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751 JEAN DAMASCÈNE (SAINT) — JEAN D’ASIE OU D’ÉPHÈSE

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la théologie de l’Orient que sur celle de l’Occident, n’a pas été ce qu’elle méritait d’être. Il lui a manqué de vrais disciples pour faire surgir de sa synthèse une

scolastique féconde et du meilleur aloi II ne serait pas trop tard, encore de nos jours, pour mettre en valeur les trésors qu’il recèle. En terminant cet article, nous faisons nôtre le vœu exprimé par le P. de Régnon que le jour advienne où, pour cimenter l’union entre l’Orient et l’Occident, l’Église place dans la chaire de ses écoles la Fontaine de la Science de saint Jean 1 lamascène auprès de la Somme théologique de saint Thomasl fîtudes de théologie positive sur la sainte Trinité, t. iv, p. 54. Saint Thomas ne sera pas froissé du voisinage, car il y a, entre ces deux génies, un véritable air de famille : Ces deux moines-prêtres portent au front L’auréole de la sainteté. Tous deux ont. au suprême degré, l’amour de la tradition et des Pères. Tous les deux formulent en un langage sobre et cristallin, les vérités les plus hautes, et savent, par des comparaisons très simples, les mettre à la portée de tous. Chacun des deux a été à la fois, philosophe, théologien, exégète, polémiste, orateur, poète sacré. Tous les deux ont eu le goût des sommes, des chaînes et des opuscules, et sont revenus souvent sur les mêmes questions. Tous les deux ont marié ensemble la philosophie et la théologie, et, sans se laisser enchaîner par aucun système, ont été sagement éclectiques. S’ils ont aimé Aristote, ils n’en ont pas fait le treizième apôtre, et l’ont baptisé sur bien des points. Au demeurant, Jean est un ruisselet limpide, charriant de l’or, mais peu abondant ; Thomas est un fleuve aux larges bonis, qui a connu le ruisselet parmi ses affluents.

Sur les traductions slaves de la Foi orthodoxe, voir : Kalafdovitch, Jean, exarque de Bulgarie. Recherches sur l’histoire de lu langue et de lu littérature slaves aux ix<> et X’siècles..Moscou, 1824, p. lit sq. ; Palauzov, Le siècle du tsar bulgare Siméon, Pétrograd, 1852, p. 95-09 ; Macaire, Théologie dogmatique orthodoxe, 4’édit. russe, Pétrograd, 1883, t. i, p. 41-49. Le texte de Jean de Bulgarie a été publié par la Société moscovite d’histoire et d’archéologie russes, d’après le ms. du xir siècle, conservé à la bibliothèque synodale de Moscou, 1.X77. t. îv. Cf. A. Palmieri, Theologia dogmatica orthodoxa, t. i, p. 140-141, Florence,

1911.

M. JUGIE.

32. JEAN D’ANTIOCHE, écrivain ascétique

grec, sur l’époque duquel on a jadis beaucoup discuté, mais qu’on est aujourd’hui d’accord pour identifier avec le prélat de ce nom qui occupa le siège patriarcal d’Antioche sous Alexis " Comnène (1081 1118). c’est l’avis de Oudin, Commentarius de scriptoribus eccle siasiieis, t. ii, p. 842-850, accepté par la plupart des critiques, malgré les protestai ions un peu trop sentimentales du bollandiste Janning, dans son Tractatus historico chronologicus de patriarchis Antiochienis, Acta Sanctorum, juillet, I. iv. n. XCH. Déjà patriarche en 1088, lors île la discussion théologique avec le monothélite Tnomas de Caphartaba, Assemani, Êiblh orientalis, 1. 1, p, ÔTti. il l’était encore en 1098, lors de la prise d’Antioche par les croisés, au rappoii de Guillaume de Tyr et d’Ordéric Vital. Lequien, Orienschris tianus, t. ii, p. 756-757. Ne pouvant s’accommoder du nouvel étal de choses, il quitta la Syrie et se retii i Constantinople, inaugurant ainsi la série dis patrlar ches d’Antioche m parlibus de rite grec, s’il faut en croire Albert d’Aix.il j serait mort deux ans apri probablement dans l’île d’Oxia, en lace de Constan

tinople. C’esl sans doute la meilleure explication de ce

titre à’Oxite que lui donnent certains manuscrits, si l’Atheniensis 196 ne contient pas d’erreur de copiste. les mol [iovfj t^ èv tfj v^oep’Ole.’: ?. y.etp.évou.

m peuvent s’entendre que du séjour ou de la sépulture

de Jean dans ce monastère, mais ils n’indiquent nulle-Qu’il en ail élé moine. I.e manuscrit que nous

venons de citer renferme les œuvres suivantes de Jean. qui se retrouvent exactement dans le même ordre dans le Parisinus 364, les deux mss dérivant l’un de l’autre ou d’un prototype commun : 1° Tractatus de sacra eucliaristia. ꝟ. 334v°-354, compilation de textes empruntés à une foule d’auteurs sur le Saint Sacrement. On le trouve aussi dans les manuscrits 364, ꝟ. 1 1 ; 901, ꝟ. 232 v° ; 1133, ꝟ. 292, de la Bibliothèque nationale île Paris ; 2° De pessimo usu monasleria laicis trad.ndi, ꝟ. 354-368, et Parisinus 364, î° 18-34. Ce traité fort instructif et écrit avec beaucoup de chaleur a été publié par J.-B. Cotelier, Ecclesiee greeem monumenta, Paris, 1677, t. î. p. 159-191, et reproduit par P. G., t. cxxxii, col. 1117-1149 ; 3° De quadragesimarum jejunio, ꝟ. 370 v°, et Parisinus 364, ꝟ. 3C v°-43. Cet opuscule, adressé à Pévêque Eulogius, traite en cinq parties la question des divers carêmes orientaux, en particulier de celui de l’Assomption, et contient des renseignements très curieux sur l’habitude de rompre le jeune à la neuvième heure du jour. On en trouve également le texte dans le Coislin 112, ꝟ. 472 v°-’4° liesponsa de baplismo ad Theodorum metropolitanum Ephesinum, contenus dans le Parisinus 1304, ꝟ. 37, et publiés en partie par Allatius, De a-tate et iidcrstitiis in collatione ordinum etiam apud Gnvcos servandis, Rome, 1C38, p. 215 ; 5° Eclogæ ascelicx, tirées des saints Pères, et divisées en deux parties, la première concernant les fins dernières, la seconde, l’oraison, l’office divin et l’eucharistie. On en trouve le texte dans le Vindobonensis théologiens 276 (Nesscl), ꝟ. 1-136 v° ; 6° De azymis advenus Latinos, adressé au métropolitain d’Andrinople. L’auteur rappelle au début de cet opuscule une mission remplie par lui pour ramener l’union dans L’Église ; il faudrait avoir en main tout l’opuscule pour savoir de quel événement il veut parler. On le trouve dans les Masqucnses 239 (AYladimir). f° SI ; 210 ꝟ. 99 ; 250, I" 340 ; dans le VatieCUlUS 530, dans le Bononiensis bibliotheese universilalis 2412. dans le Vallicellanus B. 13, ꝟ. 183 Conformément au goût de l’époque, dont les recueils de Nicon et de Paul Evergetinos offrent un parfait exemple, Jean ne rédige pas. il réunit le plus de textes possible sur un sujet déterminé et les en fil*.- avec plus ou moins de bonheur

L. Petit,

33. JEAN D’ASIE ou D’ÉPHÈSE, évêque monophysite d’Éphèse, (, -i vers 585). Né vers le commencement du vT siècle dans la ville d’Amid, (aujourd’hui Diarbékir), Jean fut atteint.lorsqu’ilavaitunanet demi d’une maladie qui avait fail périr vers le même âge ses deux aines. Guéri miraculeusement par un m ylite, nommé Maron. il lui fut remis deux ans plus tard, comme étant son lils spirituel. Il perdit son maître vers l’âge de I ô ou 18 ans. au moment OÙ la persécution contre les moines anti-chalecdoniens commençait a sévir a l’instigation de l’empereur Justin P r. Entré au monastère de Mar Yolianan dans sa ville natale, il lut ordonné diacre en 529, mais peu après il lui fallut

quitter la ville avec la plupart des religieux de son

monasl ère. par ordre d’Cphrein. patriarche d’Antioche el d’Abraham bar Killi évêque d’Amid. l.orsqu’cn 53 I. le gOUVemement de JUStinien lit transporter a Constantinople. par mesure de persécution, les chefs du

parti monophysite, Jean, qui se trouvait alors en Palestine, gagna lui aussi la capitale dans des circonstances que nous ignorons. Il avait environ 30 ans.

On sait que, cou t rai renient au nés de l’empereur,

tout prisonnier et surveillé qu’il tut. Théodose d’Alexandrie, opéra en ce temps, grâce a l’appui de Théodora, la reconstitution de la hiérarchie monophysite. Jean, qui était particulièrement exercé a l’usage de la langue grecque, fut choisi pour regrouper les m ph sites d’Asie Mineure et sacré évêque d’Lphèsc. Or

par une combinaxione assez curieuse, tandis qu’il se