 16 activo dans une partie de la Montée, et à là passivo dans la Nuit obscure. Malheureusement des huit strophes de ce cantique, les deux premières seulement sont appuyées d’un commentaire ; le reste ne nous est pas parvenu. Un dessin du Mont symbolique, tracé par le saint lui-même, sert d’aide-mémoire ; il est accompagné d’une série de maximes, devenues célèbres, réparties en quatre strophes, où il n’est question que du Tout et du Rien <Todo y Sada).

1. Idée générale et plan.

Le dessein de l’auteur est indiqué en tête : « La Montée du Carmel traite de ce que l’âme peut faire pour se disposer à parvenir promplement à l’union avec Dieu. Elle donne des avis et des conseils tant aux commençants qu’aux avancés, afin qu’ils sachent se débarrasser de tout ce qui n’est pas spirituel, et ne pas s’embarrasser de ce qui est spirituel, et ainsi demeurer dans l’absolue nudité et liberté d’esprit, comme il est requis pour l’union divine. » P. Gerardo, édit. crit., p. 27. Saint Jean veut conduire l’âme jusqu’au sommet de la montagne, qui est le plus haut état de perfection, et qu’ici il app. Ile l’union de l’âme avec Dieu. Il lui fait donc chanter l’heureuse fortune qu’elle eul de ti averserla Nuit obscure de la foi, où elle se dépouille et se purifie, pour parvenir à l’union parfaite d’amour, dans la mesure où le comporte la vie présente. L’objet de son traité sera donc, nous dit le Prolomie. de faire connaître sous tous ses rapports cette « nuit obscure ». Il s’y rencontre tant de ténèbres, d’angoisses, de Ici] lai ions, de difficultés, de soulTrances, que l’âme ne voit pas clair en elle-même ; elle est exposée à ne pas discerner l’action divine ; dès lors elle est tentée

d’y résister ; tantôt faute de courage, tantôt tnanqu de

lumière, elle piétine sur place ; et alors même que Dieu Interviendrai ! par faveur spéciale, toujours est-il

qu’elle parvient au but tardivement, avec plus de peine

et moins de mérite, pane que si volonté n’était pas assez soumise. D’autre part il est des confesseurs et des directeurs spirituels qui n’eut endent rien à ces voies secrètes ; ils accumulent les obstacles au lieu d’aiilcr ; ils affolent les âmes et les tourmentent, en leur prescrivant des pénitences et des confessions